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Au bord du précipice

Déclaration d’Imam Samudra, l’un des terroristes de Bali, condamné à mort:

« If I get the death penalty, I will die a martyr’s death. If I’m free, I’ll bomb again. You got it? »

Source: News.com.au

En français:

Si je suis condamné à mort, ce sera une mort de martyr. Si je suis libéré, je poserai d’autres bombes. Compris ?

Il y a une forte probabilité pour que ce personnage soit effectivement libéré, car condamné en vertu d’une loi illégale, inconstitutionnelle en Indonésie, et retirée en conséquence.

Il recommencera.

Dès lors, que faire si sa liberté d’assassin lui est rendue ? Faudra-t-il qu’un 007 se charge de lui, à la manière israëlienne avec le commando de Munich ? Quels services secrets occidentaux prendrait une telle responsabilité ? Pourra-t-il être extradé et jugé pour un crime pour lequel il a déjà été jugé, et relâché ? Avec les libertés conditionnelles, ne verrait-il pas le jour bien trop vite ?

Plus généralement, la lutte contre le terrorisme islamique, le seul à vocation globale et totalitaire, est-elle une affaire judiciaire ou militaire ? Les mêmes standards de preuve, de légalité, doivent-ils être appliqués ? Un prisonnier peut-il être indéfiniment retenu comme à Guantanamo ? Torturé éventuellement ? Exécuté sommairement ?

Dans un conflit armé, plus le conflit dure, plus les parties en présence finissent par se ressembler. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les bombardiers anglais et américains lâchaient leur chargement meurtrier par tonne sur des civils. Puis vinrent Hiroshima et Nagasaki, Tokyo transformé en brasier géant.

Il ne faut pas abandonner ce qui fait l’Occident, et il ne faut pas non plus permettre aux assassins maniaques de nous détruire. Un jeu d’équilibriste délicat. Il faut faire vite.

Debout!

La Guerre suit son cours. Ce n’est le Président Bush, ni l’Occident qui l’ont réellement commencée. C’est simplement le Cancer qui avait atteint le stade de la métastase, et qui lance maintenant son assaut mortel contre toute la civilisation. La civilisation a contre-attaqué, et défend son existence même. Et pour tous ceux qui pensent que c’est juste limité à la Guerre contre Saddam se méprennent profondément. Pire encore, si ils pensent que la solution c’est la fuite et l’abandon du Moyen Orient à ce cancer monstrueux, je peux leur assurer que la maladie ne s’arrêtera pas aux frontières. Le terrorisme a une dimension internationale, et il se bat encore plus férocément maintenant que la thérapie et la chirurgie sont à l’oeuvre.

Réveillez-vous.
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L’homme du 10 Septembre

Après avoir écouté quelques extraits sur CNN du speech de John Kerry à la Democratic National Convention, j’avais l’impression que s’il allait faire tout mieux que le gouvernement Bush, il ne disait jamais comment. Du coup, j’ai mis la main sur le texte du discours. En voici quelques extraits commentés.

My fellow Americans, this is the most important election of our lifetime. The stakes are high. We are a nation at war – a global war on terror against an enemy unlike any we have ever known before

Génial, il admet que les USA sont en guerre contre le « terrorisme ». Dommage que comme l’équipe Bush il ne nomme pas explicitement l’ennemi: l’islamisme.

We can do better and we will. We’re the optimists. For us, this is a country of the future. We’re the can do people.

Mais attention, on ne vous dira jamais comment on compte le faire…

Remember the hours after September 11th, when we came together as one to answer the attack against our homeland. […] There were no Democrats. There were no Republicans. There were only Americans. How we wish it had stayed that way.

C’est pour ça que Kerry s’est rendu à un dîner de levée de fonds avec Whoopi Goldberg qui s’est répandue en blagues salaces sur Bush (2) ? Pour maintenir l’unité d’un pays en guerre ?

I will be a commander in chief who will never mislead us into war. […] some issues just aren’t all that simple. Saying there are weapons of mass destruction in Iraq doesn’t make it so.

En effet, certaines questions ne sont pas simples: même quand tous les services secrets du monde occidental étaient d’accord pour dire que Saddam avait des armes interdites (1), il se peut que tout le monde se soit trompé. A quelles informations se fier alors ? Kerry, lui a une méthode infaillible qu’il développe ensuite.

As President, I will ask hard questions and demand hard evidence. I will immediately reform the intelligence system – so policy is guided by facts, and facts are never distorted by politics. And as President, I will bring back this nation’s time-honored tradition: the United States of America never goes to war because we want to, we only go to war because we have to.

Il demandera des preuves solides (hard evidence). C’est louable sur le plan de la rigueur judiciaire, mais est-ce souhaitable en matière de terrorisme ? Est-ce seulement possible tout le temps, avant que l’acte de terrorisme ait eu lieu ? Et pour l’Iran, il faut attendre que les mollahs aient testé leur jouet atomique ? Exit donc l’action préventive…
Oh, un dernier détail pour John Kerry: la guerre a commencé le 11 septembre 2001. Les Etats-Unis ont-ils voulu cela ? Peut-être dans l’esprit dérangé d’un Thierry Meyssan…

As President, I will wage this war with the lessons I learned in war. Before you go to battle, you have to be able to look a parent in the eye and truthfully say: “I tried everything possible to avoid sending your son or daughter into harm’s way. But we had no choice. We had to protect the American people, fundamental American values from a threat that was real and imminent.” So lesson one, this is the only justification for going to war.

Les leçons qu’il a apprises au Viêtnam ? Vivement que je rentre au pays, j’ai une carrière politique à lancer ? Ou Encore une égratignure et j’ai mon billet de retour ? Assez de sarcasmes idiots, car même s’il n’a passé que 4 mois au Viêtnam il a tout de même eu suffisamment de courage pour y aller (3).
Donc contrairement au paragraphe précédent, John Kerry nous dit maintenant qu’il est prêt à prendre des mesures préemptives si il y a une menace imminente. Question: c’est quoi une menace imminente ? C’est quand la bombe atomique est dans le port de New-York ? Quand le missile nord-coréen est sorti du silo ? Elle devient imminente quand le transfert de technologie militaire, par exemple sur les gaz innervants, a été transmise par un rogue state ?
Bush disait dans son State of the Union adress 2003 qu’il ne voulait justement pas attendre que la menace soit imminente, par exemple qu’il n’attendrait pas que les chercheurs de Saddam aient expliqué à Zarqawi comment fabriquer et utiliser du VX dans un attentat. D’où la libération de l’Iraq.
Pour John Kerry, il faut donc une menace imminente, des preuves solides… en fait on retourne à la situation des années 90: on attend que ça se passe. Exactement l’état d’esprit pré 11 Septembre.

