La fin du début

Le Hezbollah a déclaré la guerre à Israël. Du côté d’Israël, le message a été reçu 100% dès le premier coup tiré. On vient d’assister aux premiers échanges de tir: enlèvement de soldats, tirs de roquettes, bombardements, missile (iranien et tiré par ???) contre une frégate israëlienne, encore plus de bombardements, roquettes sur Haïfa (encore une production iranienne…), Tibériade, bombardements sur tous les axes routiers libanais…

Le gouvernement libanais a certainement compris désormais: Israël le tient pour responsable de ne pas avoir désarmé le Hezbollah. Mais en a-t-il jamais eu les moyens ? Sandmonkey pose de très judicieuses questions dans un post « Israeli Defence Forces are morons« : Israël devrait certainement faire preuve de plus de retenue discernement maintenant et s’attaquer au problème, càd au Hezbollah.

C’est vraisemblablement ce qui devrait arriver sous peu: l’armée israélienne appelle les habitants du sud Liban à quitter la région. Cela signifie des combats au sol, des chars, bref ni plus ni moins une invasion. On peut avoir des doutes sur la réussite totale (annihilation complète des capacités militaires du Hezbollah) d’une telle opération: le Hezbollah a surpris en utilisant des armes iraniennes, notamment le missile anti-navire, ils peuvent encore surprendre en utilisant des SAMs et des missiles anti-chars, en étant très bien formés et préparés (par les gardes révolutionnaires iraniens), et profiter des combats pour se retirer prudemment en Syrie (par des voies qui ne peuvent pas totalement être coupées, il faut être réaliste).

Et la Syrie ?

« Toute attaque israélienne contre la Syrie suscitera une réponse syrienne ferme, directe, illimitée, et par tous les moyens », a affirmé le ministre syrien de l’information, Mohsen Bilal cité par l’agence officielle SANA, dans une première réaction officielle de Damas, depuis le début des hostilités au Liban.

(source: Le Monde)
Pour anéantir réellement le Hezbollah, il faudra peut-être frapper au-delà de la frontière libanaise… Mais si le Hezbollah traverse la frontière, pourquoi Israël ne rendrait pas ensuite le Sud Liban, une seconde fois, au gouvernement libanais, pour que celui-ci occupe le terrain et empêche le retour du Hezbollah ?
Bref Israël peut choisir de s’attaquer au régime syrien, avec tous les risques que cela implique (par quoi sera-t-il remplacé s’il tombe ? que va faire l’Iran ? réactions internationales ?):

Now, there is another analysis that is equally important. Israel, the US, and many other countries might not be happy with Syria’s behavior, yet they still want to see Bashar Assad in power. The removal of Assad might create a vacuum that will eventually be filled by entities that are more fearsome; radical Sunni Islamists are an example. This is the reason why Egypt’s Hosni Mubarak is so keen that nothing will undermine the Syrian regime. He knows that if Bashar is to go and then followed by a Muslim Brotherhood take over, his own regime will be undermined since Egypt and Syria have a lot in common.

Alternative: faire un grand nettoyage avant de rendre les clés au gouvernement libanais. On rentre dans le vif du sujet maintenant. Le Hezbollah a encore un coup à jouer, il peut forcer Israël à la guerre totale contre lui, et donc faire entrer la Syrie dans la guerre, reste à savoir dans quelle mesure le régime syrien contrôle ou non le Hezbollah et ses propres frontières (en refusant l’asile au Hezbollah, en empêchant les armes de traverser la frontière).

  1. Voici ce qu’a publié Vox Galliae :
    – En 1996, un groupe d’Américains pro-Israéliens – comprenant Richard Perle, James Colbert, Jr. de Charles Fairbanks, Douglas Feith, Robert Loewenberg, David Wurmser, et Meyrav Wurmser – ont préparé un rapport sur la sécurité d’Israël pour le premier ministre de l’époque Benjamin Netanyahu. Ce rapport préconisait une stratégie basée sur des changements de régime pour enrayer l’encerclement et l’isolement croissants d’Israël. Le problème principal selon les rapporteurs était la Syrie, et la frontière problématique avec le Liban :
    "selon une stratégie proposée qui soit suceptible d’être soutenue par le public américain, une initiative israelienne pouvait se dérouler au Liban sud mettant aux prises l’Etat hébreux avec le Hezbollah, la Syrie et l’Iran, ces derniers devant apparaître comme les agresseurs."
    Mais ceci ne pouvait se produire avant un changement de régime en Irak… (voir les analyses des professeurs John Mearsheimer et Stephen Walt dans leur ouvrage "The Israel Lobby and U.S. Foreign Policy" dont la thèse est que la politique étrangère des États-Unis aurait été détournée par le lobby pro-Israël). Cette étape atteinte cela semble être maintenant le tour sud Liban…
    Alors, si cette stratégie existe réellement il me semble qu’elle est quelque peu déformée par les "analystes" anti-sionistes qui la rapportent. En effet si le Hezbollah "apparaît" comme l’agresseur n’est-ce pas simplement parce qu’il l’est de façon évidente, de par la chronologie des faits ? Si la Syrie et l’Iran font naître la même "impresion" n’est-ce pas par leur soutien entier aux terroristes, logistique, financier et politique ?
    Si cette stratégie impliquait que le Hezbollah franchisse la ligne rouge pour être justifiée et appliquée, alors c’est chose faite. Et je ne vois pas en quoi le fait de parier sur les faiblesses intempestives de l’ennemi, en temps de guerre, serait condamnable. C’est un plan d’action comme il en existe dans toutes les armées du monde, et si celui-ci s’avère réalisable alors il mérite notre soutien concrêt afin de limiter le plus possible le nombre de victimes civiles. A moins bien sûr que nos intêrets politiques privilégient de bons rapports avec les islamo-terroristes.
    Qu’en pensez-vous ?

    http://t-excess.blogspot.com

  2. Je n’en pense pas grand chose: pour assurer la sécurité définitive d’Israël il faut plus que des changements de régime. Il faut que les Arabes arrêtent de vouloir tuer tous les Juifs. Et ça ne semble pas être prêt d’être le cas.

  3. Ce que je lis sur les blogs irakiens me semble être plutôt positif quant aux effets d’un changement de régime sur les mentalités. Je pense surtout à <a href="http://iraqthemodel.blogspo…">ce billet de Iraq The Model</a>.

    Je pense que des institutions libres sont une condition à la fois nécessaire et suffisante d’un apaisement des moeurs.

    Mais je n’ai pas de solution toute faite pour une transition vers de telles institutions, et encore moins en ces temps où l’idéologie dominante consiste à identifier erronément démocratie et liberté et à plonger les pays de dictatie en démocrature.

  4. A lmae
    Non cela ne semble pas prêt d’être le cas en effet, et c’est pour cette raison que je vous ai posé cette question concernant la politique internationale française.
    Craignons nous à ce point de rejoindre les positions de George W Bush ?

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