Monthly Archives: février 2007

Inavouable

D’après Le Monde, le procès des terroristes (présumés) islamistes ayant fomenté les attentats du 11 mars 2004 se déroule mal pour l’accusation:

Lors de la première audience, le 15 février, un accusé a rejeté le recours à la violence. Et depuis, tous nient, adoptant des lignes de défense similaire. Ainsi mardi 20 février, deux proches présumés du noyau dur du commando se sont défendus « avec intelligence, aplomb, à-propos et sérénité (…) et faute de nouveaux témoins à charge ou de nouvelles preuves implacables, le procureur aura bien du mal à obtenir leur condamnation », s’inquiète le quotidien espagnol El Pais.

Il y a bien sûr des éléments à charge:

Almallah Dabas […] prétend que Serhan Ben Abdelmajid Fakhet et Rifaat Anouar, deux membres du commando qui se sont suicidés, ne cessaient de lui emprunter son téléphone, prétextant que les leurs n’avaient pas de crédit.

Fouad El Morabit […] connaissait la plupart des suicidés et a reconnu avoir hébergé Rifaat Anouar la nuit précédant l’attentat, [il] nie toute implication. Aucune trace ADN de cet ancien étudiant en aéronautique et en électronique n’a été trouvé dans les trains qui ont explosé.

Rabei Ousmane Sayed Ahmed, alias « Mohammed l’Egyptien », a ainsi juré n’avoir « aucune relation » avec les attentats, alors qu’il se targuait d’avoir conçu « toute l’idée de l’opération de Madrid », dans une conversation interceptée par les services secrets italiens versée au dossier d’accusation. Un accusé est allé dans son sens mardi en le décrivant comme « fabulateur et vantard ».

Le procès n’est pas fini, mais est-ce là une nouvelle ligne de défense pour des accusés de terrorisme ? « Oui je les connaissais, oui je lui ai prêté de l’argent, mon téléphone, ma voiture, mon lit mais je ne savais pas que…« .
Le terrorisme devient inavouable, et faute de preuves irréfutables comme l’ADN, aucun moyen de prouver la culpabilité des terroristes ? Si le procès se termine sans condamnations ou avec de légères peines, que les « rendition flights » sont interdits et leurs auteurs poursuivis, que les écoutes sont condamnées, que reste-t-il aux sociétés occidentales pour se défendre ?
A force de traiter les problèmes de terrorisme comme des problèmes judiciaires à résoudre par des méthodes policières, le risque augmente qu’ils soient un jour considérés comme problème militaire, à résoudre comme tel. On tire d’abord, on juge après. Qui veut en arriver là ?

Des fusils à 20.000 $

Saisie de fusils Steyr à Bagdad:

In a series of raids across Baghdad, U.S. and Iraqi forces seized more than 100 Austrian-manufactured sniper rifles in a 24-hour period Feb. 12-13.
[…]
In 2005, the National Iranian Police Organization placed an order for 800 Steyr HS.50s worth more than $15.5 million (nearly $20,000 per rifle). Ostensibly, the rifles were intended for use in interdicting drug smugglers. The U.S. and U.K. governments both protested the shipment in 2006, fearing the rifles would fall into the hands of Iraqi militias. A month and a half after the initial shipment, the first U.S. soldier was killed with one of these Steyr rifles.

Ces fusils valent 20.000$ à l’unité, ce ne sont pas des kalashnikovs usagées ou des rebus de l’armée autrichienne. Ce sont des armes neuves, récentes, extrêmement précises. Et toutes identifiées de manière unique. Vous vous doutez qu’à 20.000 dollars pièce, on a pas envie de les égarer ces fusils. Et pourtant, ces fusils sitôt achetés ont traversé la frontière iranienne pour se retrouver en Iraq. Vous voudriez me faire croire que c’est de la contrebande ? Qu’ils ont été volés et revendus ? Que c’était une erreur de la poste ? Que c’était des « éléments incontrôlés » de l’armée iranienne qui montent leurs propres opérations en Iraq ?
L’Iran mène sa guerre en Iraq, sa guerre contre les Sunnites, contre les Shiites, contre les Etats-Unis.