Le grand écart

Sur tf1.fr:

Bush : « Nous sommes en train de gagner la guerre »

Sur Le Monde:

George Bush passe aux aveux et se justifie sur l’Irak et les écoutes

GW Bush n’a rien « avoué »: il prend le crédit politique de ses décisions, celui de la victoire en vue. Maintenant les terroristes ne pourront plus du tout reprendre le dessus en Iraq. Amusant comme Le Monde présente ça…

Embellie de la dégradation

J’étais passé à côté d’un édito proprement génial du Monde, celui de mercredi, sur le thème des élections en Iraq! Le voici, agrémenté de mes commentaires:

Bulletins et bombes | 14.12.05 | 14h01
La bonne nouvelle, c’est que les Irakiens votent, jeudi 15 décembre, pour la troisième fois cette année. Ils ont d’abord élu une Assemblée constituante avant d’adopter une Constitution par référendum. Ils désignent maintenant une Chambre des députés d’où sortira le nouveau gouvernement.Dans un pays qui, à l’ère moderne, a connu des régimes autocratiques au sortir de la colonisation, avant de subir pendant des décennies la dictature de Saddam Hussein, et dans une région où les démocraties ne sont pas légion, la tenue d’élections pluralistes en Irak marque un indéniable progrès.

1/ troisième fois qu’ils votent, malgré les menaces d’attentats apocalyptiques, qui restent à l’état de menaces et n’effrayent pas les Iraqiens. Et en votant ils soutiennent implicitement la prétendue « occupation » de leur pays, puisqu’après tout les institutions actuelles sont issues de la prétendue « invasion »!
2/ la participation est en hausse à chaque scrutin…et elle est plus forte qu’en France pour de nombreux scrutins!
3/ « les démocraties ne sont pas légions » ? En fait dans la région il n’y en a qu’une de vraie démocratie: c’est Israël. D’ailleurs des démocraties fonctionnelles dans les pays musulmans, il y en a peu… quand le peu d’élections ne sont pas dominées par les islamistes d’ailleurs!
4/ « un indéniable progrès », quelle blague! C’était un pari auquel personne ne croyait, du moins dans les médias et les cercles intellectuels agréés… Qu’aujourd’hui Le Monde soit obligé de le reconnaître montre bien l’étendue phénoménale parcourue par l’Iraq depuis 2003… (pour prendre un point de repère, en Allemagne la Constitution a été adoptée en 1949, les premières élections ont suivi la même année)

Malheureusement, les files d’attente d’hommes et de femmes devant les bureaux de vote ne reflètent qu’une des images de la situation irakienne. L’autre réalité, celle qui domine les informations depuis qu’en mai 2003 le président Bush a cru pouvoir proclamer que la guerre était finie, ce sont les bombes, les attentats-suicides, les attaques d’une guérilla dirigée contre les « occupants » américains, leurs alliés étrangers et les représentants civils ou militaires du nouveau pouvoir irakien. George W. Bush a reconnu que cette autre guerre, qu’il n’ose appeler par son nom, avait fait 30 000 morts, dont plus de 2 000 soldats américains.

Après un timide acquiescement d’un « progrès indéniable », Le Monde entreprend de nier ce progrès! Pourquoi les attentats dominent les informations ? Parce que les journaux comme Le Monde préfèrent parler des attentats que des élections. Parce que les télés préfèrent diffuser des cratères fumants et des voitures en feu que des écoliers se rendant à l’école. Voilà pourquoi. Des bonnes nouvelles il y en a, il suffit de ne pas les ignorer. D’ailleurs les Iraqiens ne s’y trompent pas….

Or, pour les Etats-Unis, l’installation à Bagdad d’un régime stable, ayant les apparences de la démocratie à défaut d’en avoir les caractéristiques, est essentielle pour que l’expédition irakienne ne se termine pas par une débandade honteuse.

