MiniTruth / Ministère de la vérité

Malgré l’énormité de la faute professionnelle de Dan Rather, Le Monde lui consacre un article pour honorer sa retraite:

La dernière leçon de journalisme de Dan Rather
LE MONDE | 11.03.05 | 15h21

Si les journalistes prennent des leçons auprès de Rather, il ne faut pas s’étonner ensuite du développement des blogs, de la chute de crédibilité des médias, etc… Quant à moi cela ne me surprend absolument pas de la part du Monde, un journal absolument au-dessus de tout soupçon de partialité! (comme tous les journaux français d’ailleurs).

Le présentateur vedette de CBS, Dan Rather, a présenté son dernier journal, mercredi 9 mars, finissant par un mot qui l’a rendu célèbre : « Courage. » Il l’applique aux Américains depuis le 11-Septembre et aux soldats, « à ceux qui sont opprimés, confrontés à des problèmes financiers ou de santé », et aussi « à – ses – chers journalistes dans les endroits où témoigner de la vérité veut dire tout risquer ».

Un message destiné sans doute à Giulana Sgrena, cible des cowboys américains ? Ou aux idiots utiles Chesnot et Malbrunot ?
Les soldats sauront se débrouiller sans les encouragements de Rather, car ils savent bien que les journalistes travaillent contre eux

Reporter pendant plusieurs décennies sur la plupart des conflits, il sait qu’il n’y a pas forcément besoin d’aller loin pour « tout risquer ». Il a toujours pris au sérieux le rôle de quatrième pouvoir de la presse, qui est d’interpeller les puissants. Et ne s’en est jamais privé, se faisant beaucoup d’ennemis.

Sous entendu: moi aussi je risque ma vie!. Il se moque de qui ? Les journalistes ne meurent pas en présentant le JT de 20h, mais dans les prisons iraniennes, aux mains des terroristes islamistes, ou hélas parfois en prenant une balle perdue…
Concernant le rôle du « 4ème pouvoir », je suis assez curieux: interpeller les puissants ? Moi qui pensait naïvement que la presse était là pour rapporter les faits, établir la vérité… Mais quand on analyse le RatherGate, c’est exactement ce qui s’est passé: au lieu de chercher la vérité, Rather a présenté des documents qui ont tout de suite paru extrêmement suspects et qui n’ont pas résisté plus de quelques heures à l’analyse par des bloggers… C’est donc ça l’idéal médiatique ? Et dire que Le Monde ose s’en réclamer, quel aveu!

En 1986 déjà, pendant une semaine, il avait terminé ses journaux par le mot : « Courage. » Une façon de protester alors contre les réductions d’effectifs – plus d’une centaine – dans la salle de rédaction, dont CBS News ne s’est jamais vraiment remise. Avec ce mot, il adresse aussi aujourd’hui un message pour le futur, pour que CBS News – à 73 ans, il va continuer à y travailler comme reporter – ne tombe pas dans « l’hollywoodisation de l’information ».

C’est sûr qu’avec des journalistes à la crédibilité et à l’éthique aussi fortes que Rather les médias deviennent indifférentiables des scénarios de série B hollywoodiens… (notez que Rather touchait des salaires mirobolants, plusieurs millions de dollars par an, alors sa protestation contre le licenciement de quelques lointains collègue… quelle solidarité!)

Depuis la diffusion en pleine campagne électorale, dans l’émission « Sixty Minutes », qu’il présentait, d’un faux rapport sur le service militaire de George W. Bush, ses ennemis ne l’ont pas lâché jusqu’à obtenir son départ.

