Monthly Archives: novembre 2005

Présumés

Etre islamiste est-il un crime, au sens légal ? En tout cas, ce matin à toutes les éditions sur I-Télévision les arrestations d’islamistes étaient commentées en ces termes:

arrestation d’islamistes présumés

Ce n’est bien évidemment pas parce qu’ils sont islamistes qu’ils sont arrêtés, mais parce qu’ils financent des groupes terroristes, fournissent un soutien logistique à d’autres, etc…
Je suis peut-être tatillon, je l’admets, mais pourquoi ne pas donner l’information complète ? Cette anecdote infime est pourtant représentative des médias français: à coups d’omissions, d’approximations, et aussi de désinformation pure, le tout mêlé aux opinions des journalistes, l’information elle-même est noyée, diluée…

White flight

Le terme « white flight » désigne la « fuite » des Blancs dans les années 50-60 des centre-villes vers les banlieues, face à l’afflux des Noirs, aux Etats-Unis. C’est un phénomène bien étudié et connu. Il s’est passé la même chose dans les banlieues françaises: plus les banlieues se sont dégradées, au fur et à mesure de la paupérisation et de la montée de la criminalité, en parallèle de l’arrivée massive d’immigrants, plus les catégories les plus aisées ont fui. Pourquoi envoyer vos enfants dans des écoles dont le niveau s’écroule ? Pourquoi risquer l’agression ou le cambriolage ? Il serait ridicule de ne pas partir quand on a les moyens. Ce n’est pas une question de racisme, c’est une question de qualité de vie. Ce n’est bien évidemment pas l’avis du Monde:

Dans l’analyse immédiate de la crise des banlieues, la politique de la ville fait figure de coupable facile.

« La politique de la ville » ? Celle des grands ensembles staliniens ? Celle des subventions aux associations de « grands frères » ? Celle des assistantes sociales remplissant les demandes d’allocations à la 3ème femme d’une « grande famille » dont aucun des adultes ne sait lire le français ? Mais pour Le Monde, ça ne suffit pas. Il faut trouver le vrai coupable.

Les arguments ne manquent pas qui critiquent l’incapacité des pouvoirs publics à empêcher la constitution de ghettos sociaux et ethniques aux portes des villes françaises.

Le Français n’est plus obligatoire grâce aux assistantes sociales, aux enfants d’immigrés on apprend que la France est un état ex et néo-colonialiste qui a martyrisé leur pays d’origine, continue d’opprimer ses minorités, et pour décourager définitivement ceux qui voudraient s’en sortir les aides sociales font qu’il est plus simple de ne rien faire que de s’épuiser à travailler.
L’Etat français a enfermé l’immigration dans l’échec économique, n’a jamais fait le nécessaire pour l’assimilation culturelle et linguistique, n’a jamais stoppé le flux migratoire (selon un livre récent, 500.000/an), a tout fait pour éteindre le débat sur le sujet (via le très utile Front National)… mais non, ce n’est tout de même pas de la faute des hommes politiques et de l’Etat. Alors, la faute à qui ?

Mais une série de recherches récentes montre que le renforcement des ghettos français s’explique d’abord par le comportement de fuite des classes moyennes et supérieures qui ne veulent pas prendre le risque de la mixité sociale.

CQFD: c’est la faute au quidam qui n’a pas envie de voir ses mômes rentrer avec un oeil au-beurre-noir et sans leurs chaussures, qui n’a pas envie de compter les rayures sur la peinture de sa voiture neuve (si elle n’est pas volée ou brûlée…), qui n’a pas envie que sa fille ado soit emmenée dans une cave et…
Ouep, c’est leur faute: ce sont des peureux. Ils ne veulent pas prendre de risques avec leur vie, l’intégrité physique et mentale de leur famille, leurs biens. Quels trouillards, quels lâches, quels pleutres: ils ne veulent pas se sacrifier sur l’autel de la morale socialiste!

Par leurs choix résidentiels et scolaires, les Français, singulièrement les classes moyennes, tentent de conjurer le risque de déclassement social et de maintenir l’espoir d’une ascension future. Et renforcent, bien malgré eux, la ghettoïsation de certains quartiers.

