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Moore: finalement, même Le Monde y voit clair!

Hier j’ai commenté un article du Monde concernant Moore, en voici un second:

Fahrenheit 9/11 est un réquisitoire dévastateur, efficace et parfois simpliste contre George Bush. En 112 minutes, Michael Moore dresse le portrait d’un président qui, après avoir volé son élection, en 2000, utilise les attentats du 11 Septembre pour envahir l’Irak et amputer les libertés civiles. Vendu aux compagnies pétrolières et aux intérêts financiers liant sa famille aux dirigeants saoudiens, il masque les objectifs économiques des guerres d’Irak et d’Afghanistan. Il se sert des alertes terroristes pour effrayer les Américains et les convaincre de chasser Saddam Hussein.

Réquisitoire dévastateur mais mensonger: GW Bush n’a pas volé l’élection, le USA Patriot Act se situe dans la lignée d’un tas d’autres textes liberticides US avec ou sans 11/9, il a été adopté à la majorité y compris par les Démocrates qui auraient pu s’élever contre, les intérêts financiers ce sont des actions dans des entreprises cela ne signifie pas qu’il soit « lié », quant aux objectifs économiques on se demande encore lesquels ils étaient vu que le prix du pétrole est au plus haut, que le fameux « pipeline » que l’on nous promettait en Afghanistan n’est pas construit, que la guerre a coûté 87$ milliard officiellement (et coûte certainement bien plus) etc…

Le film remporte actuellement aux Etats-Unis un succès commercial et politique inattendu. Il a attiré dans les salles de cinéma des millions de spectateurs, galvanisé les démocrates et provoqué des accès de rage dans le camp républicain. Pour autant, la thèse de Fahrenheit 9/11 est-elle construite sur des faits ? George Bush est-il le seul responsable des malheurs américains ? Michael Moore a été souvent accusé dans le passé ne pas trop se soucier de la véracité des faits, voire de les déformer pour servir son propos. Qu’en est-il dans Fahrenheit 9/11 ?

Enfin la bonne question: où sont les faits ? George Bush est-il le seul responsable des malheurs américains ? Ben Laden n’a rien à voir là-dedans, c’est sûr! Je parie que pour Le Monde la réponse est oui…

Des faits vérifiés : Michael Moore affirme que le clan Bush a profité financièrement de ses liens avec les familles princières saoudiennes. Le cinéaste se trouve ici sur un terrain solide. L’ambassadeur de Riyad à Washington, le prince Bandar, n’a pas gagné son surnom de « Bandar Bush » pour rien. L’ancien président George H. W. Bush était, jusqu’en 2003, un conseiller important du groupe Carlyle et servait d’intermédiaire avec les dirigeants saoudiens. Jusqu’en octobre 2001, Carlyle comptait parmi ses investisseurs la famille Ben Laden. Michael Moore consacre plusieurs minutes de son film aux relations entre le président et James Bath, un conseiller financier qui a eu pour clients les Ben Laden, a investi dans une société appartenant à George Bush, Arbusto Energy, et a servi avec le futur président dans la garde nationale au début des années 1970. Ces relations sont prouvées. Cela dit, la famille Ben Laden a officiellement renié Oussama depuis de nombreuses années.

Vous imaginez ça ? Ils avaient des actions dans la même boîte! Si c’est pas une preuve ça! Le prince Bandar est surnommé « Bandar Bush » ? « pas gagné pour rien » ? On aimerait des détails! (note: je n’avais jamais entendu ça…). N’est-ce pas normal pour un ambassadeur d’un pays aussi crucial dans la guerre contre le terrorisme d’être reçu par le président US ? GW Bush doit-il ignorer le régime séoudien ? Quant à James Bath, c’est encore du « untel a servi untel qui a aussi servi untel ». Quelle preuve! Quel lien!
Si Moore montrait Bush et Ben Laden main dans la main, mais il en est très loin: tout ce qu’il a ce sont des liens très indirects, quelques investissements communs entre la famille Ben Laden et la famille Bush…