I know what we have to do in Iraq. We need a President who has the credibility to bring our allies to our side and share the burden, reduce the cost to American taxpayers, and reduce the risk to American soldiers. That’s the right way to get the job done and bring our troops home.

Here is the reality: that won’t happen until we have a president who restores America’s respect and leadership — so we don’t have to go it alone in the world.

Il va faire quoi ? Appeler Chiraq et lui dire: « dis donc, tu veux bien envoyer des troupes [lesquelles ??] en Iraq car comme ça tu vas aimer plus les Etats-Unis, et c’est important d’aimer les Etats-Unis ». Il va appeler Schroeder et lui dire la même chose ? Chiraq lui répondra qu’il veut un gouvernement de l’ONU à la place du gouvernement souverain iraqien, qu’il veut contrôler l’usage des militaires français, qu’il pourra les retirer à tout moment… bref, des conditions impossibles à satisfaire de toute façon.
En vérité seuls les USA ont l’armée nécessaire, la volonté politique (pour l’instant), et le budget nécessaire pour cette opération. Ce n’est pas avec du respect qu’une guerre se gagne, ce n’est pas en nouant de fausses alliances non plus.

And we need to rebuild our alliances, so we can get the terrorists before they get us.

Reconstruire les alliances avec qui ? L’Arabie Saoudite ? L’Iran ? La France ? Les pays qui ont intérêt à coopérer le font déjà concernant le terrorisme, et à ce niveau là je pense que le gouvernement français fait ce qu’il faut (mais tout est fait discrètement, je n’ai pas d’informations là-dessus), et pour l’Iraq il n’y a rien à gagner à demander à des pays qui de toute façon disent non de façon répétée depuis bientôt 2 ans.

I will never hesitate to use force when it is required. Any attack will be met with a swift and certain response.

La phrase clé du discours: il attendra l’attaque et ensuite répondra à l’attaque. Pas d’action préemptive donc.L’homme du 10 septembre.

I will never give any nation or international institution a veto over our national security. And I will build a stronger American military.

Donc en fait il veut jouer le méchant unilatéraliste et pas s’embarasser de l’ONU et de ses précieux alliés ? John Kerry, ou l’art de se contredire dans le même discours… Ah et il renforcera l’armée. Mais pour l’utiliser quand il sera trop tard.

We will add 40,000 active duty troops – not in Iraq, but to strengthen American forces that are now overstretched, overextended, and under pressure. We will double our special forces to conduct anti-terrorist operations. We will provide our troops with the newest weapons and technology to save their lives – and win the battle. And we will end the backdoor draft of National Guard and reservists

Sachant qu’au cours de sa carrière de sénateur il a toujours voté contre tous les budgets militaires…

As President, I will fight a smarter, more effective war on terror. We will deploy every tool in our arsenal: our economic as well as our military might; our principles as well as our firepower.

Et comment sera-t-elle plus intelligente ta lutte contre le terrorisme ? Comme si le gouvernement US actuel n’utilisait pas déjà toutes les armes à sa disposition…

Le reste du discours concerne la politique intérieure US et promet du pognon à tout le monde, des jobs bien payés, du protectionnisme et d’autres trucs socialistes.

En conclusion: John Kerry veut revenir à une politique pré-9/11, on a des alliés nominaux mais pas réels, on attend que ça se passe, etc. En tant que Français, je ne vois aucun autre gouvernement décidé à nettoyer la merde au Moyen Orient à part le gouvernement US, et je pense que c’est la stratégie la plus audacieuse et la plus à même de réussir à limiter les actes terroristes à long terme. Et ce n’est pas avec John Kerry que ça se fera.

Cox & Forkum


1: il en avait, comme les obus au sarin, les moteurs de missile, les souches virales retrouvés l’ont trouvé par la suite l’ont prouvé. Pour cela lire le rapport de Charles Duelfer et David Kay, de l’Iraqi Survey Group.

2: évènement qu’il a privilégié par rapport à un briefing sur la menace terroriste

3: Georges W Bush n’a pas pu servir au Viêtnam car son unité volait sur des avions trop anciens et retirés du service au Viêtnam, bien qu’il se soit porté volontaire.

La puissance par procuration

Depuis plusieurs années, la « France » (*) s’oppose de façon quasi-systématique aux Etats-Unis. Pour cela, les moyens français sont limités:
– les ressources financières à la disposition de l’Etat français sont maigre, il a déjà tout pillé et continue de ruiner ce qui reste
– l’armée française n’existe plus, à part quelques troupes d’élites disposant d’un armement léger (pas de chars de bataille dans la Légion par exemple, pas de transporteurs aériens équivalents au C5 Galaxy…)
Evidemment cela ne va pas s’aller en s’améliorant, puisque le crash programmé des retraites arrive à grands pas, que les multiples réformes de la sécurité sociale ne changent jamais le fond (à savoir un système de soins communiste), tandis qu’à chaque budget l’armée fait toujours les frais des arbitrages en faveur de la nouvelle catégorie de pleurnicheurs professionnels (cette année les intermittents, les chercheurs…).