Risque de déclassement social ? Ce serait pas plutôt « cocktail d’intimidations et de violences, mâtiné de déliquescence familiale » ? Voir son fils ne pas travailler à l’école et devenir une pseudo-racaille ? Avoir peur pour sa fille de 15 ans quand elle rentre du collège ?
Honnêtement, je me projette dans une situation pareille et il m’est impossible de penser un seul instant que je resterais dans une banlieue pourrie. Tous les sacrifices sont bons pour permettre à sa famille d’être en sécurité. Et c’est un calcul qui n’a rien de financier, au contraire. Et les journalistes, politiques et autres donneurs de leçons le savent très bien. Cela n’échappe d’ailleurs pas aux chercheurs et au journaliste du Monde, peut-être pris de remords:

Le calcul des familles est rationnel, difficilement critiquable, dans la mesure où l’environnement social est un facteur déterminant dans la réussite scolaire. Mais les conséquences de ces décisions individuelles sont désastreuses d’un point de vue collectif.

De toute façon les enfants issus de famille à niveau socio-culturel élevé réussissent mieux que ceux de milieu moindre. Ce n’est pas en les plaçant dans des écoles à faible niveau qu’ils donneront leur plein potentiel. Dès lors, pourquoi dire que la situation est désastreuse au niveau collectif ? Elle l’est si dans les écoles « faibles » le niveau baisse drastiquement. Pourquoi serait-ce le cas ? Peut-être faut-il poser la question de l’éducation socialiste, et proposer de rendre l’argent aux parents dont les enfants sont envoyés de force (car ils n’ont pas le choix, ni de payer, ni de refuser le « service »!) afin qu’ils choisissent eux-mêmes où envoyer leurs enfants! Mais cette pensée impie n’arrivera jamais jusqu’à la cervelle des analystes du Monde, ni à aucun sociologue déformé dans l’université française!

Je vous fais grâce de la totalité de l’article pour en venir directement à la conclusion:

Au-delà de la gestion de crise, les difficultés actuelles ne se résoudront donc pas dans les cités. Fondamentalement, la question essentielle est celle de la perte de confiance ou, plus grave, du rejet, par la société, de la mixité sociale. Qui peut encore s’opposer au rejet social de ce principe ? Sûrement pas les élites politiques, intellectuelles et médiatiques qui évitent depuis longtemps de subir les conséquences de la mixité sociale.

Au moins il ne se voile pas la face: les « élites » autoproclamées savent très bien que leur système fonctionne si merveilleusement bien qu’ils en ont soustrait leurs enfants! Mais je me demande dans quel univers vit cet homme, qui ne comprend pas que la « mixité sociale » est une chimère socialiste, comme l’égalité des chances et tout ce baratin dont on nous rebat les oreilles en permanence. Ce sont des insultes aux vraies victimes, comme du sel sur la plaie.

Hégémonie

Après l’édito consacré à « Internet sous contrôle », Le Monde récidive aujourd’hui dans un article intitulé « Les Etats-Unis maintiennent leur hégémonie sur Internet« .
Mais quelle hégémonie ? Le Net n’est pas sous « domination US », ni sous « contrôle US ». La principale qualité de cette « hégémonie » c’est justement de ne pas en être une: à aucun moment les instances gouvernementales américaines ne se sont mêlées de la gestion du Net, et l’ICANN, la société gestionnaire des noms de domaine, pourtant dépendante du Ministère du Commerce US, n’a jamais eu à se plaindre de cette tutelle purement formelle. Il n’y a donc AUCUNE « hégémonie US » sur le Net, hormis technologique, qui résulte elle du libre jeu du marché, acceptée par tous car les solutions proposées par les entreprises US sont tout simplement les meilleures disponibles. Le titre du Monde est donc un fieffé mensonge!

Ceci étant, même s’ils n’ont pas réussi à prendre le contrôle du Net les apprentis censeurs et rapaces associés (Iran, Chine, Brésil et Union Européenne) n’en sont pas moins satisfaits:

Les négociateurs européens ne considèrent pas pour autant le sommet comme un échec. « Les Etats-Unis gardent pour le moment la haute main sur les noms de domaine, mais le texte qu’ils ont signé sonne le début de la fin de leur domination exclusive et sans partage, dit un délégué français. Ils acceptent pour la première fois l’idée que des aspects technologiques sont au coeur d’enjeux politiques. » Dans le texte qui devait être adopté, les parties reconnaissent ainsi que « tous les gouvernements devraient avoir un rôle et des responsabilités équivalents dans la gouvernance internationale d’Internet, dans le maintien de sa stabilité, de sa sécurité et de sa continuité ».

