T.e.r.r.o.r.i.s.t.e.s

Dans Le Monde aujourd’hui:

« Sept personnes ont été tuées et 23 autres blessés » dans l’attentat-suicide à la voiture piégée, commis mardi 10 mai dans la matinée, dans la rue commerçante Saadoun, au centre de Bagdad, selon une source du ministère de l’intérieur.

Dans une rue commerçante. Plus loin on peut lire que c’est « au passage d’un convoi américain » qui bien sûr n’a subi aucun dégât de cette attentat. En Iraq la majorité des victimes sont des civils. Les soldats américains ne sont pas invincibles ni immortels, mais ils ont du kevlar, de l’acier, voire même de l’uranium appauvri (blindage des chars) pour se protéger. Et ils ont des armes, des procédures d’engagement, et n’hésitent pas à en faire usage.

Au fait, quand est-ce que les médias cesseront d’appeler ces assassins islamo-baathistes des « insurgés » des « résistants » et autres noms absurdes ?

Barbares

RIP little girl

Major Mark Bieger found this little girl after the car bomb that attacked our guys while kids were crowding around. The soldiers here have been angry and sad for two days. They are angry because the terrorists could just as easily have waited a block or two and attacked the patrol away from the kids. Instead, the suicide bomber drove his car and hit the Stryker when about twenty children were jumping up and down and waving at the soldiers. Major Bieger, I had seen him help rescue some of our guys a week earlier during another big attack, took some of our soldiers and rushed this little girl to our hospital. He wanted her to have American surgeons and not to go to the Iraqi hospital. She didn’t make it

Via Michael Yon.

Le terroriste a préféré faire exploser sa bombe au milieu d’enfants. C’est ce genre de barbare que les médias appellent des « insurgés », des « résistants », ou des « rebelles ». Le délire médiatique continue, à un niveau certes moindre qu’avant les élections, mais toujours aussi orienté: battage autour de « Florence Hussein », des gros titres comme « journée sanglante en Iraq » ou « le chaos et la violence submergent Bagdad », la pseudo-controverse sur la triste mort de Nicolas Calipari, tué à un checkpoint… J’ai vu aussi que Malbrunot avait recommencé à sévir en faisant un tour sur le site du Figaro:

Faute de pouvoir attaquer les soldats américains repliés dans leurs bases, les insurgés accentuent leurs pressions contre les forces de sécurité irakiennes. Hier, trente-deux personnes ont été tuées dans des attaques contre l’armée et la police à Bagdad et dans le reste du pays

Les soldats américains repliés dans leurs bases ? Genre les tuniques bleues dans leur fortin en pays indien ? Pourtant le même Malbrunot, dans la même dépêche avoue que:

De la fiabilité des nouvelles forces de sécurité dépendra en grande partie le départ des troupes étrangères en Irak, réclamé par une majorité de la population.
[…]
Sur le terrain, les Américains marquent toutefois des points, en procédant à des arrestations de «gros poissons» liés à l’insurrection. Après un neveu de Saddam Hussein, Abdel Hadi Jbouri, un chef rebelle lié à l’ancien dictateur a été à son tour appréhendé hier. Il est considéré comme un des leaders de la rébellion à Mossoul (nord). Les coups de filet opérés par les autorités irakiennes permettent de recueillir de précieuses informations, mais la guérilla a pour elle d’être cloisonnée en une multitude de petits groupes.

Mais Malbrunot se trompe: les terroristes attaquent les civils et les policiers iraqiens car ils se font tailler en pièces à chaque confrontation avec des troupes américaines; et la coopération entre les troupes US et les troupes gouvernementales iraqiennes se passe bien puisqu’ils arrivent ensemble à collecter des informations de qualité et à décapiter petit à petit les réseaux terroristes…

Enfin bref, moi je continue mes vacances. A bientôt.

