Monthly Archives: mars 2005

Lies lies, moore lies

Le point de vue de Télérama sur Bowling for Columbine:

Michael Moore, c’est le bulldozer du documentaire. Quand il tient un sujet, il fonce tête baissée dans la démonstration implacable. Ici il s’attaque à la vente d’armes à feu aux USA. Avec un sens de la dérision et une efficacité décapantes, il fait œuvre de salubrité publique

Démonstration implacable à base de mensonges. Il y en a trop en un seul documenteur pour que je les démonte ici, d’autant que ça a déjà été fait par des dizaines d’autres personnes avec inifiniment plus de talent que moi. Pour commencer, allez sur Moore watch, et suivez les liens. Pour le film de propagande Farenheit 9/11, consultez War, Lies, and Videotape: A Viewer’s Guide to Fahrenheit 9/11.

Viva la revolucion

Plus sur le Venezuela et l’AmSud:
Argentina’s dangerous direction
Venezuela to default?
A clear path to default

Pour quelques barils

Chirac ne trouve décidément pas de dictateur assez dictatorial pour refuser de traiter avec. Dernier exemple en date, Hugo Chavez. Admirez la présentation de la visite par Le Figarose, un modèle de propagande gratuite au service du Quai d’Orsay:

Hugo Chavez en visite à Paris pour resserrer ses liens avec l’Europe

Répondre à la main tendue d’Hugo Chavez pour éviter qu’il se jette dans les bras d’alliés plus sulfureux. Telle est, en substance, la stratégie de Jacques Chirac, qui recevait hier pour la cinquième fois son homologue vénézuélien, en escale à Paris. Les deux hommes se connaissent bien, et s’apprécient. Ils partagent une vision multipolaire du monde, à l’opposé de la conception américaine.

Chirac souhaite éviter à Chavez de sombrer du côté obscur. C’est une blague, évidemment. Chirac est du même côté que Chavez, anti-américain, pro-dictatures diverses (théocraties, autocraties, communistes…) et il accueille un allié et partenaire commercial potentiel pour tout ce que « la France » a à vendre: Airbus, centrales nucléaires, trains. Ce n’est pas un hasard si Chirac a reçu 5 fois Chavez. En a-t-il fait autant pour le président brésilien ou argentin ? Non, bien sûr…

Hugo Chavez se souvient de la condamnation par la France de la tentative de coup d’État à son encontre, en avril 2002, et de la résistance diplomatique menée par Paris contre l’intervention militaire en Irak. Jacques Chirac est sensible aux préoccupations sociales du dirigeant bolivarien dans un pays comptant près de deux tiers de pauvres. Il se félicite aussi des sacrifices financiers consentis par le Venezuela, premier pays pétrolier à adhérer au protocole de Kyoto sur le changement climatique.

Traduction: tous les deux socialistes et anti-américains, ils souhaitent imposer leurs lubies écolos au reste du monde, en commençant hélas par leurs populations déjà durement appauvries par leurs politiques absurdes.

Outre la défense des intérêts des entreprises françaises ­ le pétrolier Total brigue de nouvelles exploitations, et Alstom aimerait obtenir le marché des nouvelles lignes de métro de Caracas ­, Paris est prêt, aux côtés de Madrid, à aider le président vénézuélien à resserrer ses liens avec l’Europe.

Et voilà les motivations de Chirac…

Car, ces derniers mois, Hugo Chavez a surtout investi les échanges «Sud-Sud», mettant à profit les cours exceptionnellement élevés du pétrole (plus de 55 dollars hier) pour mettre sur pied une diplomatie au service de sa «révolution bolivarienne». Caracas a ainsi renoué avec la Libye de Muammar Kadhafi, le Zimbabwe de Robert Mugabe et surtout l’Iran de Mohammad Khatami. Le président iranien est attendu ce jour au Venezuela pour une visite de trois jours.

C’était quoi déjà la justification officielle ? Eviter que Chavez ne se jette dans les bras d’alliés plus sulfureux ? Il manque juste la Corée du Nord et le Soudan et Chavez aura la carte de visite de toutes les pires dictatures du monde.

