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La faiblesse iranienne

Le président Amhadinejad persiste dans ses déclarations, et il ne fait que peu de doute qu’il aille au bout de sa folie messianique. Mais l’Iran est toujours un pays faible, comme l’ont souligné de nombreux commentateurs:

Over the past four months, the Iranian currency has lost 17 percent of its value while massive amount of capital has been sent abroad. Inflation has also been boosted as the government increased spending. Meanwhile, much of Iran has gone into recession as business leaders fear sanctions and even war with the West.

La monnaie iranienne a perdu 17% de sa valeur en 4 mois. C’est une dégringolade fantastique. Mais il y a pire:

Some $300 billion has been sent out of the country since July 2005. What’s worse is that Iran’s civilian sector might collapse following the withdrawal of Western majors. At least 10 Western energy companies are on their way out of Iran and other companies, including Germany’s Siemens, and major banks are beginning to leave as well.

Le régime iranien joue l’arme pétrolière contre l’arme nucléaire, mais il est bien plus vulnérable à l’arme pétrolière que l’Ouest qu’il menace. Le régime iranien s’écroulera vite privé de ressources, en sombrant dans un cycle de répression de plus en plus dur face à une population de plus en plus paupérisée et désespérée. Et qui payera les militaires pour tirer sur la foule ? Les Gardiens de la Révolution se porteront certainement volontaires pour le faire, mais quid de l’armée, quid de la police ? Le gouvernement iranien peut-il vraiment compter sur l’appareil policier et militaire ?
Plutôt que des frappes aériennes, des frappes économiques. Il doit être possible d’imprimer de la fausse monnaie iranienne, non ? De faire courir des rumeurs sur les banques ? D’acculer à la faillite des entreprises là-bas ? Tout cela doit déjà être en cours, à très grande échelle. 300 milliards de dollars ?

source: Geostrategy Direct

Eléments de réflexion

If I were a Muslim, I’d be « hurt » and « humiliated » that the revered prophet’s name is given not to latex blowup males but to so many real blowup males: The leader of the 9/11 plotters? Mohammed Atta. The British Muslim who self-detonated in a Tel Aviv bar? Asif Mohammed Hanif. The gunman who shot up the El Al counter at LAX? Heshamed Mohamed Hedayet. The former U.S. Army sergeant who masterminded the slaughter at the embassy bombings in Kenya and Tanzania? Ali Mohamed. The murderer of Dutch filmmaker Theo van Gogh? Mohammed Bouyeri. The notorious Sydney gang rapist? Mohammed Skaf. The Washington sniper? John Allen Muhammed. If I were a Muslim, I would be deeply offended that the prophet’s name is the preferred appellation of so many killers and suicide bombers on every corner of the earth.

(source: Mark Steyn)

L’affaire divise et inquiète. Selon un sondage CSA paru vendredi dans La Croix, 54% des Français estiment que les médias ont eu tort de publier les caricatures de Mahomet, la désapprobation étant plus forte (59%) chez les femmes.

Les sans-religion se disent largement favorables à cette publication (58%) et les musulmans opposés massivement (88%).

Cette affaire provoque une inquiétude au sujet d’une éventuelle « montée des violences » pour 78% des Français (94% pour les musulmans).

(source: TF1)

La vraie question est: faut-il interdire les caricatures ? Les publier ou non, les trouver outrageantes ou non, tout cela est d’ordre moral, personnel, voire économique (peur de baisser les ventes, ou les augmenter au contaire), mais la question de la liberté d’expression est d’ordre public, politique, légal. J’aimerais un sondage qui donne le pourcentage de français musulmans soutenant l’instauration d’une « loi anti-islamophobie« .

