Monthly Archives: septembre 2007

Le Monde a parlé

Le Général Petraeus a donc enfin présenté son rapport. Personne ne l’a écouté, ni au Congrès, où les Démocrates avaient décidé avant même qu’il ne s’exprime que l’Iraq est « perdu » et qu’il ne saurait y avoir aucun progrès, ni dans les médias, où la ligne officielle est que l’Iraq c’est le chaos absolu, et que si l’Enfer existait sa capitale serait Baghdad.

Alors que peuvent dire les médias du discours de GW Bush à propos de l’Iraq ? Pas grand chose, ils estiment déjà avoir tout dit, et attendent maintenant la reddition sans conditions de l’Amérique à Osama Ben Laden, ou, à défaut, à Amadhinejad le perse fou. Alors Le Monde se fend d’un énième édito, l’Irak sans cap:

George Bush a démontré, une nouvelle fois, jeudi 13 septembre, dans son discours à la nation américaine, qu’il n’a aucune stratégie sur l’Irak. Ni pour une « victoire » (le mot a disparu du langage officiel) ni pour un « retrait » militaire, pourtant au coeur du débat depuis la victoire démocrate au Congrès fin 2006. M. Bush évoque un « retour après succès » (return on success), formule qui ne peut que laisser perplexes tant les Américains que les Irakiens.

Aucune stratégie ou Le Monde est incapable de lire le transcript du discours de GW Bush ?

The premise of our strategy is that securing the Iraqi population is the foundation for all other progress. For Iraqis to bridge sectarian divides, they need to feel safe in their homes and neighborhoods. For lasting reconciliation to take root, Iraqis must feel confident that they do not need sectarian gangs for security. The goal of the surge is to provide that security and to help prepare Iraqi forces to maintain it.

Apporter la sécurité pour permettre à la politique de prendre le relais, et aux civils de vivre en paix, à l’économie de croître, etc, tout cela grâce au « Surge ».

Au terme de huit mois d’application de la « nouvelle approche » annoncée le 10 janvier, concrétisée par l’envoi à Bagdad du général David Petraeus et d’un renfort de 30 000 hommes, au terme d’une semaine d’intenses débats à Washington – auditions au Congrès du général Petraeus et de l’ambassadeur Ryan Crocker, conférences de presse, discours présidentiel -, M. Bush a donc annoncé aux Américains qu’à l’été 2008 le niveau des troupes en Irak serait revenu à celui de janvier 2007, avant l’envoi de renforts (le « surge »), c’est-à-dire 130 000 hommes.

En quoi consiste la « nouvelle approche » ? Peut-être était-ce là la nouvelle stratégie ? D’ailleurs, pourquoi envoyer des renforts ? Le Monde a-t-il pris le temps d’expliquer dans ses colonnes où était la nouveauté, outre l’envoi de renforts ? Que désormais les forces américaines feraient de la contre-insurrection au lieu de se cantonner dans d’immenses bases et à de grandes opérations ? Que désormais les forces US se dissémineraient un peu partout, au sein de la population si possible, à pied le plus souvent, pour avoir une vision plus fine des évènements, mieux connaître et comprendre la situation, bénéficier enfin d’un soutien plus vaste ? Et éventuellement, de combler les manques de la police iraqienne, notoirement inefficace, quand elle n’est pas gangrenée par Al Qaeda ? Tout cela est certainement trop complexe pour le lecteur français, il ne faudrait pas l’effrayer avec des informations!

Ce n’est pas une surprise, mais c’est une déception. Pas une surprise, car l’absence de vision sur l’Irak, au-delà de la chute de Saddam Hussein en 2003, est patente depuis quatre ans et demi. […]

Pas de vision sur l’Iraq ? Relisons GW Bush:

Terrorists and extremists who are at war with us around the world are seeking to topple Iraq’s government, dominate the region, and attack us here at home. If Iraq’s young democracy can turn back these enemies, it will mean a more hopeful Middle East and a more secure America.

Vouloir implanter une démocratie, ériger l’Iraq en modèle pour ses voisins, proposer une alternative à la haine islamique, pas une vision ? Et GW Bush va plus loin que ça: l’Iraq doit servir à toute la région, parce que la bataille d’Iraq est indissociable du combat général contre les islamistes. On peut se lamenter et regretter les errements US en Iraq, l’improvisation des premiers temps, le manque de fermeté à l’encontre de l’Iran ou de la Syrie, ou pire encore ne pas avoir éliminé Al Sadr, s’être mis à dos certaines tribus plutôt que de les amadouer, faire confiance à un gouvernement central plutôt qu’aux instances locales… mais regretter le manque de vision… à la rigueur, on pourrait blâmer GW Bush pour l’ambition démesurée de vouloir établir une démocratie dans un pays sortant de 40 années de dictature féroce, dévasté par des années de guerre et de privations, parcouru par des lignes de faille ethniques et religieuses…

[…] Pas une surprise, car M. Bush paraît incapable de reconnaître, non pas une défaite américaine que nul ne souhaite face à des ennemis tels qu’Al-Qaida, mais au moins la défaite totale de la stratégie mise en oeuvre jusqu’à présent.