Zarqawi ment, Libé répète

Dans Libération, à propos des attentats aujourd’hui (ou hier) en Iraq:

Recrudescence de la violence en Irak
Au moins 23 morts vendredi dans une série d’attentats à la voiture piégée, au lendemain de la formation du gouvernement intérimaire • Dans un message audio qui lui est attribué, Zarqaoui menace de poursuivre ses attaques contre les forces américaines •

Titre trompeur: quand on lit l’article en entier, un seuldes 23 morts est Américain. Qui est la cible des attentats alors ? Forcément des Iraqiens:

Selon la police, les quatre premiers attentats intervenus dans le quartier nord d’Athamiya, où la rébellion est active, seraient l’œuvre de kamikazes. L’une des voitures piégées a frappé un restaurant bondé de policiers et de gardes nationaux venus prendre le petit-déjeuner. En fin de matinée, une cinquième explosion a visé un convoi de la Garde nationale. A l’arrivée sur les lieux de la police, une sixième voiture piégée a sauté. Cette série d’attentats suicide aurait fait au total 14 morts et 57 blessés, dont 35 civils, selon une source au sein des services de sécurité.

Notez l’usage du terme « rébellion », complètement absurde pour désigner les terroristes. Pourquoi ne pas l’utiliser pour parler des terroristes basques ou corses ? L’essentiel du paragraphe n’est cependant pas là: comme je vous le disais, 0 Américain tué. Je ne dis pas ça pour minimiser les morts, juste pour souligner que le titre choisi est évidemment parfaitement ridicule. Zarqawi ne va pas continuer à attaquer les forces US, pour ça il faudrait d’abord qu’il commence à le faire.
Vous allez me dire qu’il n’y a pas le compte, qu’il manque des victimes ? Soit, je continue:

A Madaïen, à 30 km au sud de Bagdad, «ce sont trois voitures piégées qui ont explosé contre une patrouille de la police, un central téléphonique et près d’un hôpital». Bilan: neuf morts. Selon Reuters, il n’y aurait eu «que» deux voitures piégées: la première explosion visait un barrage de police, la seconde s’est produite aux environs d’un hôpital.

Un poste de police, ok, je comprends: les terroristes veulent déstabiliser le pouvoir, et pour ça attaquer la police a un sens. Mais quid d’un central téléphonique ? D’un hôpital ? Ahh mais la « rébellion » (vocabulaire Libé) n’a pas pour but l’amélioration de la vie des Iraqiens, ni même d’ailleurs la vie des Iraqiens. Et ce faisant, à chaque attentat ils tournent encore un peu plus la population iraqienne contre eux. Ah, et toujours pas de victime américaine.

Jeudi soir, le groupe Ansar al-Sunna a affirmé sur Internet avoir tué six Soudanais travaillant pour une société traitant avec les forces américaines en Irak. Le groupe a diffusé une vidéo montrant les six hommes avant leur assassinat présumé. Par ailleurs à Haouadja, à 200 km au nord de la capitale, un militaire américain a été tué et quatre autres ont été blessés par l’explosion d’une bombe.

Ah, voilà la fameuse attaque, probablement une IED, une mine actionnée au passage d’un convoi US. Une grande attaque, qui démontre toute l’efficacité militaire des terroristes (note: c’est une blague. Dès qu’ils tentent la moindre action d’envergure, ils sont taillés en pièce).

Bref, une fois de plus les crétins journaleux répètent les dires des terroristes sans réellement mettre en perspective. Zarqawi est un homme mort, et le mot de la fin est pour Hokkuto No Ken: il est déjà mort, et il ne le sait pas encore. Ce n’est qu’une question de temps.

Pour quelques barils…

Une très belle illustration de la politique arabe de la France:

Chiran and Khatami

Palais de l’Elysée – le 5 avril 2005.
Le Président de la République, M.Jacques CHIRAC, a reçu le mardi 5 avril, pour un entretien au Palais de l’Elysée, le président iranien, M. Seyed Mohammad KHATAMI.
A cette occason le Président de la République a réaffirmé la volonté des Européens de trouver par le dialogue une solution qui établisse le caractère pacifique du programme nucléaire iranien.

Une semaine plus tard:

VIENNA, April 13 (Reuters) – French President Jacques Chirac has been pushing the EU to drop its refusal to consider letting Iran enrich uranium, despite U.S. and European fears Iran could use enrichment technology for weapons, EU diplomats say.
[…]
“Jacques Chirac … is the one who’s taking the Iranian proposal under consideration,” said an EU3 diplomat, adding the French president had the final say on foreign policy matters.