A Paris comme ailleurs

Je suis allé voir de mes yeux la manifestation organisée par oumma.com et l’UAM 93 (Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis). Je suis parti en précipitation de chez moi, et j’ai oublié mon appareil photo… quel dommage! Mais il aurait fallu une caméra vidéo pour retranscrire réellement l’ambiance sur place: « allah ou ackbar » scandé par des centaines, des milliers de personnes, dont des voilées de la tête aux pieds…
Un point sur les slogans: « liberté d’expression, respect des religions, pas de contradiction ». « liberté d’expression, pas de provocation » « vous attaquez notre prophète vous NOUS attaquez », « musulmans on a droit au respect »… tout ça pour au final, demander une loi « anti-islamophobie ». D’après eux, un dessin de mahomet avec une bombe sur la tête, c’est de l’islamophobie: critiquer le fondateur de l’Islam (un guerrier analphabète pédophile), c’est de l’islamophobie. La christianophobie, ils s’en tapent. Ils veulent une loi anti-islamophobie. Et comme ils définissent ce qu’est l’islamophobie, ils ont donc tous les droits. Comme je l’ai dit dans un post précédent, ces islamistes là, aussi nombreux qu’ils puissent être (+ de 7000 selon la police), ne représentent probablement pas la majorité des musulmans (et encore, j’en doute à la lecture de sondages divers dans la communauté musulmane). Il ne faut pas que nos politiciens tombent dans le panneau et votent une loi ad-hoc, permettant d’empocher temporairement les voix musulmanes. Car la prochaine fois les musulmans ne seront pas offensés par une caricature, mais par le porc dans les cantines (oops, c’est déjà le cas) ou par la mixité dans les piscines (re-oops). Bref ils demanderont autre chose, et ainsi de suite. C’est le boulevard pour la charia si une loi anti-islamophobie est votée. Je ne veux plus voir ces scènes qui sont à leur place à Gaza mais pas à Paris. Enfin, je l’espérais.

Edit: la BAF y était, pour un numéro à leur manière. Dans une manif d’islamistes comme celle-là, chapeau bas. Du grand art.

Auto-censure

Ce matin j’ai publié pendant un bref moment la caricature de Mahomet avec la bombe à la place du turban. Et je me suis dit que ce n’était pas la peine de le faire, que je la trouve trop caricaturale justement, trop réductrice, et que même si c’est ainsi que les islamistes voient leur prophète, elle est offensante pour bon nombre de personnes.
Et puis j’ai changé d’avis. La voici:

mahometboom

Je la trouve toujours aussi réductrice, et pourtant je le fais. Pourquoi ? Parce que ceci:

Franco Frattini, the European Union commissioner for justice, freedom and security, revealed the idea for a code of conduct in an interview with The Daily Telegraph. Mr Frattini, a former Italian foreign minister, said the EU faced the « very real problem » of trying to reconcile « two fundamental freedoms, the freedom of expression and the freedom of religion ».

Je ne peux pas croire que l’Union Européenne abonde dans le sens des islamistes. Les musulmans ont tout à fait le droit de pratiquer leur religion. Ils ont tout à fait le droit de ne pas manger de porc, de ne pas boire d’alcool, de voiler leurs femmes de la tête aux pieds, et de prier 5 fois par jour en direction de La Mecque, et toute autre coutume, quelle qu’elle soit tant qu’elle ne viole pas les droits des autres. C’est cela la liberté de culte. A aucun moment la liberté de culte n’implique un droit à être exempt de critique, ou l’objet de moqueries.

Mais il ne s’agit pas de censure pour autant:

Millions of European Muslims felt « humiliated » by the publication of cartoons of Mohammed, he added, calling on journalists and media chiefs to accept that « the exercising of a right is always the assumption of a responsibility ». He appealed to European media to agree to « self-regulate ».

Accepting such self-regulation would send an important political message to the Muslim world, Mr Frattini said.

M. Frattini appelle donc à l’auto-censure. Comme Ben Shirak, comme Blair et Bush. Ceux qui pensaient que l’Europe se réveille se trompent. Je pense que l’Europe prend le boulevard pour la charia.

Car si M. Frattini précise:

« I have never suggested imposing a code of conduct on the press, it is up to the media themselves to self-regulate or not, and it is up to the media to formulate such a voluntary code of conduct if it is found necessary, appropriate and useful by them.

« There have never been, nor will there be any plans by the European Commission to have some sort of EU regulation, nor is there any legal basis for doing so. »

Alors que globalement les musulmans européens sont plutôt silencieux dans cette affaire, et qu’une poignée d’associations (en France) et d’islamistes (au Danemark et en Angleterre) ont porté plainte et manifesté, nous donnons le bâton pour nous faire battre. Il suffit de faire front. Les musulmans européens ne sont pas les illettrés manipulables du Moyen Orient. La très large majeure partie d’entre eux vit ici parce qu’entre vivre dans des dictatures sous-développées (sur tous les plans) et ici, ils choisissent la liberté (et donc la prospérité relative) dont nous jouissons. Alors plutôt que de tenter d’apaiser les islamistes là-bas, il faut regarder la réalité intérieure et ne pas céder: nos libertés ne sont pas négociables. Elles ne le deviennent qu’avec la complicité de nos « élites ».