« Les apparances de la démocratie » ? Et pourquoi donc « apparences » seulement ? Faut-il croire que les Iraqiens ne sont que les dupes des Américains ? Qu’aucun des partis iraqiens n’est indépendant, n’est pas soumis à un contrôle américain ? que les médias ne sont pas libres ? Il est vrai qu’en France on peut donner des leçons de « vraie » démocratie, avec un président élu avec un scrore africano-brejnevien de 82% des suffrages exprimés, avec la belle unanimité médiatique concernant l’Iraq (dénoncée par Alain Herthoghe), l’unanimité pour dénoncer pêle-mêle les OGM, le libéralisme, et pour créer de nouvelles taxes et subventions… Ah et il y a bien sûr l’Union Européenne et sa Constitution: même quand vous votez non, c’est oui! Car le « processus » ne doit pas s’arrêter faute de volonté des « peuples »… nous sommes gouvernés par une aristocratie qui n’ose pas dire son nom, dont les médias sont les serviteurs zélés, quand comme en France ils n’en font pas partie par alliance, au sens propre du terme: Beatrice Schönberg, Christine Ockrent…

Confronté à une opinion de plus en plus sceptique, M. Bush voudrait pouvoir rapatrier quelques boys avant les élections de mid term de novembre 2006. Il ne peut le faire que si les forces de sécurité irakiennes sont en mesure de prendre, au moins partiellement, la relève. C’est loin d’être le cas.

Ite missa est! « C’est loin d’être le cas ». Croyez-en la profonde expertise militaire du Monde. Désolé, mais moi je me fie plus à Wretchard, Ludovic Monnerat ou Strategy Page! Ce qui ressort des diverses analyses sur le sujet, y compris celles du Pentagone, c’est qu’effectivement l’armée iraqienne n’a pas encore le niveau pour prendre la relève totalement. Mais partiellement ? Dans certains quartiers ce sont déjà des soldats iraqiens qui patrouillent les rues. Ils mènent des opérations conjointes avec les forces américaines. La relève a déjà commencé…

Faute d’une solution purement militaire, les Américains comptent sur l’effet vertueux des bulletins de vote pour ramener la tranquillité en Irak. Ils l’ont dit, et peut-être cru, avant tous les scrutins. Mais, loin de s’apaiser, la situation a continué de se dégrader. On peut espérer que les élections législatives porteront au pouvoir des forces représentatives de la majorité — chiite — de la population irakienne, tout en garantissant les droits de la minorité sunnite (les Kurdes, quant à eux, profitent déjà d’une large autonomie).

La situation se dégrade médiatiquement, pas militairement…

Mais il serait naïf de croire que ce scrutin suffira à ramener le calme. Il ne résoudra pas le dilemme de l’administration Bush : rester en Irak au risque de renforcer les groupes qui luttent contre la présence étrangère ; en partir au risque de laisser le pays s’enfoncer dans la guerre civile. Pour sortir de l’impasse dans laquelle il s’est mis lui-même, le président américain pourrait être tenté de choisir une voie moyenne, qui cumulerait tous les inconvénients.

Conclusion du Monde: même si scrutin est encore une fois couronné de succès, sans attentats massifs, avec une participation record, Bush a perdu. Il retire ses troupes: il a perdu. Il les maintient: il a perdu. Il les retire progressivement: il a perdu. Pile je gagne, face je gagne, tranche je gagne!
Conclusion au mépris de la réalité, puisque la « présence étrangère » est autant celle de Zarqaoui (Syriens, Iraniens, Séoudiens, Jordaniens, Egyptiens…) que celle des Américains, sauf qu’eux construisent des écoles et réparent les pipelines, tandis que Zarqaoui vise les civils et sabote les installations pétrolières qui font vivre le pays! A votre avis, qui provoque le plus de réactions négatives ?
A propos de la guerre civile « imminente », promise par tous les grands penseurs chaque semaine depuis deux ans (et surtout depuis le début 2005, une élection générale étant bien sûr un signe précurseur de guerre civile!), elle n’a toujours pas commencé, faute de participants shiites et kurdes!