Allons à l’essentiel: « des aspects technologiques sont au coeur d’enjeux politiques« . Qui contrôle le Net contrôle la diffusion de l’information et son contenu. Autrement dit retour à l’âge des médias contrôlés, des licenses d’émission, de la carte de presse etc. Cela doit certes faire plaisir au Monde, mais surtout aux dirigeants chinois ou aux barbus fous iraniens, ou au malade mental nord-coréen, même si je doute qu’il y ait plus d’une ou deux connexions au Net dans tout le pays, réservées à l’usage exclusif du Grand Leader.
Notez aussi cette absurdité, déclamée on imagine avec un aplomb impertubable par un « négociateur européen »: « tous les gouvernements devraient avoir un rôle et des responsabilités équivalents dans la gouvernance internationale d’Internet, dans le maintien de sa stabilité, de sa sécurité et de sa continuité« .
Cela signifie-t-il que tous les gouvernements sont égaux ? Que Mugabe = Wim Kok ? Que Poutine = Zapatero ? Que Castro = Villepin ? Peut-être qu’aux yeux des diplomates, habitués aux cocktails et aux ambiances raffinées des palaces, toutes les ambassades se ressemblent, mais quid des régimes ? Que des Européens soient à ce point aveugles fait froid dans le dos! Ils se fichent éperdumment d’assister dans leur tâche les pires régimes de la planète, idôlatres d’une « démocratie des Etats », où tout le monde doit avoir sa place, ils préparent un énième forum, l’Internet Governance Forum, dans lequel les rares démocraties seront minoritaires! Et ils se félicitent d’avoir mis le Net sur cette pente glissante du contrôle politique de la technologie par des dictateurs…
Au passage, pour assurer la « continuité d’Internet », il suffit de laisser les choses en l’état. Qui a connu une « panne d’Internet » ? Personne, et pour cause, toutes les infrastructures sont redondantes, et la structure elle-même est conçue pour résister à des pannes locales…

Et à quoi devrait servir ce nouveau « forum » étatique ?

S’il ne remet pas immédiatement en cause le contrôle des Etats-Unis, l’IGF sera « le premier outil de coopération internationale autour des questions d’intérêt public liées aux usages de l’Internet : lutte contre l’utilisation du réseau à des fins de terrorisme, contre les flux financiers illicites ou encore contre le spam », selon Bernard Benhamou, responsable de la prospective et de la gouvernance à Matignon. Les négociations, qui ont opposé frontalement les Etats-Unis à la Chine, l’Iran et le Brésil — favorables à une implication directe des Etats — ont un temps laissé planer la possibilité de voir certains pays faire sécession et créer une architecture distincte du Domain Name System (DNS), actuellement dominé par les Etats-Unis. Une telle extrémité, techniquement envisageable, aurait porté gravement préjudice au caractère universel d’Internet.

Que des objectifs louables, lutte contre le spam, le terrorisme… et c’est certainement pour ça que l’Iran et la Chine poussait à sa création, n’est-ce pas ? Vous y croyez ? Pas moi. Il est évident que si les Etats cherchent à s’emparer du Net c’est pour contrôler son utilisation, le contenu, l’accessibilité, les informations…

Polyhypocrisie

La polygamie, je la laisse à ceux qui veulent la pratiquer. En tant que libéral, je me fous pas mal du nombre de femmes que vous pouvez avoir, ou pour mesdames, du harem d’hommes que vous entretenez (ou mieux: qui vous entretiennent!).
Ceci dit, dans le cadre des lois socialistes françaises, il est évident que je suis contre la polygamie: cela procure à ceux qui la pratiquent des avantages financiers énormes, sur le dos des autres. D’autre part, la polygamie est formellement interdite, puisque c’est puni dans le code civil. Elle est illégale.
Dès lors, qu’un ministre (par ailleurs parfait imbécile pour dénoncer le travail au noir, créateur de richesse non taxées) dénonce la polygamie, je n’y vois pas d’inconvénients. Qu’il rapproche la polygamie des festivités banlieusardes me semble être un raccourci hâtif, mais de là à qualifier ses propos de « nauséabonds », « inqualifiables » ou encore mieux de « racistes » (car la polygamie doit être un caractère racial ?), voilà qui est parfaitement ridicule. Dans ce cas, tous ces adorateurs de la République devraient au plus vite dénoncer le caractère nauséabond, inqualifiable, voire raciste des lois de leur République chérie. Messieurs, soyez cohérents: demandez l’abrogation des lois racistes sur la polygamie! Et tant que vous y êtes, la loi de 1905 sur la séparation Eglise/Etat, comme ça vous pourrez payer à votre électorat polygame, forcément plus prolifique que les monogames, des lieux de culte flambant neufs. Oh pardon, l’adjectif « flambant » ne s’applique qu’aux voitures, désolé…

Free space

Note technique: le contrôle des « noms de domaine » est assuré par l’ICANN, via un serveur central, auquel tous les autres ordinateurs connectés au Net se réfèrent. Ce « root server » est relayé par 12 autres serveurs (y verront une analogie ceux qui veulent…), et sert en fait à ce que quand vous tapez www.lmae.net vous arrivez bien ici et pas ailleurs. Voilà ce que contrôle l’ICANN.

