Après avoir écouté quelques extraits sur CNN du speech de John Kerry à la Democratic National Convention, j’avais l’impression que s’il allait faire tout mieux que le gouvernement Bush, il ne disait jamais comment. Du coup, j’ai mis la main sur le texte du discours. En voici quelques extraits commentés.
My fellow Americans, this is the most important election of our lifetime. The stakes are high. We are a nation at war – a global war on terror against an enemy unlike any we have ever known before
Génial, il admet que les USA sont en guerre contre le « terrorisme ». Dommage que comme l’équipe Bush il ne nomme pas explicitement l’ennemi: l’islamisme.
We can do better and we will. We’re the optimists. For us, this is a country of the future. We’re the can do people.
Mais attention, on ne vous dira jamais comment on compte le faire…
Remember the hours after September 11th, when we came together as one to answer the attack against our homeland. […] There were no Democrats. There were no Republicans. There were only Americans. How we wish it had stayed that way.
C’est pour ça que Kerry s’est rendu à un dîner de levée de fonds avec Whoopi Goldberg qui s’est répandue en blagues salaces sur Bush (2) ? Pour maintenir l’unité d’un pays en guerre ?
I will be a commander in chief who will never mislead us into war. […] some issues just aren’t all that simple. Saying there are weapons of mass destruction in Iraq doesn’t make it so.
En effet, certaines questions ne sont pas simples: même quand tous les services secrets du monde occidental étaient d’accord pour dire que Saddam avait des armes interdites (1), il se peut que tout le monde se soit trompé. A quelles informations se fier alors ? Kerry, lui a une méthode infaillible qu’il développe ensuite.
As President, I will ask hard questions and demand hard evidence. I will immediately reform the intelligence system – so policy is guided by facts, and facts are never distorted by politics. And as President, I will bring back this nation’s time-honored tradition: the United States of America never goes to war because we want to, we only go to war because we have to.
Il demandera des preuves solides (hard evidence). C’est louable sur le plan de la rigueur judiciaire, mais est-ce souhaitable en matière de terrorisme ? Est-ce seulement possible tout le temps, avant que l’acte de terrorisme ait eu lieu ? Et pour l’Iran, il faut attendre que les mollahs aient testé leur jouet atomique ? Exit donc l’action préventive…
Oh, un dernier détail pour John Kerry: la guerre a commencé le 11 septembre 2001. Les Etats-Unis ont-ils voulu cela ? Peut-être dans l’esprit dérangé d’un Thierry Meyssan…
As President, I will wage this war with the lessons I learned in war. Before you go to battle, you have to be able to look a parent in the eye and truthfully say: “I tried everything possible to avoid sending your son or daughter into harm’s way. But we had no choice. We had to protect the American people, fundamental American values from a threat that was real and imminent.” So lesson one, this is the only justification for going to war.
Les leçons qu’il a apprises au Viêtnam ? Vivement que je rentre au pays, j’ai une carrière politique à lancer ? Ou Encore une égratignure et j’ai mon billet de retour ? Assez de sarcasmes idiots, car même s’il n’a passé que 4 mois au Viêtnam il a tout de même eu suffisamment de courage pour y aller (3).
Donc contrairement au paragraphe précédent, John Kerry nous dit maintenant qu’il est prêt à prendre des mesures préemptives si il y a une menace imminente. Question: c’est quoi une menace imminente ? C’est quand la bombe atomique est dans le port de New-York ? Quand le missile nord-coréen est sorti du silo ? Elle devient imminente quand le transfert de technologie militaire, par exemple sur les gaz innervants, a été transmise par un rogue state ?
Bush disait dans son State of the Union adress 2003 qu’il ne voulait justement pas attendre que la menace soit imminente, par exemple qu’il n’attendrait pas que les chercheurs de Saddam aient expliqué à Zarqawi comment fabriquer et utiliser du VX dans un attentat. D’où la libération de l’Iraq.
Pour John Kerry, il faut donc une menace imminente, des preuves solides… en fait on retourne à la situation des années 90: on attend que ça se passe. Exactement l’état d’esprit pré 11 Septembre.
