Le Monde a parlé

Le Général Petraeus a donc enfin présenté son rapport. Personne ne l’a écouté, ni au Congrès, où les Démocrates avaient décidé avant même qu’il ne s’exprime que l’Iraq est « perdu » et qu’il ne saurait y avoir aucun progrès, ni dans les médias, où la ligne officielle est que l’Iraq c’est le chaos absolu, et que si l’Enfer existait sa capitale serait Baghdad.

Alors que peuvent dire les médias du discours de GW Bush à propos de l’Iraq ? Pas grand chose, ils estiment déjà avoir tout dit, et attendent maintenant la reddition sans conditions de l’Amérique à Osama Ben Laden, ou, à défaut, à Amadhinejad le perse fou. Alors Le Monde se fend d’un énième édito, l’Irak sans cap:

George Bush a démontré, une nouvelle fois, jeudi 13 septembre, dans son discours à la nation américaine, qu’il n’a aucune stratégie sur l’Irak. Ni pour une « victoire » (le mot a disparu du langage officiel) ni pour un « retrait » militaire, pourtant au coeur du débat depuis la victoire démocrate au Congrès fin 2006. M. Bush évoque un « retour après succès » (return on success), formule qui ne peut que laisser perplexes tant les Américains que les Irakiens.

Aucune stratégie ou Le Monde est incapable de lire le transcript du discours de GW Bush ?

The premise of our strategy is that securing the Iraqi population is the foundation for all other progress. For Iraqis to bridge sectarian divides, they need to feel safe in their homes and neighborhoods. For lasting reconciliation to take root, Iraqis must feel confident that they do not need sectarian gangs for security. The goal of the surge is to provide that security and to help prepare Iraqi forces to maintain it.

Apporter la sécurité pour permettre à la politique de prendre le relais, et aux civils de vivre en paix, à l’économie de croître, etc, tout cela grâce au « Surge ».

Au terme de huit mois d’application de la « nouvelle approche » annoncée le 10 janvier, concrétisée par l’envoi à Bagdad du général David Petraeus et d’un renfort de 30 000 hommes, au terme d’une semaine d’intenses débats à Washington – auditions au Congrès du général Petraeus et de l’ambassadeur Ryan Crocker, conférences de presse, discours présidentiel -, M. Bush a donc annoncé aux Américains qu’à l’été 2008 le niveau des troupes en Irak serait revenu à celui de janvier 2007, avant l’envoi de renforts (le « surge »), c’est-à-dire 130 000 hommes.

En quoi consiste la « nouvelle approche » ? Peut-être était-ce là la nouvelle stratégie ? D’ailleurs, pourquoi envoyer des renforts ? Le Monde a-t-il pris le temps d’expliquer dans ses colonnes où était la nouveauté, outre l’envoi de renforts ? Que désormais les forces américaines feraient de la contre-insurrection au lieu de se cantonner dans d’immenses bases et à de grandes opérations ? Que désormais les forces US se dissémineraient un peu partout, au sein de la population si possible, à pied le plus souvent, pour avoir une vision plus fine des évènements, mieux connaître et comprendre la situation, bénéficier enfin d’un soutien plus vaste ? Et éventuellement, de combler les manques de la police iraqienne, notoirement inefficace, quand elle n’est pas gangrenée par Al Qaeda ? Tout cela est certainement trop complexe pour le lecteur français, il ne faudrait pas l’effrayer avec des informations!

Ce n’est pas une surprise, mais c’est une déception. Pas une surprise, car l’absence de vision sur l’Irak, au-delà de la chute de Saddam Hussein en 2003, est patente depuis quatre ans et demi. […]

Pas de vision sur l’Iraq ? Relisons GW Bush:

Terrorists and extremists who are at war with us around the world are seeking to topple Iraq’s government, dominate the region, and attack us here at home. If Iraq’s young democracy can turn back these enemies, it will mean a more hopeful Middle East and a more secure America.

Vouloir implanter une démocratie, ériger l’Iraq en modèle pour ses voisins, proposer une alternative à la haine islamique, pas une vision ? Et GW Bush va plus loin que ça: l’Iraq doit servir à toute la région, parce que la bataille d’Iraq est indissociable du combat général contre les islamistes. On peut se lamenter et regretter les errements US en Iraq, l’improvisation des premiers temps, le manque de fermeté à l’encontre de l’Iran ou de la Syrie, ou pire encore ne pas avoir éliminé Al Sadr, s’être mis à dos certaines tribus plutôt que de les amadouer, faire confiance à un gouvernement central plutôt qu’aux instances locales… mais regretter le manque de vision… à la rigueur, on pourrait blâmer GW Bush pour l’ambition démesurée de vouloir établir une démocratie dans un pays sortant de 40 années de dictature féroce, dévasté par des années de guerre et de privations, parcouru par des lignes de faille ethniques et religieuses…

[…] Pas une surprise, car M. Bush paraît incapable de reconnaître, non pas une défaite américaine que nul ne souhaite face à des ennemis tels qu’Al-Qaida, mais au moins la défaite totale de la stratégie mise en oeuvre jusqu’à présent.

