Les méchants, c’est Israël

Le Monde ne dévie pas de sa ligne éditoriale, résumée dans le titre de ce billet: « les méchants, c’est Israël »:

Punition collective

Officiellement, l’opération « Pluie d’été » de l’armée israélienne a deux objectifs : la libération du caporal Gilad Shalit, capturé lors de l’attaque d’un poste de contrôle devant la bande de Gaza et devenu otage de groupes armés palestiniens ; la fin des tirs de mortier depuis Gaza contre des villes israéliennes limitrophes.

Ah oui, c’est vrai, les Israëliens sont des menteurs. L’objectif n’est pas de faire cesser l’agression permanente des terroristes contre le territoire d’Israël (celui de 1948!) et au passage de libérer le soldat blessé et kidnappé en territoire israëlien (encore une fois, dans les frontières de 1948). L’objectif est autre, et Le Monde le sait.
Qui pourrait croire que les intentions israëliennes sont simplement de vivre en paix à côté de ses voisins ?

Pour y parvenir, l’armée a mis en oeuvre des moyens inégalés depuis les attaques aériennes sur Gaza en 2003-2004 : bombardement de centrales électriques, de réseaux d’adduction d’eau, de bâtiments publics, de routes, de champs et de vergers, tentatives d’assassinat de dirigeants du Mouvement islamique Hamas, capture d’une soixantaine de ministres et d’élus de ce parti, qui dirige l’Autorité palestinienne depuis janvier.

Note au Monde: on assassine pas des terroristes, on les exécute. Que la sentence ait été rendue par un juge importe peu: un criminel ayant tué peut être tiré à vue s’il n’y a aucune chance de rédemption. Et le Hamas est très clair: Israël ne doit pas exister, et les Juifs non plus. Le Hamas est un parti génocidaire. Toute personne se réclamant du Hamas est donc une cible légitime.
D’autre part, si les Palestiniens ont choisi d’élire le Hamas, c’est qu’ils ont eux-mêmes fait le choix de leur destin. Ils veulent la guerre avec Israël, et maintenant ils l’ont. La guerre doit-elle être indolore pour ceux qui la choisissent ?

ur les quarante morts palestiniens des derniers jours, selon l’ONG israélienne Betselem, les deux tiers étaient des civils, dont plusieurs enfants. Les observateurs relèvent que l’armée pratique aussi, notamment, le passage nocturne à très basse altitude de chasseurs-bombardiers au-dessus des agglomérations. Le bruit du franchissement du mur du son détruit les vitres des maisons et terrorise les habitants. Diverses associations israéliennes de défense des droits de l’homme ont demandé à la Cour suprême d’agir pour que l’armée mette fin à des actes qui apparaissent, selon leurs termes, comme une « punition collective » d’un million et demi d’êtres humains, et pas seulement comme une « opération antiterroriste ».

Les deux tiers sont des civils ? Peut-être parce que:

Ou peut-être parce que les chiffres sont « palestiniens » et qu’ils racontent ce qu’ils veulent, sachant que les médiamenteurs vont les relayer sans remettre en cause les décomptes ?

Les ordres de l’état-major, avalisés par le gouvernement, posent deux types de problème. Le premier est moral et juridique. Israël enfreint le droit international sur l’occupation de territoires et le droit de la guerre, qui proscrivent les punitions collectives de populations. Le bombardement soutenu de bâtiments civils ne peut pas être une réponse à des tirs de mortiers artisanaux. L’indignation d’Israël devant la prise en otage d’un soldat est très légitime, mais elle le serait encore plus si l’Etat juif ne détenait pas un millier de Palestiniens capturés chez eux et emprisonnés, certains depuis des années, sans acte d’accusation ni jugement.