Il faut donc trouver des alliés plus puissants, et des moyens de démultiplier l’influence française:
– l’ONU et autres institutions internationales
– l’Union Européenne
– Chine, Russie

Avec l’UE, la France cherche d’abord à imposer son « modèle » dans toute l’Europe, c’est à dire le socialisme. Harmonisation des taux d’imposition, des lois sur les temps de travail, sécurité sociale etc. La fameuse « constitution européenne » laisse la porte grande ouverte à toutes les dérives possibles à ce niveau là, faisant largement état de « droits à » dans tous les sens (à l’air pur, aux vacances 5 semaines par an, à un revenu digne, un toit, une télé couleur, un chien affectueux, un diplôme…), de principe de précaution, de discrimination positive et je ne sais quoi encore.
Quel est l’objectif recherché ? Puisqu’il est déclaré impossible de réformer « la France » (**), il faut empêcher le reste de l’Europe d’aller de l’avant. La puissance est relative: si les autres avancent, la France allant moins vite perd de l’influence. Plutôt que de tenter de vaines réformes, les politiciens français veulent faire une UE à l’image de la France. Il suffisait d’y penser, et en plus un tas d’hommes politiques étrangers y trouvent leur compte (dois-je rappeler les simples émoluments des parlementaires européens ?), sans compter les grands groupes économiques alléchés par l’idée de milliards d’euros de grands travaux, de subventions, de lois protectionnistes…
Mise à jour: Marc Grunert fait remarquer sur la Page Libérale que l’agrandissement de l’UE multiplie les ressources fiscales et humaines à la disposition de l’Etat créé… C’était tellement évident que j’ai complètement sauté cette réflexion.
Second objectif, évidemment prendre le contrôle de l’UE conjointement avec l’Allemagne et imposer la ligne diplomatique française. Et gare aux pays qui résisteraient. Aujourd’hui ils ne risquent pas grand chose, demain imaginez quand l’UE distribuera des subventions à tout va (ce qu’elle a déjà largement commencé à faire). Perdre les faveurs d’un grand pays et hop votre région n’est plus classée « économiquement défavorisée » mais « en bonne voie » et les subventions pleuvent ailleurs, les exonérations fiscales sont levées, pas de nouvelle autoroute pour vous, pas de juteux contrats étatiques… Ceux qui tiendront les cordons de la bourse tiendront les autres pays dans leurs mains, et ce sera la France et l’Allemagne.
L’UE dans la vision stratégique française sera un outil au service de la France, il ne saurait en être autrement (et c’est hélas bien parti pour).

L’ONU et les traités internationaux servent grosso-modo les mêmes desseins: pensez au protocole de Kyoto (voir Bjorn Lomborg pour des infos extensives sur le sujet au niveau écologie), qui s’il était réellement appliqué par les pays signataires signifierait une catastrophe financière de grande ampleur, en même temps que des distorsions énormes dans le fonctionnement du marché. Pour les USA notamment, l’impact des mesures restreindrait durablement la croissance.
A l’OMC il s’agit là aussi de s’opposer aux USA, si possible sous la bannière de l’Europe entière (l’UE): exception culturelle, accords de libre-échange ? Pouah que c’est vilain tout cela! En plus cela signifierait remettre en cause des régimes spéciaux de taxes envers certains pays, ex-colonies européennes et nouveaux clients, et risquer de perdre leur appui à l’ONU… et pour l’exception culturelle il faudrait fâcher les intermittents ? Vous n’y pensez pas! (***)
Avec le droit de veto et le siège permanent au conseil de sécurité, la France a aussi un pouvoir de nuisance démesuré à l’ONU, et pour se faire de nouveaux alliés, rien ne vaut un sommet de Johannesburg par exemple, merveilleuse tribune pour Chiraq. On en a vu les résultats en 2003, quelques mois avant le début de la libération de l’Iraq, lors du vote sur une nouvelle résolution. Entre les achats de vote (envoyés spéciaux dépêchés par le quai d’Orsay dans les capitales africaines, en Syrie et ailleurs) et le positionnement anti-US, facile d’obtenir un large appui.
Concernant la cour internationale de justice ou la cour pénale internationale, permettez moi de mettre en doute leur intégrité. Si elles sont là, c’est parce que quelqu’un espère qu’un futur président des USA (Kerry par exemple ?) va reconnaître ces cours et ainsi faire planer la menace d’actions judiciaires envers toute action armée US… alors que déjà les problèmes légaux embarassent suffisamment l’action militaire au point de faire dire aux mauvaises langues qu’un terroriste mort c’est mieux qu’un terroriste capturé (***)!

Notez cependant que l’UE comme l’ONU sont des instances diplomatiques: il n’y a pas de volet militaire, et si la diplomatie française trouve des alliés et une caisse de résonance, cela ne remplace pas des forces armées… et c’est là qu’interviennent la Chine et la Russie (dans une prochaine partie).


*: il faut bien sûr entendre la « France » comme l’Etat français, sa diplomatie et surtout ce qu’il y a derrière à savoir les gros contrats d’armement, pétroliers, etc
**: pourquoi les hommes politiques couperaient la branche sur laquelle ils sont assis ? Eux aussi font partie du système.
***: attention, je ne dis pas que le gouvernement US est tout à fait blanc dans cette histoire: le protectionnisme US, notamment en ce qui concerne la métallurgie et l’agriculture existe bel et bien et n’a rien à envier à celui de l’UE.
****: c’est faux, car il faut bien leur tirer les vers du nez…

Mise à jour:
BD me fait remarquer que l’UE et les US s’entendent très bien quand il s’agit des subventions agricoles, il a raison, et je ne le nie pas. Il n’en reste pas moins que sur des dossiers comme la taxe Tobin, les accords sur les investissements à l’étranger etc l’UE s’oppose aux USA.

Ticket d’entrée

Il y a beaucoup de brouhaha sur l’éventuelle entrée de la Turquie dans l’Union Européenne, sujet sur lequel je n’ai pas d’opinion puisque je souhaite la fin de l’UE, hydre européen incontrôlable, générateur de règlements absurdes et d’impôts massifs (pensez à la PAC et à tous les programmes européens en cours).

La position du gouvernement français sur le sujet est pour le moins claire: pas de Turquie dans l’UE! Ceci dit, voilà le genre de « geste » qui sont à même de faire changer d’avis « la France » (comprenez: les imbéciles avides qui nous « gouvernent »):

ANKARA (Reuters) – La compagnie nationale turque Turkish Airlines (THY) compte acquérir 36 Airbus et 15 Boeing pour répondre à une forte hausse du trafic intérieur.

THY n’a donné aucune indication sur le montant de la commande. Airbus a chiffré sa part à plus de deux milliards de dollars.