Afin de moins dépendre des États-Unis, qui représentent 85% des exportations vénézuéliennes de pétrole brut, la compagnie nationale d’hydrocarbures PDVSA a multiplié les accords avec ses homologues chinoises, russes et iraniennes. Le contrat qui sera signé aujourd’hui avec Mohammad Khatami pourrait, par exemple, instituer un commerce triangulaire : Caracas approvisionnerait les clients de l’Iran en Amérique latine et Téhéran ceux du Venezuela en Asie. Ces alliances permettraient à Hugo Chavez de «couper le robinet». PDVSA envisagerait même, selon des rumeurs récurrentes, de se défaire de sa filiale américaine Citgo.

Chavez s’est allié avec les pires ennemis des Etats-Unis et va donc forcer les compagnies US à trouver d’autres fournisseurs de pétrole. Comme ça il va pouvoir faire de fructueux échanges avec l’Iran. Peut-être pour de la technologie nucléaire ? Allez savoir…

Une mauvaise nouvelle pour les États-Unis, déjà ulcérés par la solide amitié nouée entre Hugo Chavez et le Cubain Fidel Castro. Les idées du Lider Maximo et les moyens financiers de celui qui se présente comme son fils spirituel pourraient, selon eux, faire des ravages dans la région. Alors que Chavez multiplie les accords pétroliers avec le Brésil, l’Argentine, et tout récemment l’Uruguay, Washington l’accuse d’aider les mouvements déstabilisateurs. De son côté, le président vénézuélien est convaincu que les Américains veulent l’éliminer à tout prix : «S’il m’arrive quelque chose, on saura qui est le responsable : le président des Etats-Unis, dont le gouvernement a démontré à quel point il était dénué de scrupules. Si George W. Bush parvenait à ses fins, il s’en repentirait aussi vite car le cours du pétrole dépasserait alors les 100 dollars», a-t-il prévenu hier.

Amusant comme Le Figaro lie les accords commerciaux avec les accusations de « déstabilisation »: il n’y a pas de lien, et l’article laisse penser que c’est en tant que concurrent commercial que le Venezuela provoque l’exaspération US. C’est plutôt pour le financement et l’aide apportée aux FARCs en Colombie, l’achat d’armes à la Russie (des Mig 29 récemment, 100.000 AK-47 dont la destination finale est probablement les FARCs)…
L’Amérique Latine va mal, très mal, et il semble que toute l’attention US soit focalisée sur le Moyen Orient et l’Asie. Pourquoi ne pas s’y intéresser aujourd’hui ? Cela éviterait peut-être que ce soit aux Marines d’y intervenir dans une décennie ou deux…

Mise à jour:
Juste quand j’écris sur Chavez, je reçois dans mon mail un article de Times sur le sujet Chávez’s Venezuela prepares for confrontation with the US.
Condi Rice a l’oeil sur Chavez:

Condoleezza Rice, the US Secretary of State, has branded Venezuela a « negative force in the region ». US officials are increasingly worried at what they perceive to be Señor Chávez’s creeping authoritarianism and military build-up, and believe it could destabilise the region. « We are concerned, » said one.

Tant mieux. Son pouvoir de nuisance est énorme. Et lui laisser l’initiative ne ferait que l’encourager. Rêve-t-il d’un « Grand Venezuela » façon « Bolivar », avec un Lider SuperMaximo, à gauche toute ? A quoi bon acheter des armes, encourager les FARCs, se positionner en champion anti-américain ? Il y a bien la mégalomanie, une part de démagogie, mais il y a peut-être bien plus.

Absurdisme

TF1 contamine l'info

Le Qatar, un riche petit pays pétrolier et gazier du Golfe, resté relativement à l’abri de la vague de violences qui déferle sur la région depuis la guerre en Irak, a été samedi soir le théâtre d’un attentat suicide, le premier du genre dans l’émirat. Un Egyptien, au volant de sa voiture piégée, s’est fait exploser à l’entrée du théâtre d’une école britannique à Doha pendant une représentation, tuant un Britannique et blessant 12 personnes, dont des ressortissants étrangers.

Le Moyen Orient était tranquille avant la guerre en Iraq. Un coin peinard, où il fait bon vivre. Un peu comme l’Allier, avec du pétrole en plus. Il ne s’est rien passé là bas depuis 50 ans. Pas de coups d’états sanglants, pas de répressions envers des civils souvent désarmés, pas de guerres civiles, pas de guerres religieuses, pas de guerres tout court… et bien sûr, pas de terrorisme. C’est une découverte récente.
Ah, à ceux qui m’affirmeront que c’est le premier attentat au Qatar (ce qui, ma foi, est possible), et qu’en conséquence c’est une extension grave du terrorisme à un pays jusque là épargné, je leur réponds que le Qatar ne représente qu’une infime partie du MO, en population aussi bien qu’en superficie, et que ce n’était qu’une question de temps avant que les islamistes s’y adonnent à leur activité favorite, tuer des infidèles. La région était déjà à feu et à sang bien avant.

