Le pouvoir des blogs

Voilà ce que j’écrivais il y a quelques jours:

Internet c’est le cauchemar des gouvernements et des médias. Pensez donc: les gouvernements peuvent souvent exercer un contrôle strict des médias, via des licenses, des subventions (déguisées ou non, via des abonnements massifs d’organismes d’Etat, de tarifs préférentiels pour l’acheminement postal, des impôts allégés pour les porteurs d’une carte de presse…). Les médias quant à eux y voient une concurrence déloyale, anarchique, mais surtout impitoyable, et ils ont raison. Nous sommes la révolution!

Je parlais évidemment des blogs: ils ont fait la différence pour Dean Rather, et maintenant c’est au tour de Eason Jordan de CNN d’en faire les frais: il a tenu des propos ambgüs concernant les relations armée US/journalistes, sous-entendant plus ou moins nettement que des soldats US auraient tiré sur des journalistes de façon délibérée. Après avoir nié les faits, produit des explications peu convaincantes, il a fini par démissionner de son poste.

Cette nouvelle démission montre bien l’importance qu’ont désormais acquis les blogs aux USA. Là-bas ils forment un réel contrepoids aux médias traditionnels, en se situant principalement sur le terrain de l’analyse, l’édito, l’opinion. Les blogs mettent en perspective, recoupent les sources, traquent les incohérences, tout cela avec une puissance phénoménale car basée sur une masse de gens dont certains se révèlent être justement le spécialiste du sujet du jour… Etil y a aussi dans la collecte brute d’information que les bloggers font de l’ombre aux « MSM » (mainstream media): il y a des dizaines de bloggers iraqiens, et autant de « milblogs » de militaires US déployés en Iraq (et ailleurs) par exemple. Pour savoir ce qui se passe réellement en Iraq, ce que pensent les Iraqiens, le climat général du pays, rien ne vaut un tour sur les blogs iraqiens plutôt que de regarder CNN!

Evidemment ici en France on en est loin, et ce n’est pas moi (seul) qui y changerait grand chose: la plupart des blogs sont soit tenus par des ados incapables d’aligner plus de trois mots dans un français correct (pensez aux Skyblog), soit issus des médias eux-même (Libé, Le Monde, Nouvel Obs). Il y a malgré tout une petite communauté de blogs libéraux, conservateurs, pro-US, libertariens en France…

Ceci étant dit, regardez comme la démission de Jordan est relatée en France:
Le Monde: Le directeur de l’information de CNN a présenté sa démission:

Eason Jordan était une personnalité respectée au sein de CNN, chaîne qu’il avait rejointe en 1982.

Le directeur de l’information de la chaine de télévision américaine CNN, Eason Jordan, a annoncé vendredi soir 11 février sa démission, après des remarques qui lui ont été prêtées sur la responsabilité de soldats américains dans la mort de journalistes en Irak.

Eason Jordan n’a rien dit: ce sont des propos qui lui ont été prêtés. Pourquoi démissionner alors ? Parce qu’il y avait un flou, ce qu’il admet lui-même:

« Je n’ai jamais voulu laisser entendre que les soldats américaines ont agi de façon délibérée quand ils ont accidentellement tué des journalistes, et je présente mes excuses à quiconque croirait que je l’ai dit ou pensé »

et les blogs là-dedans ?

La controverse a pris de l’ampleur la semaine dernière, plusieurs personnes qui ont participé au forum de Davos racontant chacune leur version, notamment sur des blogs.

Hop, relégués à la dernière ligne… ils ont eu le mot de la fin! Enfin, juste un mot…
Sur Libé c’est pire (logique): CNN casque pour outrage à soldats:

qui peut encore douter du pouvoir de la «blogosphère»? Après avoir fait chuter le présentateur vedette de CBS Dan Rather (coupable d’avoir présenté des documents sur le passé militaire de Bush, qui se sont révélés être des faux), des blogs conservateurs viennent d’accrocher un nouveau trophée à leur tableau de chasse : la tête d’Eason Jordan, directeur de l’information de CNN, dont ils dénonçaient de récents propos sur l’Irak. La polémique gagnant peu à peu les médias traditionnels, Jordan a décidé, samedi, de s’excuser et de démissionner

Au moins Libé ne passe pas complètement au travers du sujet! Sauf que les blogs « conservateurs » (Charles Johnson, Glenn Reynolds et d’autres se déclarent démocrates, d’autres libertarians, d’autres conservateurs) ne sont pas des lynch mobs, à la recherche de la prochaine victime.