Cette annonce coïncide avec la visite en France du Premier ministre turc Tayyip Erdogan, qui avait déclaré mardi soir à des journalistes que les discussions entre Airbus et Turkish Airlines en étaient au « stade terminal ». Un accord préliminaire doit être signé dans la journée à Paris entre l’avionneur européen et la compagnie turque.

Pour les médias turcs, cette décision, qui augmentera de 60% la capacité de THY, est avant tout politique et liée aux efforts d’Erdogan pour convaincre des dirigeants français relativement sceptiques de soutenir Ankara dans sa volonté de joindre l’UE.

Notez comme le gouvernement turc ménage la chêvre et le chou en achetant aussi des Boeing! Notez aussi que c’est « selon les médias turcs », car personne en France n’oserait avancer cette interprétation sacrilège.

Comme chacun sait, « La France » exporte 4 produits: des Airbus, des TGV, des centrales nucléaires et des frégates (voire des chars d’assaut, des avions, bref des armes).
Pour faire avancer le dossier d’entrée dans l’Union Européenne y aura-t-il un diplomate français assez malin pour tenter de vendre une centrale nucléaire à la Turquie, sachant que les TGV en Turquie ne présentent vraiment pas d’intérêt, et que la Turquie est déjà client des USA concernant son armée ?

Dry Run

Un dry run, c’est un « tir à blanc » grosso-modo. Et c’est ce que feraient en ce moment des terroristes aux USA.Je ne sais pas vraiment ce qu’il faut en penser. Plutôt sceptique, même si ce genre d’incident est plutôt étrange/dérangeant. Ce qui est vraiment triste, c’est bien de devoir penser au terrorisme d’ailleurs…

Pour tout savoir, lire: Dry Run, part II d’Annie Jacobsen, journaliste au WomensWallStreet, qui lors d’un vol a constaté la présence de 14 moyen-orientaux sur le vol, et devant leur comportement bizarre s’est demandé si elle n’assistait pas à la répétition d’un 11/9 bis.

Bien sûr via l’indispensable Instapundit dont il faut suivre tous les liens.

Le mauvais rêve

Cela s’appelle un mauvais rêve. Durant quarante-huit heures, tout le monde a cru au récit de Marie L., cette jeune femme qui a déposé une plainte pour avoir été volée et sauvagement agressée avec son bébé sur fond de propos antisémites. […]

Ce fait divers sonnait trop juste. Comme un révélateur d’une époque marquée par la persistance du rejet de l’autre, la montée des agressions racistes et antisémites, de la violence et de la peur. Comme le signe d’un nécessaire sursaut civique et républicain. Mais voilà, le trop vraisemblable n’est pas le vrai. Un simple récit ne constitue pas une preuve. La parole d’une « victime » n’est pas sacrée. La croyance ou la crédulité de tous ne vaut pas certitude.

Forcément tout le monde y a cru, moi y compris d’ailleurs, même si je n’y ai pas accordé une grande attention. Après tout, on n’en est plus à une agression près, et celle-là pour ignoble qu’elle était, ne faisait que rajouter à la longue liste… Le réel problème c’est que le culte de la victime a dérapé: la rédaction du Monde s’aperçoit que les victimes ne sont pas toujours fiables! Le problème c’est qu’avant de doubler le tirage et d’amener la ministre des victimes à la télé (Nicole Guedj), de faire des déclarations grandiloquentes (à la « Galouzeau-Villepin »), il faut peut-être s’assurer de la réalité des faits, au lieu de tout prendre au pied de la lettre. Vous savez, faire un travail de journaliste.

Pour l’avoir oublié, les plus hautes instances de l’Etat ont crédibilisé les affabulations d’une mythomane. Le ministère de l’intérieur puis l’Elysée ont publié des communiqués soulignant le caractère « ignoble » du fait divers et l' »effroi » ressenti. Le Parlement, exceptionnellement réuni dimanche, a interrompu sa séance pour faire part de son émotion. L’ensemble du monde politique et associatif a suivi, et les médias ont puissamment embrayé.

Bravo Le Monde pour cette honnêteté. (sans aucune ironie)

Le Monde n’a pas été exempt de ce mouvement et a commis une faute. Nous en devons excuses aux jeunes des cités issus de l’immigration maghrébine ou africaine, stigmatisés à tort. Nous en devons aussi excuses à nos lecteurs qui peuvent à bon droit nous reprocher de ne pas avoir suffisamment fait place au doute.

Pourquoi devoir des excuses à tous les Maghrébins ou Africains ? Qui les a accusés collectivement ? Qui est assez bête pour reprocher à tous les immigrés où à soupçonner tous les immigrés d’être antisémite et capable de commettre des actes violents ?
Il n’en reste pas moins qu’il existe bien un antisémitisme parmi de nombreux jeunes des banlieues, qu’ils expriment notamment au travers de tags, d’agressions (rares relativement au nombre d’immigrés d’ailleurs!). Mais leur faire porter toute la responsabilité de l’antisémitisme en France sera bien difficile. Le discours antisémite franchouillard n’a pas eu besoin de racailles de banlieue pour se développer: il suit une longue tradition, et il est aujourd’hui largement diffusée par la presse, par les politiciens, par tout un tas d’intellectuels, et aussi bien à droite qu’à gauche, et même surtout à gauche.

L’histoire des médias est truffée de ces erreurs et de ces fièvres journalistiques. De par ses traditions et sa culture, la grande presse obéit presque par nature à un devoir d’indignation et de réaction. Suivre avec indifférence le cours de l’actualité à un train de sénateur ne lui ressemble pas.

Ils sont délirants. Moi qui croyait que la presse cherchait à exposer des faits dans des articles, et dans les pages éditoriales à les commenter… il y a bien longtemps que les pages « opinions » ont débordé sur les articles, et que les causes défendues par les journalistes transparaissent dans leurs reportages biaisés. Mais là c’est un aveu pire que celui-là: en fait la presse n’a pas de recul sur ses publications, suit le mouvement (impulsé par qui ? par l’Etat ? par les dépêches de l’AFP ?), et réagit émotionnellement.

Le poids d’Internet et l’accélération du rythme de circulation de l’information ne simplifient rien. L’univers médiatique vit désormais l’actualité en temps réel. Le monde politique, soucieux de manifester sa présence et sa compassion, de même. Outre que les temps policier et judiciaire s’accordent mal avec les autres, cette concurrence apparaît largement préjudiciable.