Source Reuters, via Little Green Footballs.

Lies lies, moore lies

Le point de vue de Télérama sur Bowling for Columbine:

Michael Moore, c’est le bulldozer du documentaire. Quand il tient un sujet, il fonce tête baissée dans la démonstration implacable. Ici il s’attaque à la vente d’armes à feu aux USA. Avec un sens de la dérision et une efficacité décapantes, il fait œuvre de salubrité publique

Démonstration implacable à base de mensonges. Il y en a trop en un seul documenteur pour que je les démonte ici, d’autant que ça a déjà été fait par des dizaines d’autres personnes avec inifiniment plus de talent que moi. Pour commencer, allez sur Moore watch, et suivez les liens. Pour le film de propagande Farenheit 9/11, consultez War, Lies, and Videotape: A Viewer’s Guide to Fahrenheit 9/11.

Viva la revolucion

Plus sur le Venezuela et l’AmSud:
Argentina’s dangerous direction
Venezuela to default?
A clear path to default

Pour quelques barils

Chirac ne trouve décidément pas de dictateur assez dictatorial pour refuser de traiter avec. Dernier exemple en date, Hugo Chavez. Admirez la présentation de la visite par Le Figarose, un modèle de propagande gratuite au service du Quai d’Orsay:

Hugo Chavez en visite à Paris pour resserrer ses liens avec l’Europe

Répondre à la main tendue d’Hugo Chavez pour éviter qu’il se jette dans les bras d’alliés plus sulfureux. Telle est, en substance, la stratégie de Jacques Chirac, qui recevait hier pour la cinquième fois son homologue vénézuélien, en escale à Paris. Les deux hommes se connaissent bien, et s’apprécient. Ils partagent une vision multipolaire du monde, à l’opposé de la conception américaine.

Chirac souhaite éviter à Chavez de sombrer du côté obscur. C’est une blague, évidemment. Chirac est du même côté que Chavez, anti-américain, pro-dictatures diverses (théocraties, autocraties, communistes…) et il accueille un allié et partenaire commercial potentiel pour tout ce que « la France » a à vendre: Airbus, centrales nucléaires, trains. Ce n’est pas un hasard si Chirac a reçu 5 fois Chavez. En a-t-il fait autant pour le président brésilien ou argentin ? Non, bien sûr…

Hugo Chavez se souvient de la condamnation par la France de la tentative de coup d’État à son encontre, en avril 2002, et de la résistance diplomatique menée par Paris contre l’intervention militaire en Irak. Jacques Chirac est sensible aux préoccupations sociales du dirigeant bolivarien dans un pays comptant près de deux tiers de pauvres. Il se félicite aussi des sacrifices financiers consentis par le Venezuela, premier pays pétrolier à adhérer au protocole de Kyoto sur le changement climatique.

Traduction: tous les deux socialistes et anti-américains, ils souhaitent imposer leurs lubies écolos au reste du monde, en commençant hélas par leurs populations déjà durement appauvries par leurs politiques absurdes.

Outre la défense des intérêts des entreprises françaises ­ le pétrolier Total brigue de nouvelles exploitations, et Alstom aimerait obtenir le marché des nouvelles lignes de métro de Caracas ­, Paris est prêt, aux côtés de Madrid, à aider le président vénézuélien à resserrer ses liens avec l’Europe.

Et voilà les motivations de Chirac…

Car, ces derniers mois, Hugo Chavez a surtout investi les échanges «Sud-Sud», mettant à profit les cours exceptionnellement élevés du pétrole (plus de 55 dollars hier) pour mettre sur pied une diplomatie au service de sa «révolution bolivarienne». Caracas a ainsi renoué avec la Libye de Muammar Kadhafi, le Zimbabwe de Robert Mugabe et surtout l’Iran de Mohammad Khatami. Le président iranien est attendu ce jour au Venezuela pour une visite de trois jours.

