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Désintégration européenne

Il est maintenant bien rôdé le discours « européen »: quand un peuple ne fait pas ce qu’il « faut », on le refait voter, on ignore son vote, on démonise son vote… Christophe Barbier de L’Express propose tout simplement de faire fi du vote et d’imposer directement un gouvernement extérieur dans le cas de la Grèce. Puisqu’ils ne votent pas correctement, imposons leur un gouvernement.

Voici son raisonnement:


Christophe Barbier propose de supprimer l’entité… par Super_Resistence

Verbatim:

Faut-il laisser sortir la Grèce de l’euro si elle le souhaite ?  Absolument pas, ce serait ruiner tous les investissements qu’on a placés dans ce pays. Je ne parle pas des investissements bancaires, ce sont les risques du métier, je parle des investissements politiques. Les Etats de l’union Européenne ont accepté de faire entrer la Grèce dans l’euro pour des raisons politiques, c’est d’ailleurs pour ça que les comptes maquillés par les Grecs n’ont pas été dénoncés à l’époque. Il fallait la Grèce, berceau de la démocratie, il fallait la Grèce important pays du Sud, il fallait la Grèce pays voisin de la Turquie, dans l’eurozone, c’est-à-dire au coeur de la construction européenne. Il faut donc garder absolument la Grèce dans ce dispositif.

De deux choses l’une: soit il y a un gouvernement clair et net qui sort des élections le 17 juin, et avec ce gouvernement le rapport de force reprendra comme il dure déjà depuis l’époque Papandréou, soit il n’y a pas de gouvernement clair qui sort de ces élections et à ce moment là il faudra penser une tutelle, une vraie tutelle des 16 autres de la zone euro sur le 17ème. Et quand on dit les 16 on pense bien sûr les 2, la France et l’Allemagne.

Nous devons tout en termes démocratiques à la Grèce antique. C’est le moment de rendre à la Grèce ce qu’elle nous a apporté, c’est-à-dire une gouvernance morderne. Il faudra que de l’extérieur, de Paris de Berlin, viennent les instruments viennent les hommes viennent les méthodes pour remettre la Grèce dans le bon sens. Et oui cela veut dire réinventer un État, réinventer une fiscalité, tordre le bras à ceux qui ne jouent pas le jeu, que ce soit l’Église, les armateurs , les gros contribuables. Il faudra remettre les Grecs devant leurs défis, se réinventer un esprit national, sauver le pays mais dans le cadre d’une nouvelle nation qui s’appellera la nation européenne. Oui, il serait formidable finalement qu’on inventa la nation européenne en commençant par la case grecque, celle par qui tout a débuté il y a maintenant de longs et longs millénaires.

Je me demande comment Christophe Barbier propose de mettre en oeuvre cette « mise sous tutelle ». Avec des chars Leclerc sur la place Syntagma ? Ou un mix de Leclerc et de Lépoard 2 ? Avec le porte-avions Charles de Gaulle au large d’Athènes ? Comment compte-t-il faire abandonner aux Grecs leur souveraineté de manière pratique ? Au Parlement grec, la langue officielle sera-t-elle l’allemand ou le français ?

Je note aussi que la « construction européenne » a tout de l’Empire (façon Napoléon) ou II Reich (façon Keiser) puisque les « 16 » sont réduits à Paris et Berlin. Les autres n’ont certainement pas leur mot à dire, ou du moins pas d’opposition à apporter au « projet ».

L’Europe est vraiment mal barrée, la crise « financière », ie crise de surendettement des États obèses incapables de rembourser ayant tué plus ou moins toute vélléité d’activité privée rentable dans un cadre législatif stable, n’en étant qu’à ses débuts.

Quel soulagement d’être parti à temps de ce continent de fous.

Pour un antidote, je suggère de regarder Nigel Farage.