Sa démission, et la polémique qui l’a précédée, s’inscrivent dans une guerre plus vaste engagée par les conservateurs contre la chaîne du groupe Time Warner. CNN n’est pas un média foncièrement de gauche, mais, pour son malheur, sa concurrente est Fox News, le phare idéologique de la droite américaine.

CNN n’est pas foncièrement de gauche, mais non, pas plus que ABC CBS et les autres. Il n’y a pas de media bias, et Libé n’est pas de gauche non plus. D’ailleurs Le Monde est pro-américain selon un de mes collègues!
Et si Jordan a démissionné, c’est la faute d’une grande conspiration de droitistes, alliés à Fox News.

Entre Le Monde et Libé on a les deux facettes de l’information à la française: soit les blogs ont eu un rôle insignifiant, soit c’est une vaste conspiration de droite. Ici aussi on a besoin d’une révolution médiatique.

Du neuf…

J’ai mis en place un système de newsletter automatique, qui envoie les articles de la semaine à votre adresse quand il y a du nouveau sur LMAE. Avec ça plus besoin de passer sur le site, tout arrive dans votre boîte mail:

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N’oubliez pas non plus les fils rss:

D’ici quelques temps, si j’ai du courage, je mets en place les commentaires…

La paix par le dialogue discutée à Munich

On croit rêver:

La paix par le dialogue discutée à Munich

Personne n’aurait pu choisir un thème plus débile que la paix dans le dialogue ? A Munich ? C’est pas si mal choisi finalement…

Le suicide dans la joie

Internet c’est le cauchemar des gouvernements et des médias. Pensez donc: les gouvernements peuvent souvent exercer un contrôle strict des médias, via des licenses, des subventions (déguisées ou non, via des abonnements massifs d’organismes d’Etat, de tarifs préférentiels pour l’acheminement postal, des impôts allégés pour les porteurs d’une carte de presse…). Les médias quant à eux y voient une concurrence déloyale, anarchique, mais surtout impitoyable, et ils ont raison. Nous sommes la révolution!

Voilà donc de bonnes raisons pour que ces deux parties s’allient pour censurer le Net: les médias en répétant sans cesse que c’est un océan de propagande US, de sites pédophiles, nazis, voire LMAEistes, ensuite le ministre annonce la mesure salvatrice, et les mêmes médias le saluent:

« Racisme, antisémitisme, négationnisme, crime organisé, contrefaçon, pédophilie…Des plus exaltants au plus odieux, le développement des usages (d’Internet) ne sera pas sans sûreté », assénait Patrick Devedjian, ministre délégué à l’industrie, mardi 8 février, à l’occasion du lancement du label « Net + sûr ».

Patrick Devedjian va nous protéger avec un label. Il y a quoi là dessous ?

Ce label est apposé sur les portails de certains hébergeurs de contenu en ligne et des fournisseurs d’accès (FAI). Il fait suite à la charte signée le 14 juin 2004 entre ces acteurs et le ministre délégué à l’industrie.
[…]
La charte prévoit quatre engagements. Outre un outil de contrôle parental, le fournisseur d’accès doit aussi proposer des informations d’accès facile destinées à mieux protéger les enfants ainsi que des formulaires pour signaler les abus. Patrick Devedjian a par ailleurs sollicité la mise à disposition pour les parents de solutions informatiques permettant de neutraliser les échanges de fichiers de pair à pair (« peer to peer », ou P2P).

Jusque là c’est relativement inoffensif. Jusqu’au jour où devant le peu d’empressement des méchants pirates le filtrage des P2P sera obligatoire et sous la responsabilité des providers.

Les fournisseurs d’accès auraient pu en rester là, mais non, ils ont devancé l’appel:

En coopération avec ses homologues du réseau Inhope, l’Association des fournisseurs d’accès (AFA) à mis à disposition un site, www.pointdecontact.net, pour informer et traiter « les signalements d’abus », selon Marie-Christine Levet, la présidente de l’association. Sur le site, derrière l’onglet « signalez-le », on trouve un formulaire permettant de dénoncer anonymement des propos tenus par des tiers sur des forums de discussions, par mail ou sur des sites web. Mme Levet a précisé que ce site recevait quelque 4 000 visiteurs par jour et avait déjà transmis « neuf cents signalements » aux autorités policières, sans pouvoir néanmoins donner plus de précisions sur les suites données à ces dénonciations.