C’était quoi déjà la justification officielle ? Eviter que Chavez ne se jette dans les bras d’alliés plus sulfureux ? Il manque juste la Corée du Nord et le Soudan et Chavez aura la carte de visite de toutes les pires dictatures du monde.

Afin de moins dépendre des États-Unis, qui représentent 85% des exportations vénézuéliennes de pétrole brut, la compagnie nationale d’hydrocarbures PDVSA a multiplié les accords avec ses homologues chinoises, russes et iraniennes. Le contrat qui sera signé aujourd’hui avec Mohammad Khatami pourrait, par exemple, instituer un commerce triangulaire : Caracas approvisionnerait les clients de l’Iran en Amérique latine et Téhéran ceux du Venezuela en Asie. Ces alliances permettraient à Hugo Chavez de «couper le robinet». PDVSA envisagerait même, selon des rumeurs récurrentes, de se défaire de sa filiale américaine Citgo.

Chavez s’est allié avec les pires ennemis des Etats-Unis et va donc forcer les compagnies US à trouver d’autres fournisseurs de pétrole. Comme ça il va pouvoir faire de fructueux échanges avec l’Iran. Peut-être pour de la technologie nucléaire ? Allez savoir…

Une mauvaise nouvelle pour les États-Unis, déjà ulcérés par la solide amitié nouée entre Hugo Chavez et le Cubain Fidel Castro. Les idées du Lider Maximo et les moyens financiers de celui qui se présente comme son fils spirituel pourraient, selon eux, faire des ravages dans la région. Alors que Chavez multiplie les accords pétroliers avec le Brésil, l’Argentine, et tout récemment l’Uruguay, Washington l’accuse d’aider les mouvements déstabilisateurs. De son côté, le président vénézuélien est convaincu que les Américains veulent l’éliminer à tout prix : «S’il m’arrive quelque chose, on saura qui est le responsable : le président des Etats-Unis, dont le gouvernement a démontré à quel point il était dénué de scrupules. Si George W. Bush parvenait à ses fins, il s’en repentirait aussi vite car le cours du pétrole dépasserait alors les 100 dollars», a-t-il prévenu hier.

Amusant comme Le Figaro lie les accords commerciaux avec les accusations de « déstabilisation »: il n’y a pas de lien, et l’article laisse penser que c’est en tant que concurrent commercial que le Venezuela provoque l’exaspération US. C’est plutôt pour le financement et l’aide apportée aux FARCs en Colombie, l’achat d’armes à la Russie (des Mig 29 récemment, 100.000 AK-47 dont la destination finale est probablement les FARCs)…
L’Amérique Latine va mal, très mal, et il semble que toute l’attention US soit focalisée sur le Moyen Orient et l’Asie. Pourquoi ne pas s’y intéresser aujourd’hui ? Cela éviterait peut-être que ce soit aux Marines d’y intervenir dans une décennie ou deux…

Mise à jour:
Juste quand j’écris sur Chavez, je reçois dans mon mail un article de Times sur le sujet Chávez’s Venezuela prepares for confrontation with the US.
Condi Rice a l’oeil sur Chavez:

Condoleezza Rice, the US Secretary of State, has branded Venezuela a « negative force in the region ». US officials are increasingly worried at what they perceive to be Señor Chávez’s creeping authoritarianism and military build-up, and believe it could destabilise the region. « We are concerned, » said one.

Tant mieux. Son pouvoir de nuisance est énorme. Et lui laisser l’initiative ne ferait que l’encourager. Rêve-t-il d’un « Grand Venezuela » façon « Bolivar », avec un Lider SuperMaximo, à gauche toute ? A quoi bon acheter des armes, encourager les FARCs, se positionner en champion anti-américain ? Il y a bien la mégalomanie, une part de démagogie, mais il y a peut-être bien plus.

Absurdisme

TF1 contamine l'info

Le Qatar, un riche petit pays pétrolier et gazier du Golfe, resté relativement à l’abri de la vague de violences qui déferle sur la région depuis la guerre en Irak, a été samedi soir le théâtre d’un attentat suicide, le premier du genre dans l’émirat. Un Egyptien, au volant de sa voiture piégée, s’est fait exploser à l’entrée du théâtre d’une école britannique à Doha pendant une représentation, tuant un Britannique et blessant 12 personnes, dont des ressortissants étrangers.