Difficile pour Le Monde de soutenir l’initiative onusienne de prise de contrôle de l’Internet, en réalité une prise de contrôle par l’Iran, la Chine, la Russie, Cuba et autres démocraties associées. Difficile pour Le Monde de ne pas soutenir l’ONU, tout simplement parce que c’est l’ONU, et que multilatéral, c’est bien. Difficile pour Le Monde de soutenir le status quo, car cela voudrait dire prendre position « pour » les Etats-Unis. Alors quand Le Monde fait son édito sur le thème « Internet sous contrôle« , on imagine sans peine les débats au sein de la rédaction! Et malheureusement on imagine sans peine le résultat final… la preuve:

Les Etats-Unis doivent-ils garder les rênes d’Internet ? Beaucoup, de l’Union européenne à l’Argentine, mais aussi les pays à régime non démocratique, de la Chine à l’Iran, plaident pour l' »internationalisation » de sa gestion.

Régime « non démocratique », bel euphémisme pour « sanguinaire », « dictatorial », « violent », « communiste »… Pourquoi vouloir retirer à l’ICANN la gestion des noms de domaines ? Parce que ce serait un premier pas vers la politisation du Net, vers son contrôle étatique. C’est le début d’une pente glissante vers toujours plus de contrôle: l’UE pour y mettre des taxes, la Chine pour emprisonner des dissidents.

Comment « internationaliser » Internet ? Les options, libérales ou étatiques, visent toutes à rompre la relation d’autorité qui soumet la gestion et l’administration de la Toile au département du commerce américain. Historiquement, Internet est une création américaine. Ses entreprises, ses chercheurs et ses ingénieurs l’ont, pour l’essentiel, inventé. Depuis, les Etats-Unis y détiennent presque tous les pouvoirs. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, « débrancher » un pays. Si l’idée lui en venait, Washington pourrait rendre inaccessibles tous les sites inscrits au « .fr ». Il lui suffirait d’agir sur un seul ordinateur, la « racine ultime » qui orchestre le fonctionnement des douze « serveurs racines » sur la planète. Tenu en un lieu secret, ce grand maître de la Toile est contrôlé par l’Icann, une société privée à but non lucratif placée sous l’autorité du département du commerce américain.

Quelles options libérales de « contrôle » d’Intenet ? Je n’en ai jamais vu une seule, et pourtant je me classe moi-même comme étant libéral. Le Net fonctionne très bien tel quel, et à ma connaissance à part les psychopathes censeurs et les Européens souhaitent le modifier.
D’autre part, la relation d’autorité entre le DoC et l’ICANN est simplement formelle. A ce jour, jamais le Departement of Commerce ne s’est invité aux réunions de l’ICANN, ce qui aurait immanquablement provoqué un tollé international. Pourquoi donc remettre en cause une institution de facto indépendante ?
Concernant cette prétendue épée de Damoclès de « débrancher un pays » non seulement l’ICANN ne l’a jamais brandie, mais je pense que l’idée même n’a pu germer que dans les cerveaux malades des censeurs! Qui pourrait rêver de couper l’accès à tous les domaines de tel ou tel pays ? Cela provoquerait non seulement un chaos immense à l’intérieur de ce pays, mais techniquement la mesure pourrait être contournée, et gênerait peut-être autant ceux qui en seraient responsables!
Enfin, admirez le voile noir jeté par le mot « secret »: si la localisation du root server est secrète, c’est tout simplement pour des raisons de sécurité. Une bombe sur ce root server, et le Net en prend un sale coup. Et le Net est aujourd’hui vital à l’activité économique mondiale. Une raison suffisante à elle seule pour s’abstenir de jouer avec les noms de domaine pour le Ministère du Commerce américain, non ?

