La puissance par procuration

Depuis plusieurs années, la « France » (*) s’oppose de façon quasi-systématique aux Etats-Unis. Pour cela, les moyens français sont limités:
– les ressources financières à la disposition de l’Etat français sont maigre, il a déjà tout pillé et continue de ruiner ce qui reste
– l’armée française n’existe plus, à part quelques troupes d’élites disposant d’un armement léger (pas de chars de bataille dans la Légion par exemple, pas de transporteurs aériens équivalents au C5 Galaxy…)
Evidemment cela ne va pas s’aller en s’améliorant, puisque le crash programmé des retraites arrive à grands pas, que les multiples réformes de la sécurité sociale ne changent jamais le fond (à savoir un système de soins communiste), tandis qu’à chaque budget l’armée fait toujours les frais des arbitrages en faveur de la nouvelle catégorie de pleurnicheurs professionnels (cette année les intermittents, les chercheurs…).

Il faut donc trouver des alliés plus puissants, et des moyens de démultiplier l’influence française:
– l’ONU et autres institutions internationales
– l’Union Européenne
– Chine, Russie

Avec l’UE, la France cherche d’abord à imposer son « modèle » dans toute l’Europe, c’est à dire le socialisme. Harmonisation des taux d’imposition, des lois sur les temps de travail, sécurité sociale etc. La fameuse « constitution européenne » laisse la porte grande ouverte à toutes les dérives possibles à ce niveau là, faisant largement état de « droits à » dans tous les sens (à l’air pur, aux vacances 5 semaines par an, à un revenu digne, un toit, une télé couleur, un chien affectueux, un diplôme…), de principe de précaution, de discrimination positive et je ne sais quoi encore.
Quel est l’objectif recherché ? Puisqu’il est déclaré impossible de réformer « la France » (**), il faut empêcher le reste de l’Europe d’aller de l’avant. La puissance est relative: si les autres avancent, la France allant moins vite perd de l’influence. Plutôt que de tenter de vaines réformes, les politiciens français veulent faire une UE à l’image de la France. Il suffisait d’y penser, et en plus un tas d’hommes politiques étrangers y trouvent leur compte (dois-je rappeler les simples émoluments des parlementaires européens ?), sans compter les grands groupes économiques alléchés par l’idée de milliards d’euros de grands travaux, de subventions, de lois protectionnistes…
Mise à jour: Marc Grunert fait remarquer sur la Page Libérale que l’agrandissement de l’UE multiplie les ressources fiscales et humaines à la disposition de l’Etat créé… C’était tellement évident que j’ai complètement sauté cette réflexion.
Second objectif, évidemment prendre le contrôle de l’UE conjointement avec l’Allemagne et imposer la ligne diplomatique française. Et gare aux pays qui résisteraient. Aujourd’hui ils ne risquent pas grand chose, demain imaginez quand l’UE distribuera des subventions à tout va (ce qu’elle a déjà largement commencé à faire). Perdre les faveurs d’un grand pays et hop votre région n’est plus classée « économiquement défavorisée » mais « en bonne voie » et les subventions pleuvent ailleurs, les exonérations fiscales sont levées, pas de nouvelle autoroute pour vous, pas de juteux contrats étatiques… Ceux qui tiendront les cordons de la bourse tiendront les autres pays dans leurs mains, et ce sera la France et l’Allemagne.
L’UE dans la vision stratégique française sera un outil au service de la France, il ne saurait en être autrement (et c’est hélas bien parti pour).

L’ONU et les traités internationaux servent grosso-modo les mêmes desseins: pensez au protocole de Kyoto (voir Bjorn Lomborg pour des infos extensives sur le sujet au niveau écologie), qui s’il était réellement appliqué par les pays signataires signifierait une catastrophe financière de grande ampleur, en même temps que des distorsions énormes dans le fonctionnement du marché. Pour les USA notamment, l’impact des mesures restreindrait durablement la croissance.
A l’OMC il s’agit là aussi de s’opposer aux USA, si possible sous la bannière de l’Europe entière (l’UE): exception culturelle, accords de libre-échange ? Pouah que c’est vilain tout cela! En plus cela signifierait remettre en cause des régimes spéciaux de taxes envers certains pays, ex-colonies européennes et nouveaux clients, et risquer de perdre leur appui à l’ONU… et pour l’exception culturelle il faudrait fâcher les intermittents ? Vous n’y pensez pas! (***)
Avec le droit de veto et le siège permanent au conseil de sécurité, la France a aussi un pouvoir de nuisance démesuré à l’ONU, et pour se faire de nouveaux alliés, rien ne vaut un sommet de Johannesburg par exemple, merveilleuse tribune pour Chiraq. On en a vu les résultats en 2003, quelques mois avant le début de la libération de l’Iraq, lors du vote sur une nouvelle résolution. Entre les achats de vote (envoyés spéciaux dépêchés par le quai d’Orsay dans les capitales africaines, en Syrie et ailleurs) et le positionnement anti-US, facile d’obtenir un large appui.
Concernant la cour internationale de justice ou la cour pénale internationale, permettez moi de mettre en doute leur intégrité. Si elles sont là, c’est parce que quelqu’un espère qu’un futur président des USA (Kerry par exemple ?) va reconnaître ces cours et ainsi faire planer la menace d’actions judiciaires envers toute action armée US… alors que déjà les problèmes légaux embarassent suffisamment l’action militaire au point de faire dire aux mauvaises langues qu’un terroriste mort c’est mieux qu’un terroriste capturé (***)!

Notez cependant que l’UE comme l’ONU sont des instances diplomatiques: il n’y a pas de volet militaire, et si la diplomatie française trouve des alliés et une caisse de résonance, cela ne remplace pas des forces armées… et c’est là qu’interviennent la Chine et la Russie (dans une prochaine partie).


*: il faut bien sûr entendre la « France » comme l’Etat français, sa diplomatie et surtout ce qu’il y a derrière à savoir les gros contrats d’armement, pétroliers, etc
**: pourquoi les hommes politiques couperaient la branche sur laquelle ils sont assis ? Eux aussi font partie du système.
***: attention, je ne dis pas que le gouvernement US est tout à fait blanc dans cette histoire: le protectionnisme US, notamment en ce qui concerne la métallurgie et l’agriculture existe bel et bien et n’a rien à envier à celui de l’UE.
****: c’est faux, car il faut bien leur tirer les vers du nez…

Mise à jour:
BD me fait remarquer que l’UE et les US s’entendent très bien quand il s’agit des subventions agricoles, il a raison, et je ne le nie pas. Il n’en reste pas moins que sur des dossiers comme la taxe Tobin, les accords sur les investissements à l’étranger etc l’UE s’oppose aux USA.

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