C’est beau la France. La liberté d’expression on aime. Alors on balance aux autorités ceux qui ont une opinion différente. Des racistes. Des islamophobes. Des homophobes. Et un jour sur simple signalement les FAIs couperont l’accès aux sites dénoncés, s’ils ne le font pas déjà pour se protéger d’éventuelles poursuites.
Je suis islamistophobe. Je suis communistophobe. J’éprouve un dégoût profond et un mépris insondable pour José Bové. Je ne peux pas voir Tariq Ramadan, ça me met hors de moi un islamiste se pavanant à la télé. Je hais Ben Laden. De la haine, oui. Quelle bête immonde je suis! J’éprouve de la haine pour quelqu’un que je ne connais même pas, qui ne m’a fait aucun mal! Et j’ose le dire en public. LMAE est un puit de haine! LMAE deviendra indisponible un de ces jours en France: incitation à la haine.

(note: haïr quelqu’un qui veut votre mort est normal. C’est sain. C’est un réflexe de survie. Les authentiques racistes haïssent sans raisons, et c’est ce qui fait d’eux des racistes: le fait qu’ils n’ont pas de motifs pertinents pour en vouloir à toute une population. Les socialistes souffrent de la même tare mentale: ils persécutent les riches, les patrons, les propriétaires, et puisqu’il ne reste pratiquement plus aucune de ces 3 catégories ils s’en prennent maintenant à tout le monde.)

Malheureusement nos KGBistes ne veulent pas en rester là:

Le réseau des réseaux ne connaissant pas de frontières, la bonne volonté des FAI français et même de l’Union européenne restera insuffisante contre la propagation de contenus attentatoires à la dignité humaine. « De nombreux sites incriminés sont hébergés en Russie. Amenons les pays de l’Europe de l’Est a engager un politique active », invite Stéphane Marcovitch, délégué général de l’AFA, rappelant par ce biais que pour être efficace, sur Internet, une politique s’engage à l’échelle internationale.

La Russie ne vous a pas attendu, M Marcovitch. Poutine a déjà repris les rênes là-bas, et tout ce qui s’écrit en Russie est d’abord approuvé par le Kremlin. C’est cela que vous souhaitez pour la France ?
Les gens sont contents de payer des taxes. Ils sont heureux de lutter contre le racisme aussi, alors ils applaudiront quand on leur interdira des sites. Il faut contrer la propagande US alors ils payeront pour la « CNN à la française ». Alors ils accepteront toutes les comprimissions avec les pires dictatures, la soumission aux terroristes. Et c’est comme ça pour tout. En France, c’est les moutons vont à l’abattoir tout seuls, avec le sourire. Le suicide, dans la joie.

Après Jénine, Falloujah

Après les mensonges de Jénine, Le Monde voudrait nous apitoyer sur le sort de Falloujah:
Falloujah détruite

Ils sont allés interviewer qui d’après vous pour faire leur reportage ? « Cheikh Taghlib Al-Alousi, président de la Choura, assemblée de dignitaires religieux. » Ouep. Un barbu. Et pas n’mporte lequel, le chef de la Choura de Fallujah, c’est à dire le big boss idéologique des terroristes dans LE bastion islamiste sunnite.Evidemment, de graves atteintes aux droits de l’homme ont été commises par les soldats américains et iraqiens en libérant la ville des vers verts:

La ville aux cent mosquées n’est plus que l’ombre d’elle-même. « C’est une tragédie ! J’en ai pleuré comme un gamin », explique le responsable de la mosquée Hazrah Mouhammedia, qui, depuis la fin des principaux combats, début décembre, est retourné trois fois dans ce qui fut un bastion sunnite.

La seule tragédie c’est d’avoir laissé les clés de ta mosquée à des terroristes, connard. A moins que tu n’en fasses partie, pourriture ? Car à Falloujah une majorité des mosquées servait de dépôt d’armes, caserne, station de tir et autres usages terroristes.

