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L’année 2009 sera cruciale

C’est l’avis de l’ONU à propos de l’Irak:

Le représentant de l’ONU en Irak, Staffan de Mistura, a affirmé vendredi que la situation dans le pays était en nette amélioration, mais a mis en garde contre tout excès de confiance à l’approche d’une année 2009 cruciale.

« Les signes d’un retour à une vie normale sont de plus en plus visibles dans tout l’Irak », a-t-il déclaré au Conseil de sécurité.

Mais « l’Irak va entrer dans les mois qui viennent dans une période critique », a mis en garde M. de Mistura, selon lequel « le risque d’un regain de violence demeure à l’approche des élections de janvier 2009 ».

Si même l’ONU se rend compte des progrès, peut-être nos propres médias vont à leur tour en parler ? On peut rêver.

Dans le même temps, le Hamas bombarde désormais quotidiennement Israël. Et Chavez a une envie d’atome:

President Hugo Chavez said on Friday that Venezuela is already working with Russia to develop nuclear power for peaceful purposes.

Allez, un grand sourire d’Obama résoudra tout ça. A commencer par Guantanamo:

The Washington Post reports that Barack Obama really, really wants to close Guantanamo: Announcing the closure of the controversial detention facility would be among the most potent signals the incoming administration could send of its sharp break with the Bush era, according to the advisers, who spoke on the condition of anonymity because they are not authorized to speak for the president-elect. They believe the move would create a global wave of diplomatic and popular goodwill that could accelerate the transfer of some detainees to other countries.

Et pourquoi pas avec un peu d’aide de l’Iran pour l’Afghanistan ?

President-elect Barack Obama plans to try a more regional approach to the war in Afghanistan including possible talks with Iran, The Washington Post reported on Tuesday, citing national security advisers to Obama.

Oui, je suis d’accord avec l’ONU: l’année 2009 sera cruciale. Les premiers pas d’Obama risquent vraiment d’avoir un impact durable.

De Brest à Vladivostok

Rappel: le 4 novembre 2008, Barack Obama est élu président des Etats-Unis d’Amérique. Son programme se résume en un slogan creux: « Yes, we can », et ses idéaux seraient « Hope and change ». Autant dire à rien. Changer quoi ? Pourquoi ? Espoir de quoi ? On peut quoi ? Qui est ce on ? La vacuité de son discours, ses liens avec l’extrême-gauche US (Ayers), son conseiller anti-israëlien (Robert Malley) , son pasteur raciste (Wright), son ami promoteur immobilier mafieux (Tony Rezko), tout cela n’a pas échappé aux Russes, aux Iraniens, etc. Tous savent qu’avec Obama la tâche sera plus facile: il veut négocier. Un sourire et tout ira mieux! Obama ignore semble-t-il la notion de true evil.

Bref, dès le 5 novembre les demandes s’empilent sur le bureau d’Obama. Et un pavé dans la mare: la Russie disposera des missiles ballistiques de courte portée dans l’enclave de Kaliningrad. Réponse immédiate, conforme aux attentes:

US President-elect Barack Obama has not given a commitment to go ahead with plans to build part of a US missile defence system in Poland, an aide says.

He was speaking after Polish President Lech Kaczynski’s office said a pledge had been made during a phone conversation between the two men.

But Mr Obama’s foreign policy adviser, Denis McDonough, denied this.

Le Jerusalem Post précise:

In a statement posted on his Web site, President Lech Kaczynski said that he was told by Biden in a phone call Monday that any decision President-elect Barack Obama makes « will depend on the assessment of a national security team, which at this time is being drawn up, as well as the effectiveness and the value of the project. »

Obama said this year that the system would require much more vigorous testing to ensure it would work and justify the billions of dollars it would cost.

Obama va donc dire que le système anti-missile n’est pas assez efficace compte tenu de son coût. Sauf que ce n’est pas vraiment l’intérêt d’un système anti-missile: il cherche à réduire un risque qui lui se chiffre en centaines de milliers de vies humaines, et en centaines de milliards de dollars (voire milliers). Je passerai aussi sur le fait que le responsable du programme n’a pas l’air d’être d’accord… Donc le bouclier sera abandonné par l’administration Obama.

Mais la Russie ne compte pas en rester là: Poutine et son « sock puppet » Medvedev pressent l’avantage, avec l’appui de Sarkozy:

« J’ai indiqué au président Medvedev combien nous étions préoccupés de ces déclarations et combien il fallait qu’il n’y ait de déploiement dans aucune enclave, tant que nous n’aurions pas discuté d’une sécurité paneuropéenne », a déclaré le président français à la presse.