Il faut peut-être rappeler le contexte: 2 mois avant l’élection, alors que Kerry claironne sur tous les tons qu’il est un héros (et en mentant sans être inquiété plus que ça par les médias US), Rather produit des documents estampillés Texas Air National Guard affirmant que Bush a été « protégé » lors de son service militaire… Et ces documents sont des faux grossiers. Il a fallu quelques heures (je sais, je me répète) pour qu’ils soient identifiés comme faux. Et Rather, avec son salaire à 7 chiffres, ses équipes d’enquêteurs, n’a pas été foutu de le découvrir par lui-même ? Et quelle attitude a-t-il adopté ensuite ? Il a tout nié en bloc!. Il a dit que les documents étaient vrais, que ses contradicteurs ne pouvaient avoir raison puisqu’ils étaient conservateurs, puis que les documents étaient « faux mais représentatifs de la réalité » (fake but accurate: faux mais réaliste)… Bref au lieu de dire « merde j’ai fait une énorme connerie » il a persisté dans l’erreur. A quelques semaines des élections.
Heureusement que cela provoque une réaction. Le contraire serait inquiétant: si les journalistes peuvent mentir et faire pencher la balance d’une élection aussi importante que celle là et s’en tirer, il y a un réel problème de démocratie! Le Monde devrait plutôt faire l’éloge des bloggers, garants de la vérité!

Les républicains les plus conservateurs le haïssent, depuis le début des années 1970, quand il suivait l’actualité de la Maison Blanche sous Richard Nixon, avec lequel il se montra peu clément. En 1988, il s’emporta contre George Bush père, lors d’un entretien très tendu. C’est cette année-là que son journal a perdu la première place.

Oui et c’est en 1970 aussi que sont nés les blogs…

Les talk-shows conservateurs, qui n’ont cessé de gagner en influence, s’acharnent sur lui. Au moins deux sites Internet lui sont consacrés (ratherbiased.com et rathergate.com). Quant à son rival et ami de NBC, Tom Brokaw, il a pris sa défense en dénonçant un « djihad contre Dan Rather et CBS ».

Et pourquoi des talk-shows conservateurs au fait ? Peut-être parce que les médias US, à l’instar des médias européens, sont fortement teintés idéologiquement ? Peut-être parce qu’ils font passer leurs opinions avant la vérité, quand ça les arrange ?
Quand sont nés les deux sites en question au fait ? Ils datent tous les deux du mois de septembre 2004, c’est à dire du RatherGate… Brokaw n’a pas de site « anti-Brokaw » lui… ce n’est donc pas par « haine » que des sites lui sont consacrés, mais bien parce qu’il a commis une énorme erreur, et tenté d’influencer une élection présidentielle en se servant de sa crédibilité (usurpée) de journaliste!

Il a en effet toujours refusé cette image de journaliste partisan : « Je suis indépendant. Quels que soient les gouvernements, ils essaient d’instiller la peur en vous. Si vous avez raison, ils vous attaqueront, vous, le messager, car ils ne peuvent vous attaquer sur les faits »,expliquait-il en octobre. Rien n’efface quarante ans de journalisme. Courage !

Pauvre Rather, victime du gouvernement US! Qu’il aille dire ça aux journalistes assassinés ou emprisonnés en Russie, en Ukraine, en Iran, en Colombie, en Iraq… Et il n’est pas partisan ? Non, du tout, comme l’a parfaitement démontré le rathergate! Et c’est le RatherGate qui a mis un terme à la carrière de Rather, pas le gouvernement US! Par ailleurs les faits dans cette affaire sont accablants. Il suffit pourtant de regarder une simple image pour constater à quel point les faits sont contre Rather… . Mais peut-être que les journalistes du Monde ne lisent pas encore les blogs ? Il est grand temps de le faire.
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Boomerang

L’assassinat de Rafik Hariri a provoqué un retour de flammes contre la Syrie, provoquant les manifestations contre le régime pro-syrien, et sa démission en masse. Sous la pression internationale, le petit Assad a annoncé le retrait des troupes syriennes en l’espace de quelques mois.