Les larmes lui viennent aux yeux lorsqu’il évoque l’état actuel de cette ville de 400 000 habitants au bord de l’Euphrate. « Pratiquement pas une maison n’a été épargnée. 20 % d’entre elles ont brûlé et au moins 10 % ont été totalement détruites », affirme cet ingénieur, qui dénonce les bombardements massifs des Américains chaque fois que les marines se heurtaient à une résistance.

Car c’est bien connu, les B-52 ont fait à Falloujah ce que les B-29 ont fait à Tokyo! La ville a été rasée sous un déluge de feu: 10% des maisons totalement détruites. 10%. Ce chiffre prête à rire tellement il est faible. 10% c’est une blague quand on pense à Grozny, à Beyrouth, et à toutes les guerres menées par des barbares, ou aux guerres antérieures. L’Armée américaine a encore une fois fait preuve d’une précision incroyable, d’une retenue phénoménale.

Abou Ahmed a vécu l’enfer, retranché dans une mosquée dont les Américains l’ont fait sortir avec quelques autres pour enterrer les morts qui jonchaient les rues. « Il y en avait partout, dit-il, des corps brûlés, décapités, mutilés. Certains avaient encore des ceintures explosives. D’autres avaient été surpris par la mort dans leur voiture. Il fallait faire attention à tout. On les mettait dans des sacs puis dans des camions pour les conduire au cimetière ou les enfouir comme ils étaient, sans les préparatifs d’usage, sur le stade. Ceux qui étaient avec moi n’ont pas résisté, à l’exception d’un Soudanais. »

Pauvre Abou! (au passage, c’est pas un nom de guerre « Abu » en arabe ?) Il a du enterrer les cadavres de ses victimes et de ses amis terroristes, sans respecter la tradition islamique! Ils ont pas eu droit aux 72 vierges alors les gars avec les ceintures explosives ? Question subsidiaire: il faisait quoi l’ami Soudanais dans une ville irakienne bouclée depuis 6 mois par les troupes US ? Il s’y plaisait à Falloujah ? Encore un spécialiste en minarets, c’est bien ça ?

Fallouja est désormais une ville fantôme. Une toute petite partie de la population est revenue, sans doute moins de 20 %, pour la plupart des pauvres qui n’ont pas les moyens de vivre à Bagdad ou n’ont pas trouvé de place ailleurs. Ils survivent dans un décor d’apocalypse, au milieu des ruines et des rues barrées ou encombrées de voitures brûlées et de monticules de gravats.

20% des maisons sont détruites, mais la ville est un champ de ruines… peut-être les destructions sont limitées à un quartier précis ? N’attendez-pas du Monde qu’ils vous le disent… et quid des 80% d’habitants qui ne sont pas revenus ? Il doit rester un grand nombre de maisons vides! Pourquoi les 20% qui sont rentrés ne s’installent pas ailleurs ? Pourquoi 80% ne reviennent pas ? Faut-il croire que Falloujah n’était pas tout à fait leur idéal de vie en société ? Que finalement, on est mieux ailleurs ?

Les magasins sont vides, pillés. Les hôpitaux endommagés et fermés. Les écoles et les marchés sont déserts. L’électricité et l’eau commencent à peine à revenir. Les voitures ne sont qu’exceptionnellement autorisées à entrer dans la ville. Les habitants vivent comme des nomades.

Et c’était comment quand plusieurs milliers de jihadistes coupaient les têtes et transformaient ces mêmes hôpitaux en dépôts d’armes ? C’était mieux avant, hein, comme sous Saddam ? Et pour les 80% de gens qui ont choisi de ne pas revenir, c’était mieux avant aussi ? Et pour Margaret Hassan et les otages divers ?

Le Croissant Rouge tente de subvenir aux besoins et des marchands ambulants apportent quelques subsistances dans cette cité meurtrie que les marines continuent d’occuper et de contrôler par de nombreux barrages

Falloujah était une ville occupée. La grande majorité des habitants était opposée aux terroristes. Après les avoir testés, qui voudrait vraiment avoir pour voisin des gens qui vous interdisent de rire, d’avoir une parabole, et prétendent vous couper la tête pour un regard non islamiquement correct ?
Falloujah est maintenant libéré, comme l’Iraq.