Les Etats-Unis plaident pour un maintien de cette structure, arguant de la nécessité de « préserver la sécurité et la stabilité » de la fonction assurée par l’Icann. S’ils admettent la légitimité de la demande des Etats de gérer leur « nom de domaine » et considèrent que le « dialogue » doit se poursuivre, il est difficile de voir une ouverture dans leur exigence de maintien du statu quo. La réaffirmation, dans une déclaration officielle, le 30 juin, de « l’importance capitale » que revêt Internet pour les Etats-Unis, exprime clairement leur volonté d’en conserver le contrôle ultime.

Les Etats gèrent déjà leurs « noms de domaine »: en France le .fr était contrôlé par une université (l’INRA je crois), et c’était la croix et la bannière pour avoir un nom de domaine en .fr, en plus d’être évidemment extrêmement coûteux. Qui contrôle l’extension du Zimbabwe ? Ou celle de la Mozambique ? Peut-être que les gouvernements là-bas n’en ont rien à cirer… et peut-être que quelques universitaires linuxiens le font déjà! En tout cas que ce soit l’ICANN ou un autre qui contrôle cette extension, ce n’est pas un problème majeur: avoir un .fr ou .com importe peu, et l’ICANN ne va pas vouloir contrôler des pays qui demandent à contrôleur eux-mêmes, comme c’est le cas de la France.

Cette position est-elle tenable ? A l’inverse, le Réseau a-t-il à gagner à passer sous un contrôle international ? Deux visions s’affrontent. Celle de la « garantie » américaine est légitimée par l’histoire d’Internet. L’internationalisation, elle, s’inscrit dans son développement. Internet est déjà utilisé par un milliard d’hommes. En nombre de « connectés », l’Asie vient en tête, suivie de l’Europe ; l’Amérique du Nord est désormais derrière. En deux décennies, Internet a échappé aux seuls Etats-Unis. La plus grande part du développement du Réseau est aujourd’hui commerciale, culturelle ou scientifique. Son rôle politique est devenu incontournable et son importance stratégique vitale.

Les arguments sont absurdes: que le Net ait été conçu et développé aux USA est une chose, mais ce qui est vraiment important c’est que jamais au grand jamais personne là-bas n’ait tenté de le contrôler politiquement, et qu’aucune entité privée n’ait jamais réussi à mettre la main dessus du fait justement de sa structure. Que le Net soit maintenant utilisé de façon mondiale le confirme: c’est un réseau ouvert, où la connexion dépend de paramètres avant tout techniques et financiers (deux coûts qui se sont effondrés depuis 10 ans, au point d’en faire une commodité en Amérique du Nord, cf les « hotspot » wifis gratuits partout!). Le Réseau est déjà ouvert!
L’Internet n’a donc pas « échappé aux Etats-Unis« , mais s’est tout simplement développé, a grandi en fonction des connexions. Une croissance hors de tout contrôle, menée par des universitaires et des entreprises privées.

Washington refuse de céder la place à la communauté internationale en invoquant la nécessité d’exclure toute prise sur lui d’Etats non démocratiques. Argument de poids, quand on sait que l’ONU a accepté que le Sommet mondial se tienne dans un pays qui interne ses internautes.

De même que l’Egypte, l’Iran, la Chine, la Russie, et j’en passe…

Certes, si des Etats autoritaires disposaient du contrôle de leur nom de domaine principal, ils verraient leur pouvoir renforcé.

Surtout qu’ils ne s’arrêteraient pas en si bon chemin. Ils demanderaient un jour prochain à contrôler tel ou tel aspect, quitte à modifier techniquement le réseau, pour pouvoir identifier de façon certaine chaque ordinateur, et in fine chaque personne connectée. L’objectif est bien entendu le flicage, la censure, les impôts…

Mais Internet véhicule autant la propagande que la contestation. La démocratie ne peut que gagner du terrain lorsqu’un tel moyen de communication et d’expression se développe.

Et ce ne serait pas le cas aujourd’hui ? Combien y a-t-il de blogs égyptiens ? Tunisiens ? Iraniens ? il y en a. des tonnes, à vous de chercher! La censure aujourd’hui peut être contournée, même si en Chine, et avec l’aide de compagnies occidentales (Yahoo, Cisco, Microsoft…) le contrôle est très efficace. Il n’empêche, dans la course technologique entre les censeurs et les censurés, la guerre n’est pas perdue d’avance, surtout quand l’autorité suprême ne prête aucun concours aux censeurs!
Le Net est donc aujourd’hui dans la position optimale pour arriver à véhiculer la contestation. D’ailleurs où publierais-je mes textes, si je n’avais pas ce petit site…

A supposer que cela ne soit pas un voeu pieux, en confier les clés à un organisme international communément accepté par tous relève, dès lors, du bon sens. Sauf à juger que seul Washington est aujourd’hui capable d’assurer la sécurité du réseau virtuel, comme celle du monde réel.