Des affirmations confirmées : Fahrenheit 9/11 pointe le peu d’attention accordé par l’administration aux alertes de l’été 2001, notamment un rapport de la CIA en date du 6 août annonçant une attaque imminente d’Al-Qaida. Les documents intermédiaires publiés par la commission d’enquête indépendante sur le 11 Septembre ainsi que ses auditions publiques vont dans ce sens. Les conclusions publiées à la fin du mois seront sans doute sévères pour la Maison Blanche. Dans la même logique, Michael Moore affirme qu’au lieu de se soucier du terrorisme islamique, George Bush a passé 42 % de son temps, lors des huit premiers mois de sa présidence, en vacances. Le calcul n’est pas de lui, il a été fait par le très sérieux Washington Post. Enfin, Michael Moore montre les images d’un président incapable de réagir au matin du 11 septembre 2001. Un conseiller vient lui annoncer à l’oreille que l’Amérique est attaquée, il reste pendant sept minutes, pathétique, sur l’estrade d’une école primaire en Floride. Dans un premier temps, la Maison Blanche a expliqué qu’il n’était resté que quelques secondes dans la classe. Elle a ensuite changé de version et reconnu qu’il avait attendu plusieurs minutes avant de rejoindre son entourage « afin de montrer sa sérénité à l’Amérique ».

L’alerte du 6 août annonçant une attaque imminente ???? Bon, il faut encore ressortir cette note: disponible ici. Elle n’indique pas d’attaque imminente, et son contenu est pour le moins flou, vague, inconsistant pour tout dire.
Les documents intermédiaires publiés par la Commission 9/11 (outre le fait que cette commission soit éminement partisane et comprenne un membre à la fois juge et partie…) démentent que le régime de Saddam Hussein ait collaboré directement aux attentats du 11/9, mais pas les contacts multiples, répétés, constants entre l’Iraq de Saddam et Al Qaeda (voir The Connection pour plus d’infos).
Concernant les 42% de vacances: 42-29=13!. Très sérieux WaPo, autant que si votre boss vous affirmait que travaillant 200 jours par an vous avez 165 jours de vacances.
Evidemment, l’hébétude de GW Bush immédiatement après les attentats n’est pas à son honneur, mais bon: il est humain. Dans quel état étiez-vous le 11/9 ?

Une assertion douteuse : Michael Moore déclare que les Etats-Unis ont attaqué les talibans en Afghanistan pour s’assurer que la société texane Unocal puisse construire un pipeline de gaz naturel traversant le pays au bénéfice du vice-président Dick Cheney et de l’ancien président d’Enron, Kenneth Lay. Unocal a en fait abandonné le projet en 1998. Il n’existe pas non plus la moindre preuve que 6 % à 7 % de la richesse des Etats-Unis se trouverait aux mains d’intérêts saoudiens et que les entreprises saoudiennes ont apporté plus de 1,4 milliard de dollars aux Bush.

Heh. Newsweek confirme. Mais ça dérange pas Moore.

La façon dont est décrite l’évacuation des Etats-Unis des membres de la famille Ben Laden le 20 septembre 2001 est également contestable. Il n’y a pas de doutes sur le fait que des Saoudiens « importants », dont des membres de la famille royale, ont bénéficié au lendemain du 11 Septembre d’un traitement particulier. Ils ont été notamment « récupérés » dans tout le pays avec l’aide du FBI, la police fédérale. Mais leur vol de retour ne semble pas avoir eu lieu quand le trafic aérien était suspendu, comme l’affirme Michael Moore. « Il n’existe aucune preuve crédible qu’un tel vol ait décollé des Etats-Unis avant la réouverture de l’espace aérien », écrit la commission d’enquête sur le 11 Septembre. Richard Clarke, ancien responsable du contre-terrorisme des administrations Clinton et Bush, particulièrement critique contre l’actuel président dans son livre Against all Ennemies (contre tous les ennemis), a déclaré publiquement devant la commission d’enquête avoir pris, « seul, la responsabilité d’autoriser ces départs ». « Je ne pense pas qu’il s’agissait d’une erreur, et je le referais », a-t-il ajouté.

La liste des passagers était connu du FBI puisque c’est le FBI qui les a rassemblés… bref encore du pipeau intégral de Moore… dans un film présenté comme un « documentaire », ça fait un peu léger!