Défaite totale de la stratégie sans défaite américaine ? Incohérent.

 […] C’est une déception cependant, car les Américains attendaient du général Petraeus un rapport plus conforme aux réalités de l’Irak.

les Américains attendaient du général Petraeus un rapport plus conforme aux réalités de l’Irak. Traduction: le rapport Petraeus ne sert pas les intérêts des Démocrates, sous-entendu évident: c’est un menteur aux ordres de Bush.

Certes, la violence a diminué à Bagdad, mais la force militaire d’occupation est encore plus présente, et la ville est encore plus divisée, lézardée de murs et barricades, entre quartiers et communautés. Certes, l’insurrection est moins violente dans la province d’Al-Anbar, auparavant berceau de la guérilla sunnite et de ses alliés d’Al-Qaida, mais est-il judicieux, se demandent à raison des experts américains, de livrer armes et dollars à des chefs tribaux qui étaient des ennemis hier et qui peuvent aisément le redevenir demain ?

Tiens donc, il y aurait du mieux ? Même Le Monde doit l’admettre, alors il faut trouver des points négatifs: « la force d’occupation est plus présente« . J’avais oublié cette règle d’or: un soldat américain ailleurs qu’aux Etats-Unis est un occupant… On peut donc encore parler de l’Allemagne occupée, de la Corée du Sud occupée, du Japon occupé, de l’Afghanistan occupé… A ce compte là, De Gaulle a libéré deux fois la France: en 44 (oublions Omaha, un détail…) , et en 66! Bref, si les soldats américains sont plus présents, c’est bien du fait de la « nouvelle approche »: se faire plus visible, se rendre disponible, être au plus près de la population. Quant à apporter une aide militaire aux ex-alliés sunnites d’Al Qaeda, c’est un pari: ils ont goûté au totalitarisme bienveillant d’Al Qaeda et n’y retourneront pas. Maintenant les tribus sont peu à peu incorporées dans les forces gouvernementales, et font donc partie de la solution et plus du problème.

Au fond, M. Bush a décidé de transmettre la guerre en Irak à son successeur. L’enjeu est maintenant que les candidats à la Maison Blanche – tant les démocrates dont les objectifs demeurent flous que les républicains qui se réfugient trop souvent derrière M. Bush et des accents patriotiques de soutien à l’armée – exposent clairement une stratégie pour l’Irak. Ils doivent aussi se prononcer sur l’Afghanistan, le Moyen-Orient, la « guerre contre le terrorisme ». Plus que jamais, ce qu’on attend de l’Amérique, c’est une réflexion, une vision du monde en ce début de XXIe siècle. Autant dire : un espoir.

Ah, si GW Bush avait pu hisser le drapeau blanc et retirer les troupes US d’Iraq, au moins les candidats à sa succession n’auraient pas eu à s’en soucier! Et Le Monde aurait pu écrire de longs articles sur la cruelle défaite américaine, annoncée dans leurs colonnes depuis 2003, sur la trahison du peuple iraqien par l’Amérique, et quelques mois plus tard on pourra voir Tel Aviv en flammes, sous le feu nucléaire iranien. Tout ça par la faute des neocons, incapables de réflexion, de vision. Non, implanter la démocratie dans le Moyen Orient, éteindre l’incendie ravageant le monde islamique en allumant un contre-feu idéologique, tout cela manque de vision. L’alternative: laisser les islamistes renverser le régime d’Arabie Saoudite, celui du Pakistan, s’emparer des 3/4 des réserves pétrolières mondiales, d’armes nucléaires à profusion (par centaines au Pakistan), et rétablir le Califat pour ensuite propager le Jihad dans le Dar Al Harb. Et laisser brûler jusqu’au jour où le conflit se résumera à une liste de villes réduites en cendres.

  1. Bonjour,

    Question sans rapport avec le texte du jour: pourriez-vous m’indiquer si le site Ligue de Défense Juive qui a disparu du Net voici quelques mois a refait surface quelque part sous un autre nom?

  2. Et pourquoi devrais-je le savoir ? Question idiote.

  3. Un peu de politesse n’a jamais fait de tort à personne, que diable!

  4. Désolé, c’est juste que je ne vois pas pourquoi je devrais connaître le site de la LDJ! je n’aime pas qu’on fasse une association systématique « ah il soutient Israël donc… » hé bien non!
    Je soutiens Israël parce qu’Israël est un Etat démocratique face à un tas de plus ou moins dictatures plus ou moins hostiles, une goutte de civilisation dans un océan de barbarie.

  5. « Je soutiens Israël parce qu’Israël est un Etat démocratique face à un tas de plus ou moins dictatures plus ou moins hostiles, une goutte de civilisation dans un océan de barbarie. »

    Ca c’est ce que vous vous obsitnez à croire, mais autant que ses voisins israèl n’est pas un Etat démocrtatique… mais au vus de votre blog, même dans votre tombe vous ne le reconnaitrait pas…

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