Comme chacun sait, l’argent c’est le nerf de la guerre. Alors on peut compiler des chiffres, et comparer, ce que ne manque pas de faire le SIPRI (à propos du SIPRI, voir et revoir le graphe des ventes d’armes à l’Iraq de Saddam). Cette année les dépenses ont atteint le chiffre astronomique de 1000 milliards de dollars. Ouep, mille milliards de dollars. Une belle somme, bien ronde, dont le gouvernement américain dépense 47%, 470 milliards de dollars (j’aime bien répéter « milliards de dollars », comment dire, ça claque). Quand on parle en termes absolus, le chiffre est énorme. Quand on le rapporte à la taille du pays, il devient relatif: (470 / 12.000) = moins de 4%. En France le chiffre est de l’ordre de 3%, voire un peu moins, donc comparativement aux USA la France dépense un bon quart en moins! Mais l’écart s’explique facilement:
La première explication du niveau actuel (…) des dépenses militaires mondiales est le montant des opérations militaires à l’étranger effectuées par les Etats-Unis et, dans une moindre mesure, par ses alliés dans la coalition
Hé oui: les Etats-Unis sont en guerre. Et ils supportent le poids de cette guerre à eux seuls quasiment, au bénéfice des populations européennes, asiatiques (je pense notamment aux Philippins…), africaines, et bien sûr au bénéfice des Américains eux-mêmes. Les dépenses militaires US incluent des salaires faramineux (500.000 militaires, les contractants civils, les primes pour déploiement à l’étranger, en zone de combat…), des coûts logistiques immenses…
Evidemment montrer du doigt les USA permet aux médias de détourner l’attention de la course aux armements en cours: en Asie, entre la Chine, Taïwan, les deux Corées, le Japon, l’Inde, le Pakistan… Ces deux derniers pays sont maintenant tous les deux des puissances nucléaires, avec les missiles ballistiques qui vont avec. Mais entre la Chine et Taïwan la course continue toujours: la Chine s’équipe chaque année un peu plus en missiles divers, en sous-marins, barges de débarquement… Et la Chine soutient toujours (livraisons de pétrole, de nourriture, de pièces détachées pour l’industrie) la Corée du Nord, qui a maintenant un nombre indéterminé de bombes atomiques, et des vecteurs capables de toucher Tokyo, Hawaï, l’Alaska, et bientôt Los Angeles… Et puisque la Corée du Sud aussi bien que le Japon peuvent construire leurs propres bombes en quelques mois (ils ont la technologie, les matériaux, les scientifiques), la Chine pousse ces deux pays à s’armer, en réponse à la menace nord-coréenne, et in fine, chinoise.
Mise à jour:
Un précieux informateur m’informe que Pierre Rigoulot a écrit dans Le Figaro:
Hélas, on ne peut être sûr à 100% que la Corée du Nord, après les avoir testés, ne lancera pas ses engins de mort. Ni à 100% que les Etats-Unis riposteront à une attaque antijaponaise ou anti-sud-coréenne de la part de Pyongyang. D’où le souhait de certains milieux sud-coréens et japonais de voir leur pays acquérir également et préventivement la bombe nucléaire à des fins de dissuasion.
Ce qui ne réjouit guère la Chine, on s’en doute. Aussi y a-t-il probablement plus de Corée du Nord que l’on croit dans les dernières manifestations antijaponaises. Par leur biais, la Chine tente de déconsidérer à l’avance ce qu’elle appelle le «militarisme japonais» pour ne pas avoir à payer les conséquences de son refus de forcer la Corée du Nord à abandonner ses projets nucléaires.
Il faut pourtant que la Chine choisisse entre le beurre et l’argent du beurre. Ou bien elle accepte une bombe nord-coréenne, donc une bombe japonaise, ou bien elle coupe, avec le risque de déstabilisation que cela comporte, toute aide économique à la Corée du Nord pour que cette dernière renonce à ses dangereux fantasmes.
Mise à jour:
Faré me souffle la réplique suivante: « 47% ? Dommage que ce ne soit pas 100%« . En effet.
1000 milliards ou 12000 milliards?
1000 milliards de dollars = totalité des dépenses militaires mondiales.
12000 milliards de dollars = PIB américain 2004.
470 milliards de dollars = budget US de la Défense 2005.
470/12000=part de la défense dans le PIB US. Dans le budget du gvt US ça doit représenter pas loin de 10% je crois.