Daily Archives: dimanche 11 mai 2008

Le Hezbollah prend le contrôle

e Hezbollah est en passe de réussir un coup de maître, quasiment sans effusion de sang, au Liban: prendre le contrôle du pays.

D’abord le ministre des Télécommunications s’élève contre le réseau parallèle construit par l’Iran et le Hezbollah, le déclarant illégal, ce à quoi Nasrallah a répondu: « c’est une déclaration de guerre »:

Gunfire broke out in downtown Beirut on Thursday after Hezbollah leader Hassan Nasrallah said recent government actions amount to « a declaration of open war. »

Et le Hezbollah a mené sa première bataille, victorieusement:

Western Beirut fell under the control of opposition Hezbollah militias Friday in what amounted to an army-negotiated surrender of pro-government positions, Lebanese Internal Security Forces and Western military observers said.

Mais ce n’est pas tout: le Hezbollah contrôle maintenant les médias au Liban:

The developments came as two pro-government television stations — Future TV and al-Ekhbariya TV — ceased operations Friday. They went off the air after being threatened by government opponents in Hezbollah, the Iranian-backed Shiite Muslim militia, and Amal, a major Shiite party in Lebanon, according to Nadim Mounla, head of Future TV.

« Early this morning, many armed militiamen were in the surroundings of the Future television headquarters and they have sent us a very clear message: ‘Either you shut off or (we’re going to) destroy the premises,' » Mounla said.

The television stations are owned by the Hariri family, supporters of the country’s pro-Western, Sunni-led government. In addition, the building housing the Hariri-owned al-Mustaqbal newspaper came under fire overnight. No injuries were reported.

Mais l’honneur est sauf pour l’armée:

L’opposition se retire de l’ouest de Beyrouth à l’appel de l’armée

Et quand on y regarde de plus près, « l’opposition » (nouveau nom du Hezbollah semble-t-il) a dicté ses conditions à l’armée:

Le Hezbollah et ses alliés de l’opposition ont commencé samedi à retirer leurs combattants des quartiers ouest de Beyrouth conquis la veille, à l’appel de l’armée à qui le gouvernement s’en est remis pour rétablir « la paix civile ».

Cette mesure intervient également après que l’armée eut annoncé qu’elle gelait de récentes décisions du gouvernement contre le Hezbollah […]

Armée dont d’ailleurs la loyauté laisse très sérieusement à désirer:

[…] les soldats libanais ont fait montre d’une extrême passivité, à plusieurs reprises montrée du doigt. «Non, ce n’est pas un feu de camp que ce soldat contemple dans une parfaite passivité», légendait ainsi cette semaine «L’Orient-Le Jour», quotidien francophone proche de la majorité, sous une photo de militaire inactif devant un barrage de pneus en feu.

[…]

le chef de l’armée énonce clairement:  «Nous sommes les protecteurs de la Résistance (autre nom donné au Hezbollah, ndlr), parce qu’elle a libéré la patrie.» Bien sûr, l’affirmation s’inscrit dans le contexte du conflit libano-israélien, mais, à l’aune des affrontements de ces derniers jours, peu ou pas entravés par les militaires libanais, elle prend une autre résonnance.

En résumé: l’armée n’est pas fiable, fragilisée en interne, incapable militairement de s’opposer au Hezbollah, celui-ci contrôle les médias, le gouvernement a fait appel à l’armée et ses décisions ont été invalidées… Bref le Hezbollah est en train de réussir à démolir pour de bon l’Etat libanais. Qu’on ne s’y trompe pas: le Hezbollah est en train de mener un coup d’Etat. Et qui va les en empêcher ?

Israël doit se suicider

A l’occasion du 60ème anniversaire de la création de l’Etat d’Israël, je suis tombé sur le titre suivant:

« Israël doit relever le défi de la paix »

Dès qu’on a lu ce titre, on sait que le reste de l’article va être un tissu de conneries:

Alain Dieckhoff, directeur de recherche au Ceni-Science-Po. Directeur de l’ouvrage L’Etat d’Israël (éd. Fayard), il analyse 60 ans d’histoire de l’Etat hébreu…

Le projet sioniste, dont Israël est l’aboutissement, visait la normalisation. Israël est-il considéré aujourd’hui comme un pays comme un autre ?

Cela dépend de quel point de vue on se place. C’est un pays comme un autre dans la mesure où c’est un Etat de droit, doté d’institutions, d’une structure économique assez saine, etc. Il ressemble en cela aux pays occidentaux. Mais il est différent car il reste engagé dans une confrontation militaire avec ses voisins, que ce soit la Syrie ou les Palestiniens. Ce n’est pas une guerre vive, mais il n’y a pas de paix. Autre différence : c’est le seul Etat au monde qui défend une identité collective juive.

L’Etat d’Israël est engagé dans une confrontation militaire avec ses voisins ou l’inverse ? Pourquoi Israël, un pays minuscule, avec une population ridicule au regard de ses voisins, entretiendrait des hostilités envers ses voisins ? Imaginez la Suisse face au reste de l’Europe. Vous imaginez les Suisses se « confronter » avec la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche, sans compter le soutien de l’Angleterre la Norvège l’Espagne et la Belgique ? Absurde ? Evidemment. Continuons l’expérience: la Suisse aurait repoussé par 4 fois en 40 ans le reste de l’Europe. Fou ? Israël a mis en échec toutes les armées moyen-orientales tournées contre elle. A chaque confrontation majeure. Israël n’est pas un pays en état de guerre. Ses voisins sont en état de guerre contre lui.

Israël est à la fois un Etat démocratique et juif. Est-ce contradictoire ?

Oui, aux yeux de la minorité arabe [20 % de la population], pour qui cette dualité ne va pas sans tension. Mais pour les juifs, non, ce n’est pas contradictoire.

La question est aberrante: pourquoi juif et démocratique serait contradictoire ? Les Arabes Israëliens ont le droit de vote. La religion ne définit pas la citoyenneté en Israël. Par contre, poser la question « xxx est un état à la fois musulman et démocratique, est-ce contradictoire » est déjà plus légitime, quand on compte le nombre de démocraties dans le monde musulman.

Soixante ans après, quelle légitimité le pays a-t-il sur la scène internationale ?

Il entretient des relations diplomatiques avec 161 pays, alors qu’en 1948, il n’en avait qu’avec des pays européens et les Amériques. Mais Israël ne pourra obtenir une pleine légitimité qu’en relevant le défi de la paix avec les Palestiniens. Israël est mal perçu par les opinions publiques à cause de la persistance du conflit israélo-palestinien. Son image deviendrait positive si un règlement équitable entre les deux parties était conclu. C’est le plus important et le plus urgent, même si cela semble difficile aujourd’hui.

La légitimité internationale d’Israël, c’est Tsahal et des armes atomiques avant tout. Israël sans armes, c’est comme sur les cartes du Hamas ou du Fatah: ça n’existe pas, ça s’appelle « Palestine ».

Et pour savoir comment l‘Etat « juif » traite la religion juive, il suffit de lire le Jerusalem Post:

The IDF razed a synagogue overnight Saturday which was illegally built on land defined as a « closed military zone » in Hebron, Israel Radio reported on Sunday.

Voilà comment. Tsahal, après avoir évacué de force les Israëliens installés depuis plusieurs décennies à Gaza, rase une synagogue à Hebron. Pour faire une guerre, il suffit d’un seul camp. Pour faire la paix, il faut être deux. Ce n’est pas à Israël de faire la paix.