C’est la faute au Net si les médias « traditionnels » ne savent pas s’adapter. Curieux renversement de la situation. Si les journalistes veulent conserver une quelconque crédibilité, peut-être leur faudrait-il savoir se différencier de la concurrence plutôt que d’y coller au plus près, notamment dans les défauts! Si justement les journaux avaient su garder la tête froide ils auraient pu pointer du doigt ceux qui se sont emportés trop vite sur le Net. A vouloir suivre le mouvement ils se sont ridiculisés avec les autres. Qu’ont-ils fait du temps de réflexion que permet le format papier ? Oh, je sais bien que Le Monde a un site web très actif, mais les revenus du Monde viennent-ils du site ou du journal ?

L’écrivain François Mauriac (1885-1970), chroniqueur redoutable, assurait qu’il existe « un crime de silence ». Nous découvrons depuis quelque temps qu’il existe un délit d’emballement. Le défi est bien de trouver la juste mesure entre la dictature de l’émotion et l’empire de l’indifférence.

Allez, je vous donne un indice: peut-être faut-il penser à reporter les faits et de limiter les commentaires à des pages dédiées. Travaillez la base de votre métier. Revenez à la source.

Note à tous les médisants qui ne manqueront pas de m’envoyer des mails me disant que je ne respecte pas les règles que je préconise aux autres: un blog n’est pas un journal, point.

Mise à jour: voir le point de vue de zek.

Fallouja, « émirat moudjahid »

Fallouja, « émirat moudjahid«  titre Le Monde le 30 juin 2004. Les analyses de ce journal sont si constamment dans l’erreur qu’il suffirait presque de penser l’inverse pour être dans le vrai.

Epine au pied du nouveau premier ministre irakien, la ville de Fallouja, aux portes de Bagdad, est totalement contrôlée par les rebelles armés et leurs chefs, les « émirs », qui imposent la loi islamique.

En fait la ville est mise en coupe réglée par des gangs. Comme le souligne Omar la proximité entre criminels et terroristes est inévitable, et Falloujah doit être autant sous la coupe des uns que des autres. Les perdants ? Les habitants de Falloujah principalement, avec une ville dont les sorties sont sous contrôle US, qui vivent dans l’insécurité permanente, l’arbitraire islamique…

Fallouja, d’une année à l’autre, est devenue le symbole de l’échec américain en Irak. C’est là, dans la « cité des mosquées » sunnite, qu’a eu lieu la première action de guérilla, en avril 2003, peu après la chute de Saddam Hussein, et ce sont ses moudjahidins (combattants) qui ont infligé à l’armée américaine sa première défaite militaire, en avril 2004. Entre ces deux printemps, une année d’erreurs tragiques. Et Fallouja est devenue le premier « émirat moudjahid » en Irak.

Une ville de 200.000 habitants contrôlée par les islamistes et les baasistes dans un pays de 17 millions d’habitants c’est une défaite ? Ne serait-ce pas plutôt l’expression d’une certaine finesse dont les Américains seraient censés manquer cruellement ?
Rémy Ourdan, l’envoyé spécial du Monde en Iraq, parle de défaite militaire. Laquelle ? Les Marines se sont retirés de Falloujah après avoir pris le contrôle de tous les quartiers, sauf d’un, le « Golan ». J’ai regretté comme beaucoup d’autres qu’ils n’aillent pas au bout du processus. Aller au bout aurait certainement eu des conséquences plus désastreuses que laisser la ville aux mains des groupes armés. Quitter la ville pour ne pas causer de destructions irrémédiables, s’aliéner la population définitivement et la laisser sous contrôle des terroristes pour laisser le choix aux habitants eux-mêmes: vous préférez les saddamites et les islamistes ou la police iraqienne ?
On imagine aussi que pour Rémy Ourdan « le premier émirat » signifie que d’autres vont suivre….

Les « émirs »… C’est ainsi que les moudjahidins appellent leurs commandants militaires, qu’ils soient salafistes, soufis, « al-qaidistes » ou caïds de quartier. Emirs, des officiers de l’armée baasiste et des moukhabarat (services secrets) de Saddam Hussein le sont aussi devenus. Les émirs règnent en maîtres à Fallouja.

Cf ce que je disais juste au dessus: une bande hétéroclite de criminels, chacun avec des objectifs divergents. Imaginez le racket, les exactions diverses etc. Une fois au nom d’Allah, une fois au nom de Saddam, une fois pour le plaisir, une fois parce que les brigands ont faim, une fois pour les femmes…

Les émirs de la « résistance irakienne » se partagent le « territoire libéré » de Fallouja et des alentours, la première région d’Irak où les soldats américains ne posent plus le pied. Et ces émirs sont réunis, depuis la fin de la violente bataille du printemps, au sein d’un « conseil moudjahidin », la Choura, en compagnie des dignitaires religieux et tribaux. Cette Choura avait été créée durant l’hiver et est contrôlée par les imams Abdallah Al-Janabi et Dhafer Al-Oubeydi.

Les soldats Américains n’y posent plus le pied, pourquoi ? Parce que militairement ils ne le peuvent pas, ou par choix tactique ? Quant à la Choura, elle organise la chourave ? (chouraver = voler en argot…)

Figures célébrées et controversées, les imams sont les deux chefs spirituels de la guérilla de Fallouja. L’imam Al-Janabi, de la mosquée Saad bin Abi Wakkas, est perçu par beaucoup de moudjahidins comme étant le leader des takfiris, les combattants les plus extrémistes, étrangers ou irakiens liés à des organisations arabes étrangères. Il n’en est pas moins très respecté, autant que craint, par la population locale. Très radical, il fut le premier à appeler l’an dernier à la résistance armée, puis à l’assassinat des « espions ». L’imam Al-Oubeydi, de la mosquée Al-Hadra Al-Mohammadiya, est plus respecté au sein de la Choura par certains émirs de Fallouja et les chefs tribaux, notamment pour sa science religieuse et ses fatwas.