L’armée irakienne s’est installée sur la place centrale et patrouille. Composée essentiellement de chiites et de peshmergas (combattants kurdes), elle écume les maisons, pillant, tirant sur le mobilier, les murs, les appareils électroménagers selon plusieurs témoins de ces scènes. « Ils prennent les ordinateurs et les jettent par terre. Je les ai vus de mes yeux, comme je les ai vus ouvrir les conduites de gaz et mettre le feu. Ils jouent à détruire ce qui ne l’est pas encore », s’indigne un habitant qui ne veut pas donner son nom.

Ce serait crédible si ce n’était l’accusation de détruire ce qui peut être pillé.

Des milliers de familles se sont ainsi installées dans l’attente d’un départ des soldats. Toute une ville en exil réclame de pouvoir retourner dans ce qu’il reste de ses murs pour pouvoir reconstruire ce que la guérilla avait transformé en une place forte salafiste et que les autorités américaines ont réduit par le feu.

Ah, voilà les 80%. Ils attendent la fin de l’exil. Et le retour des coupeurs de tête peut-être ?

Selon les témoins, les moudjahidins ont fui à Mossoul ou ailleurs. Certains, comme des snipers ou des kamikazes, tentent encore quelques incursions dans ce qui fut leur fief. Personne n’y a jamais vu Abou Moussab Al-Zarkaoui, le Jordanien d’Al-Qaida, que les Américains ont toujours localisé à Fallouja.

Ouep, les islamistes, pas les moujahidins, terme que l’on peut réserver à Massoud, sont partis à Mossoul, où ils ont massacré d’autres innocents. Mais Mossoul n’est pas aussi sûre que Falloujah, il y a des Kurdes, des Chiites, et tout est à refaire… les terroristes ont pris une raclée.

« Pour nous, c’est un fantôme. Les Américains l’ont fabriqué parce qu’ils ont besoin de créer un ennemi pour justifier leurs actions », estime Cheikh Taghlib. Opposé aux salafistes, ce dignitaire explique comment il a tenté de sauver sa ville des combats. Il a fait valoir qu’il était inutile d’en découdre, que c’était « un piège tendu par les Américains », qu’il « ne fallait pas combattre les marines comme ils le souhaitaient ». « Nous ne voulions pas la guerre. »Il n’a pas été entendu.

Zarqawi, un fantôme. Comme Ben Laden, une invention de la CIA pour justifier la croisade de Bushitler. Le plus grave dans ce cocktail débile d’auto-hallucination, c’est que des Occidentaux y croient. La culture arabe fourmille de ce genres de théories du complot, toutes plus bizarres les unes que les autres, à tel point qu’un classement des 10 meilleures de l’année dernière ait été compilé, mais ici en Europe ou aux US c’est le signe d’une déliquescence de l’esprit critique, ou peut-être juste une manifestation de l’anti-américanisme qui nourrit jusqu’à certains Américains eux-mêmes

Face à ce champ de ruines, il se demande quand et comment Fallouja pourra renaître de ce chaos. Abou Ahmed est désespéré. « J’aimerais bien que l’on ne voie plus d’Américains, ni ici ni sur toute la Terre, dit-il. Si je pouvais prendre les armes, je le ferais, mais je suis trop vieux et les Américains sont trop forts. Ils vont coloniser l’Irak pendant vingt ans ou plus, car nous avons du pétrole. Je ne sais pas s’ils partiront un jour. »

Si ce n’est pas un appel au génocide des Américains, je me demande ce que c’est… et on ne peut pas mettre ça sous le coup de l’émotion, puisque Abou fait quand même un bon vieux calcul rationnel entre sa capacité à tuer de l’Américain et la capacité du même Américain à le tuer…
L’article du Monde se termine d’ailleurs sur cette citation, à la lecture de laquelle beaucoup de mes compatriotes hocheront de la tête en compatissant avec Abou (mais certains auront même la folie de leurs opinions). Je crois me souvenir qu’il y a quelques jours se déroulait des élections en Iraq, auxquelles ont participé 7000 candidats, et 8 millions d’électeurs. Sans doute un régime fantoche à la botte de l’occupant… au fait Abou, t’es allé voter ? Ce sont des Marines qui t’en ont empêché j’imagine ?