Le « nous » devant signifier: Poutine et l’Union Européenne. La Russie vient juste d’envahir un de ses voisins (la Géorgie), et il faudrait lui faire confiance ? Au nom de quoi ?

Le président russe avait déclaré le 5 novembre que son pays déploierait des missiles Iskander à Kaliningrad, enclave russe frontalière de l’UE, si les Américains installaient des éléments de leur bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque.

Mais M. Sarkozy, très critique envers l’administration sortante de George Bush, a aussi appelé Washington à calmer le jeu sur ce bouclier antimissile. Et ce alors que le président élu Barack Obama doit préciser sa position sur ce projet qui a alimenté les tensions entre Occident et Russie, qui y voit une menace directe à sa sécurité.

Imaginez la scène suivante: vous mettez une clôture à votre jardin. Votre voisin vient vous voir et dit: « c’est inadmissible, c’est une menace à ma sécurité ». L’argumentaire russe est plus qu’absurde. L’installation du bouclier anti-missile en Europe empêcherait la Russie d’utiliser certaines armes contre ses voisins (aux premiers rangs desquels justement la Pologne, mais aussi l’Ukraine à cause de la Crimée) en toute sérénité. Ce bouclier limite les options militaires russes contre l’Europe. Et il emmerde bien Poutine, dont l’armée décrépie serait bien inutile sans ses missiles ballistiques.

Mais Sarkozy préfère blâmer Bush, acheter du pétrole et des promesses à la Russie:

Alors qu’Européens et Russes semblent vouloir dépasser les problèmes nés de l’intervention militaire russe en Géorgie en août – ils ont décidé de reprendre le 2 décembre leurs pourparlers sur un accord de partenariat renforcé – M. Sarkozy a défendu sa médiation sur cet autre dossier est-ouest. Et accusé Bush d’avoir attisé les tensions.

Heureusement Obama apaisera les tensions, fera baisser le niveau des océans, et laissera la Russie envahir impunément ses voisins, l’Iran construire une arme atomique et des missiles ballistiques, éventuellement la Chine envahir Taïwan…

Prédictions

Ce ne sont pas les miennes, ce sont celles de Steven Den Beste:

1. Obama’s « hold out your hand to everyone » foreign policy is going to be a catastrophe. They’ll love it in Europe. They’re probably laughing their heads off about it in the middle east already.

2. The US hasn’t suffered a terrorist attack by al Qaeda since 9/11, but we’ll get at least one during Obama’s term.

3. We’re going to lose in Afghanistan.

4. Iran will get nuclear weapons. There will be nuclear war between Iran and Israel. (This is the only irreversibly terrible thing I see upcoming, and it’s very bad indeed.)

L’attitude soulignée dans la prédiction 1 révèle déjà ses premiers effets avec l’annonce de la Russie de l’installation de missiles près de la frontière polonaise, et nul doute que ce n’est qu’un début.

Sur le point 2, je suis plus mesuré. Si les efforts de sécurité ne se relâchent pas, pourquoi une nouvelle attaque ? Mais si effectivement la prédiction 3 se réalise, nul doute que la 2 devient nettement plus probable.

Sur la 3: le pire, ce n’est pas l’Afghanistan. C’est un point de fixation, l’Afghanistan. Le rendez-vous où viennent se faire tuer en masse les jihadistes. Ils apprennent à tenir une kalash, font une balade en montagne, passent la frontière, reçoivent un missile, et se tapent 72 vierges au paradis avant même d’avoir tripoté une femme pour la première de leur vie terrestre. Maintenant ils pourront s’entraîner tranquillement, et iront en Iraq… ou ailleurs. Et c’est là la catastrophe. L’Iraq est à mon avis perdu.