Répétez suffisamment un mensonge…

J’ai entendu souvent dire que « la base de la pédagogie, c’est la répétition« . Hélas, ça marche pour tout type d’information, qu’elle soit à caractère commercial, religieux, politique… les mensonges les plus éhontés peuvent donc circuler aisément pour peu qu’ils soient sans cesse répétés. Il en est ainsi de l’étude publiée par The Lancet, journal médical anglais, sur la mortalité civile depuis Operation Iraqi Freedom en 2003. Cette étude détermine qu’il y a 95% de chances pour que les morts civils se comptent entre 8.000 et 194.000. Cela ne veut pas dire qu’il y en a plus de probabilité qu’il y en ait 8.000 que 194.000, non, cela veut dire que le chiffre réel est à 95% situé entre ces deux extrêmes (voir l’inévitable Instapundit pour de plus amples explications). Ce qui n’exclue pas non plus, à 5% de probabilité, qu’il soit moindre ou plus élevé. Bref, c’est de la poudre aux yeux, d’autant plus que la méthodologie employée pour produire les chiffres soit largement battue en brèche! (voir pour cela les liens de 100.000, notamment Very bad methodology). Je pourrais tout aussi bien clamer que le nombre de morts civils se situe entre 0 et 1.000.000, avec un « intervalle de confiance de 99% » (sans même calculer quoi que ce soit…)!
Et pourtant les médias occidentaux ont tous emboîté le pas, en affichant des gros titres dans le genre « L’invasion de l’Iraq coûte la vie à 100.000 civils« . Pourquoi 100.000 ? Parce que (194.000+8.000)/2=101.000. Arrondissez à 100.000 et voilà un chiffre qui se retient facilement, qui marque les esprits. Il suffit ensuite de le répéter à l’envie. Et le chiffre devient vérité. C’est ainsi qu’il est fréquemment utilisé dans les médias anglophones. Je l’ai aussi trouvé récemment dans Le Monde, jamais en panne de mensonges:

Des experts réclament une enquête indépendante sur les civils tués en Irak
LEMONDE.FR | 11.03.05 | 09h04
Les estimations concernant le nombre de civils tués du fait de la guerre en Irak varient grandement. Alors que les statistiques irakiennes font état de près de 3 300 morts, une étude de chercheurs américains réalisée en Irak en recense près de 100 000.

Autant 3.300 semble peu, car il a suffi de quelques gros attentats pour tuer des dizaines voire des centaines de civils en une seule fois, autant 100.000 représente un carnage continu! 60 civils par soldat US. Un peu si pour chaque soldat US tué, l’armée US rasait un hameau par l’artillerie, une frappe aérienne, ou des chars… bref une force totalement disproportionnée, qui laisserait derrière elle un paysage désolé, des centaines de blessés (car ne pas oublier que pour chaque mort il y a 3 à 10 fois plus de blessés). De quoi alimenter les journaux télévisés non ? Où est sont les images ? Où sont les protestations furieuses des Iraqiens ? Vous imaginez l’impact militaire d’un tel carnage ? Cela pousserait des centaines de personnes dans les bras de groupes de résistants (en face d’une armée qui massacre ses prochains, quel titre donner à ceux qui la combattent ?). Mais ce n’est pas le cas. Les Iraqiens se précipitent massivement aux urnes. Pour élire le gouvernement de « collabos » de « l’armée d’occupation » qui massacrerait autant sinon plus que la police de Saddam en son temps! Et personne au Monde n’a le moindre esprit critique et ne prend la moindre précaution en répétant ce chiffre ?

Un groupe d’experts en santé publique a lancé un appel, vendredi 11 mars, en faveur de l’ouverture d’une enquête indépendante sur le nombre de civils tués en Irak depuis le début de l’intervention militaire américano-britannique. Dans un communiqué publié sur le site Internet de la revue médicale britannique British medical journal, cette vingtaine d’experts originaires de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d’Australie, du Canada, d’Espagne et d’Italie accusent les gouvernements américain et britannique de minimiser le nombre de victimes civiles du conflit.