Problème moral et juridique ? Bombardements de bâtiments civils ? Comme les fameux terrains de foot, toujours utilisés pour entraîner les soldats ? Les « ministères », où on planifie les attentats ?
Les attaques contre les infrastructures de base (eau, électricité, ponts) ? Ca ne posait pas problème quand c’était contre la Serbie. Ca ne pose pas problème quand ce sont des terroristes qui se font sauter dans les discothèques, dans les bus. Pourquoi ça pose problème quand Israël fait savoir à ses voisins belliqueux que leurs voies sont mauvaises ? Qu’ils n’arriveront jamais à rien tant qu’ils persisteront dans l’agression ?
Quant aux « mortiers artisanaux », demandez aux habitants d’Ashkelon ce qu’ils en pensent. Combien de centaines de roquettes se sont abattues sur leur ville de puis qu’Israël a « libéré » Gaza ? Car ce ne sont pas des obus de mortier que tirent les palestiniens, mais des roquettes. Sont-elles encore « artisanales » quand ils en tirent 4, 5 voire 10 par jour ? J’ai plutôt l’impression d’une production en série. Et ils vont s’améliorer au cours du temps. Elles vont de plus en plus loin, peuvent porter des charges (explosives) de plus en plus lourdes. Et il y a déjà eu des morts, et il y en aura plus.
Enfin, concernant les prisonniers palestiniens, Israël enferme des terroristes quoi de plus normal ? Laisser un instant penser que les demandes du Hamas sont légitimes ou même basées sur une quelconque once de légalité est parfaitement absurde. Le Hamas cherche la destruction d’Israël. Il faut donc que tous les terroristes soient libérés pour qu’ils puissent recommencer.

L’action en cours est-elle « efficace » ? C’est la seconde question. Un dicton israélien dit : « Ce qui ne marche pas par la force marchera avec plus de force encore. » Le quotidien de référence Haaretz rétorquait, jeudi 6 juillet : « La puissance d’Israël tout comme sa capacité de dissuasion n’ont jamais été endommagés par la sous-utilisation de la force, mais par son suremploi. La détermination et la résistance palestinienne croissent toujours lorsque leur situation empire. »

Toujours le même discours: Israël ne doit pas se défendre, se défendre veut dire renforcer la détermination palestinienne alors que si Israël ne fait rien ils vont se calmer. Ah bon ? Pourtant les roquettes continuent de tomber, les Palestiniens ont élu le Hamas au gouvernement, ils continuent de parader à chaque attentat, ils continuent la propagande à la télé, ils continuent de vouloir la destruction d’Israël et la mort de tous les Juifs.

Croire, comme cela semble être le cas des dirigeants israéliens, qu’une fois brisée, la population palestinienne se détournera du Hamas, et que ce dernier pourra dès lors être lui-même éradiqué, est un leurre politique dévastateur, en premier lieu pour Israël.

On attend toujours un plan alternatif, puisque celui de Sharon, repris par Olmert, était de rendre beaucoup de territoires, de donner un Etat de fait aux Palestiniens, et d’avoir la paix. A peine Gaza rendue, les Palestiniens l’utilisent comme base terroriste.
Alors non, il ne faut pas être naïf: les Palestiniens sont des fous génocidaires, et contre des fous génocidaires il n’y a pas grand chose à faire, à part la guerre. Et si la population entière de Gaza doit vivre à l’âge de pierre pour qu’Israël ait la paix, alors c’est ce qu’Israël doit faire.

  1. Je pense qu’il est particulièrement stupide et méchant de détruire des installations électriques et aquifères civiles, en Palestine comme en Serbie, à moins d’être dans le cadre d’une guerre à outrance, ce qui n’est pas le cas d’Israël. C’est une erreur et un crime de la part du gouvernement Israëlien, et cela ne fera pas avancer le schmilblick.

    Ils auraient bien plutôt dû détruire la télé palestinienne, les QG du Hamas ou du Fatah, et autres lieux de malfaisance. Les infrastructures civiles sont des outils au service de quelque cause que poursuivent les civils. Si on estime que les civils sont les ennemis, ce ne sont pas ces infrastructures mais les civils eux-mêmes qu’il faut exterminer (c’est la position palestinienne, qui a le mérite d’être cohérente). Si on veut ménager une paix future avec ces civils, il faut se garder de détruire leurs infrastructures et s’en prendre aux objectifs ennemis réels.

    Pour le reste des opérations, Israël est dans son droit, et il est d’autant plus dommage que ce droit soit entâché de telles erreurs criminelles que ne manquent pas de souligner (à juste titre, mais en manipulant fallacieusement le contexte) les ennemis de la civilisation.

  2. Je pense que l’erreur des israëliens est due à leur idéologie vitaliste de "la vie vaut plus que tout" (que l’on trouve aussi chez certains libéraux), qui les a incité à chercher une cible immédiate facile qui n’implique pas de mort immédiate. Grossière erreur.

    Parfois, il n’y a pas de cible immédiate facile qui fasse avancer le schmilblick. L’emportement dans une action à court-terme ne remplace pas la persistence dans des actions à long-terme. Et ne répare pas l’absence d’une telle persistence dans le passé.