Allez, je vous donne ma version du futur iraqien: réduction des troupes US à mesure que les Iraqiens prennent la relève, poursuite du processus démocratique, conflits de plus en plus intenses entre les rebelles sunnites et leurs alliés de circonstances islamistes étrangers (Zarqawi), baisse d’intensité du conflit, malgré des attentats fréquents parfois spectaculaires ou meurtriers. Pendant ce temps, Le Monde proclamera triomphalement « l’échec de la troisième voie », en n’oubliant pas de donner le chiffre des militaires US « morts au combat » en cumulé depuis 2003 (pour ne pas avouer que la situation est en fait relativement stable ou en amélioration), en fustigeant Bush pour l’abandon de l’Iraq à son triste sort, sort dont les médias se souciaient fort peu sous le règne de Saddam Hussein…

It’s over

L’Iraq est en bonne voie. Loin de la perfection, mais en amélioration constante. En 2004 il y avait eu deux offensives majeures: la première de Moqtada Al Sadr combinée avec une offensive sunnite et islamiste. Al Sadr a été calmé par les armes, sa milice écrasée militairement, et politiquement les ayatollahs l’ont désavoué tandis que la population ne s’est pas soulevée. En novembre 2004, Falloujah a été reprise aux terroristes zarqaouites, qui ont évincé les sunnites baasistes aux commandes au fur et à mesure que ceux-ci se faisaient tuer ou capturer par les forces américaines.
En 2005 la partie est devenue chaque jour plus délicate pour les terroristes: les forces de sécurité iraqiennes en cours de formation sont entrées en jeu peu à peu, prenant une part active à la défense de leur pays, avec une connaissance du terrain et des coutumes qui manque aux Américains, et avec une motivation que l’on imagine sans peine supérieure à celle du soldat US de base. Mais la guerre ne se gagne pas militairement: elle se gagne politiquement. Et là…
Les élections en Iraq se sont déroulées comme les deux précédentes, et même mieux: participation en hausse, attentats en baisse. 59% en janvier, 63% en octobre, et aujourd’hui ce serait 70%. Les terroristes n’arrivent pas à effrayer la population où à infléchir les résultats du scrutin, leur pouvoir est limité à la nuisance: ils peuvent ralentir le processus, mais pas le stopper. It’s over. Ils perdent. Chaque jour qui passe, ils perdent un peu plus. Ils pourront toujours faire exploser des bombes, kidnapper des instits ou assassiner des juges, mais ils ne pourront pas prendre le contrôle des 25 millions d’Iraqiens libres. Les terroristes ont perdu.

la grande dépression

Interview d’un « indépendantiste » martiniquais sur TF1.fr:

– L’annulation du déplacement de Nicolas Sarkozy est-elle une première victoire pour vous ?
[…] La mobilisation a été provoquée par notre indignation contre deux articles de la loi du 23 février 2005. Si le président de l’UMP est maintenant sensibilisé sur la gravité de cette loi et les dérapages qu’elle peut entraîner contre la France et contre nous-mêmes, il s’agit alors d’une première victoire.

Dérapages organisés ?
Mais encore:

Sur le fond, comment peut-on parler des aspects positifs de la présence française en dissociant cela de la colonisation ? La présence française, c’était la colonisation et ses conséquences. Ce n’est pas possible de faire cela. Comment vouloir mettre en avant la construction de routes, d’hôpitaux ou d’écoles alors que toutes ces actions étaient pensées pour rendre plus performantes la colonisation, la colonisation des esprits ou l’extinction des cultures et des religions ? Il est extrêmement important de dire qu’il y a là une volonté manifeste et insidieuse de laisser croire qu’il y a un aspect positif à la colonisation.

Comment les mettre en avant ? Parce que quand les Français sont partis, ils ont tout laissé sur place. Parce qu’ils ont aussi laissé une élite formée dans les écoles françaises, les mêmes qui accueillaient l’élite de la France (malheureusement ils ont aussi légué les structures administratives). Parce que nombre de Français sont restés post-colonisation dans les divers pays de l’Empire colonial parce qu’ils aimaient sincèrement ces pays, parce qu’ils y avaient des intérêts (professionnels ou personnels)…
Maintenant passons à l’accusation la plus dégueulasse: « la colonisation des esprits » ou « l’extinction des cultures et des religions ». Qu’en est-il réellement ? Je les invite à lire Charles de Foucauld pour savoir ce qu’il en était en Afrique du Nord. Oh, en Afrique de l’Ouest et en Afrique Noire il y avait peut-être plus de prosélytisme, mais l’animisme n’a pas disparu, et le christianisme a été assimilé plus qu’il n’a supplanté les religions locales.