Des facilités. Quand Michael Moore interroge Craig Unger, auteur du livre House of Bush, House of Saud ( la maison des Bush, la maison des Saud), devant l’ambassade d’Arabie saoudite à Washington, un membre des services secrets américains vient lui demander ce qu’il fait. Le réalisateur s’étonne ensuite dans son commentaire que les services secrets ne protègent pas des Américains mais des gouvernements étrangers. Or la mission officielle des services secrets américains (Secret Service) est, entre autres, de veiller à la sécurité des diplomates étrangers.

Enfin, les images de l’Irak d’avant-guerre présentent ce pays comme un havre de paix et de tranquillité. On y voit des familles joyeuses, des consommateurs souriants et des enfants faisant voler des cerfs-volants. La réalité de l’Irak de Saddam était tout autre.

Bref ce film contient une sérieuse série d’approximations, de mensonges, de raccourcis, d’omissions, d’amalgames, de conclusions hâtives… Et c’est ça le film qui doit faire perdre les élections à George W Bush ? Ceci dit, moi qui accusait Le Monde de ne pas savoir vérifier quelques faits, voilà que je suis bluffé.Pourquoi continuer alors à soutenir le film de Moore ? Uniquement par anti-bushisme ?

Heil Dieudonné!

Après trois relaxes dans des procès concernant ses divers propos envers les Juifs (oh, pardon, envers les « sionistes »), Dieudonné est plus tranquille, alors il se lâche:

immonde dieudonné

(en meilleure qualité: Dieudonné en SS)

C’est un avant-goût du prochain programme d’Euro-Palestine ?

Yahoo! s’était vu condamner pour la vente aux enchères d’insignes nazis sur son site US alors que Dieudonné peut parfaitement s’afficher en uniforme SS en plein coeur de Paris, cela ne pose pas de problème. Ah, mais c’est vrai, lui a retiré les croix gammées de l’uniforme, la grande différence que voilà! Donc pour ne pas être condamné, remplacez « Juif » par « sioniste » dans vos publications, et enlevez les croix gammées (laissez l’aigle impérial et le reste, c’est bon, c’est la jurisprudence « dieudo »), et tout ira bien. La haine du Juif quand on est Noir c’est toléré. Quand on s’appelle Le Pen par contre, « Durafour crématoire » et hop l’opprobre générale (à juste titre!). S’afficher en SS pour Dieudonné, pas grave. Elle est comme ça la justice en France: justice de race, justice de couleur.

A tous les Juifs de France: souhaitez-vous continuer à vivre en France ?

Les mensonges de Moore

Moore est un menteur professionnel. C’est comme ça qu’il gagne son argent.Aussi, rien de plus normal qu’en France ses films soient très bien reçus: France Info (la voix de l’Etat à la radio) parraine le film, Bertrand Delanoë organise une petite bouffe à l’Hôtel de Ville, les grandes chaînes télés françaises en parlent abondamment… Bien sûr, Le Monde y met son grain de sel dans son édition du 6 juillet:

Après une Palme d’or au Festival de Cannes et un immense succès aux Etats-Unis, Fahrenheit 9/11, de Michael Moore, efficace mais simpliste et parfois démagogique, sort en France.

Efficace comme Leni Riefenstahl, Eiseinstein. Concernant la palme d’Or, lire Zek et Taranne. Démagogique ? Si peu…

En matière de documentaire, les débats, qu’ils abordent des problèmes d’éthique ou de mise en scène, tournent autour de la « bonne place ». Où mettre la caméra, où filmer les témoins, où placer les micros ? Interrogations qui en induisent d’autres : jusqu’où peut aller le cinéma-vérité, jusqu’où peut-on reconstituer le réel, où commence la vie privée ? La prolifération des films prenant George W. Bush pour cible introduit une autre notion, celle du « bon moment ». Jamais, sans doute, une élection présidentielle n’aura été précédée d’un tel afflux de pièces à conviction visuelles mettant en cause l’honnêteté d’un candidat. Parallèlement au constat d’une salubre liberté d’expression, cet événement nous conduit à une réflexion sur le statut de tels réquisitoires.