Défaite totale de la stratégie sans défaite américaine ? Incohérent.

 […] C’est une déception cependant, car les Américains attendaient du général Petraeus un rapport plus conforme aux réalités de l’Irak.

les Américains attendaient du général Petraeus un rapport plus conforme aux réalités de l’Irak. Traduction: le rapport Petraeus ne sert pas les intérêts des Démocrates, sous-entendu évident: c’est un menteur aux ordres de Bush.

Certes, la violence a diminué à Bagdad, mais la force militaire d’occupation est encore plus présente, et la ville est encore plus divisée, lézardée de murs et barricades, entre quartiers et communautés. Certes, l’insurrection est moins violente dans la province d’Al-Anbar, auparavant berceau de la guérilla sunnite et de ses alliés d’Al-Qaida, mais est-il judicieux, se demandent à raison des experts américains, de livrer armes et dollars à des chefs tribaux qui étaient des ennemis hier et qui peuvent aisément le redevenir demain ?

Tiens donc, il y aurait du mieux ? Même Le Monde doit l’admettre, alors il faut trouver des points négatifs: « la force d’occupation est plus présente« . J’avais oublié cette règle d’or: un soldat américain ailleurs qu’aux Etats-Unis est un occupant… On peut donc encore parler de l’Allemagne occupée, de la Corée du Sud occupée, du Japon occupé, de l’Afghanistan occupé… A ce compte là, De Gaulle a libéré deux fois la France: en 44 (oublions Omaha, un détail…) , et en 66! Bref, si les soldats américains sont plus présents, c’est bien du fait de la « nouvelle approche »: se faire plus visible, se rendre disponible, être au plus près de la population. Quant à apporter une aide militaire aux ex-alliés sunnites d’Al Qaeda, c’est un pari: ils ont goûté au totalitarisme bienveillant d’Al Qaeda et n’y retourneront pas. Maintenant les tribus sont peu à peu incorporées dans les forces gouvernementales, et font donc partie de la solution et plus du problème.

Au fond, M. Bush a décidé de transmettre la guerre en Irak à son successeur. L’enjeu est maintenant que les candidats à la Maison Blanche – tant les démocrates dont les objectifs demeurent flous que les républicains qui se réfugient trop souvent derrière M. Bush et des accents patriotiques de soutien à l’armée – exposent clairement une stratégie pour l’Irak. Ils doivent aussi se prononcer sur l’Afghanistan, le Moyen-Orient, la « guerre contre le terrorisme ». Plus que jamais, ce qu’on attend de l’Amérique, c’est une réflexion, une vision du monde en ce début de XXIe siècle. Autant dire : un espoir.

Ah, si GW Bush avait pu hisser le drapeau blanc et retirer les troupes US d’Iraq, au moins les candidats à sa succession n’auraient pas eu à s’en soucier! Et Le Monde aurait pu écrire de longs articles sur la cruelle défaite américaine, annoncée dans leurs colonnes depuis 2003, sur la trahison du peuple iraqien par l’Amérique, et quelques mois plus tard on pourra voir Tel Aviv en flammes, sous le feu nucléaire iranien. Tout ça par la faute des neocons, incapables de réflexion, de vision. Non, implanter la démocratie dans le Moyen Orient, éteindre l’incendie ravageant le monde islamique en allumant un contre-feu idéologique, tout cela manque de vision. L’alternative: laisser les islamistes renverser le régime d’Arabie Saoudite, celui du Pakistan, s’emparer des 3/4 des réserves pétrolières mondiales, d’armes nucléaires à profusion (par centaines au Pakistan), et rétablir le Califat pour ensuite propager le Jihad dans le Dar Al Harb. Et laisser brûler jusqu’au jour où le conflit se résumera à une liste de villes réduites en cendres.

Taxe mes chips

J’adore l’Etat français: tous les jours il me donne des raisons de vouloir quitter la France. La dernière en date:

« Je crois qu’il faudra nous pencher sur la question des recettes de l’assurance-maladie: il s’agit de trouver les financements nouveaux les plus justes et les moins pénalisants pour l’économie » des soins, prévient la ministre.

[…]

Des taxes nutritionnelles sur des « produits de grignotage, qui échappent à la vigilance des parents » comme les barres chocolatées vendues dans les distributeurs ou les sodas sont également « à l’étude, mais rien n’est encore tranché », selon une source gouvernementale.