Tout cela semble quelque peu inespéré pour beaucoup d’observateurs: après 30 années di’ngérence continue, pourquoi la Syrie quitterait-elle le Liban sans renâcler ? Pas de bain de sang, rien du tout ? Imaginez l’impact en Syrie pour Assad: quelle serait sa crédibilité ? C’est un dictateur. Son pouvoir ne repose pas sur des élections, mais sur la puissance brute, la force. Pour rester crédible, il ne peut pas perdre la face. Ses propres alliés ne doivent pas penser une seule second qu’il se soumet à la pression aussi aisément, ou ils pourraient s’imaginer que c’est un faible

Mais c’est sans compter le jouet d’Assad au Liban: le Hezbollah. Un joli jouet, qui plus est: il peut tuer du Chrétien, du Juif, des opposants… Utile, pour un dictateur: un instrument de pouvoir. Le Hezbollah a donc organisé sa propre manifestation, rassemblant plus de gens que les précédentes. Et le gouvernement Karami a repris ses activités, après un hiatus qui a maintenant toutes les apparences d’un scénario rodé…

Alors, tout est de retour à la normale au Liban ? Non, il y a eu du changement: il n’y a pas eu de coups de feu. Le déterminant ultime, c’est le peuple, pas la puissance de feu: combien de personnes vous pouvez amener dans les rues ? Mais la question de vérité est la suivante: combien de personnes iront voter…
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From now on…

Damian from Pave France asked me to write in english. I’ve been considering for a long time that option, and out of laziness I’ve always pushed back that moment. From now on, I’ll translate most of the posts, from my lousy french to my miserable english.

(feel free to correct my english, which may even be slightly better than my french by the way…)

Préméditation

Giuliana Sgrena a échappé à une tentative d’assassinat d’après elle. Elle avait été mise en garde par ses amis iraqiens pourtant:

Mes pensées sont allées aussitôt à mes ravisseurs qui m’avaient dit de faire attention ‘parce que ce sont les Américains qui ne veulent pas que tu retournes’, des paroles que j’avais jugées superflues et idéologiques

Elle a coûté de 10 à 13 millions de dollars. Sa libération n’a pas coûté la vie qu’à Nicola Calipari, mais très certainement à des dizaines de personne. Comment pensez-vous que les terroristes se financent ? Combien de civils Iraqiens vont perdre la vie au cours d’attentats à la voiture piégée ?

En France l’incident a été traité de façon ambigüe, en laissant une très large place aux propos de G. Sgrena, passant sous silence la version de l’armée US, négligeant de prendre connaissance des procédures d’ouverture de feu (les rules of engagement)… bref du pseudo-journalisme. Encore à l’instant (21h45) sur I-Télé un débat inutile, ridicule sur Sgrena. Pfff…

Le MondeL’Italie unie enterre l’agent secret Nicola Calipari sur fond de polémique sur la fusillade de Bagdad – 07.03.05 | 14h41
Une libération dramatique qui s’est achevée, dira-t-elle, par une « une pluie de tirs », provenant de soldats américains, sur le véhicule qui l’emmenait vers l’aéroport de Bagdad. Bavure ? Imprudence ? la polémique fait rage.
[…]
De son lit d’hôpital, Giuliana Sgrena a démenti la version américaine selon laquelle le véhicule allait trop vite et ne s’est pas arrêté à un contrôle. »Nous roulions normalement. C’est une patrouille, dans un blindé, qui a tiré, sans sommation », confirme l’agent italien qui était au volant, blessé lui aussi.

Les magistrats chargés de l’enquête ont interrogé samedi la journaliste. Le véhicule pris pour cible par les Américains devrait être expédié en Italie et soumis à des expertises balistiques. L’autopsie du corps de l’agent a déjà déterminé qu’il a été tué d’une seule balle dans la tête.

Présentation uniquement du point de vue orienté de G Sgrena, antiguerre depuis le début, anti-américaine depuis toujours, et communiste (donc autorisée à mentir si ça sert la Cause). Une pluie de feu aurait réduit la voiture en miettes, et il ne faut pas être un expert militaire pour le comprendre. Je me souviens avoir lu, en 2003, le récit d’un militaire décrivant comment il a arrêté un camion qui fonçait sur son unité. La puissance des balles permet réellement d’arrêter plusieurs tonnes de métal fonçant à 60km/h. Mais si vous n’en êtes pas convaincu, lisez donc ce témoignage chez Ed Morrissey. Il fait aussi un point sur les rules of engagement, premier point qu’il aurait fallu vérifier: quelles sont-elles ? L’incident Sgrena s’est-il déroulé dans les limites décrites par les ROE ? Mais ce serait trop en demander au Monde.

