30 centimes, c’est peu. 30 centimes x 32millions, c’est mieux. C’est ce qu’aurait touché un diplomate français:
M. Boidevaix, président de la chambre de commerce franco-arabe depuis les années 1990, aurait été l’allocataire de plus de 32 millions de barils entre 1998 et 2003.
Et sur chaque baril, il se serait fait une marge de 30 centimes… De quoi s’inquiète Le Monde suite à ces révélations ?
Edito du Monde
L’image de la France
L’image de la France. C’est ça, qui inquiète Le Monde. Pas les milliards détournés, pas le fait que l’ONU soit une institution parfaitement inutile, complice d’un des plus gros scandales financiers du siècle dernier, complice d’un dictateur sanguinaire. Tout ça, Le Monde n’en a cure. Mais tout de même, le scandale commence à être trop gros pour être passé sous silence, alors il faut minimiser:
Ce n’est qu’un soupçon, mais terrible. Jean-Bernard Mérimée, ambassadeur de France et ancien représentant permanent du Quai d’Orsay au Conseil de sécurité des Nations unies, entre 1991 et 1995, a été placé en garde à vue lundi 10 octobre et devrait être mis en examen. A ce stade, le juge d’instruction Philippe Courroye s’interroge sur son implication dans les détournements financiers liés au programme de l’ONU en Irak, dit « Pétrole contre nourriture ».
Ce qui n’est pas en cause, par contre, c’est qu’il y ait eu des détournements…
De quoi sont-ils accusés ?
M. Mérimée n’est pas le premier diplomate inquiété. Serge Boidevaix, lui aussi élevé à la dignité d’ambassadeur de France, ancien secrétaire général du Quai d’Orsay, a été mis en examen en septembre pour « trafic d’influence et corruption » dans le cadre du même dossier.
Au-delà de ces deux personnalités, neuf autres, parmi lesquelles l’ancien ministre de l’intérieur Charles Pasqua et son conseiller diplomatique Bernard Guillet, sont visées et se voient reprocher d’avoir bénéficié des largesses de l’ancien dictateur Saddam Hussein.
Corruption, par un gouvernement extérieur, par un dictateur. Ils ont trahi leurs fonctions, leur pays, et tous les codes moraux possibles et imaginables. Et c’est ça l’élite française ?
Sans préjuger l’issue de l’instruction, ces soupçons viennent durement écorner l’image de la diplomatie française. Les plus indulgents s’interrogeront sur les dangers d’une politique pro-arabe allant parfois jusqu’à l’aveuglement. Bagdad attendait de la France et de ses plus hauts représentants qu’ils renvoient une image positive du régime irakien. En échange des services rendus, Saddam Hussein a remercié une foule de prestataires plus ou moins conscients et intéressés.
L’aveuglement ? Mais ce n’est pas de l’aveuglement: ils ont été achetés. On parle de trafic d’influence, pas de romantisme béat, de douce passion délirante pour les fous d’Allah ou les palaces dans le désert. On parle de monnaie sonnante et trébuchante! Des prestataires plus ou moins conscients et intéressés ? De qui se moque-t-on ?
La révélation de cette affaire, l’enquête conduite aux Nations unies par la commission Volcker et l’instruction menée en France par le juge Courroye embarrassent au plus haut point depuis de trop longs mois la diplomatie française. Le respect de la présomption d’innocence lui impose le silence. Mais le respect de sa mission devrait lui donner obligation de parler haut et clair.
Il faut arrêter de se voiler la face: la diplomatie française est à vendre! C’est clair, les mollahs n’ont qu’à sortir le carnet de chèques.
Et Le Monde en rajoute une dernière couche dans la stupidité:
En l’occurrence, la diplomatie américaine ne s’est encombrée ni d’élégance ni de demi-mesures, même si certaines sociétés d’outre-Atlantique étaient concernées. Washington est à l’origine de la campagne visant les trafics d’influence qui ont prospéré dans les marges du programme « Pétrole contre nourriture ». Cela entrait dans le cadre de sa lutte sans merci avec la France tandis que celle-ci brandissait l’étendard du multilatéralisme et s’opposait au projet guerrier de George W. Bush en Irak. Cela permettait aussi à la Maison Blanche d’instruire le procès de l’ONU, organisation jamais assez efficace selon les Etats-Unis.
Cela dûment établi n’excuse en rien d’éventuelles malversations des ambassadeurs de la France.
C’est la faute à Washington! Et pourquoi ce n’est pas à l’initiative de la France que la lutte anti-corruption a été lancée ? Et pourquoi la France s’opposait au « projet guerrier de George W Bush » ? Pour protéger ses propres intérêts, ou ceux de ses diplomates ? C’est ça la vraie question! Et c’est évidemment la question qui n’est abordée dans aucun journal français.