Un tel afflux égale le « documentaire » de William Karel, spécialiste du mensonge, et celui de Michael Moore, un autre spécialiste! Parler de cinéma-vérité pour des personnages pareils montre le peu de considération que Le Monde a pour la vérité…

De par ses objectifs avoués, son ton de tract, Fahrenheit 9/11 apparaît comme un film militant, voire un film de propagande, ce qui n’est pas une infamie, comme l’ont prouvé Dziga Vertov, Mikhaïl Kalatozov ou Joris Ivens. Quoi qu’en dise le président du jury, Quentin Tarantino, la récompense symbolique obtenue par le film au Festival de Cannes 2004 ne fait que confirmer ce constat. A supposer que ce prix ait été remis pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le fait que Quentin Tarantino et Michael Moore ont le même producteur (Miramax), affirmer, comme le fit l’auteur de Kill Bill, que Fahrenheit 9/11 n’a été couronné que pour ses qualités cinématographiques est soit une preuve d’incompétence, soit un pur mensonge, soit un pied de nez cynique. Montage d’archives télévisuelles et de reportages à la diable, Fahrenheit 9/11 a été couronné pour des raisons politiques. Le style développé par Michael Moore depuis Roger et moi a plus à voir avec le magazine Mad, le ton Karl Zero ou certains films d’investigation destinés au petit écran qu’à ce que le septième art attend d’une création documentaire.

Bref: le style est nul, mais c’est le message politique qui prime. Appréciez le « voire film de propagande« : en avril 75 les journalistes du Monde relataient la libération du Cambodge et la réunification du Viêtnam, la propagande ça les connaît. Aujourd’hui ils ne sont toujours pas capables de distinguer ce qui est propagande de ce qui n’en est pas, ni de vérifier des allégations…

Cela ne veut pas dire que Fahrenheit 9/11 soit un mauvais film, cela ne signifie pas que l’on regarde sans plaisir ce tonique numéro de prêche destiné à peser sur le prochain scrutin américain. Moore commence d’ailleurs par un rappel du vote qui propulsa Bush président au terme d’un décompte des voix relativement trouble, pour ne pas dire frauduleux, ce qui l’amène à projeter les images inédites des élues noires qui se succédèrent au Sénat pour protester en vain contre les irrégularités du scrutin. Il poursuit par une séquence de divertissement où Bush est ridiculisé comme au guignol et affirme qu’entre janvier et septembre 2001 le patron de la Maison Blanche a passé 42 % de son temps en vacances.

Relativement trouble ? Ce sont les tribunaux qui au regard de la loi ont jugé l’affaire. Que va-t-on encore inventer ? Que Bush a acheté les voix ? Que Jeb Bush, alors gouverneur de Floride, a gonflé les urnes ? pour ne pas dire frauduleux car le dire ce serait un mensonge, alors que le laisser entendre et ajouter « frauduleux » pour les crétins qui n’auraient pas compris l’insinuation c’est pas de la propagande ? Où est le fact checking ? Pourquoi passer uniquement des élues noires ? Pour insinuer que GW Bush était soutenu uniquement par des blancs ? Pour faire comprendre aux Noirs qu’ils doivent voter Kerry ? Pro-pa-gan-de.
Oh, notez aussi la perle sur les « 42% de vacances« . 42% ??? Non: GW Bush a passé beaucoup de temps à Camp David, résidence d’été des Présidents US. Est-ce qu’il est pour autant en vacances ? Là encore Le Monde relaye sans vérifier les dires de Moore, en prenant ses distances de façon peu appuyée.

C’est drôle et, brusquement, ce ne l’est plus du tout. Pour figurer les attentats du 11 Septembre, Moore assène la seule idée cinématographique du film : une minute dix secondes d’écran noir. On n’entend que le son. Tout ce qu’il raconte après est effarant, même si l’essentiel de sa démonstration est éventé : le doux passé d’un fils à papa, les liens entre le clan Bush et l’industrie pétrolière texane, les Saoudiens, la famille Ben Laden, qui se retrouve évacuée hors du territoire sans avoir été interrogée alors que tous les aéroports sont bloqués. Comment l’administration Bush a fait croire que l’Irak était la base du terrorisme, comment elle a entretenu un climat de peur dans le pays avec la complicité aveugle des médias, pourquoi les télés ne montrent pas d’images des cercueils rapatriés du Moyen-Orient.