    Bref, quand le bon coeur l’emporte sur la raison, le mal perdure. Cela semble un bon résumé de la politique israëlienne.

  3. Hé oui Faré t’as raison comme d’hab.
    Mais que faire pour décourager cette population de servir de bouclier humain volontaire des terroristes qu’elle a choisi comme gouvernement ?
    Comment leur faire comprendre qu’ils ne pourront jamais avoir la paix si eux-mêmes décident de faire la guerre ?
    Pourquoi leur épargner les tourments auxquels eux-mêmes choisissent de s’exposer ?

    Comme tu le soulignes il y a vraiment un problème à long terme de la politique israëlienne.
    Dommage, j’avais espoir que la politique esquissée par Sharon tienne: rendre les territoires "occupés", faire du territoire d’Israël un ensemble défendable militairement (en annexant des territoires de facto, unilatéralement), et "symétriser" le conflit.
    Symétriser ça permet notamment de dire que chaque attaque recevra une riposte, en éliminant les structures gouvernementales ennemies (tuer les leaders du Hamas, détruire les centres d’entrainement…), en ripostant à tous les tirs par des ripostes automatiques sur le lieu d’origine (j’insiste là-dessus: Israël doit tirer sur une ville si les roquettes sont tirées de villes, les palestiniens devront apprendre à faire la police eux-mêmes).

    Envoyer les chars de temps à autre pour une opération ciblée et limitée ne me semble pas contre-productif, cela peut faire partie de la politique d’élimination des structures politiques/militaires de l’ennemi.

    Mais bon, personne n’a la solution puisque finalement elle ne peut venir que de l’abandon par les palestiniens de leur désir génocidaire.

  4. Bien sûr qu’il est bon d’envoyer des chars nettoyer la Palestine. A
    mon sens, il ne faut pas "attendre une provocation" pour ça, parce
    qu’il y a déjà pire qu’une provocation, et de façon permanente.

    Le problème là est de s’en prendre à la population civile en tant que
    telle, et de s’en faire une ennemie plutôt qu’une amie — et donc
    d’accepter les termes nationalistes/racialistes/collectivistes du
    conflit. Au contraire, Israël devrait prendre le taureau par les
    cornes, et lancer une campagne massive de contrôle des opinions
    arabes: chaînes en langue arabe diffusant une idéologie
    anti-islamique, anti-nationaliste, anti-collectiviste, etc.

    Mais c’est pas demain la veille. Après tout, Israël même n’est pas
    vaccinée contre le socialisme, le nationalisme, etc. — même si elle a
    toujours su résister à leurs formes les plus virulentes.

  5. Et si la population est déjà ennemie ?
    Je ne demande pas qu’Israël massacre les Palestiniens, mais je m’élève contre la stigmatisation tout azimuth d’Israël. Maintenant je pense que détruire le réseau d’eau (et je suis sûr que les infos à ce sujet sont biaisées/déformées/amplifiées) est une aberration.

    Concernant le contrôle des esprits: niet.

  6. "La population" ne peut pas être ennemie — c’est un concept collectiviste. Même si 99% des palestiniens étaient des criminels, cela ne donnerait pas le droit de tirer à vue de façon indiscriminée sur tous les palestiniens. Or, combien même la grande majorité des palestiniens soutient des opinions favorables au crime, la grande majorité d’entre eux n’est PAS criminelle. Enfin et surtout contrairement aux opinions palestiniennes favorables à l’extermination des juifs, les israëliens considèrent que la paix et non pas l’attrition est l’issue désirée pour leur conflit (et je mets cela à leur crédit).

    Étant donné ce désir, l’attaque de cibles civiles même matérielles et sans mort directe est non seulement criminelle mais aussi contre-productive. Il n’y a pas de raccourci militaire au conflit. L’action militaire est nécessaire, et le reste sur le long terme, sans que de tels "coups" puissent jouer un rôle positif. Elle n’est pas suffisante. Retourner l’opinion arabe est nécessaire aussi. Et l’action militaire n’y saurait suffire.

    Le mot "contrôle" ne te plaît pas. Soit. L’État israëlien te semble peu propice à la réalisation d’une campagne de propagande dans le bon sens plutôt que dans le mauvais. Soit. Il n’empêche que le conflit israélo-arabe n’aura d’issue que lorsqu’il y aura une télévision en langue arabe diffusant des idées pacifiques — et que cette télévision ne sera pas créée dans une république arabe.

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