Le point 4 ? Oui, désormais c’est une certitude, l’Iran aura l’arme atomique. Quand, je n’en sais rien, mais certainement très vite, en tout cas avant la fin du terme d’Obama (janvier 2013). Le calendrier des évènements:

  • 2009: l’Iran insère de plus en plus d’agents en Iraq. L’armée US se retire progressivement, l’aide militaire est de plus en plus restreinte (sorties aériennes, reconnaissances, patrouilles conjointes, formation, don de matériel…)
  • 2010, l’Iran a la bombe, et les USA quittent l’Iraq. L’Iran teste sa première bombe après que les derniers soldats US ont quitté l’Iraq.
  • 2011: échaudés par les frappes à répétition sur son sol, le Pakistan bloque le passage du ravitaillement US vers l’Afghanistan sur son sol. La situation des troupes US est très précaire, et doivent se retirer progressivement. Le Pakistan autorise le survol pour la sortie des troupes US. La situation en Iraq se dégrade.
  • 2012: révolution islamique en Iraq. Le Hezbollah lance sa 3ème guerre contre Israël. Téhéran prévient qu’une riposte « disproportionnée » d’Israël entraînera de graves conséquences. 10 jours plus tard, un missile à charge nucléaire est envoyée sur Israël par l’Iran. Espérons que d’ici là les boucliers anti-missiles soient suffisamment efficaces pour l’intercepter, sinon je ne donne pas cher de Téhéran, mais cela veut dire immédiatement réaction en chaîne dans tous les autres pays de la région avec révoltes populaires et les armées qui demanderont la guerre totale contre Israël. Combien d’autres pays subiront le feu nucléaire d’Israël ?

Bon, ce ne sont pas des prédictions. Je n’ai pas vraiment d’idées sur comment la situation pourrait tourner. Mais il est certain qu’Obama va marcher sur des oeufs entre l’Iraq, Israël, l’Iran etc. Malheureusement l’incertitude plane, et tous les ennemis de la liberté vont tenter d’en profiter. Tough times ahead.

Réaction rapide

Poutine ouvre le bal:

Medvedev said he hoped the next U.S. administration would act to improve relations. In a separate telegram, he congratulated Barack Obama on his election victory and said he was hoping for « constructive dialogue » with the incoming U.S. president.

Et pour améliorer le dialogue, rien ne vaut quelques missiles:

The president said the Iskander missiles will be deployed to Russia’s Kaliningrad region, which lies between Poland and the ex-Soviet republic of Lithuania on the Baltic Sea, but did not say how many would be used. Equipment to electronically hamper the operation of prospective U.S. missile defense facilities in Poland and the Czech Republic will be deployed, he said.

Et Obama devra servir de tapis:

Speaking just hours after Obama was declared the victor in the U.S. presidential election, Medvedev said he hoped the incoming administration will take steps to improve badly damaged U.S. ties with Russia. He suggested it is up to the U.S. — not the Kremlin — to seek to improve relations.

En résumé: la Russie va placer des missiles aux frontières de la Pologne, membre de l’Otan, pour éventuellement saturer les défenses anti-missiles, et les Etats-Unis devront venir s’excuser de s’être mal conduits. Et vous savez quoi ? Ca a toutes les chances de marcher. Et ce n’est que la première étape pour la Russie.

Who cares about Georgia anyway ?

Oh my, oh my. Voilà un bon exemple de ce qu’on peut attendre d’une présidence Obama:

We have not been willing to put our priorities properly. We have not been willing to say … « Hey Russia, we won’t expand NATO into the Ukraine and Georgia, right next to your borders, if you cooperate with us on Iran. » …

I think Iran and Israel are a hell of a lot more important than expanding NATO to Russia’s borders. Why should we? What do we need it for?

C’est vrai quoi, coopérez avec nous sur l’Iran, en échange on vous donne l’Ukraine, les Etats baltes, la Géorgie… faites votre marché! C’est ça les deals futurs d’Obama. Et puis quand viendra le temps de faire un deal avec l’Iran, il vendra Israël ? Et avec le Venezuela, ce sera la Colombie ? Et quid de Taïwan ? Je lisais un article de Ralph Peters dans le NY Post plus tôt, et je me disais « il exagère ». Et puis je me dis que non:

Relations with Russia are also at a high unthinkable a mere four years ago. Moscow’s legitimate concerns for the welfare of its citizens in the « near abroad, » as well as for ethnic Russians persecuted by so-called free democracies, fully justified its peace-preservation military deployments into Ukraine and other regional states. The subsequent referendums on re-unification with Russia, while displaying a few inevitable irregularities, have been judged free and fair by the Jimmy Carter Memorial Foundation.

While the deployment of Russian forces into the NATO-member Baltic states to protect ethnic Russians proved controversial, President Obama’s personal intervention kept us – and NATO – out of war. Partisan charges of « Finlandization » distort the generous terms of the neutrality guarantees Moscow provides for the former NATO members.

Mercredi matin nous en saurons plus…