Scepticisme

Je rigole en lisant cet article du Figaro, que je reproduis ici car il n’y a pas d’archives là bas:

La presse européenne sceptique sur l’avenir de l’Irak

(Avec AFP.)
[31 janvier 2005]

Le scepticisme quant à l’avenir de l’Irak dominait largement les commentaires aujourd’hui de la presse européenne après le «succès» qu’elle juge tout relatif des élections dans ce pays toujours «occupé» par des forces étrangères.

L’hommage aux Irakiens ayant défié dimanche les dangers pour se rendre aux urnes, des hommes et des femmes que l’italien Corriere della Sera n’hésite pas à qualifier avec emphase d’«admirables», et la mise en exergue de l’échec des «terroristes» étaient certes quasi unanimes dans les quotidiens.

Mais rares étaient ceux qui, à l’instar du Times de Londres selon lequel «le courage des électeurs irakiens a ouvert un chemin vers la paix» ou du portugais Publico d’après lequel «l’avenir difficile» de l’Irak «se place sous le signe de l’espoir», se risquaient à entrevoir un scénario optimiste pour la suite.

Car, malgré le fait que le peuple a «montré de façon si impressionnante sa volonté de démocratie», souligne l’allemand der Tagesspiegel, l’espoir que le vote de chaque Irakien «soit une voix pour un meilleur avenir» est «assez faible», note son compatriote Sueddeutsche Zeitung.

«Les élections irakiennes n’annoncent pas la fin des problèmes et elles ne justifient pas a posteriori une guerre qui a révélé toutes ses vilenies», ajoute, en Suisse, Le Temps.

Elles «sont une condition nécessaire, mais pas suffisante» pour la démocratie, renchérit chez les voisins italiens le Corriere della Sera, le britannique Daily Mail évoquant, lui, un «succès limité».

Le catalan La Vanguardia va même jusqu’à avertir que «la grande tragédie serait que les élections d’hier ou celles de demain ne servent à rien et que la minorité sunnite se plonge dans une guerre civile avec les chiites pour la plus grande satisfaction du benladisme».

«Aucune solution politique ne pourra être viable ou durable si on marginalise 20% de la population», à savoir les sunnites, met aussi en garde El Mundo, un point de vue proche de celui d’El Pais.

Autre grand journal espagnol, ABC juge «difficile de qualifier ces élections de libres» et il est «naïf de les dire démocratiques, alors qu’elles sont imposées par une puissance occupante», l’Humanité dénonçant pour sa part, de l’autre côté des Pyrénées, une «parodie de démocratie».

«Que les chiites victorieux cèdent à la tentation de la théocratie, les sunnites à la fascination du suicide, les Kurdes à l’obsession de l’indépendance, et tout sera perdu», pronostique, également en France, le Figaro.

«La photo de l’Irak qui sort de cette consultation électorale est celle d’une société divisée dans laquelle chiites et Kurdes fêtent leur accession au pouvoir, tandis que les sunnites ont confirmé leur volonté de rester en dehors», opine la Stampa à Turin, le danois Politiken allant jusqu’à carrément redouter «une nouvelle dictature ou une guerre civile».

Cependant que la presse turque s’inquiète, à l’exemple du quotidien Milliyet, du fait que «les vainqueurs des élections sont les Chiites et les Kurdes», car Ankara craint que des velléités séparatistes de cette dernière minorité ne déstabilisent le sud-est anatolien, où vivent de nombreux Kurdes.

«Ces élections ont pour objectif de créer une apparence de pouvoir légitime (…) qui puisse rendre légitime l’occupation par les Américains et les Britanniques», croit savoir le bulgare Troud, le polonais Gazeta Wyborcza remarquant que, désormais, «une demande adressée aux Américains de quitter le pays permettrait aux nouvelles autorités de se rendre crédibles» aux yeux des électeurs.

Plus pessimiste encore, le quotidien officiel russe Rossiïskaïa Gazeta titre «élections dans le sang : le vote a eu lieu, la guerre continue», le journal d’opposition Nezavissimaïa Gazeta considérant, de son côté, que le vote est «capable de faire exploser l’Irak».

MAIS

Je viens de lire l’édito du Monde sur l’Iraq, et évidemment c’est déjà la fameuse nuance à la française:

Par ailleurs, les terroristes de tous bords ont montré que, s’ils étaient toujours capables d’assassiner sans discrimination civils et militaires, ils n’avaient pas été en mesure d’empêcher l’expression du suffrage démocratique.