1er groupe: des combattants étrangers! Non à l’occupation de l’Iraq! Non aux bottes iraniennes, séoudiennes et autres barbus! Vive l’Iraq libre! Heh. C’est bizarre comme les mêmes qui crachent sur l’armée de libération US ne trouvent pas grand chose à redire aux jihadistes étrangers…
2ème groupe: les locaux, menés par le docteur en décapitation, lapidation, et assassinat d’infidèles!
Oh la belle alliance! Et ils s’appuient sur quels outils pour régner ? La démocratie participative ? Le référendum direct ? L’exécution sommaire ?

« L’émirat moudjahid » de Fallouja est dorénavant le problème principal du nouvel homme fort de l’Irak, le premier ministre Iyad Allaoui, qui ne peut guère tolérer que des rebelles armés contrôlent un territoire aux portes de Bagdad. Territoire où ils ont désormais des lieux d’entraînement militaire, des caches d’armes, où ils accueillent des combattants étrangers et d’où ils mènent des opérations jusqu’au cœur de la capitale irakienne.

Opérations dans le genre de celle-ci ?
Ceci dit, c’est exact: en laissant ouvert le problème de Falloujah, les Américains forcent le nouveau gouvernement d’Iraq à prendre ses responsabilités. A vous de jouer. C’est maintenant un problème irakien. La motivation pour y mettre un terme ne sera pas la même que pour les Américains: impossible pour le nouveau pouvoir de s’affirmer sans faire régner l’ordre dans le pays.

Les forces de sécurité et des Bagdadis ont noté que, pendant le siège de Fallouja, en avril, peu d’attentats ont eu lieu à Bagdad, et qu’ils ont repris aussitôt après le siège. Certains en tirent la conclusion que Fallouja est la principale base du « terrorisme » en Irak. Et des voix chiites et kurdes commencent à s’élever contre ce que certains appellent « l’émirat taliban d’Irak », ou « l’émirat wahhabite ».

Encore une bonne raison de laisser pourrir la situation: tout le monde comprend désormais quel est son intérêt bien compris. Les Baghdadis aussi, premières victimes des attentats. Et vous pensez qu’avec tout le pays contre eux ils vont tenir longtemps ? Quand ils s’attaquaient aux Américains, encore avaient-ils un peu de légitimité, ou au moins pouvaient-ils compter sur l’indifférence. Maintenant qu’ils s’attaquent à un pouvoir irakien, en tuant principalement des Irakiens, ils vont voir les efforts contre eux décupler. By God, this is suffocation! (voir aussi: The National Review).

« A Fallouja, le temps est comme suspendu, témoigne S., un moudjahid qui fait office de messager entre des mosquées de la cité rebelle et des mosquées de Bagdad. Nous avons vaincu les marines américains, qui ont été forcés de se retirer dans le désert, et le calme est revenu. Les moudjahidins font régner la loi islamique. Mais Fallouja est isolée, et les services secrets d’Allaoui et des Américains nous envoient toujours plus d’espions, que nos émirs tuent lorsqu’ils les découvrent. Les gens sont anxieux. La lutte ne fait que commencer… « 

Forcés de se retirer dans le désert ? Heh. La suite du témoignage laisse imaginer le niveau de paranoïa des organisations terroristes. Ils doivent voir des espions partout. Sauf que les espions peuvent prendre la forme d’écoute via des drones de 30cm de long et 10 de large qui écoutent toutes les conversations pendant 10h et les rentransmettent à une base 10 km plus loin, ou un avion relais. Sauf que l’espion c’est peut-être ce pauvre type à qui les vaillants moudjahideens ont confisqué la voiture pour le jihad! Ou encore ce pompiste qui ne voit plus passer une seule voiture… ou n’importe quel autre citoyen de cette ville…

Isolée, Fallouja s’enfonce dans la paranoïa. La chasse aux « étrangers », c’est-à-dire à tous ceux qui n’habitent pas la ville, est ouverte. La décapitation filmée de l’homme d’affaires américain Nicholas Berg a été revendiquée par Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef de Tawhid wal djihad (Unification et guerre sainte), un mouvement lié à la nébuleuse Al-Qaida qui regrouperait des takfiris, volontaires arabes étrangers ou jeunes désœuvrés de Fallouja fascinés par le fondamentalisme.

C’est amusant, car lorsque j’écris mes articles je choisis d’abord un article en lisant les 10 premières lignes et ensuite je le commente au fur et à mesure sans lire l’ensemble. Aussi je décris la parano qui doit inévitablement saisir les terroristes et voilà que dans le paragraphe d’après apparaît ce même mot…

Depuis, les assassinats se sont multipliés : exécution d’un homme d’affaires libanais et de ses deux assistants irakiens, retrouvés égorgés à l’entrée de la ville ; assassinat de six camionneurs chiites de Bagdad et du Sud, dont les corps atrocement mutilés ont été, moyennant paiement d’un « impôt moudjahidin », rendus à leurs familles ; exécution, similaire à celle de Berg, du Sud-Coréen Kim Sun-il… « D’avril à juin, les moudjahidins ont aussi exécuté une trentaine d’habitants de Fallouja dénoncés comme étant des espions des Américains, raconte H., un fidèle de la mosquée Saad bin Abi Wakkas. Cheikh Janabi encourage dans ses prêches la traque et l’exécution des espions. « 

Voilà qui va encourager la population à coopérer n’est-ce pas ? Mais avec qui ? Les terroristes ou les forces gouvernementales irakiennes ? Je vous laisse deviner…

L’affaire des camionneurs chiites a ému l’Irak. Des chefs de leur tribu se sont rendus à Fallouja chez l’imam Al-Janabi, qui, tout en affirmant ignorer l’identité des coupables, a justifié le crime au nom du « droit des habitants de Fallouja de juger des étrangers de passage », selon un journaliste de Fallouja, avant de congédier sèchement ses hôtes. Le président irakien Ghazi Al-Yaouar a publié un long communiqué s’en prenant aux « criminels qui ont pour objectif de répandre la terreur, d’entraver le processus politique et de porter atteinte à l’image des habitants de Fallouja ».