Enfin Le Monde prend position! Mais en dépit du bon sens, c’est pour le contrôle du Net, malgré les faits: le Net n’a jamais eu autant de trafic, autant de sites, et ne s’est jamais aussi bien porté, malgré les coups de boutoir des censeurs.
Pourquoi dès lors, vouloir lui imposer des contrôles ? S’il y a bien un seul pays aujourd’hui dans lequel la liberté d’expression soit respectée, c’est bien les Etats-Unis d’Amérique, n’en déplaise aux journalistes du Monde, toujours prêts à s’acoquiner avec la pire racaille pourvu qu’il y ait un angle anti-américain quelque part. Pitoyable, et so french!

La faute à CNN

Visiblement les médias étrangers n’ont pas traité avec la même légèreté que les médias français la « crise des banlieues »: « Depuis le début de la crise, télévisions et journaux européens et étrangers ont tendance à présenter le pays comme quasiment en guerre.« . Cela n’a pas plu à Jean-François Copé, le ministre du Budget.
Mais comme M. Copé porte aussi la casquette de porte-parole du gouvernement, il se doit de porter cette bonne parole partout où il le peut, y compris dans les médias étrangers: que ceux-ci ne rendent pas compte de la vérité officielle et le voilà très contrarié. Il a donc, tout simplement, convoqué les journalistes étrangers « pour les convaincre que la France n’est pas à feu et à sang« , mais aussi: Il devrait aussi présenter des initiatives positives prises dans le cadre de la politique de la ville, comme les zones franches ou la rénovation urbaine. Il devrait enfin vendre «une France attractive qui se réforme» et, notamment, d’un point de vue fiscal« .
Pour le gouvernement l’image de la France est plus importante que son état réel.
Le pire, c’est que ce porte-parole est si efficace que les journaux français ont dénigré la couverture des médias étrangers tant est si bien que lundi matin j’ai eu droit à des remarques de tous mes collègues sur le thème: « alors t’as vu à CNN ils confondent Lyon et Lille! Hahah quels cons ces Américains! ». Ouais, quels cons, n’est-ce pas ? C’est vrai que nous on sait placer Des Moines ou Boise sur une carte, hein ? Nous on est des grands culturés, comme je peux le constater tous les jours à mon travail quand mes collègues, les mêmes qui ricanent sur les approximations géographiques des Américains, m’envoient des e-mails à faire pleurer des élèves de CP (des années 60, car ceux d’aujourd’hui…)! Et c’est tellement plus facile de recourir au bon vieux réflexe anti-américain que de regarder la réalité en face!

Mise à jour: oops, je n’ai pas cité ma source: un court article dans Le Figaro. A noter qu’ensuite j’ai entendu sur I-Télévision une journaliste déclarer que « Copé avait convoqué la presse étrangère pour la tancer ». Hé oui, en France le porte-parole du gouvernement gronde les journalistes étrangers.
Voir aussi Stephane.info sur le même sujet.

Armes chimériques

Lu dans Libération:

A Rome, «Yankee go home»
lundi 14 novembre 2005 – 19:29

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lundi soir près de l’ambassade des Etats-Unis à Rome aux cris de «Yankee go home» et ont lancé des paquets de farine pour dénoncer l’utilisation de phosphore par les troupes américaines à Falloujah en novembre 2004. Les manifestants, entre 200 et 300 selon la police, ont tenté de forcer le passage, puis ont bloqué l’avenue, une des grandes artères de la ville.

Plusieurs élus de la gauche radicale italienne ont soutenu cette manifestation dans une déclaration commune. «Les témoignages d’officiers américains confirment l’enquête de la Rai (la télévision publique italienne) et placent le commandement américain devant ses terribles responsabilités», ont-ils affirmé.

Un reportage de la chaîne d’information italienne RaiNews 24 diffusé mardi dernier a affirmé que les forces américaines ont utilisé des armes chimiques contre des civils de Falloujah en novembre 2004, notamment du phosphore blanc, un puissant agent mortel qui brûle violemment les corps.