Bien sûr pour qu’un mensonge passe mieux il faut l’enrober d’un peu de crédibilité: en l’occurence les journaux médicaux anglais (The Lancet et maintenant British medical journal) et quelques chercheurs en panne d’exposition médiatique (et certainement de subventions).

« Nous pensons que le refus conjoint du Royaume-Uni et des Etats-Unis de faire le moindre effort pour connaître le nombre de victimes irakiennes […] est totalement irresponsable« , lancent ces experts, qui estiment que « recenser les victimes peut contribuer à sauver des vies non seulement aujourd’hui mais aussi dans le futur« . Et de poursuivre : « Comprendre les causes de la mort est au cœur des responsabilités de santé publique, nationalement et internationalement.« 

Il n’est évidemment pas du tout dans l’intérêt d’une armée de connaître l’efficacité de ses armes, de ses tactiques, de l’impact sur les populations (au niveau mental). L’armée US n’explore donc certainement pas des tonnes de statistiques, elle préfère raser les villes et Dieu reconnaîtra les siens!

Ils jugent, en outre, inacceptable la pratique suivie par les deux principaux pays engagés militairement en Irak qui consiste à s’appuyer sur les statistiques du ministère irakien de la santé. Selon eux, ces données atténuent la réalité pour plusieurs raisons, notamment parce qu’elles ne prennent pas en compte les douze premiers mois de l’intervention militaire et qu’elles recensent uniquement les morts directement liées aux violences et non aux conséquences sanitaires de la guerre.

Ah les critiques justifiées que voilà: il faudrait bien sûr faire confiance aux journalistes d’Al Jazeera, aux chiffres des terroristes! D’autre part pour les 12 premiers mois l’armée US doit bien avoir ses propres statistiques (et comme d’autres, j’aimerais les voir!). Enfin si l’on se lance dans des considérations de « conséquences sanitaires » et autres, alors il va falloir parler de la mortalité avant l’intervention US.

D’après les statistiques irakiennes, 3 274 civils ont été tués du 1er juillet 2004 au 1er janvier 2005. Les autres estimations non officielles varient grandement.

D’après Iraq Body Count, organisation d’universitaires et de pacifistes recoupant les informations des médias, entre 16 231 et 18 509 Irakiens ont perdu la vie du fait de la guerre.

3274 en 6 mois ? Ca fait 7000/an (en arrondissant), et là le chiffre rejoint à peu près (16.000 en 2 ans) celui du site orienté « Iraq Body Count Project » (qui utilise lui aussi une méthode discutable). Et si les statistiques officielles étaient plus proches de la réalité que l’extrapolation statistique ?

Une étude de chercheurs américains réalisée en Irak fait état, pour sa part, de 98 000 morts liés à « l’invasion de 2003 ». Cette étude, réalisée par le Dr Les Roberts, de l’hôpital Johns Hopkins à Baltimore (Etats-Unis) et ses collègues, avait été publiée en octobre 2004 par la revue médicale britannique Lancet. Ces quelque cent mille civils irakiens, en majorité des femmes et des enfants, seraient morts pour la plupart de mort violente.

Et voilà le recyclage de l’étude bidon! Un carnage de femmes et d’enfants, morts de mort violente! Tous les jours, 150 victimes. Tous les jours, 300 blessés! Sans qu’on en sache rien. Sans qu’un seul journaliste ne tombe sur un hôpital remplit de victimes démembrées ? Impossible.

Pour arriver à ce résultats, les chercheurs avaient comparé la mortalité durant les 14,6 mois précédant l’occupation et les 17,8 mois suivants et avaient estimé à 98 000 le nombre de décès exédentaires, sans même tenir compte de la mortalité dans la région de Fallouja, où sont rapportés deux tiers des décès par mort violente. L’enquête avait porté sur un total de 988 foyers irakiens, répartis dans 33 localités, les données ayant ensuite été extrapolées à l’ensemble du pays.

Le gouvernement britannique a formellement rejetté cette estimation. « Nous continuons à estimer que les chiffres du ministère irakien de la santé sont les meilleurs que l’on peut obtenir dans une situation incertaine, car ils sont basés sur un décompte par tête au lieu d’une extrapolation. Dans le climat d’insécurité actuelle, une recherche plus précise n’est pas faisable », a déclaré un porte-parole du ministère britannique des affaires étrangères.