Encore quelques petites exactions dans le même genre, et j’imagine que ce ne seront plus des chefs tribaux qui se rendront à Falloujah, mais des petites unités para-militaires organisées pour plastiquer la mosquée où l’autre maniaque du jugement des étrangers de passage fait ses prêches quotidiens…

Isolée, Fallouja s’enfonce aussi dans la charia (la loi islamique) la plus stricte, au grand dam de beaucoup des 500 000 habitants de cette région pourtant conservatrice, effrayés par tant de radicalisme. Peu après la fin de la bataille d’avril, les moudjahidins ont investi la portion de la route Fallouja-Ramadi où les jeunes hommes se retrouvent traditionnellement, à l’écart de la ville, pour boire de l’alcool, parler de football et de filles. Les nouveaux maîtres de la cité se sont saisis de certains d’entre eux et, le lendemain, leur ont offert un tour de Fallouja sur le plateau arrière d’un pick-up, les battant jusqu’au sang devant la population.

Au grand dam des habitants ? Nooonn, pas vrai ? Encore un moyen sûr de s’attirer les bonnes grâces de la population! Et ça va durer combien de temps à votre avis ce petit jeu ? Vous pensez que les habitants de Falloujah vont se laisser martyriser ?

Les moudjahidins ont ensuite placardé leurs « décrets d’Allah, qui a offert la victoire », sur les murs de Fallouja. Invitation à dénoncer tout étranger, interdiction de boire de l’alcool, menaces envers les femmes qui ne porteraient pas l’abaya ou souhaiteraient se maquiller.

« Nous n’aurons aucune pitié pour celles qui combattent Allah par leur beauté et leurs tenues vestimentaires », prévient une pancarte. Ils ont par ailleurs rendu visite aux commerçants, des vendeurs de CD aux coiffeurs, accusés de promouvoir, par la musique ou la coupe de cheveux, des coutumes occidentales et « anti-islamiques ». Les combattants, qui seraient près de dix mille, auréolés de leur victoire contre les marines américains, ont pris le pouvoir dans la rue, avec le soutien des Mosquées, et par les armes, si nécessaire. L’ordre règne à Fallouja.

Dénoncer tout étranger. Heh. Ils ont la trouille. Ils se mettent à dos toute la population. Ils règnent dans la terreur.

Après la bataille, les marines américains avaient créé la Brigade Fallouja, formée d’anciens militaires baasistes, qui devait, avec la police et la garde nationale, assurer la sécurité en ville. La Brigade Fallouja devait aussi retrouver les assassins des quatre paramilitaires de la société américaine de sécurité Blackwater, mitraillés, brûlés et suspendus à un pont, incident dont la diffusion des images aux Etats-Unis avait été l’élément déclencheur de l’offensive. Rien de cela n’est arrivé, et l’islamisation de Fallouja, ou sa « moudjahidisation », dépasse nettement une « re-baasisation » parfois évoquée. Les moudjahidins contrôlent d’ailleurs chaque entrée de la ville, à des check-points tenus conjointement avec des policiers auxquels ils donnent des ordres.

Il a oublié: brûlés vifs et ensuite écartelés et démembrés… Combien de temps les terroristes peuvent tenir cette ville ? Ils ont tout l’Iraq à dos et la population de la ville. Le principe de base d’une guérilla réussie c’est de pouvoir se fondre dans la population. Si la population vous rejette, vous faites quoi ?

Commandant de la Brigade Fallouja, le général Mohammed Latif n’a aucun pouvoir dans « l’émirat moudjahid », lui dont la famille vit à Bagdad, dans le quartier d’Adhamiya. L’influence militaire baasiste à Fallouja est davantage entre les mains de Jassem Mohammed Saleh et d’Abdallah Hamed, originaires de la ville. Jassem Mohammed Saleh, prédécesseur éphémère du général Latif à la tête de la Brigade Fallouja, cultive des liens étroits avec les émirs moudjahidins.

« Les dignitaires de Fallouja auraient préféré que Jassem Mohammed Saleh commande l’armée. Ils n’ont toutefois finalement rien contre le général Latif, puisqu’il laisse le champ libre aux moudjahidins. Latif ne représente aucune menace pour l’imam Al-Janabi et pour la guérilla », raconte un journaliste de Fallouja. « Ces jeux de pouvoir sont le fait de Mohammad Abdallah Al-Chahouani, le chef des nouveaux services secrets gouvernementaux formés par les Etats-Unis, ajoute-t-il. Chahouani espérait qu’un retour des officiers baasistes atténuerait l’influence des moudjahidins, mais c’est le contraire qui s’est produit. Les baasistes remis en selle par les Américains obéissent aux chefs de la guérilla. »

Et les baasistes désormais relégués au rang de supplétifs des islamistes étrangers ne représentent désormais plus une menace en eux-mêmes. Les Irakiens savent désormais que les seuls à « résister » sont des terroristes étrangers qui ont pour projet de faire de l’Iraq un Afghanistan talibanesque bis. Et vous pensez vraiment qu’ils vont se laisser faire ? Quelle belle punition pour Falloujah, et quel bel exemple pour le reste de l’Iraq: prenez le parti des terroristes, et voilà ce qui arrivera!

A Bagdad, dans les cercles religieux de la guérilla sunnite, on pense aussi, comme à Fallouja, que la lutte ne fait que commencer. Dans le salon de réception de la mosquée Cheikh Ibn Taymiya, l’imam Mahdi Al-Sumaidaï, vêtu d’une djellaba et d’un turban blancs, l’œil pétillant, sourit. Il a récemment été libéré de la prison américaine d’Abou Ghraib, après cinq mois de détention. Lors d’un raid, le premier jour de l’année, l’armée américaine avait trouvé des armes dans sa mosquée. L’imam Al-Sumaidaï, le guide des salafistes irakiens, est souvent présenté comme le leader spirituel de la guérilla sunnite dans le pays. « Ne me présentez pas comme le chef spirituel des moudjahidins, prévient-il, ou je vais retourner en prison. » Et il éclate de rire. L’imam Al-Sumaidaï vient de retourner à Fallouja, pour la première fois depuis sa sortie de prison. Il en revient encore plus convaincu que la lutte armée est la seule voie. « La bataille d’avril a prouvé, parce qu’une poignée de moudjahidins a tenu en échec une armée si puissante, que la victoire ne vient pas uniquement de la force militaire. La victoire vient d’Allah et de l’ardeur de la foi… En un an, la résistance s’est étendue de quelques hommes à quelques brigades, puis à quelques villes. A moins que les Américains calment le jeu, à moins qu’ils deviennent sérieux et honnêtes, inch’Allah – si Dieu le veut – la résistance sera victorieuse. »

Voilà pourquoi il est dommage de ne pas avoir terminé le boulot à Falloujah: cela a donné de l’espoir à des fous. Ceci dit, après l’épisode d’Al Sadr et le confinement de Falloujah, on voit mal comment leurs projets déments pourraient être mis à exécution. En tuant des innocents, ils espèrent faire fuire les Américains et gagner la confiance de leurs victimes ?