S’il ne faut pas peindre en rose la colonisation, il ne faut pas non plus en faire un repoussoir absolu. A force d’auto-flagellation, de lamentations vaines, de commisérations, la France renie son passé, piétine son présent, et détruit par anticipation son futur (entre la dette publique et la démographie défaillante…). Ce débat sur les colonisations, insoluble par l’ampleur des colonisations et la diversité des situations à prendre en compte, n’est qu’un épisode de la dépression française.

L’ignorance c’est la force

Le président fantôme gesticule à propos de la colonisation (source: Le Monde):

Une « mission pluraliste pour évaluer l’action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l’histoire », telle est la proposition du président de la République, Jacques Chirac, pour que « les esprits s’apaisent » à la suite de la polémique sur la colonisation.

Pluraliste ? C’est-à-dire ? Composée d’historiens de toutes les couleurs politiques et ethniques, religieuses ? Les faits sont-ils différents si l’historien est de gauche ou de droite ? Noir ou blanc ? Juif ou chrétien ? Cela garantit-il la compétence ?
Un historien peut avoir son opinion, mais il entre alors dans le domaine « politique », surtout quand il s’agit faire le bilan de la colonisation. Du bon et du mauvais, on peut en trouver à foison: de l’abolition de l’esclavage à l’éducation gratuite, des routes et dispensaires, et aussi aux massacres de rebelles, à la mise en coupe réglée par des compagnies monopolistiques, au manque de considération pour les « indigènes »…
Savoir si la colonisation est « bonne » ou « mauvaise » est impossible à affirmer de manière définitive… à un niveau individuel, pour les personnes de l’époque, cela aurait été possible: l’enfant sauvé par la médecine occidentale, ou le tirailleur sénégalais envoyé dans les tranchées de Verdun. Mais tirer un bilan global ? Un enfant sauvé vaut combien de tirailleurs ? Une route vaut combien de morts pour sa construction ? C’est impossible à dire et établir un tel bilan n’est pas seulement absurde mais simplement abject. La « mission pluraliste » va donc s’enfoncer dans un consensus politique, car il n’y a pas de réponse historique. Elle va donc se contenter de célébrer « l’oeuvre humanitaire de la France », et regretter « les erreurs passées » (reconnues et admises depuis longtemps d’ailleurs…).

Vendredi 9 décembre, le chef de l’Etat a précisé qu’il avait proposé la constitution de cette mission au président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, qui l’a acceptée. Cette mission devra, entre autres, »écouter toutes les sensibilités et devra s’entourer d’historiens ». « Une réflexion sereine » doit être engagée « sur les zones d’ombre de l’histoire », a précisé Jacques Chirac. Les premières conclusions devraient être rendues d’ici à trois mois. Le président a prévenu qu’il serait « très attentif aux recommandations qu’elle fera ».

Quel naïf je suis! La mission ne sera pas composée d’historiens, mais de politiciens nommés par JL Debré! Le rôle des historiens ? Périphérique, secondaire! Et bien sûr, au choix des hommes politiques composant la « mission ». Comment imaginer une seule seconde que le rapport ne soit pas politique dans ces conditions ? Surtout que Chirac en rajoute une couche: il sera « attentif aux recommandations ». Lesquelles ? Que peut recommander une telle « mission » ? N’a-t-elle pas pour but d’éclairer les « zones d’ombre » ? Quel est donc l’objectif réel de cette commission ?

L’annonce de cette création permet à Jacques Chirac de ne pas trancher immédiatement la question en s’en remettant aux propositions de la commission.

1er objectif: gagner du temps pour Chirac. On se demande pourquoi, car le temps joue de toute façon contre lui. Incapable de diriger, c’est-à-dire de trancher, de prendre des décisions, il préfère botter en touche lorsque vient un sujet fondamental.

Le président de la République a également demandé au gouvernement que la Fondation sur la mémoire, prévue dans la loi controversée du 23 février 2005 mentionnant « le rôle positif » de la colonisation française, soit créée « dans les meilleurs délais ». Il a reconnu que cette loi « suscite un débat sur notre mémoire, un débat sur l’histoire de la France outremer ».