Libération s’en tire bien mieux:

Selon la version de l’armée américaine, les Marines ont lancé des appels lumineux et fait des tirs de sommations. Mais la journaliste d’«Il Manifesto», opposante de toujours à la guerre en Irak, a déclaré qu’elle pourrait avoir été intentionnellement prise pour cible.

Bien! Mais il y a plus:

Cette absence de communication entre Américains et Italiens explique le drame, estime le «Post». Pour son expert militaire, «l’absence de coordination préalable avec l’unité sur le terrain» est la cause principale de la bavure. «Si nous avions été avertis, nous aurions pu gérer et soutenir cette mission très différemment»

Mais comme il ne faut pas non plus trop en demander, Libé s’amende:

«Des documents de l’armée montrent que la troisième division d’infanterie -l’unité militaire à laquelle appartiennent les troupes responsables de la mort de Calipari- a été impliqué dans d’autres tirs contre des civils», précise encore le quotidien. Selon ces documents, plusieurs soldats interrogés par des enquêteurs militaires ont affirmé avoir tiré sur des civils, tuant des femmes et des enfants, dans des circonstances similaires à celles de vendredi: voiture non identifiée s’approchant d’un barrage militaire.

Ah ces Américains, ces cow boy à la gâchette facile! Au fait, il y a combien de personnes dans une division US ? Quelle est la probabilité pour que ce soit la même unité que les autres fois ? Les soldats en cause ont-ils été condamnés pour non respect des règles d’engagement ?

Dans le dernier paragraphe, Libé cite le New York Times, grand vainqueur de la stupidité médiatique concernant cette triste affaire:

Le New York Times s’en prend lui aussi avec virulence aux errements de l’US army en Irak et dénonce les dangers qui attendent «des milliers d’Irakiens» aux check-points tenus par des soldats américains hantés par la menace des attentats suicides. «Après le scandale des sévices sur les prisonniers d’Abou Ghraib, aucun autre aspect de la présence militaire américaine en Irak ne provoque autant de consternation et de colère chez les Irakiens (…)», écrit le correspondant du journal à Bagdad.

Le correspondant qui ne sort plus de son hôtel par peur des voitures piégées ? Je me demande ce que les Iraqiens préfèrent: des contrôles angoissants et récurrents, ou des explosions aux sorties des écoles.
Mais j’ai un élément de réponse: 8 millions sont allés voter en janvier dernier.

Blogosphère: autocontrôle

Dans mes referers j’ai trouvé ce blog, qui me fait l’honneur de se référer à mon post sur l’affaire Eason Jordan. En conclusion « Miss Tics » se demande:

Un contre-pouvoir, peut-être, mais il est encore bien difficile de démêler le vrai du faux dans la masse d’informations véhiculées sur la Toile…

Alors, la question reste ouverte : doit-on vraiment se réjouir d’être entendu ou craindre une future anarchie?

Cela me donne l’occasion de revenir sur un point très important que je n’ai pas abordé: la qualité de l’information relayée par les blogs. Les informations sur lesquelles se basent les bloggers ne sont ni plus ni moins que celles véhiculées par les médias. Toute la différence est dans l’analyse qui est faite de ces informations… Le pouvoir des blogs réside justement dans le fait qu’il en existe des milliers à commenter l’actualité et que parmi ceux qui s’expriment certains auront des avis éclairés, parce qu’ils connaissent bien un sujet particulier (métier, pays, etc), des sources d’information plus fiables, plus diversifiées…
Cela permet de trier entre les divers blogs, puisque les plus respectés, les plus visités finiront par être sans cesse scrutés, évalués, jugés, et seront sous pression constante de donner de l’info valable, de l’analyse pertinente, sous peine de perdre de leur lectorat, donc toute influence réelle.
Il ne faut pas non plus négliger un autre aspect important: les bloggers sont conscients de former un contrepoids et à la fois un complément aux médias traditionnels, et sans les médias traditionnels les blogs de commentaire d’actu perdraient leur source n°1 d’info, leur source d’inspiration, donc leur raison d’être quasiment, et ils ne tenteront donc pas de supplanter les médias. Et étant donné que les blogs critiquent sans cesse les médias, ils essayent d’abord de ne pas tomber dans les travers qu’ils dénoncent…