Le Moyen Orient était tranquille avant la guerre en Iraq. Un coin peinard, où il fait bon vivre. Un peu comme l’Allier, avec du pétrole en plus. Il ne s’est rien passé là bas depuis 50 ans. Pas de coups d’états sanglants, pas de répressions envers des civils souvent désarmés, pas de guerres civiles, pas de guerres religieuses, pas de guerres tout court… et bien sûr, pas de terrorisme. C’est une découverte récente.
Ah, à ceux qui m’affirmeront que c’est le premier attentat au Qatar (ce qui, ma foi, est possible), et qu’en conséquence c’est une extension grave du terrorisme à un pays jusque là épargné, je leur réponds que le Qatar ne représente qu’une infime partie du MO, en population aussi bien qu’en superficie, et que ce n’était qu’une question de temps avant que les islamistes s’y adonnent à leur activité favorite, tuer des infidèles. La région était déjà à feu et à sang bien avant.

Répétez suffisamment un mensonge…

J’ai entendu souvent dire que « la base de la pédagogie, c’est la répétition« . Hélas, ça marche pour tout type d’information, qu’elle soit à caractère commercial, religieux, politique… les mensonges les plus éhontés peuvent donc circuler aisément pour peu qu’ils soient sans cesse répétés. Il en est ainsi de l’étude publiée par The Lancet, journal médical anglais, sur la mortalité civile depuis Operation Iraqi Freedom en 2003. Cette étude détermine qu’il y a 95% de chances pour que les morts civils se comptent entre 8.000 et 194.000. Cela ne veut pas dire qu’il y en a plus de probabilité qu’il y en ait 8.000 que 194.000, non, cela veut dire que le chiffre réel est à 95% situé entre ces deux extrêmes (voir l’inévitable Instapundit pour de plus amples explications). Ce qui n’exclue pas non plus, à 5% de probabilité, qu’il soit moindre ou plus élevé. Bref, c’est de la poudre aux yeux, d’autant plus que la méthodologie employée pour produire les chiffres soit largement battue en brèche! (voir pour cela les liens de 100.000, notamment Very bad methodology). Je pourrais tout aussi bien clamer que le nombre de morts civils se situe entre 0 et 1.000.000, avec un « intervalle de confiance de 99% » (sans même calculer quoi que ce soit…)!
Et pourtant les médias occidentaux ont tous emboîté le pas, en affichant des gros titres dans le genre « L’invasion de l’Iraq coûte la vie à 100.000 civils« . Pourquoi 100.000 ? Parce que (194.000+8.000)/2=101.000. Arrondissez à 100.000 et voilà un chiffre qui se retient facilement, qui marque les esprits. Il suffit ensuite de le répéter à l’envie. Et le chiffre devient vérité. C’est ainsi qu’il est fréquemment utilisé dans les médias anglophones. Je l’ai aussi trouvé récemment dans Le Monde, jamais en panne de mensonges:

Des experts réclament une enquête indépendante sur les civils tués en Irak
LEMONDE.FR | 11.03.05 | 09h04
Les estimations concernant le nombre de civils tués du fait de la guerre en Irak varient grandement. Alors que les statistiques irakiennes font état de près de 3 300 morts, une étude de chercheurs américains réalisée en Irak en recense près de 100 000.

Autant 3.300 semble peu, car il a suffi de quelques gros attentats pour tuer des dizaines voire des centaines de civils en une seule fois, autant 100.000 représente un carnage continu! 60 civils par soldat US. Un peu si pour chaque soldat US tué, l’armée US rasait un hameau par l’artillerie, une frappe aérienne, ou des chars… bref une force totalement disproportionnée, qui laisserait derrière elle un paysage désolé, des centaines de blessés (car ne pas oublier que pour chaque mort il y a 3 à 10 fois plus de blessés). De quoi alimenter les journaux télévisés non ? Où est sont les images ? Où sont les protestations furieuses des Iraqiens ? Vous imaginez l’impact militaire d’un tel carnage ? Cela pousserait des centaines de personnes dans les bras de groupes de résistants (en face d’une armée qui massacre ses prochains, quel titre donner à ceux qui la combattent ?). Mais ce n’est pas le cas. Les Iraqiens se précipitent massivement aux urnes. Pour élire le gouvernement de « collabos » de « l’armée d’occupation » qui massacrerait autant sinon plus que la police de Saddam en son temps! Et personne au Monde n’a le moindre esprit critique et ne prend la moindre précaution en répétant ce chiffre ?