2nd objectif: placer des copains. Et une Fondation de plus! Avec votre argent messieurs dames! Vous la financerez que cela vous plaise ou non! Il y placera certainement des potes, avec émoluments sympathiques, réunions-dîners fréquents, et voyages à l’oeil.
Quant au débat en France outremer, les plus excités sont les Martiniquais et les Guadeloupéens alors que justement eux n’ont jamais été colonisés: ils ont colonisé ces îles, vendus en tant qu’esclaves par d’autres Africains… Descendants d’esclaves, ils ont aujourd’hui les mêmes droits que tout autre Français.

Face à la polémique grandissante, notamment dans les départements français d’outremer, M. Chirac a réaffirmé que « ce n’est pas à la loi d’écrire l’histoire ». « L’écriture de l’histoire, c’est l’affaire des historiens », a-t-il insisté en soulignant que « dans la République, il n’y a pas d’histoire officielle ».

3ème objectif: conserver les apparences. Il n’y a pas d’histoire officielle, sauf celle de la mission politique nommée par des hommes politiques, qui rendra un jugement politique, sanctionné par le président de la République. L’alibi ? La présence de quelques historiens en marge de la commission.

« Il faut que vienne le temps d’une réflexion sereine dans le respect des prérogatives du Parlement, dans la fidélité à nos idéaux de justice, de tolérance et de respect, dans un esprit d’unité et de rassemblement », a conclu le président de la République.

4ème objectif: l’histoire doit servir la tolérance et le respect, la justice et l’esprit d’unité et de rassemblement. Il suffit pour ça de nommer la mission adéquate, et de créer la Fondation ad hoc. La vérité ? Si ça sert les intérêts politiques uniquement…

l’Histoire par décret

Une loi, passée inaperçue jusqu’alors, clame les vertus positives de la colonisation française. Je laisse aux historiens le loisir d’en débattre: c’est leur métier. Aujourd’hui Villepin se prononce contre « l’histoire officielle »:

« Ce n’est pas aux politiques, ce n’est pas au Parlement d’écrire l’Histoire ou de dire la mémoire. C’est la règle à laquelle nous devons être fidèles », a expliqué M. de Villepin. « Il n’y a pas d’histoire officielle en France », a-t-il martelé.

(source: Le Monde)
Bien, M. Villepin, bien. Tous les chroniqueurs tomberont d’accord, et l’article en trop disparaîtra lors d’un vote à l’Assemblée. Et ils oublieront tous qu’il existe d’autres lois écrivant dans le marbre l’histoire officielle. En France il est interdit de remettre en cause les crimes nazis. Le PCF peut agiter sa bannière faucille-marteau, et ses nostalgiques clamer que Staline était un grand homme pour avoir industrialisé l’URSS, affirmer qu’Hitler était un grand homme parce qu’il a construit des autobahn est interdit. L’Histoire officielle existe toujours, et elle est écrite par la gauche.

Chut

On avait eu Hervé « Djamel » Loiseau, il y a eu John Walker Lindh, et tellement d’autres en 2001. Des Français, des Australiens, des Britanniques se battaient aux côtés des Talibans, d’Al Qaeda.
Mai 2003, nouvelle « surprise »: deux citoyens britanniques se rendent en Israël. L’un d’eux se fait sauter dans le premier attentat-suicide de musulmans européens. Dans le même temps les jihadistes se rendent en Iraq pour rejoindre au plus vite les 72 vierges. Les soldats américains en déchiquetent plusieurs tous les mois.
2004 se passe tranquillement, sans innovation majeure. De temps à autre des filières d’envoi de p’tits jeunes bien sages sont démantelées dans tous les pays européens, sans que cela ne suscite beaucoup d’émoi. Des petits jeunes bien intégrés, nourris au discours anti-occidental par les médias occidentaux, qui s’en vont se faire tuer loin de chez nous, en tentant de tuer des salauds d’Américains… beaucoup doivent les « comprendre », pour ne pas dire les « excuser », quand ce n’est pas carrément les approuver. Bref, pas d’opprobre morale, pas de remise en cause des communautés musulmanes. Le cancer métastase tranquillement.
Et fin 2005, en novembre… la première femme européenne à pratiquer l’attentat-suicide! On applaudit la Belgique pour avoir produit ce nouveau type de monstre, bien que ce ne soit qu’un hasard: elle aurait tout aussi bien pu être française, ou anglaise, italienne… D’après les biographies publiées ici ou là (mais pas dans la presse française, sauf dans Libération), Murielle s’est trouvé un Marocain, qui a viré islamiste, et elle avec… jusqu’au départ en Iraq, où son mari est tué par des soldats US, et elle se fait sauter (heureusement sans tuer personne).