Jassem Al-Issaoui, le porte-parole du Conseil des salafistes et des soufis en Irak, pense que « les Etats-Unis ont décidé de détruire Fallouja, parce que la ville est un symbole religieux et un symbole de résistance ». « Nous sommes tous émus, touchés, en colère. L’attaque américaine de Fallouja fut une punition collective. Comment devait-on réagir ? Offrir des fleurs aux marines, ou résister et contre-attaquer ? Et pourquoi le monde entier, qui refuse de juger les crimes américains, appelle-t-il nos résistants des « terroristes » ? Les Américains sont des cow-boys, alors que nous sommes un mouvement de résistance populaire. » Jassem Al-Issaoui oppose à cette « résistance populaire » des « groupes récemment arrivés, des étrangers, oui, c’est vrai, qui tentent de briser le cessez-le-feu ».

Pas d’inquiétude mon brave, en France les terroristes sont appelés résistants! Quant à la tactique observée à Falloujah, on est bien loin de la « punition collective ». (pour plus d’infos là-dessus, voir les archives du Belmont Club du mois d’avril 2004)

« Les leçons de la bataille de Fallouja sont que non seulement l’armée américaine peut être tenue en échec, mais que la sécurité est excellente là-bas depuis que les moudjahidins contrôlent la ville, pense Qays Al-Fakhri, le porte-parole des salafistes. C’est la preuve que tout va mieux lorsque les Irakiens gouvernent. C’est la preuve que la présence américaine crée de l’insécurité et des troubles. Et l’Histoire enseigne que seule la résistance armée peut mettre fin à une occupation militaire étrangère. »

Sécurité excellente, à part les exécutions sommaires et les bombes guidées US qui déciment de temps à autre une assemblée de terroristes…

Pour continuer la lutte, « Fallouja est une base et un symbole », dit-il. Cela ne signifie toutefois pas que la ville soit une sorte d’état-major de la « résistance irakienne ». « La résistance est une coalition de groupes salafistes, soufis, baasistes et tribaux qui n’a pas de leader unique, et dont le degré de coordination demeure très superficiel, déclare Qays Al-Fakhri. Il n’y a même jamais eu au niveau national une seule réunion entre les chefs de faction ou de tribu, contrairement à ce qui se passe au niveau local à Fallouja avec la Choura. Quant aux combattants étrangers dont les Etats-Unis parlent tout le temps, et que les habitants de Fallouja n’ont jamais vus, ils existent, mais combien sont-ils ? Dix, cinquante, cent peut-être ? Ils sont nos frères arabes et musulmans, et sont peu nombreux. Ce qui compte, c’est la résistance irakienne. « 

Non non, ce n’est pas un QG. C’est juste l’endroit où tous les groupes se rencontrent et fomentent leurs plans, tout simplement. Et les combattants étrangers, non, niet, nada, y en a pas, foi de terroriste. Heu ouais, enfin peut-être trois ou quatre. Et encore ils sont juste là pour la cuisine.

C’est néanmoins la première fois que la guérilla sunnite irakienne, par la voix de dignitaires salafistes comme Jassem Al-Issaoui ou Qays Al-Fakhri, reconnaît la présence de combattants étrangers en Irak.

Fallouja attend, inquiète, la prochaine bataille. Personne là-bas ne croit que « l’émirat moudjahid » va s’enliser dans le statu quo.

« Fallouja agit comme un révélateur, pense A., un moudjahid. Si nous avons survécu aux Américains, tout l’Irak peut les vaincre. Si nous survivons à Allaoui, tout l’Irak peut être demain entre nos mains. « 

Falloujah attend la prochaine bataille ? Non, sérieux ? Les habitants se disent: « cool, on va encore avoir nos habitations ravagées, nos rues défoncées, le prix des denrées va exploser… ». Quel bonheur, n’est-ce pas ? Les habitants semblent plus réalistes que les terroristes. Ce n’est pas à Allaoui qu’il faudra résister, mais à tout l’Iraq. Si demain tout l’Iraq s’y met, ce sont les terroristes qui n’y survivront pas.

(note: lire aussi: Why al Qaeda is Fleeing Iraq et Iraqi rebels dividing, losing support)

Soulagement

Il subsiste un malaise concernant la vraie-fausse agression d’une jeune maman: tout le monde a pris cette affaire très au sérieux. Et pour cause: les faits étaient crédibles.
Vous êtes vraiment soulagé ?

L’Irak aux Irakiens!

C’était le titre de Libération parait-il. Vous les imaginez titrer « La France aux Français » ? Tous les autres journaux ont donné dans les mêmes sarcasmes: le gouvernement iraqien est fantoche, ce ne sont que des pantins au service de la CIA, et puis regardez la manière dont s’est faite le transfert: deux jours en avance, ah les traîtres ils ont ainsi déjoué les plans des terroristes…

Qu’ai-je à répondre à cela ? J’ai envie de répondre « bof ». Ou sinon: que le gouvernement US n’ait pas rendu en temps et en heure le pouvoir, même formel, à un gouvernement iraqien, et il se serait vu taxerde « néo-colonialisme », qu’il le rende avant et le voilà taxé de le faire en « catimini », qu’il le fasse en temps et en heure et les USA auraient été responsables des actes de terrorisme… Bref comme d’habitude quelle que soit l’action entreprise, les Américains ont tort, comme ils ont toujours tort, surtout quand ils font quelque chose, mais même ne rien faire c’est déjà agir donc ils ont toujours tort puisqu’on vous le dit!