Un groupe d’experts en santé publique a lancé un appel, vendredi 11 mars, en faveur de l’ouverture d’une enquête indépendante sur le nombre de civils tués en Irak depuis le début de l’intervention militaire américano-britannique. Dans un communiqué publié sur le site Internet de la revue médicale britannique British medical journal, cette vingtaine d’experts originaires de Grande-Bretagne, des Etats-Unis, d’Australie, du Canada, d’Espagne et d’Italie accusent les gouvernements américain et britannique de minimiser le nombre de victimes civiles du conflit.

Bien sûr pour qu’un mensonge passe mieux il faut l’enrober d’un peu de crédibilité: en l’occurence les journaux médicaux anglais (The Lancet et maintenant British medical journal) et quelques chercheurs en panne d’exposition médiatique (et certainement de subventions).

« Nous pensons que le refus conjoint du Royaume-Uni et des Etats-Unis de faire le moindre effort pour connaître le nombre de victimes irakiennes […] est totalement irresponsable« , lancent ces experts, qui estiment que « recenser les victimes peut contribuer à sauver des vies non seulement aujourd’hui mais aussi dans le futur« . Et de poursuivre : « Comprendre les causes de la mort est au cœur des responsabilités de santé publique, nationalement et internationalement.« 

Il n’est évidemment pas du tout dans l’intérêt d’une armée de connaître l’efficacité de ses armes, de ses tactiques, de l’impact sur les populations (au niveau mental). L’armée US n’explore donc certainement pas des tonnes de statistiques, elle préfère raser les villes et Dieu reconnaîtra les siens!

Ils jugent, en outre, inacceptable la pratique suivie par les deux principaux pays engagés militairement en Irak qui consiste à s’appuyer sur les statistiques du ministère irakien de la santé. Selon eux, ces données atténuent la réalité pour plusieurs raisons, notamment parce qu’elles ne prennent pas en compte les douze premiers mois de l’intervention militaire et qu’elles recensent uniquement les morts directement liées aux violences et non aux conséquences sanitaires de la guerre.

Ah les critiques justifiées que voilà: il faudrait bien sûr faire confiance aux journalistes d’Al Jazeera, aux chiffres des terroristes! D’autre part pour les 12 premiers mois l’armée US doit bien avoir ses propres statistiques (et comme d’autres, j’aimerais les voir!). Enfin si l’on se lance dans des considérations de « conséquences sanitaires » et autres, alors il va falloir parler de la mortalité avant l’intervention US.

D’après les statistiques irakiennes, 3 274 civils ont été tués du 1er juillet 2004 au 1er janvier 2005. Les autres estimations non officielles varient grandement.

D’après Iraq Body Count, organisation d’universitaires et de pacifistes recoupant les informations des médias, entre 16 231 et 18 509 Irakiens ont perdu la vie du fait de la guerre.

3274 en 6 mois ? Ca fait 7000/an (en arrondissant), et là le chiffre rejoint à peu près (16.000 en 2 ans) celui du site orienté « Iraq Body Count Project » (qui utilise lui aussi une méthode discutable). Et si les statistiques officielles étaient plus proches de la réalité que l’extrapolation statistique ?

Une étude de chercheurs américains réalisée en Irak fait état, pour sa part, de 98 000 morts liés à « l’invasion de 2003 ». Cette étude, réalisée par le Dr Les Roberts, de l’hôpital Johns Hopkins à Baltimore (Etats-Unis) et ses collègues, avait été publiée en octobre 2004 par la revue médicale britannique Lancet. Ces quelque cent mille civils irakiens, en majorité des femmes et des enfants, seraient morts pour la plupart de mort violente.