Prochaine étape ?

Présumés

Etre islamiste est-il un crime, au sens légal ? En tout cas, ce matin à toutes les éditions sur I-Télévision les arrestations d’islamistes étaient commentées en ces termes:

arrestation d’islamistes présumés

Ce n’est bien évidemment pas parce qu’ils sont islamistes qu’ils sont arrêtés, mais parce qu’ils financent des groupes terroristes, fournissent un soutien logistique à d’autres, etc…
Je suis peut-être tatillon, je l’admets, mais pourquoi ne pas donner l’information complète ? Cette anecdote infime est pourtant représentative des médias français: à coups d’omissions, d’approximations, et aussi de désinformation pure, le tout mêlé aux opinions des journalistes, l’information elle-même est noyée, diluée…

White flight

Le terme « white flight » désigne la « fuite » des Blancs dans les années 50-60 des centre-villes vers les banlieues, face à l’afflux des Noirs, aux Etats-Unis. C’est un phénomène bien étudié et connu. Il s’est passé la même chose dans les banlieues françaises: plus les banlieues se sont dégradées, au fur et à mesure de la paupérisation et de la montée de la criminalité, en parallèle de l’arrivée massive d’immigrants, plus les catégories les plus aisées ont fui. Pourquoi envoyer vos enfants dans des écoles dont le niveau s’écroule ? Pourquoi risquer l’agression ou le cambriolage ? Il serait ridicule de ne pas partir quand on a les moyens. Ce n’est pas une question de racisme, c’est une question de qualité de vie. Ce n’est bien évidemment pas l’avis du Monde:

Dans l’analyse immédiate de la crise des banlieues, la politique de la ville fait figure de coupable facile.

« La politique de la ville » ? Celle des grands ensembles staliniens ? Celle des subventions aux associations de « grands frères » ? Celle des assistantes sociales remplissant les demandes d’allocations à la 3ème femme d’une « grande famille » dont aucun des adultes ne sait lire le français ? Mais pour Le Monde, ça ne suffit pas. Il faut trouver le vrai coupable.

Les arguments ne manquent pas qui critiquent l’incapacité des pouvoirs publics à empêcher la constitution de ghettos sociaux et ethniques aux portes des villes françaises.

Le Français n’est plus obligatoire grâce aux assistantes sociales, aux enfants d’immigrés on apprend que la France est un état ex et néo-colonialiste qui a martyrisé leur pays d’origine, continue d’opprimer ses minorités, et pour décourager définitivement ceux qui voudraient s’en sortir les aides sociales font qu’il est plus simple de ne rien faire que de s’épuiser à travailler.
L’Etat français a enfermé l’immigration dans l’échec économique, n’a jamais fait le nécessaire pour l’assimilation culturelle et linguistique, n’a jamais stoppé le flux migratoire (selon un livre récent, 500.000/an), a tout fait pour éteindre le débat sur le sujet (via le très utile Front National)… mais non, ce n’est tout de même pas de la faute des hommes politiques et de l’Etat. Alors, la faute à qui ?

Mais une série de recherches récentes montre que le renforcement des ghettos français s’explique d’abord par le comportement de fuite des classes moyennes et supérieures qui ne veulent pas prendre le risque de la mixité sociale.

CQFD: c’est la faute au quidam qui n’a pas envie de voir ses mômes rentrer avec un oeil au-beurre-noir et sans leurs chaussures, qui n’a pas envie de compter les rayures sur la peinture de sa voiture neuve (si elle n’est pas volée ou brûlée…), qui n’a pas envie que sa fille ado soit emmenée dans une cave et…
Ouep, c’est leur faute: ce sont des peureux. Ils ne veulent pas prendre de risques avec leur vie, l’intégrité physique et mentale de leur famille, leurs biens. Quels trouillards, quels lâches, quels pleutres: ils ne veulent pas se sacrifier sur l’autel de la morale socialiste!