Faiblesse

Allemagne: Over 5.2 Million Unemployed: Germany’s Economic Tragedy Continues

the most unpopular government in German history has achieved a new all-time low: Schroeder, who earlier demanded that the German people judge him on his ability to create jobs, currently presides over a nation with over 5.2 unemployed citizens, the highest number since the Nazis came to power during the Great Depression. Right-wing extremists are gaining strength with every passing day, but Schroeder and his party refuse to accept any implication that their failed economic policy is a direct or indirect cause of the re-emergence of German nationalism.
[…]
So what is the SPD’s solution? German exports. Particularly arms sales. Gerhard Schroeder recently visited China and expressed his desire to lift the EU’s arms embargo on the Communist nation. The « Peace » Chancellor is currently on a trip to the Middle East where he is sealing business deals in Saudi Arabia, Kuwait and other dictatorial Arab states. There too, German arms are a best seller. The same German left that can’t get enough of pointing out America’s supposed hypocrisy in supporting Saudi Arabia is busily signing weapons deals with the same government.

France: L’échec de la lutte contre le chômage : il est temps d’ouvrir les yeux LE MONDE | 05.03.05 | 13h50 :

Le gouvernement a vite minoré le franchissement, en janvier, de la barre des 10 % de chômeurs pour la première fois depuis cinq ans. Il veut encore faire croire aux Français qu’à l’automne les choses s’amélioreront. Le pire est peut-être qu’il croit à ses propres mensonges.
[…]
« Les comparaisons internationales indiquent que la majorité de nos voisins réussissent bien mieux que nous, il n’est pas étonnant que le sentiment d’insécurité sociale soit le plus fort en France« , résument Pierre Cahuc et Francis Kramarz (« De la précarité à la mobilité », rapport aux ministres de l’économie et de l’emploi, décembre 2004).

Etats-Unis: La croissance américaine provoque une forte hausse des créations d’emploi:

L’économie américaine a créé 262 000 emplois en février, sa meilleure performance depuis quatre mois, selon les chiffres publiés vendredi 4 mars par le département du travail. Elle est supérieure aux prévisions des analystes, qui attendaient 225 000 embauches nettes.

Dans le même temps, le taux de chômage a augmenté à 5,4 % de la population active, contre 5,2 % en janvier, mais il s’agit aussi paradoxalement d’une bonne nouvelle. Elle montre que des Américains découragés, qui avaient renoncé à trouver du travail, ont à nouveau l’espoir d’en obtenir un. La population active des Etats-Unis atteint maintenant 148,1 millions de personnes, dont 8 millions à la recherche d’un emploi.

Le décalage entre une activité soutenue et la relative faiblesse des créations d’emplois a été tout au long de l’année dernière et de la campagne présidentielle un sujet de polémique. Mais la crainte d’une « croissance sans emplois », conséquence des délocalisations, des gains de productivité et de la prudence des chefs d’entreprise, s’est estompée. Les Etats-Unis ont créé 2,4 millions de postes l’an dernier et près de 400 000 lors des deux premiers mois de 2005.