Pour le professeur Klim McPherson, épidémiologiste à l’université d’Oxford, l’appel des experts en faveur d’une enquête indépendante sur les victimes civiles de la guerre est une réaction aux manœuvres dilatoires du gouvernement britannique à ce sujet. Surtout que selon lui, l’estimation de 100 000 morts semble certes élevée, mais rien n’indique qu’elle soit erronée.

Rien n’indique que l’estimation de 100.000 soit erronnée, sinon le simple bon sens. C’est certainement trop en demander aux journalistes qui ne demandent qu’une chose: croire. Messieurs, on vous demande plus que ça: critiquez, vérifiez, recoupez, et faites sortir la vérité. Faites votre boulot.

Mise à jour:
allez lire That Lancet Study! The one about 100,000 dead Iraqis, notamment les commentaires: tous les arguments y sont.

Pas le temps

Comme souvent je me retrouve avec très peu de temps pour commenter quoi que ce soit, et je suis en retard sur les évènements. J’aurais bien aimé parler de la manifestation incroyable au Liban, car elle m’a franchement rempli de joie: il sera bien difficile de lancer une nouvelle guerre civile, il est impossible de réprimer dans le sang cet élan. Il y a aussi la visite de Chavez à Paris, sur laquelle j’ai un petit article du Figaro délirant et très amusant finalement. Enfin il y a cet aveu complètement incroyable du Monde qui vaudrait de la prison à Le Pen s’il osait prononcer les mots que Le Monde a imprimés:

Manifestations de lycéens : le spectre des violences anti-« Blancs »

Si vous n’avez pas lu l’article, faites le vite avant qu’il disparaisse du site du Monde. Il faut lire ces récits de lycéens tabassés parce que blonds, et les justifications incohérentes des agresseurs racistes (ils sont opprimés, victimes du racisme etc…), et aussi les justifications du sociologue de service!
Je crois bien que c’est la première fois que j’entends parler du racisme antiblanc dans Le Monde. Ce n’est pas un phénomène nouveau pourtant.

edit: j’avais raté cet article, qui contient notamment une perle représentative de l’état de dégenérescence du système judiciaire:

Gare du Nord, ce jour-là, un homme s’est fait dérober sa mallette. Mambi Toumkara et Gora Niang ont été accusés d’avoir fait barrage pour empêcher la victime de partir aux trousses du voleur. « Vous portez préjudice au mouvement lycéen ! », a tonné le président. Mambi Toumkara a écopé de six mois de prison avec sursis, Gora Niang de six mois ferme.

Le crime ce n’est pas le vol, ce ne sont pas les violences, c’est le préjudice au mouvement lycéen. Comme s’ils en avaient quelque chose à foutre. Ce qui les fera changer de métier, c’est une baisse de rentabilité de l’activité criminelle. Par exemple en mettant les armes en vente libre ?

MiniTruth / Ministère de la vérité

Malgré l’énormité de la faute professionnelle de Dan Rather, Le Monde lui consacre un article pour honorer sa retraite:

La dernière leçon de journalisme de Dan Rather
LE MONDE | 11.03.05 | 15h21

Si les journalistes prennent des leçons auprès de Rather, il ne faut pas s’étonner ensuite du développement des blogs, de la chute de crédibilité des médias, etc… Quant à moi cela ne me surprend absolument pas de la part du Monde, un journal absolument au-dessus de tout soupçon de partialité! (comme tous les journaux français d’ailleurs).

Le présentateur vedette de CBS, Dan Rather, a présenté son dernier journal, mercredi 9 mars, finissant par un mot qui l’a rendu célèbre : « Courage. » Il l’applique aux Américains depuis le 11-Septembre et aux soldats, « à ceux qui sont opprimés, confrontés à des problèmes financiers ou de santé », et aussi « à – ses – chers journalistes dans les endroits où témoigner de la vérité veut dire tout risquer ».

Un message destiné sans doute à Giulana Sgrena, cible des cowboys américains ? Ou aux idiots utiles Chesnot et Malbrunot ?
Les soldats sauront se débrouiller sans les encouragements de Rather, car ils savent bien que les journalistes travaillent contre eux

Reporter pendant plusieurs décennies sur la plupart des conflits, il sait qu’il n’y a pas forcément besoin d’aller loin pour « tout risquer ». Il a toujours pris au sérieux le rôle de quatrième pouvoir de la presse, qui est d’interpeller les puissants. Et ne s’en est jamais privé, se faisant beaucoup d’ennemis.