Par leurs choix résidentiels et scolaires, les Français, singulièrement les classes moyennes, tentent de conjurer le risque de déclassement social et de maintenir l’espoir d’une ascension future. Et renforcent, bien malgré eux, la ghettoïsation de certains quartiers.

Risque de déclassement social ? Ce serait pas plutôt « cocktail d’intimidations et de violences, mâtiné de déliquescence familiale » ? Voir son fils ne pas travailler à l’école et devenir une pseudo-racaille ? Avoir peur pour sa fille de 15 ans quand elle rentre du collège ?
Honnêtement, je me projette dans une situation pareille et il m’est impossible de penser un seul instant que je resterais dans une banlieue pourrie. Tous les sacrifices sont bons pour permettre à sa famille d’être en sécurité. Et c’est un calcul qui n’a rien de financier, au contraire. Et les journalistes, politiques et autres donneurs de leçons le savent très bien. Cela n’échappe d’ailleurs pas aux chercheurs et au journaliste du Monde, peut-être pris de remords:

Le calcul des familles est rationnel, difficilement critiquable, dans la mesure où l’environnement social est un facteur déterminant dans la réussite scolaire. Mais les conséquences de ces décisions individuelles sont désastreuses d’un point de vue collectif.

De toute façon les enfants issus de famille à niveau socio-culturel élevé réussissent mieux que ceux de milieu moindre. Ce n’est pas en les plaçant dans des écoles à faible niveau qu’ils donneront leur plein potentiel. Dès lors, pourquoi dire que la situation est désastreuse au niveau collectif ? Elle l’est si dans les écoles « faibles » le niveau baisse drastiquement. Pourquoi serait-ce le cas ? Peut-être faut-il poser la question de l’éducation socialiste, et proposer de rendre l’argent aux parents dont les enfants sont envoyés de force (car ils n’ont pas le choix, ni de payer, ni de refuser le « service »!) afin qu’ils choisissent eux-mêmes où envoyer leurs enfants! Mais cette pensée impie n’arrivera jamais jusqu’à la cervelle des analystes du Monde, ni à aucun sociologue déformé dans l’université française!

Je vous fais grâce de la totalité de l’article pour en venir directement à la conclusion:

Au-delà de la gestion de crise, les difficultés actuelles ne se résoudront donc pas dans les cités. Fondamentalement, la question essentielle est celle de la perte de confiance ou, plus grave, du rejet, par la société, de la mixité sociale. Qui peut encore s’opposer au rejet social de ce principe ? Sûrement pas les élites politiques, intellectuelles et médiatiques qui évitent depuis longtemps de subir les conséquences de la mixité sociale.

Au moins il ne se voile pas la face: les « élites » autoproclamées savent très bien que leur système fonctionne si merveilleusement bien qu’ils en ont soustrait leurs enfants! Mais je me demande dans quel univers vit cet homme, qui ne comprend pas que la « mixité sociale » est une chimère socialiste, comme l’égalité des chances et tout ce baratin dont on nous rebat les oreilles en permanence. Ce sont des insultes aux vraies victimes, comme du sel sur la plaie.

Hégémonie

Après l’édito consacré à « Internet sous contrôle », Le Monde récidive aujourd’hui dans un article intitulé « Les Etats-Unis maintiennent leur hégémonie sur Internet« .
Mais quelle hégémonie ? Le Net n’est pas sous « domination US », ni sous « contrôle US ». La principale qualité de cette « hégémonie » c’est justement de ne pas en être une: à aucun moment les instances gouvernementales américaines ne se sont mêlées de la gestion du Net, et l’ICANN, la société gestionnaire des noms de domaine, pourtant dépendante du Ministère du Commerce US, n’a jamais eu à se plaindre de cette tutelle purement formelle. Il n’y a donc AUCUNE « hégémonie US » sur le Net, hormis technologique, qui résulte elle du libre jeu du marché, acceptée par tous car les solutions proposées par les entreprises US sont tout simplement les meilleures disponibles. Le titre du Monde est donc un fieffé mensonge!