40 personnes environ tuées sur 8 millions qui se sont rendues aux urnes ? Ca fait 5 par million. Alors que les rues étaient pleines. C’est une défaite totale pour Zarqawi. Pour lui, c’est le début de la fin.Faudrait peut-être que Le Monde et les autres médias arrêtent de lui donner autant d’importance. Il peut tuer, il peut mutiler, mais ce n’est pas avec son programme de décapitation massive des Shiites qu’il renversera le mouvement initié. Il ne sera jamais qu’une nuisance. Et rien de plus.

Reste à transformer l’essai. Car voter, c’est bien, mais il va désormais falloir rebâtir un pays tiraillé par des forces contradictoires. Les sunnites, minoritaires mais jusqu’à présent dominants, devront être réintégrés dans le jeu politique. Il faudra aussi s’assurer que les Kurdes ne céderont pas à la tentation séparatiste.

Emphasis added comme disent nos amis anglophones. Il y a toujours un « mais ». Imaginez en 45: gagnez la guerre c’est bien mais il faut reconstruire l’Allemagne. En 48: reconstruire l’Allemagne c’est bien mais il faut contenir les Soviétiques. Et ainsi de suite. On pourrait dire la même chose de tout processus. Chaque étape est le prélude de la suivante, mais justement: la suivante ne peut avoir lieu que si la précédente est un succès. Et les élections iraqiennes sont un succès éclatant.

A noter que les détracteurs habituels espèrent secrètement que les élus iraqiens demanderont aux Américains de plier bagage, et que GW Bush mettra au goût du jour leurs théories sur la « stratégie de sortie »:

En attendant, M. Bush a engrangé un succès qui devrait lui permettre de préparer une stratégie de retrait d’un conflit de moins en moins populaire au sein de son opinion publique au fur et à mesure qu’il cause la mort de jeunes Américains et dont le coût déstabilise les finances des Etats-Unis.

Un conflit de moins en moins populaire ? Ah oui d’ailleurs c’est pour ça qu’il a été réélu il y a 3 mois. Ah et puis si l’impact de la présence américaine en Iraq est fort sur le budget du gouvernement des Etats-Unis, au niveau global c’est une paille. L’économie américaine se porte bien, bien mieux en tout cas que l’économie européenne. La paille et la poutre…

L’Iraq au JT

Sur la 2, à 20h12… après le procès de Mickael Jackson. Ils ont tellement de fois ouvert sur les attentats… Et sur tf1 ?
Ah la réaction de Michel Barnier! Il demande à ce que toutes les tendances soient intégrées… lui qui sert un gouvernement qui s’est battu jusqu’au bout pour éviter que ces élections puissent avoir lieu un jour!
Et voilà le présentateur qui annonce la couleur: « un grand pas a été fait MAIS ». J’ai rapidement parcouru Le Monde et c’est la même chose. Bah. C’est déjà bien. Ils ne peuvent pas non plus avouer avoir tort…
Et sur TF1 ? Ah ils ont certainement déjà traité le sujet car quand j’ai pris le journal… heh non! c’est après le désarroi des producteurs de vin (5minutes!) que les élections iraqiennes ont droit de cité!

En tout cas les scènes de liesse étaient bien au rendez-vous, et à la vue de ces images on peut être sûr que la majorité des Iraqiens n’ont pas peur des terroristes, sauf dans les zones sunnites. Le nouvel Iraq est en marche. Si les Sunnites ne veulent pas rester au bord de la route, il faudra bien que des chefs de clan sunnites fassent le ménage et foutent dehors les terroristes… Plutôt que d’insister sur les risques d’explosion de l’Iraq, qui de toute façon étaient connus et bien plus importants d’avril 2003 jusqu’à hier, l’évènement majeur c’est bien qu’il existe maintenant en Iraq une démocratie.