Pourquoi faire un papier là-dessus ? Les troupes US emploient évidemment du phosphore dans des obus « marqueurs », parce qu’ils font une colonne de fumée blanche bien visible pour d’autres troupes. Très utiles pour dire « c’est là qu’il faut tirer » ou au contraire: « partout sauf ici! ». Voilà longtemps que l’armée US n’utilise plus le phosphore en tant qu’incendiaire. Pour cela il y a le napalm, mais qui est lui aussi obsolète. Aujourd’hui il y a des bombes bien plus terrifiantes… et les obus marqueurs servent rarement, dans une armée « en réseau », où la majorité des projectiles, y compris les obus d’artillerie, sont guidés.
La description débile que fait Libération du phosphore est encore plus risible que l’accusation: « un puissant agent mortel ». Wow. On parle du sarin ou du tabun ? du VX ? Non, d’un produit incendiaire et fumigène. Et quels effets a-t-il ? Fort logiquement, le phosphore brûle. Wow. Là on a une info de première classe: ben oui, les produits incendiaires ne rentrent pas dans la catégorie « armes chimiques ».
Ah et puis renseignez les imbéciles qui parlent d’armes chimiques: une balle contient de la poudre, un obus aussi, et ce sont aussi des « armes chimiques ». Mais c’est pas grave, dans les médias français, on peut écrire ou répéter n’importe quelle connerie.

A petites doses

A petites doses les mensonges sont distillés… dans l’émission d’aujourd’hui « N’ayons pas peur des mots » sur I-Télévision, l’un des participants donne sa vision des émeutes, en (de tête) ces termes:

La situation actuelle des banlieues rappelle celle du Sud des Etats-Unis dans les années 50-60. La ségrégation faisait rage et les Démocrates ont alors pris des mesures très énergiques, comme l’envoi de la Garde Nationale pour faire entrer des Noirs dans une école blanche…

Bon, hormis l’exagération concernant la situation des banlieues, il y a un énorme mensonge là-dedans: c’est le président Eisenhower, un Républicain, qui s’est opposé à des Démocrates dans l’affaire de la ségrégation. Ils pourraient faire attention en choisissant leurs invités à I-Télé, car aucun, ni bien sûr le présentateur, n’a relevé cette énormité. Mais c’est pas grave, c’est la télé française, on peut dire n’importe quelle connerie sans jamais se faire reprendre…

L’aberration voit clair

Lu dans Libé

Après le tabassage de notre envoyé spécial Christophe Boltanski, une équipe de la télévision belge RTBF, à qui nous témoignons toute notre solidarité, a été hier à son tour molestée et empêchée de travailler. Cette double agression aura le mérite de mettre en lumière le visage du régime policier qui étouffe en premier lieu la liberté d’expression et d’information du peuple tunisien. Mais plutôt que de protester solennellement, Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU, qui a choisi d’organiser à Tunis ce Sommet mondial sur la société de l’information, préférait souligner hier soir «le bon déroulement des préparatifs de cette réunion». Ce Sommet n’est pas encore ouvert qu’il tourne à la «mascarade», selon l’expression de Reporters sans frontières.

Hé oui, l’ONU n’en a que faire de la liberté d’expression, ou de la liberté tout court. Et ce fameux sommet est dédié à la prise de contrôle de l’Internet par l’ONU, bataille engagée il y a quelques mois déjà, avec bien sûr l’appui d’un grand nombre de pays européens, pour le retirer aux USA, qui n’ont jamais empêché qui que ce soit d’accéder au réseau, pour quelque raison que ce soit. Mais justement, c’est bien ça le problème… Voir toute la série d’articles sur le sujet chez Evoweb, dont celui-ci.