Tous les jours une bonne raison de s’en aller. Imaginez la situation dans 5 ou 10 ans quand le régime de retraite fera faillite. Où iront-ils trouver de nouvelles recettes ? Jeune travailleur qualifié, je m’en vais avant de l’apprendre, car la réponse sera certainement « dans ta poche »…

Vanité de l’impuissance

Je me demandais ce qu’avait pu pondre Le Monde au sujet des commémorations du 11 Septembre, et j’ai ma réponse: Vanité de la puissance, édito du 11 septembre 2007:

Voilà six ans, les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center à New York et contre le Pentagone à Washington faisaient éclater la contradiction entre la toute-puissance et la vulnérabilité américaines. Pour la première fois depuis la guerre avec la Grande-Bretagne, en 1812, les Etats-Unis étaient agressés sur leur sol. Ils ont réagi en « hyperpuissance », cherchant à entraîner derrière eux leurs alliés et, au-delà, toute la communauté internationale dans une guerre totale contre le terrorisme.

Le concept de guerre totale s’entend comme l’utilisation de tous les moyens d’un Etat (diplomatiques, économiques, financiers, propagande…) pour parvenir à gagner une guerre, au lieu d’une vision restrictive limitée aux seuls moyens militaires. Au vu de la réponse américaine après le 11 septembre, on aimerait que la guerre soit totale, notamment sur le plan idéologique. Malheureusement son volet purement militaire, il faut le déplorer, est prépondérant.

Ils ont réussi à former cette « coalition des volontaires » pour combattre en Afghanistan les talibans, qui avaient accueilli et soutenu Ben Laden. Ils ont échoué à reconstituer cette alliance quand ils ont voulu chasser Saddam Hussein du pouvoir par la force. La solidarité quasi spontanée dont ils avaient été l’objet, au lendemain du 11 septembre 2001, s’est muée au mieux en méfiance, au pire en hostilité. Jamais la cote de popularité des Etats-Unis, et de leur président, n’a été aussi faible sur tous les continents.

Ils ont échoué ? Ou bien d’autres pays aux intérêts plus que douteux, avec un ONU complètement discrédité par l’affaire « Oil for food » (programme « pétrole contre nourriture »), n’ont pas voulu suivre ? La Russie poutinienne, fournisseur d’armes à l’Iran et la Syrie, la Chine avide de pétrole à tout prix et adversaire stratégique des Etats-Unis, la France, petite nation sans grande importance qui tente d’exister par opposition aux Etats-Unis ? Ou bien pour Le Monde la Pologne, la Corée du Sud, l’Australie, le Japon, et bien d’autres, ne comptent pas ?

En multipliant les contrôles et en n’hésitant pas à limiter les libertés individuelles (surtout celles des étrangers sur leur sol), les Américains ont pu jusqu’à maintenant se mettre à l’abri de nouveaux attentats d’Al-Qaida. Ce qui ne veut pas dire qu’ils sont devenus plus imperméables à de telles attaques que les autres démocraties. Six ans après le 11 septembre 2001, ils sont à peine moins vulnérables et ils ne sont plus tout-puissants. Si les Etats-Unis restent le pays le plus fort militairement, leur puissance se heurte sur le terrain, en Afghanistan comme en Irak, aux dures réalités de la guerre de guérilla. La révolution technologique dans les affaires militaires ne paraît pas plus adaptée à cette situation que les gros bataillons.

Peut-être la relative sécurité américaine tient au fait que les terroristes sont occupés à se battre chez eux plutôt qu’à planifier des attentats aux Etats-Unis ? Peut-être qu’enfin des agents des divers services de sécurité US s’intéressent et sont soutenus financièrement et humainement pour lutter contre les terroristes ? Et pourquoi l’Europe, où les mesures liberticides sont pires qu’aux Etats-Unis et depuis plus longtemps, des attentats se sont produits ?

Et quid de l’avantage technologique dans la guerre de guérilla ? Les UAV ? Les détecteurs de « IED » (les « bombes improvisées ») ? Tous les moyens d’écoute ? Les pertes américaines en Iraq comme en Afghanistan sont mineures relativement à l’engagement humain, et ce sont les médias comme Le Monde qui voudraient nous faire croire le contraire. Il n’y aurait pas de solution contre la guérilla! Il faut hisser le drapeau blanc à chaque fois qu’une menace « asymétrique » se présente alors ?

Sur le plan politique, le bilan de ces six dernières années n’est pas plus brillant. L’idée utopique de démocratisation du Grand Moyen-Orient s’est enlisée dans les sables de la Mésopotamie. En revanche, l' »axe du mal » s’est renforcé avec l’Iran d’Ahmadinejad. Celui-ci cherche à tirer profit de l’impopularité des Américains – et des Occidentaux en général -, qu’il juge partout sur la défensive, de l’Afghanistan à la Palestine. Persuadé que George W. Bush, pris dans le bourbier irakien, ne peut se lancer dans un autre conflit, il continue son programme nucléaire sans prêter attention aux avertissements et aux sanctions.