Hé oui! Moore connaît le pouvoir des images aussi quand il s’agit de montrer le 11 septembre dans toute son horreur, les avions qui plongent dans les tours, la fumée noire, les survivants qui agitent un tissu aux fenêtres, les gens qui se jettent dans le vide, les tours qui s’effondrent… donc hop, tout ça, à la corbeille. Il ne faut SURTOUT pas rappeler aux gens POURQUOI il y a aujourd’hui une guerre. Donc juste le son.
Ensuite: l’essentiel de sa démonstration est éventé : le doux passé d’un fils à papa, les liens entre le clan Bush et l’industrie pétrolière texane, les Saoudiens, la famille Ben Laden, qui se retrouve évacuée hors du territoire sans avoir été interrogée alors que tous les aéroports sont bloqués. Evidemment que c’est éventé: Bush est le fils de son père, Kerry est le mari de son épouse (héritière de l’empire alimentaire Heinz, elle est riche à millions), et donc ? Les liens entre la famille Bush et l’industrie pétrolière ? C’est comme de reprocher à un breton d’être proche de la mer… Les Saoudiens ? Forcément, quand on parle pétrole ils sont jamais loins! Quant à la famille Ben Laden évacuée « sans avoir été interrogée » c’est faux, la liste des passagers a été soumise au FBI et certaines personnes ont été interrogées, et les aéroports n’étaient alors plus bloqués… et d’ailleurs c’est Richard Clarke qui a autorisé ce vol, le même Richard Clarke qui accuse aujourd’hui Bush d’avoir été trop tendre avec les terroristes (trop tendre avant, trop dur après… faudrait savoir Messieurs les anti-Bush!).

La tirade sur le « climat de peur » est particulièrement risible: qui n’a pas eu peur, même en France ? Après 3000 morts en un attentat ? Non moi j’ai pas peur. Alors avant le 11/9 Bush n’y allait pas assez fort contre le terrorisme mais après le 11/9 il effrayait les gens avec des menaces factices ???
Pourquoi les télés ne montrent pas les images des cercueils rapatriés d’Iraq ? Et pourquoi les télés n’ont pas montré les dizaines de personnes sautant dans le vide pour échapper aux flammes lors du 11/9 ? Pourquoi ne montrent-elles pas la barbarie du régime de Saddam (voir la vraie torture, avec un lien sur des films de torture réalisés sous Saddam) ? Pourquoi ne montrent-elles pas les décapitations des islamistes ? Les cadavres du Darfour ? Les corps déchiquetés des Madrilènes ?

Tout cela, on le retrouve, entre autres, dans Le Monde de Bush, de William Karel, et en mieux. Ce que l’on voit dans Fahrenheit 9/11 et que l’on ne voit pas ailleurs, c’est comment l’Etat utilise les classes populaires comme de la chair à canons. Ce qui amène Michael Moore à montrer comment les GI enrôlent de jeunes chômeurs sur un parking de supermarché, et à suivre la mère d’un soldat tué en Irak qui vient manifester devant le Capitole.

Là encore, aucun fact checking ? Quelles sont les formations requises pour faire partie de l’armée ? Quel niveau d’éducation ?

Fidèle à son goût du micro-trottoir, Moore aborde des parlementaires pour leur demander d’inciter leurs propres enfants à s’engager. Le moment hallucinant où George W. Bush reste hébété sur une chaise d’école maternelle alors que l’on vient de lui annoncer qu’un second avion venait de percuter une tour du World Trade Center avait déjà été montré. Il acquiert ici toute sa force, son impact accablant, d’être restitué dans la longueur : démonstration par l’image que cet homme est incapable de diriger les Etats-Unis.

GW Bush a-t-il eu la réaction la meilleure ? Qu’aurait-il du faire ? Pleurer ? Enfiler son uniforme ? Filer à toute vitesse… Quand je me suis levé le matin du 11/9, que j’ai vu les tours en feu, je suis resté en état de choc. 3 jours plus tard j’ai pleuré. Ces tours je les connaissais, je les avais visitées plusieurs fois. J’adore New-York. Ces tours faisaient tellement partie de New-York. Et les 3.000 victimes.GW Bush, 3 ou 4 heures après les attaques, prononçait déjà des paroles telles que « we will prevail ». 3 ou 4h après Moore devait faire ses valises dans son appartement à 3 millions de dollars de l’Upper East Side où il réside habituellement à New-York (son autre résidence étant un manoir en bordure d’un lac dans le Michigan…).