Et voilà le recyclage de l’étude bidon! Un carnage de femmes et d’enfants, morts de mort violente! Tous les jours, 150 victimes. Tous les jours, 300 blessés! Sans qu’on en sache rien. Sans qu’un seul journaliste ne tombe sur un hôpital remplit de victimes démembrées ? Impossible.

Pour arriver à ce résultats, les chercheurs avaient comparé la mortalité durant les 14,6 mois précédant l’occupation et les 17,8 mois suivants et avaient estimé à 98 000 le nombre de décès exédentaires, sans même tenir compte de la mortalité dans la région de Fallouja, où sont rapportés deux tiers des décès par mort violente. L’enquête avait porté sur un total de 988 foyers irakiens, répartis dans 33 localités, les données ayant ensuite été extrapolées à l’ensemble du pays.

Le gouvernement britannique a formellement rejetté cette estimation. « Nous continuons à estimer que les chiffres du ministère irakien de la santé sont les meilleurs que l’on peut obtenir dans une situation incertaine, car ils sont basés sur un décompte par tête au lieu d’une extrapolation. Dans le climat d’insécurité actuelle, une recherche plus précise n’est pas faisable », a déclaré un porte-parole du ministère britannique des affaires étrangères.

Pour le professeur Klim McPherson, épidémiologiste à l’université d’Oxford, l’appel des experts en faveur d’une enquête indépendante sur les victimes civiles de la guerre est une réaction aux manœuvres dilatoires du gouvernement britannique à ce sujet. Surtout que selon lui, l’estimation de 100 000 morts semble certes élevée, mais rien n’indique qu’elle soit erronée.

Rien n’indique que l’estimation de 100.000 soit erronnée, sinon le simple bon sens. C’est certainement trop en demander aux journalistes qui ne demandent qu’une chose: croire. Messieurs, on vous demande plus que ça: critiquez, vérifiez, recoupez, et faites sortir la vérité. Faites votre boulot.

Mise à jour:
allez lire That Lancet Study! The one about 100,000 dead Iraqis, notamment les commentaires: tous les arguments y sont.

Pas le temps

Comme souvent je me retrouve avec très peu de temps pour commenter quoi que ce soit, et je suis en retard sur les évènements. J’aurais bien aimé parler de la manifestation incroyable au Liban, car elle m’a franchement rempli de joie: il sera bien difficile de lancer une nouvelle guerre civile, il est impossible de réprimer dans le sang cet élan. Il y a aussi la visite de Chavez à Paris, sur laquelle j’ai un petit article du Figaro délirant et très amusant finalement. Enfin il y a cet aveu complètement incroyable du Monde qui vaudrait de la prison à Le Pen s’il osait prononcer les mots que Le Monde a imprimés:

Manifestations de lycéens : le spectre des violences anti-« Blancs »

Si vous n’avez pas lu l’article, faites le vite avant qu’il disparaisse du site du Monde. Il faut lire ces récits de lycéens tabassés parce que blonds, et les justifications incohérentes des agresseurs racistes (ils sont opprimés, victimes du racisme etc…), et aussi les justifications du sociologue de service!
Je crois bien que c’est la première fois que j’entends parler du racisme antiblanc dans Le Monde. Ce n’est pas un phénomène nouveau pourtant.

edit: j’avais raté cet article, qui contient notamment une perle représentative de l’état de dégenérescence du système judiciaire:

Gare du Nord, ce jour-là, un homme s’est fait dérober sa mallette. Mambi Toumkara et Gora Niang ont été accusés d’avoir fait barrage pour empêcher la victime de partir aux trousses du voleur. « Vous portez préjudice au mouvement lycéen ! », a tonné le président. Mambi Toumkara a écopé de six mois de prison avec sursis, Gora Niang de six mois ferme.

Le crime ce n’est pas le vol, ce ne sont pas les violences, c’est le préjudice au mouvement lycéen. Comme s’ils en avaient quelque chose à foutre. Ce qui les fera changer de métier, c’est une baisse de rentabilité de l’activité criminelle. Par exemple en mettant les armes en vente libre ?