Utopie un Iraq démocratique ? Et pourquoi pas ? Les Iraqiens seraient-ils incapables de comprendre le concept et de l’appliquer ? Les balbutiements sont difficiles, certes, mais faut-il pour autant abandonner toute prétention à l’appliquer ? Les Iraqiens sont condamnés à la dictature ? On rêve!
A propos du perse fou, son délire nucléaire date de bien avant la bataille d’Iraq. Le réacteur de Busher, construit par les Russes, l’usine de Natanz, le développement de missiles ballistiques (merci la Corée du Nord), tout cela ne s’est pas fait en 4 ans. Qu’Ahmadinejad se sente pousser des ailes, puisqu’en face de lui aucun front uni, aucune détermination réelle à l’arrêter! A part les Etats-Unis et Israël, qui ? Les Chinois sont bien trop contents d’acheter du pétrole, les Russes de vendre leur surplus de missiles! Les Européens ? Dites moi comment!

Le président américain est convaincu que les difficultés présentes ne sont que des péripéties, comparées au jugement de l’Histoire, qui lui rendra justice. En attendant, il place les autres démocraties occidentales et ses alliés dans une position des plus inconfortables, partagés entre la désapprobation d’une politique dangereuse et les pétitions d’amitié pour un grand peuple qui se trompe.

Bush aura raison, dans 10 ans, dans 20 ans, comme Reagan avait raison en 1981. L’URSS pouvait être vaincu. Et l’islamisme peut l’être. Si cela est impossible, faut-il envisager de vivre avec une menace terroriste permanente au-dessus de nos têtes ? Faut-il se résigner à un Iran nucléaire, un Hezbollah nucléaire, Israël « rayé de la carte » (selon la promesse d’Ahmadinejad), et aux banlieues européennes enflammées par l’Islam radical iranien ou wahabbite ? Doit-on faire une croix à tout jamais sur des démocraties au Moyen Orient ?
Si aucune des solutions proposées ne fonctionne, ni guerre, ni accommodements (déjà tentés par le passé, avec quels succès!), ni combat idéologique (implanter la démocratie), il faut s’habituer ? Se convertir ? Se laisser tuer petit à petit ?

Décidément nos élites européennes n’ont rien à proposer, si ce n’est le nihilisme (rien ne marche), le mépris (des Américains, des Iraqiens), de la condescendance (nous on sait mieux que tous les autres)… Que défend Le Monde ? Que propose Le Monde ? Les réponses: rien et rien. 6 ans après le 11 Septembre, c’est le vide.

Le Monde craint (2)

Le Monde titre:

Une attaque à la roquette sur une base israélienne fait craindre une riposte LEMONDE.FR avec AFP et AP | 11.09.07 | 11h44 • Mis à jour le 11.09.07 | 12h12

Fait craindre à qui ? Qui craint une riposte israëlienne ? Ceux-là peut-être ?

jihad islamique

Confirmation:

Les Brigades Al-Qods, la branche armée du Djihad islamique, un groupe radical palestinien, et les Comités de la résistance populaire ont revendiqué cette attaque dans un communiqué conjoint publié à Gaza. Le Djihad islamique a baptisé cette attaque « Aurore de la victoire », a affirmé lors d’une conférence de presse à Gaza un chef du groupe, Abou Hamzeh, le visage masqué. « La résistance est l’unique alternative pour recouvrer nos droits et libérer nos lieux saints », a-t-il ajouté, avertissant Israël de ne pas se livrer à « un acte stupide » en attaquant la bande de Gaza. Peu après l’attaque, quatre membres d’une famille palestinienne, dont deux enfants, ont été blessés par l’explosion d’un obus de char israélien à Beit Hanoun, dans le nord de la bande de Gaza, a-t-on indiqué de sources hospitalières.

Et dès que le moindre missile tombera sur un atelier du jihad islamique on pourra lire dans Le Monde « d’après des sources hospitalières, trente deux enfants tués dans une école prise pour cible par l’armée israëlienne »…

Le Monde: relais fidèle de la propagande islamiste. Voilà où on en est 6 ans après le 11 septembre. Aucun grand média n’a relevé la tête pour regarder la réalité de la menace islamiste, qu’elle soit le fait d’Al Qaeda, des « palestiniens », des barbus de banlieue (londonienne, lyonnaise, madrilène ou parisienne…), des madrassas du Pakistan, des oulémas d’Arabie Saoudite, des tortionnaires d’Iraq, du perse fou Amadhinejad, des émeutiers contre les « dessins impies »…