Non seulement Michael Moore a réalisé Fahrenheit 9/11 pour le sortir au « bon moment », c’est-à-dire avant l’élection présidentielle, mais il a aussi façonné le film pour qu’il touche et « choque » le « bon public », c’est-à-dire celui « qui vient en drive-in en fin de semaine et mange du pop-corn pendant la séance ». Ce film que Michael Moore préfère appeler « non-fiction » plutôt que « documentaire » s’adresse à un public populaire. Le Michael Moore de Fahrenheit 9/11 est le même que celui de The Big One, qui tendait au PDG de Nike un billet pour l’Indonésie en lui disant : « On part visiter vos usines et les enfants qui y travaillent. »

« Au bon moment », « façonné »: ce ne sont pas des termes marketings, au sens de « pour maximiser les recettes » mais de propagande: pour maximiser l’impact politique. Pourquoi l’appeler « non-fiction » ? Parce que ce n’est pas un documentair, c’est un « documenteur » (ce n’est pas de moi, en anglais ils disent d’ailleurs « crockumentary »).

Rambo antimondialiste, il ne lésine pas sur les moyens pour faire mouche, à commencer par celui de se mettre lui-même en scène en justicier. Effectivement, Fahrenheit 9/11n’est pas un documentaire, c’est un spectacle ravageur, parfois démagogique (voulant typer chacun des pays de la coalition, il montre un vampire pour la Roumanie, un fumeur de joints pour les Pays-Bas) et porté sur le vidéo-gag (image de Paul Wolfowitz, sous-secrétaire d’Etat à la défense, crachant sur son peigne pour dompter une mèche rebelle).

La fin justifie les moyens. A quand un film montrant Kerry tombant à ski, puis se prenant une gamelle en vélo (comme Bush, il est aussi tombé de vélo sauf que Bush est passé sur toutes les chaînes pour cette mésaventure et pas Kerry…) ?

Après le fondamentaliste Passion du Christ de Mel Gibson, où Jésus crie contre ses bourreaux fanatiques, et le Troie de Wolfgang Petersen, qui filme l’assaut des Grecs comme une préfiguration du Débarquement dont on vient de fêter l’anniversaire, Fahrenheit 9/11 est un nouveau symptôme de la façon dont le cinéma américain pratique le spectacle comme un art de la dénonciation des axes du Mal.

Et hop: Bush fait partie d’un axe du Mal, renvoi dos-à-dos Bush/Ben Laden, la cerise sur le gâteau.

Note:
Pour tout savoir sur Moore, voir le dossier Moore de la Page Libérale, collection de lien sur Moore.
Pour 9/11: Farenheit Fact, un blog dédié à Farenheit 9/11.

GPSC: terroriste en Algérie, innocent en France ?

Le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat, GPSC, tue en Algérie depuis des années. C’est un groupe terroriste, probablement affilié (en contact / en coopération) à Al Qaeda. Voilà ce que j’ai entendu ce matin sur France Info ou RMC, dans un flash info:

[début inaudible]GPSC a revendiqué hier un attentat à la voiture piégée ayant fait trembler la capitale algérienne.
En France, les deux islamistes jugés pour le passage à tabac d’Abderrahmane Dahmane, président du Conseil des démocrates musulmans de France ont écopé de six et dix mois de prison. Associés au GPSC, les charges d’ « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et « violences volontaires » n’ont pas été retenues.

Un journaliste n’est pas un juge, donc sans connaissance approfondie des pièces du dossier, des faits exacts reprochés, etc, donc les deux condamnés ne faisaient peut-être pas parti du GPSC, toujours est-il que la juxtaposition des infos et leur formulation laissent à penser qu’en France le GPSC n’est pas considéré comme un groupe terroriste. Anecdotique ou symptomatique ?

Voici la dépêche AP sur l’affaire:

mardi 6 juillet 2004, 21h52
Six et dix mois d’emprisonnement contre deux islamistes

PARIS (AP) – Le tribunal correctionnel de Paris a condamné mardi à six et dix mois d’emprisonnement deux islamistes radicaux, jugés pour avoir frappé le président du Conseil des démocrates musulmans de France (CDMF) aux abords d’une mosquée parisienne en décembre 2002.

La 16e chambre du tribunal correctionnel a requalifié les faits d' »association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » et « violences volontaires », pour lesquels Karim Bourti et Ruddy Terranova étaient poursuivis en « violences en réunion ». Ils devront verser solidairement 5.000 euros à la victime.