Sous entendu: moi aussi je risque ma vie!. Il se moque de qui ? Les journalistes ne meurent pas en présentant le JT de 20h, mais dans les prisons iraniennes, aux mains des terroristes islamistes, ou hélas parfois en prenant une balle perdue…
Concernant le rôle du « 4ème pouvoir », je suis assez curieux: interpeller les puissants ? Moi qui pensait naïvement que la presse était là pour rapporter les faits, établir la vérité… Mais quand on analyse le RatherGate, c’est exactement ce qui s’est passé: au lieu de chercher la vérité, Rather a présenté des documents qui ont tout de suite paru extrêmement suspects et qui n’ont pas résisté plus de quelques heures à l’analyse par des bloggers… C’est donc ça l’idéal médiatique ? Et dire que Le Monde ose s’en réclamer, quel aveu!

En 1986 déjà, pendant une semaine, il avait terminé ses journaux par le mot : « Courage. » Une façon de protester alors contre les réductions d’effectifs – plus d’une centaine – dans la salle de rédaction, dont CBS News ne s’est jamais vraiment remise. Avec ce mot, il adresse aussi aujourd’hui un message pour le futur, pour que CBS News – à 73 ans, il va continuer à y travailler comme reporter – ne tombe pas dans « l’hollywoodisation de l’information ».

C’est sûr qu’avec des journalistes à la crédibilité et à l’éthique aussi fortes que Rather les médias deviennent indifférentiables des scénarios de série B hollywoodiens… (notez que Rather touchait des salaires mirobolants, plusieurs millions de dollars par an, alors sa protestation contre le licenciement de quelques lointains collègue… quelle solidarité!)

Depuis la diffusion en pleine campagne électorale, dans l’émission « Sixty Minutes », qu’il présentait, d’un faux rapport sur le service militaire de George W. Bush, ses ennemis ne l’ont pas lâché jusqu’à obtenir son départ.

Il faut peut-être rappeler le contexte: 2 mois avant l’élection, alors que Kerry claironne sur tous les tons qu’il est un héros (et en mentant sans être inquiété plus que ça par les médias US), Rather produit des documents estampillés Texas Air National Guard affirmant que Bush a été « protégé » lors de son service militaire… Et ces documents sont des faux grossiers. Il a fallu quelques heures (je sais, je me répète) pour qu’ils soient identifiés comme faux. Et Rather, avec son salaire à 7 chiffres, ses équipes d’enquêteurs, n’a pas été foutu de le découvrir par lui-même ? Et quelle attitude a-t-il adopté ensuite ? Il a tout nié en bloc!. Il a dit que les documents étaient vrais, que ses contradicteurs ne pouvaient avoir raison puisqu’ils étaient conservateurs, puis que les documents étaient « faux mais représentatifs de la réalité » (fake but accurate: faux mais réaliste)… Bref au lieu de dire « merde j’ai fait une énorme connerie » il a persisté dans l’erreur. A quelques semaines des élections.
Heureusement que cela provoque une réaction. Le contraire serait inquiétant: si les journalistes peuvent mentir et faire pencher la balance d’une élection aussi importante que celle là et s’en tirer, il y a un réel problème de démocratie! Le Monde devrait plutôt faire l’éloge des bloggers, garants de la vérité!

Les républicains les plus conservateurs le haïssent, depuis le début des années 1970, quand il suivait l’actualité de la Maison Blanche sous Richard Nixon, avec lequel il se montra peu clément. En 1988, il s’emporta contre George Bush père, lors d’un entretien très tendu. C’est cette année-là que son journal a perdu la première place.

Oui et c’est en 1970 aussi que sont nés les blogs…

Les talk-shows conservateurs, qui n’ont cessé de gagner en influence, s’acharnent sur lui. Au moins deux sites Internet lui sont consacrés (ratherbiased.com et rathergate.com). Quant à son rival et ami de NBC, Tom Brokaw, il a pris sa défense en dénonçant un « djihad contre Dan Rather et CBS ».