Comme le note l’article du Monde sur les US il n’y a pas que des motifs de réjouissance: l’Etat américain continue de creuser le trou du déficit, en refusant de couper dans les dépenses (tout en baissant les impôts massivement):

Ces chiffres illustrent les paradoxes de l’économie américaine. Son dynamisme est impressionnant et la croissance est alimentée aujourd’hui de façon relativement saine, par la demande, la production et les embauches, et non par les baisses de taux et d’impôts. Mais, dans le même temps, les déséquilibres ne cessent de prendre de l’ampleur. Les déficits budgétaires et commerciaux ont atteint des niveaux sans précédent et représentent un risque considérable. Mercredi devant le Congrès, Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale (la banque centrale américaine), a mis les parlementaires américains en garde contre un déficit budgétaire (427 milliards de dollars prévus en 2005) qualifié « d’insoutenable ».

La différence de taille entre le continent européen et les Etats-Unis, c’est qu’il faut trouver un « mais » à accoler aux bonnes nouvelles quand on parle des US. En Europe il n’y a pas de mais. Et sans un changement radical de politique, il n’y en aura jamais.

Hmm.

La main de la Syrie ? Voilà qui pourrait fort bien constituer le prélude à des troubles bien plus graves…

Egypte

J’ai fait le tour des journaux français, désespéré de ne pouvoir y trouver de référence sur l’Egypte, où Moubarak a pris une décision historique samedi dernier. C’est finalement en scrutant Libération à la loupe que j’ai trouvé:

Hosni Moubarak a créé la surprise, samedi, en demandant au Parlement égyptien de réviser la Constitution avant le mois de mai, afin de permettre la tenue d’une élection présidentielle multipartite au suffrage universel direct en septembre prochain, au lieu du traditionnel référendum-plébiscite.
Jusqu’alors, le Président était élu par référendum autour d’un candidat unique, proposé par le Parlement. Hosni Moubarak, dont le Parti national démocratique détient plus de 80 % des sièges à l’Assemblée du peuple, a ainsi déjà cumulé quatre mandats de six ans. Lui qui a toujours été seul candidat à sa succession ­ et chaque fois réélu avec plus de 90 % des voix ­ vient donc d’accorder à l’opposition ce qu’elle réclame depuis toujours.

L’article replace même cette décision dans le contexte plus large (Liban, Iraq, Autorité Palestinienne), et cite les « pressions américaines« … du Washington Post! En oubliant de dire que Condoleeza Rice a annulé sa visite au Caire deux jours avant cette annonce. Pas grave. Le lecteur intelligent peut très bien faire le lien: la politique US de démocratisation du Moyen Orient produit quelques résultats.

Bon, maintenant il faut bien dire une chose: ce ne sont que des balbutiements, et les effets d’annonce peuvent très bien n’être que de vaines paroles jamais suivies d’actes. Pourquoi ne pas truquer les élections ? Pourquoi ne pas conserver la plupart des leviers de pouvoir importants ? Il y a toujours des moyens de conserver le pouvoir sans en avoir l’air… Méfiance, mais confiance quand même. C’est un pas dans la bonne direction.

En vrac: MO et Europe

Je pensais faire un 2nd article avec un tas de références sur le Moyen Orient et l’Europe, mais il se trouve que si je veux dormir un jour (il est 3h19 du matin en France), je dois abondonner ce projet.

En vrac:
– en Allemagne, les meurtres d’honneur se succèdent et se ressemblent.
– en France, Chirac insiste toujours pour que le Hezbollah ne soit pas mis sur les listes des groupes terroristes. Le timing ne serait pas bon à cause de la révolution libanaise.
– en France, des proches de Chirac ont publié un texte proclamant que « l’Europe » n’a pas d’identité et ne saurait en avoir (source: Valeurs Actuelles)
– toujours en France, lire cet article de VA sur les Frères Musulmans. Il recoupe ce qu’on sait déjà: les associations « culturelles », grassement financées par l’Etat français, l’Arabie Saoudite etc recrutent…