Le parquet avait requis six ans à l’encontre de Karim Bourti, un Franco-Algérien de 37 ans, et trois ans contre Ruddy Terranova, un Français de 26 ans.

Les deux hommes avaient été interpellés le 26 janvier 2003, veille de la publication de l’ouvrage « Mes ‘frères’ assassins », de l’écrivain algérien Mohamed Sifaoui, fruit d’une enquête sur l’islam fondamentaliste implanté dans la capitale. Ils étaient incarcérés depuis cette date. Ils devaient être remis en liberté dans la soirée.

Dans ce livre, l’auteur décrit certaines planques et habitudes des islamistes radicaux et raconte comment Karim Bourti et Ruddy Terranova avaient passé à tabac Abderrahmane Dahmane, le président du CDMF.

Karim Bourti a été condamné le 12 décembre 2000 par le tribunal correctionnel de Paris à trois ans d’emprisonnement, dont un avec sursis, pour son appartenance au groupe d’Omar Saïki, soupçonné d’avoir préparé un attentat lors de la Coupe du monde de football en 1998.

Un peu de droit

Un petit topo sur la Convention de Genève et les obligations afférentes: via Volokh.

Chronique de l’antiaméricanisme ordinaire

BD parue dans le numéro 545 de 20 Minutes (30 juin 2004):

lapinot WTC

C’est vrai, qui est dupe ? « Les » Américains ne sont pas des victimes, mais des néo-colonisateurs. Le 11/9 ? Un prétexte!

Mensonge de la propagande américaine

Encore des obus chargés au sarin et au gaz moutarde trouvés en Iraq: confirmation de D Rumsfeld.

4 Juillet

Tiens, c’est la fête de l’Indépendance.

FG me transmet ce texte de Mark Steyn:

Mark Steyn, Sunday Telegraph Opinion, 07/07/2002

Jeudi, pour célébrer l’indépendance des États-Unis je l’ai célébrée, moi aussi, l’indépendance des États-Unis ; pas seulement vis-à-vis du Roi George III mais aussi vis-à-vis du reste de ce qui passe pour le monde civilisé. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur n’importe quel journal européen pour se rendre compte que l’Amérique est le mouton noir du monde occidental, et qu’elle l’est toujours davantage depuis le 11 septembre.

Personnellement, rien ne pourrait me faire plus plaisir. Je suis ravi que les États-Unis ne marche pas au pas de, disons, la Belgique. Non que je sois « belgeophobe ». Si les Belges veulent soutenir la Cour Pénale Internationale, garder Saddam au pouvoir jusqu’à ce que son arsenal nucléaire soit prêt à l’envol et continuer à subventionner les versements de Yasser Arafat aux familles des kamikazes, faites donc, vous êtes un pays indépendant.

L’ennui c’est que, du côté européen, c’est l’idée même d’indépendance qui est en cause. Ce qui Reste de l’Ouest ne conteste pas tant les positions de l’Amérique que son Droit d’en prendre une. C’est tellement « unilatéraliste » ‹ ce qui , quand on y réfléchit, qu’un autre mot pour dire « indépendant ». Lorsque vos positions sont aussi indépendantes du consensus mondial que celles de M. Bush alors il faut que vous soyez ‹ dites-le tous ensembleŠ « arrogant ». Ou en tous cas c’est ce que nous assurent des types aussi connus pour leur modestie que John Simpson, le libérateur de Kaboul, et l’anonyme que celui-ci interviewait la semaine dernière dans le Telegraph, le « haut fonctionnaire britannique » qui se plaignait de l' »arrogance » du Président tout en le décrivant comme un « ours avec très peu de cervelle ».