Victimes du socialisme

Suite au décalage horaire, j’ai eu quelque mal à dormir ces deux dernières nuits et je me suis retrouvé cette nuit à écouter la radio de 5h à environ 7h du mat (pour me rendormir et me réveiller à 8h et partir au boulot, dur!). J’ai eu la chance d’écouter Radio France International. Je ne me suis pas étouffé d’indignation, je n’ai pas hurlé, ni rien. Non, pour une fois, des journalistes ont fait leur boulot, vraiment: ils sont allés à Aulnay, mettre en perspective les violences et destructions, confronter les dires des auteurs et la réalité, interviewer les victimes, etc. Il ressortait du reportage que:
– beaucoup d’entreprises avaient été victimes d’incendies volontaires, à hauteur de 180 millions d’euros!
– beaucoup de petits commerces ont subi le même sort,
– aucune forme de « discrimination » n’a été appliquée entre les entreprises victimes et celles épargnées
– sans compter les écoles, les crèches…
Et ensuite bien évidemment les « jeunes » clament qu’ils sont victimes de discrimination, qu’ils ont un mal fou à trouver un boulot… C’est donc pour cela qu’ils brûlent les entreprises. Sauf que l’un des chefs d’entreprise, qui vient de mettre au chômage technique 120 employés puisque l’usine a brûlé, nous dit que 90% des employés vivent dans un rayon de 10km. Et à propos des discriminations il dit tout simplement qu’ils sont « inadaptés », car ils ne se lèvent pas le matin, et il est impossible de leur donner un ordre. Et les « jeunes » expliquent de leur côté qu’il est plus vite fait de gagner sa vie par le crime (car en France, le crime paye).
Toujours à propos des « discriminations », l’un des « jeunes » déclare: « si t’es Noir, tu es gardien de sécurité pour les supermarchés, si t’es Arabe, t’es gardien de sécurité de nuit pour les entrepôts ou à l’aéroport [de Roissy] ». Amusant comme il ne semble y avoir qu’un seul job possible: gardien de sécurité! On pourrait croire que ce sort leur est réservé par des entreprises « racistes ». Mais non: plus loin dans le reportage un dénommé Sofiane explique qu’il suit une formation de… gardien de sécurité aéroportuaire! Il ne peut cependant pas trouver de travail car… il a un casier judiciaire! Quelle discrimination terrible, n’est-ce pas, de refuser un travail sécuritaire à quelqu’un avec un casier ? Pas pour un délit grave, un simple « outrage ». Mais imaginez ce qu’il faut dans les cités pour qu’un policier vous embarque pour « outrages ». On imagine que le personnage n’est pas un enfant de choeur… Et enfin, un troisième « jeune », Amadou déclare avoir un rêve professionnel. Et il veut ? Etre « gardien de sécurité ». Parlez moi encore de discrimination…
Ah et puis ils parlaient aussi des zones franches, mais là encore ils étaient contredits par la réalité: pour bénéficier des réductions d’impôts il fallait embaucher un quota de personnes des communes en zone franche. Donc soit les entreprises l’ont fait, auquel cas ils peuvent parler de discrimination, soit elles ne l’ont pas fait et tout leur discours sur « les profiteurs des subventions » tombe à l’eau… surtout qu’un responsable municipal ajoutait que la majorité des grosses implantations date de 2001, 3 ans avant le classement d’Aulnay en zone franche…

Au final il ressortait clairement que les « problèmes » de ces « jeunes » étaient liés à leur instrumentalisation politique en tant que « victimes du racisme » (alors qu’ils sont victimes du socialisme), et surtout au fait qu’ils ont accepté cette instrumentalisation et l’ont faite leur. A ce titre, ils se croient donc exemptés de devoir faire ce que font les autres: travailler à l’école, et ensuite travailler tout court. S’ils ne trouvent pas de boulot, c’est bien la preuve que les « Français » sont racistes, s’ils ont de mauvaises notes, c’est que les profs doivent être racistes aussi. Enfermés dans cette logique, tout leur est dû, ce sont des rois, et leur donner des ordres est une insulte à leur honneur. Ils ne ne connaissent même pas les entreprises qu’ils accusent de discrimination, ne comprennent pas le monde de l’entreprise, la valeur de l’effort, celle du travail, etc. Le socialisme en a fait de parfaits décervelés, et le discours des associations gauchistes a légitimé leur échec, et donné toutes les raisons d’agir comme ils le font. Ils auraient tort de s’en priver, puisqu’une fois de plus le crime paye (emplois réservés, subventions…). Reste à espérer qu’en focalisant le discours sur le côté « discrimination » et « frustration sur l’emploi » la dimension « guerre civile » passera au second plan. Mais les maux sont là, et ils ne changeront pas: le socialisme, s’il n’a pas d’avenir, peut continuer de ruiner la France pendant longtemps puisqu’il a le soutien des Français, et les associations gauchistes continueront leur propagande à fond, soutenues par l’Etat. La « crise des banlieues » va donc resurgir un jour ou l’autre, et à chaque fois le « virus islamique » (pour parler du phénomène de récupération/endoctrinement des populations révoltées) risque de convaincre un peu plus les émeutiers et de donner un sens à leur lutte, puisqu’à chaque fois ils seront déçus par les « plans », les « politiques de la ville » et autres billevesées étatistes vouées à l’échec.

Mise à jour: lire le post de Taranne: In The Ghetto