Tollé factice

Je suis au bureau, et lors de la pause de midi, voilà qu’un collègue avale son sandwich de travers en lisant le titre ci-dessous dans Le Monde:

tollé factice

tolle factice2

Avec un titre pareil, il y a de quoi être interpellé! Forcément mon collègue lit l’article, à voix haute, et fait part de ses commentaires personnels: « ah ces salauds de nazis! ils s’en cachent même plus« . Un autre renchérit « il porte pas la moustache et la croix gammée mais c’est le même » (du plein délire Buhshitler…)… Alors que je mets en doute la source de l’info, car je sais bien que Le Monde n’est pas un exemple de fiabilité, en arguant que les propros cités ont pu être tronqués, un troisième collègue rétorque que « pourtant au Monde ils sont plutôt pro-américains d’habitude!« … Bref on nage en plein délire! Le Monde, pro-américain. Yeah, right!.

Alors que mes collègues n’avaient pas encore fini de s’étouffer d’indignation, j’allais faire un tour sur les blogs US… rien sur Instapundit. Rien sur powerline. Rien sur les blogs d’Andrew Sullivan, le Daily Kos et tous les sites de gauche… Un tour par les grands médias ? Aucun gros titre sur CNN, New-York Times, Boston Globe, Philadelphia Inquirer, LA Times… Cette affaire commence à sentir la vilaine exagération du Monde, la citation déformée, bref la manipulation (réussie, cf la réaction de mes collègues): l’article commence non pas sur les propos « scandaleux » du Républican Bill Thomas, mais directement sur les réactions démocrates, et les 3/4 de l’articles sont d’ailleurs consacrés à ces réactions… ce n’est qu’en fin d’article qu’on peut trouver l’objet du « tollé »:

M. McAuliffe réagissait à la réflexion de Bill Thomas, président républicain de la commission des voies et moyens de la Chambre des représentants, qui a estimé dimanche 23 janvier qu' »il faut poser la question de la race : combien d’années allez-vous toucher une retraite, selon votre race ? Et il ne faut pas non plus négliger la question du sexe« , avait-il dit, en référence à l’espérance de vie plus longue dont bénéficient les femmes par rapport aux hommes.

Et qu’en conclut-il, M. Thomas ? Que les Noirs se font avoir dans le système actuel au profit de tous les autres, que les hommes se font avoir au profit des femmes, etc. La solution n’est évidemment pas de moduler la retraite en fonction de critères raciaux ou sexuels, ni financiers ou autres, la solution c’est tout simplement de laisser les gens décider du mode de retraite, de leurs investissements, auprès d’une compagnie d’assurance, en immobilier, en bourse… Mais passons, ce n’est pas l’idée de M. Thomas qui est scandaleuse, c’est le système collectiviste de retraite qui l’est. Ce que propose M Thomas c’est d’équilibrer un peu le système envers des groupes particulièrement désavantagés. Rien de raciste là-dedans. Rien de bien scandaleux, pour les pros de la justice sociale.
Aux Etats-Unis, les « MSM », les mainstream medias, dont les plus gros titres NYTimes, LATimes, WaPo, BoGlobe… etc sont « liberal », c’est à dire à gauche. Idem pour les chaînes télés (NBC/CBS/ABC sont « liberal » même si elles s’en défendent, seule Fox est « conservative »). Si vraiment il y avait qlq chose à hurler contre Bush elles auraient sauté sur l’occasion, comme l’a prouvé le Rathergate en septembre. Et Le Monde a choisi de relayer uniquement les propos des Démocrates, et de ne pas donner la conclusion de Bill Thomas. Le Monde a donné la couverture la plus partiale de ce non-évènement.

Pour en savoir plus sur les propos de M. Thomas et la réforme de la Sécurité Sociale aux USA:

HISTORIQUE

8 millions d’électeurs, seulement 36 morts: les terroristes ont été incapables d’empêcher le bon déroulement du scrutin ailleurs que dans les zones sunnites (Falloujah, province d’Al Anbar).

Je viens de passer sur les sites de journaux français (Libé, TF1, Le Monde, le Figaro…) et même si tous les sites soulignent les violences, aucun ne parvient à trouver un titre vraiment négatif. Je verrai demain mon fidèle 20 Minutes, où sont recopiées quasi-texto les dépêches de l’AFP (un modèle d’objectivité). En attendant, comme le 4 novembre dernier, je savoure.

BRAVO LES IRAQIENS! VOUS AVEZ PROUVE AUX TERRORISTES QU’ILS ONT TORT. LA RESISTANCE, C’EST VOUS!