I know what we have to do in Iraq. We need a President who has the credibility to bring our allies to our side and share the burden, reduce the cost to American taxpayers, and reduce the risk to American soldiers. That’s the right way to get the job done and bring our troops home.
Here is the reality: that won’t happen until we have a president who restores America’s respect and leadership — so we don’t have to go it alone in the world.
Il va faire quoi ? Appeler Chiraq et lui dire: « dis donc, tu veux bien envoyer des troupes [lesquelles ??] en Iraq car comme ça tu vas aimer plus les Etats-Unis, et c’est important d’aimer les Etats-Unis ». Il va appeler Schroeder et lui dire la même chose ? Chiraq lui répondra qu’il veut un gouvernement de l’ONU à la place du gouvernement souverain iraqien, qu’il veut contrôler l’usage des militaires français, qu’il pourra les retirer à tout moment… bref, des conditions impossibles à satisfaire de toute façon.
En vérité seuls les USA ont l’armée nécessaire, la volonté politique (pour l’instant), et le budget nécessaire pour cette opération. Ce n’est pas avec du respect qu’une guerre se gagne, ce n’est pas en nouant de fausses alliances non plus.
And we need to rebuild our alliances, so we can get the terrorists before they get us.
Reconstruire les alliances avec qui ? L’Arabie Saoudite ? L’Iran ? La France ? Les pays qui ont intérêt à coopérer le font déjà concernant le terrorisme, et à ce niveau là je pense que le gouvernement français fait ce qu’il faut (mais tout est fait discrètement, je n’ai pas d’informations là-dessus), et pour l’Iraq il n’y a rien à gagner à demander à des pays qui de toute façon disent non de façon répétée depuis bientôt 2 ans.
I will never hesitate to use force when it is required. Any attack will be met with a swift and certain response.
La phrase clé du discours: il attendra l’attaque et ensuite répondra à l’attaque. Pas d’action préemptive donc.L’homme du 10 septembre.
I will never give any nation or international institution a veto over our national security. And I will build a stronger American military.
Donc en fait il veut jouer le méchant unilatéraliste et pas s’embarasser de l’ONU et de ses précieux alliés ? John Kerry, ou l’art de se contredire dans le même discours… Ah et il renforcera l’armée. Mais pour l’utiliser quand il sera trop tard.
We will add 40,000 active duty troops – not in Iraq, but to strengthen American forces that are now overstretched, overextended, and under pressure. We will double our special forces to conduct anti-terrorist operations. We will provide our troops with the newest weapons and technology to save their lives – and win the battle. And we will end the backdoor draft of National Guard and reservists
Sachant qu’au cours de sa carrière de sénateur il a toujours voté contre tous les budgets militaires…
As President, I will fight a smarter, more effective war on terror. We will deploy every tool in our arsenal: our economic as well as our military might; our principles as well as our firepower.
Et comment sera-t-elle plus intelligente ta lutte contre le terrorisme ? Comme si le gouvernement US actuel n’utilisait pas déjà toutes les armes à sa disposition…
Le reste du discours concerne la politique intérieure US et promet du pognon à tout le monde, des jobs bien payés, du protectionnisme et d’autres trucs socialistes.
En conclusion: John Kerry veut revenir à une politique pré-9/11, on a des alliés nominaux mais pas réels, on attend que ça se passe, etc. En tant que Français, je ne vois aucun autre gouvernement décidé à nettoyer la merde au Moyen Orient à part le gouvernement US, et je pense que c’est la stratégie la plus audacieuse et la plus à même de réussir à limiter les actes terroristes à long terme. Et ce n’est pas avec John Kerry que ça se fera.
1: il en avait, comme les obus au sarin, les moteurs de missile, les souches virales retrouvés l’ont trouvé par la suite l’ont prouvé. Pour cela lire le rapport de Charles Duelfer et David Kay, de l’Iraqi Survey Group.
2: évènement qu’il a privilégié par rapport à un briefing sur la menace terroriste
3: Georges W Bush n’a pas pu servir au Viêtnam car son unité volait sur des avions trop anciens et retirés du service au Viêtnam, bien qu’il se soit porté volontaire.