Et pourquoi des talk-shows conservateurs au fait ? Peut-être parce que les médias US, à l’instar des médias européens, sont fortement teintés idéologiquement ? Peut-être parce qu’ils font passer leurs opinions avant la vérité, quand ça les arrange ?
Quand sont nés les deux sites en question au fait ? Ils datent tous les deux du mois de septembre 2004, c’est à dire du RatherGate… Brokaw n’a pas de site « anti-Brokaw » lui… ce n’est donc pas par « haine » que des sites lui sont consacrés, mais bien parce qu’il a commis une énorme erreur, et tenté d’influencer une élection présidentielle en se servant de sa crédibilité (usurpée) de journaliste!

Il a en effet toujours refusé cette image de journaliste partisan : « Je suis indépendant. Quels que soient les gouvernements, ils essaient d’instiller la peur en vous. Si vous avez raison, ils vous attaqueront, vous, le messager, car ils ne peuvent vous attaquer sur les faits »,expliquait-il en octobre. Rien n’efface quarante ans de journalisme. Courage !

Pauvre Rather, victime du gouvernement US! Qu’il aille dire ça aux journalistes assassinés ou emprisonnés en Russie, en Ukraine, en Iran, en Colombie, en Iraq… Et il n’est pas partisan ? Non, du tout, comme l’a parfaitement démontré le rathergate! Et c’est le RatherGate qui a mis un terme à la carrière de Rather, pas le gouvernement US! Par ailleurs les faits dans cette affaire sont accablants. Il suffit pourtant de regarder une simple image pour constater à quel point les faits sont contre Rather… . Mais peut-être que les journalistes du Monde ne lisent pas encore les blogs ? Il est grand temps de le faire.
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Boomerang

L’assassinat de Rafik Hariri a provoqué un retour de flammes contre la Syrie, provoquant les manifestations contre le régime pro-syrien, et sa démission en masse. Sous la pression internationale, le petit Assad a annoncé le retrait des troupes syriennes en l’espace de quelques mois.

Tout cela semble quelque peu inespéré pour beaucoup d’observateurs: après 30 années di’ngérence continue, pourquoi la Syrie quitterait-elle le Liban sans renâcler ? Pas de bain de sang, rien du tout ? Imaginez l’impact en Syrie pour Assad: quelle serait sa crédibilité ? C’est un dictateur. Son pouvoir ne repose pas sur des élections, mais sur la puissance brute, la force. Pour rester crédible, il ne peut pas perdre la face. Ses propres alliés ne doivent pas penser une seule second qu’il se soumet à la pression aussi aisément, ou ils pourraient s’imaginer que c’est un faible

Mais c’est sans compter le jouet d’Assad au Liban: le Hezbollah. Un joli jouet, qui plus est: il peut tuer du Chrétien, du Juif, des opposants… Utile, pour un dictateur: un instrument de pouvoir. Le Hezbollah a donc organisé sa propre manifestation, rassemblant plus de gens que les précédentes. Et le gouvernement Karami a repris ses activités, après un hiatus qui a maintenant toutes les apparences d’un scénario rodé…

Alors, tout est de retour à la normale au Liban ? Non, il y a eu du changement: il n’y a pas eu de coups de feu. Le déterminant ultime, c’est le peuple, pas la puissance de feu: combien de personnes vous pouvez amener dans les rues ? Mais la question de vérité est la suivante: combien de personnes iront voter…
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From now on…

Damian from Pave France asked me to write in english. I’ve been considering for a long time that option, and out of laziness I’ve always pushed back that moment. From now on, I’ll translate most of the posts, from my lousy french to my miserable english.

(feel free to correct my english, which may even be slightly better than my french by the way…)

Préméditation

Giuliana Sgrena a échappé à une tentative d’assassinat d’après elle. Elle avait été mise en garde par ses amis iraqiens pourtant:

Mes pensées sont allées aussitôt à mes ravisseurs qui m’avaient dit de faire attention ‘parce que ce sont les Américains qui ne veulent pas que tu retournes’, des paroles que j’avais jugées superflues et idéologiques

Elle a coûté de 10 à 13 millions de dollars. Sa libération n’a pas coûté la vie qu’à Nicola Calipari, mais très certainement à des dizaines de personne. Comment pensez-vous que les terroristes se financent ? Combien de civils Iraqiens vont perdre la vie au cours d’attentats à la voiture piégée ?