Au Moyen Orient:
– Ralph Peters insistait récemment sur le fait que la Syrie semble être dirigée par plusieurs factions à la fois: d’un côté on assassine Hariri, de l’autre on livre le demi-frère de Saddam Hussein aux Américains! Bashar Assad est-il en mesure de conserver le pouvoir ?
– au Liban, le Hezbollah laissera-t-il la révolution aller à son terme ? Ne va-t-il pas retourner ses armes contre les Libanais plutôt que l’armée israëlienne ? Pour que les Syriens n’aient pas idée à leur tour de faire une révolution douce le régime baasiste pourrait décider de faire un exemple avec comme bras armé le Hezbollah
– En Egypte, info passée presque complètement inaperçue en France, Moubarak a décidé qu’en septembre prochain il pourrait y avoir des candidats contre lui aux élections présidentielles. Ca n’était jamais arrivé… et il fait cette annonce deux jours après que Condi Rice annule son voyage au Caire en protestation de l’arrestation d’un opposant (journaliste si je me souviens bien).
– en Iran les mollahs fous foncent toujours vers leur objectif atomique. Qui les en empêchera ?
Bill Clinton a déclaré à Davos qu’il se sentait proche de l’Iran, où les Iraniens ont voté 6 fois pour des « liberal » à plus de 70% lors des 6 dernières « élections »… Clinton a pété un plomb ?? Un liberal iranien c’est toujours un mollah fou.
– en « Palestine », la radio officielle a déclaré que la boîte de nuit visée lors d’un attentat récent était un QG de Tashal, cible légitime donc d’après eux, et que l’islamikaze assassin était un shahid.
– toujours en Palestine, des « traîtres » vont être pendus, décapités ou pire. Ils ont « collaboré » avec Israël d’après l’AP.

J’en oublie certainement beaucoup et je n’ai plus le temps d’aller rechercher tous les liens… tout ce que je peux ajouter c’est que les médias français loins d’avoir reconnu les succès immenses enregistrés préfèrent parler de Gaymard, de la vague de froid etc. C’est plus simple que d’expliquer que la stratégie US est en train de fonctionner sous nos yeux.

Fin de la realpolitik américaine

Ces derniers jours l’actualité a avancé à grands pas, à tel point que je n’ai pas pu suivre sur LMAE, et de toute façon les usual suspect US ont déjà tout écrit (Amir Taheri, Victor David Hanson, Glenn Reynolds, Charles Johnson, Austin Bay, Mark Steyn…). Je vais donc essayer de rattraper un peu mon retard avec une série d’articles sur certains sujets que j’ai laissé de côté…

Voilà bien longtemps que la Russie bénéficie d’un free pass, en français d’un passe-droit: tout le monde sait que Poutine écrase les médias, les compagnies privées, a reformé le KGB, pendant qu’il massacre allègrement les Tchétchènes… Heureusement l’Ukraine a réussi à se sortir du giron russe, mais l’influence russe se fait toujours sentir en Bélarus, dans le Caucase (notamment dans le conflit arméno-azéri), et en Asie Centrale.
Mais il y a pire: les récentes ventes d’armes au Venezuela (qui s’enfonce dans une crise silencieuse, et qui se rapproche de plus en plus de Cuba). Encore pire ? Poutine veut maintenant livrer de l’uranium pour faire tourner le réacteur de Bushehr. Et il y a aussi le « geste » de Poutine, qui a effacé 10 milliards de dollars de dette au profit de la Syrie…
Tout ça au motif que la coopération russe contre les terroristes est indispensable, que s’aliéner la Russie aurait gravement gêné la GWOT. En gros, Bush fait une entorse à la stratégie US de démocratisation du monde pour désamorcer le terrorisme et les régimes qui le soutiennent. De la realpolitik, tout le contraire de ce que claironne> sur tous les tons GW Bush.
Voilà pour le contexte du sommet de Bratislava et la situation en Russie.
Et donc que se sont racontés Bush et Poutine ? He bien Bush a dit à Poutine qu’il trouvait la démocratie russe pas franchement florissante, qu’il regrettait amèrement la prise de contrôle des médias en Russie etc. Ca n’a pas plu à Poutine. Mais cela démontre que désormais le temps des passe-droit touche à sa fin (malgré ce que peut en dire le WaPo).