On a de la peine pour Sir Hugh Sless-Auld-Ffarquahar, GCMG [Grand Cross of the Order of Saint Michael and Saint George], ou Tartempion, ou qu’importe. À l’évidence, la présidence des États- Unis n’a jamais attiré de talents du même calibre que le Vice-Sous Secrétariat Permanent auprès du Ministère des Parkings Publics. Cependant, je me demande si c’est tout à fait la meilleure manière de faire en sorte que la voix de la Grande-Bretagne se fasse entendre à Washington. Ce dont se plaint Fat-Ffarquahar est que M. Bush ait osé « dire aux Palestiniens qui ils devraient ou ne devraient pas avoir pour chef ». Or, ce n’est pas exactement ce qu’a dit le Président et en fait, c’est l’Euro-élite qui explique aux gens pour qui ils peuvent ou ne peuvent pas voter. En février, Louis Michel, Ministre belge des Affaires étrangères, parlant au nom de l’UE, ne menaçait-il pas l’Italie de sanctions si elle votait pour la Ligue du Nord d’Umberto Bossi ? À cela rien d' »arrogant », paraît-il.

En d’autres termes, les Michels et les Pattens et les Fat-Blablaths sont un exemple de ce que les psychologues appellent le déplacement. M. Bush est un gars poli, un modeste. Il parle doucement parce que c’est lui qui a le plus gros bâton du monde. À l’inverse, la voix des Européens se fait toujours plus aiguë parce que leur baguette est plus minuscule encore que le pénis notoirement grêle d’Osama ben Laden. S’ils voulaient, ils pourraient faire que leur baguette soit un peu plus grosse, en dépensant davantage pour leur défense. Mais c’est ce qu’ils ont consciemment choisi de ne pas faire : comme le disait Paavo Lipponen, Premier ministre finlandais, lors d’un récent discours à Londres :

« l’UE ne doit pas devenir une superpuissance militaire mais doit
devenir une grande puissance qui ne prendra pas les armes à toute
occasion pour défendre ses intérêts propres ».

On y perd peut-être un peu dans la traduction mais, si c’est bien ce qu’il voulait dire, alors l’Union Européenne a entrepris un projet de domination universelle vraiment unique au monde, puisque c’est à coup de sermons qu’elle prétend soumettre le reste de la planète. Si on permettait à M. Bush d’en faire à sa tête, cette stratégie de la criaillerie impuissante ‹ grande gueule et pas de culotte ‹ serait démasquée et avec elle ses poseurs.

Cependant, l’Amérique est aussi une anomalie historique : c’est la première superpuissance qui ne soit pas impériale. Elle n’a pas de colonies, et aucun désir d’en avoir. Pendant près de 60 ans, elle a pratiquement seule assumé la défense de l’Occident, tout en créant et en entretenant des structures ‹ l’ONU, l’OTAN, le G 8, qui ne sont là que pour permettre à ses « alliés » de faire comme s’ils étaient sur un pied d’égalité. À la place d' »alliés », lisez plutôt des annexes et dépendances : c’est parce que la charité des États-Unis accorde de généreuses garanties de défense que les États européens ont pu se permettre de gaspiller leurs recettes dans le socialisme médical et autres dépenses sociales extravagantes. La non arrogance de Washington est sans égale dans l’histoire du monde : c’est la puissance américaine qui mate la Bosnie mais c’est le ridicule Paddy Ashdown qui ira se pavaner dans le coin pour jouer les Vice-rois de l’Union Européenne.

Entre-temps, à Washington, on fait les comptes de manière plus posée. L’Amérique sait désormais à quoi il se réduit, le fameux multilatéralisme : après le 11 septembre, l’OTAN a invoqué son fameux Article 5 ‹ une attaque contre l’un des membres est une attaque contre tous ‹ et, alors même que la déclaration sortait des photocopieuses, tout un tas de ces alliés officiels des États-Unis expliquaient déjà que tout cela c’était pour la frime. Ca ne sert à rien de mettre en commun des ressources avec des gens qui n’ont aucune ressource à mettre en commun. Ca ne sert à rien de se rassembler pour former un tout qui est moins que la somme de votre part individuelle.

Si l’Europe trouve cela « arrogant », eh bien qu’elle agisse ! Vous ne voulez pas que Bush renverse Saddam ? Parfait ! Passez donc avec lui un pacte de défense mutuelle. Vous aimez tant que ça Yasser Arafat ? Envoyez votre mythique Force de Réaction Rapide jouer les gardes du corps à Ramallah. C’est ça que font les puissances réelles. En revanche, les fonctionnaires sarcastiques qui lâchent des remarques condescendantes sur les habitants des colonies, ça n’impressionne plus personne. Ce type-là de débat, c’est en 1776 qu’il a trouvé sa conclusion.