Ceci étant, même s’ils n’ont pas réussi à prendre le contrôle du Net les apprentis censeurs et rapaces associés (Iran, Chine, Brésil et Union Européenne) n’en sont pas moins satisfaits:

Les négociateurs européens ne considèrent pas pour autant le sommet comme un échec. « Les Etats-Unis gardent pour le moment la haute main sur les noms de domaine, mais le texte qu’ils ont signé sonne le début de la fin de leur domination exclusive et sans partage, dit un délégué français. Ils acceptent pour la première fois l’idée que des aspects technologiques sont au coeur d’enjeux politiques. » Dans le texte qui devait être adopté, les parties reconnaissent ainsi que « tous les gouvernements devraient avoir un rôle et des responsabilités équivalents dans la gouvernance internationale d’Internet, dans le maintien de sa stabilité, de sa sécurité et de sa continuité ».

Allons à l’essentiel: « des aspects technologiques sont au coeur d’enjeux politiques« . Qui contrôle le Net contrôle la diffusion de l’information et son contenu. Autrement dit retour à l’âge des médias contrôlés, des licenses d’émission, de la carte de presse etc. Cela doit certes faire plaisir au Monde, mais surtout aux dirigeants chinois ou aux barbus fous iraniens, ou au malade mental nord-coréen, même si je doute qu’il y ait plus d’une ou deux connexions au Net dans tout le pays, réservées à l’usage exclusif du Grand Leader.
Notez aussi cette absurdité, déclamée on imagine avec un aplomb impertubable par un « négociateur européen »: « tous les gouvernements devraient avoir un rôle et des responsabilités équivalents dans la gouvernance internationale d’Internet, dans le maintien de sa stabilité, de sa sécurité et de sa continuité« .
Cela signifie-t-il que tous les gouvernements sont égaux ? Que Mugabe = Wim Kok ? Que Poutine = Zapatero ? Que Castro = Villepin ? Peut-être qu’aux yeux des diplomates, habitués aux cocktails et aux ambiances raffinées des palaces, toutes les ambassades se ressemblent, mais quid des régimes ? Que des Européens soient à ce point aveugles fait froid dans le dos! Ils se fichent éperdumment d’assister dans leur tâche les pires régimes de la planète, idôlatres d’une « démocratie des Etats », où tout le monde doit avoir sa place, ils préparent un énième forum, l’Internet Governance Forum, dans lequel les rares démocraties seront minoritaires! Et ils se félicitent d’avoir mis le Net sur cette pente glissante du contrôle politique de la technologie par des dictateurs…
Au passage, pour assurer la « continuité d’Internet », il suffit de laisser les choses en l’état. Qui a connu une « panne d’Internet » ? Personne, et pour cause, toutes les infrastructures sont redondantes, et la structure elle-même est conçue pour résister à des pannes locales…

Et à quoi devrait servir ce nouveau « forum » étatique ?

S’il ne remet pas immédiatement en cause le contrôle des Etats-Unis, l’IGF sera « le premier outil de coopération internationale autour des questions d’intérêt public liées aux usages de l’Internet : lutte contre l’utilisation du réseau à des fins de terrorisme, contre les flux financiers illicites ou encore contre le spam », selon Bernard Benhamou, responsable de la prospective et de la gouvernance à Matignon. Les négociations, qui ont opposé frontalement les Etats-Unis à la Chine, l’Iran et le Brésil — favorables à une implication directe des Etats — ont un temps laissé planer la possibilité de voir certains pays faire sécession et créer une architecture distincte du Domain Name System (DNS), actuellement dominé par les Etats-Unis. Une telle extrémité, techniquement envisageable, aurait porté gravement préjudice au caractère universel d’Internet.

Que des objectifs louables, lutte contre le spam, le terrorisme… et c’est certainement pour ça que l’Iran et la Chine poussait à sa création, n’est-ce pas ? Vous y croyez ? Pas moi. Il est évident que si les Etats cherchent à s’emparer du Net c’est pour contrôler son utilisation, le contenu, l’accessibilité, les informations…