En France l’incident a été traité de façon ambigüe, en laissant une très large place aux propos de G. Sgrena, passant sous silence la version de l’armée US, négligeant de prendre connaissance des procédures d’ouverture de feu (les rules of engagement)… bref du pseudo-journalisme. Encore à l’instant (21h45) sur I-Télé un débat inutile, ridicule sur Sgrena. Pfff…

Le MondeL’Italie unie enterre l’agent secret Nicola Calipari sur fond de polémique sur la fusillade de Bagdad – 07.03.05 | 14h41
Une libération dramatique qui s’est achevée, dira-t-elle, par une « une pluie de tirs », provenant de soldats américains, sur le véhicule qui l’emmenait vers l’aéroport de Bagdad. Bavure ? Imprudence ? la polémique fait rage.
[…]
De son lit d’hôpital, Giuliana Sgrena a démenti la version américaine selon laquelle le véhicule allait trop vite et ne s’est pas arrêté à un contrôle. »Nous roulions normalement. C’est une patrouille, dans un blindé, qui a tiré, sans sommation », confirme l’agent italien qui était au volant, blessé lui aussi.

Les magistrats chargés de l’enquête ont interrogé samedi la journaliste. Le véhicule pris pour cible par les Américains devrait être expédié en Italie et soumis à des expertises balistiques. L’autopsie du corps de l’agent a déjà déterminé qu’il a été tué d’une seule balle dans la tête.

Présentation uniquement du point de vue orienté de G Sgrena, antiguerre depuis le début, anti-américaine depuis toujours, et communiste (donc autorisée à mentir si ça sert la Cause). Une pluie de feu aurait réduit la voiture en miettes, et il ne faut pas être un expert militaire pour le comprendre. Je me souviens avoir lu, en 2003, le récit d’un militaire décrivant comment il a arrêté un camion qui fonçait sur son unité. La puissance des balles permet réellement d’arrêter plusieurs tonnes de métal fonçant à 60km/h. Mais si vous n’en êtes pas convaincu, lisez donc ce témoignage chez Ed Morrissey. Il fait aussi un point sur les rules of engagement, premier point qu’il aurait fallu vérifier: quelles sont-elles ? L’incident Sgrena s’est-il déroulé dans les limites décrites par les ROE ? Mais ce serait trop en demander au Monde.

Libération s’en tire bien mieux:

Selon la version de l’armée américaine, les Marines ont lancé des appels lumineux et fait des tirs de sommations. Mais la journaliste d’«Il Manifesto», opposante de toujours à la guerre en Irak, a déclaré qu’elle pourrait avoir été intentionnellement prise pour cible.

Bien! Mais il y a plus:

Cette absence de communication entre Américains et Italiens explique le drame, estime le «Post». Pour son expert militaire, «l’absence de coordination préalable avec l’unité sur le terrain» est la cause principale de la bavure. «Si nous avions été avertis, nous aurions pu gérer et soutenir cette mission très différemment»

Mais comme il ne faut pas non plus trop en demander, Libé s’amende:

«Des documents de l’armée montrent que la troisième division d’infanterie -l’unité militaire à laquelle appartiennent les troupes responsables de la mort de Calipari- a été impliqué dans d’autres tirs contre des civils», précise encore le quotidien. Selon ces documents, plusieurs soldats interrogés par des enquêteurs militaires ont affirmé avoir tiré sur des civils, tuant des femmes et des enfants, dans des circonstances similaires à celles de vendredi: voiture non identifiée s’approchant d’un barrage militaire.

Ah ces Américains, ces cow boy à la gâchette facile! Au fait, il y a combien de personnes dans une division US ? Quelle est la probabilité pour que ce soit la même unité que les autres fois ? Les soldats en cause ont-ils été condamnés pour non respect des règles d’engagement ?

Dans le dernier paragraphe, Libé cite le New York Times, grand vainqueur de la stupidité médiatique concernant cette triste affaire:

Le New York Times s’en prend lui aussi avec virulence aux errements de l’US army en Irak et dénonce les dangers qui attendent «des milliers d’Irakiens» aux check-points tenus par des soldats américains hantés par la menace des attentats suicides. «Après le scandale des sévices sur les prisonniers d’Abou Ghraib, aucun autre aspect de la présence militaire américaine en Irak ne provoque autant de consternation et de colère chez les Irakiens (…)», écrit le correspondant du journal à Bagdad.

Le correspondant qui ne sort plus de son hôtel par peur des voitures piégées ? Je me demande ce que les Iraqiens préfèrent: des contrôles angoissants et récurrents, ou des explosions aux sorties des écoles.
Mais j’ai un élément de réponse: 8 millions sont allés voter en janvier dernier.