Cohérence

Les lois existantes en Europe ouvrent la porte à la contestation de la liberté d’expression, et en France les actions en justice peuvent fort bien déboucher sur une interdiction de l’une des caricatures (celle de mahomet avec une bombe à la place du turban).
Le débat est donc autant une opposition entre nos lois et celles de l’Islam, qu’un problème de cohérence interne. Il faut lever les lois permettant des actions en justice contre des dessins, et revenir à une liberté d’expression la plus large possible, sinon le jour arrivera où un juge changera le curseur pour déterminer ce qui est « incitation à la haine », et on supprimera tout un pan de la liberté d’expression d’un coup d’un seul. Les lois actuelles peuvent très bien se retourner contre nous. Bref il faut absolument balayer devant notre porte, abroger la loi Gayssot, abroger la loi Lellouche, et mettre un terme à la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations), pour redevenir cohérent légalement et fermer la porte à toute action en justice.

Ceci dit, il est amusant de noter que « l’incitation à la haine » ne fonctionne pas pour le lecteur occidental (ce que prétend le « mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples » qui a porté plainte en France), mais incite à la haine les prétendues « victimes » du dessin (les musulmans).

Exécution du communisme

A force de lire des dépêches contradictoires, je n’arrive pas à démêler ce que l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (si quelqu’un peut m’éclairer sur cette institution, je serai ravi), mais il aura suffi d’un titre du Monde pour savoir que les rouges ne sont pas contents:
Dénonciation des 'crimes' communistes
Oui, vous lisez bien: au Monde, les dizaines de millions de morts de Staline, Mao, Pol Pot, pour ne citer que les plus meurtriers, n’ont pas été victimes du « communisme ». Le communisme est pur: les individus sont criminels, une idéologie ne peut pas l’être. Amusant que des admirateurs de l’idéologie collectiviste doivent se résoudre à employer les armes des « ultra-libéraux » (ramener à l’individu) pour défendre leur propre idéologie. Au Monde, le communisme est toujours propre, digne de cité.

Même ceux qui ont voté le texte ne vont pas au bout de l’idée:

Les opposants ayant dénoncé un amalgame avec les crimes nazis, Jacques Legendre (UMP) a répondu : « Est-ce qu’on n’a pas le droit de condamner les crimes du communisme parce que l’URSS a vaincu le nazisme ? » Il a ajouté : « Le fait que Staline ait libéré la moitié de l’Europe n’excuse pas ses crimes. »

Pourquoi limiter le débat sur le communisme à Staline ? Pourquoi employer le terme « libéré » pour parler de l’invasion soviétique de 1944-1945 ?
Sur le fond, pourquoi « amalgame » ? Staline n’a pas allumé de fours, mais a construit les camps de concentration avant Hitler. D’ailleurs, il n’a fait que reprendre ceux construits par Trotsky et Lénine (eux-mêmes améliorant ceux des Tsars…). Il a massacré tant et bien, lors de la dékoulakisation, des procès de Moscou, etc. Mais à part la similitude de méthode, il en existe une bien plus profonde: tout comme le nazisme, le communisme est fondamentalement une idéologie meurtrière. Le communisme dit qu’il y a des « classes », qu’une classe opprime l’autre, et que la classe d’en bas, majoritaire et qu’elle est donc moralement dans son droit d’éliminer la classe des oppresseurs. Les communistes appellent ça la « révolution prolétarienne », ou le « grand soir ». D’ailleurs dans leur hymne « l’Internationale » ils nous promettent un « monde nouveau », les communistes étant seuls humains autorisés à parcourir la surface de la planète (« l’Internationale sera le genre humain« ).
Ceux qui nieront cette évidence pourront toujours se tourner vers l’expérience: partout où le communisme a été tenté, cela s’est terminé (ou continue, hélas) par une dictature plus ou moins forte, plus ou moins sanglante, plus ou moins arriérée économiquement. Sous toutes les latitudes, tout au long du 20ème siècle, tous les régimes communistes ont eu les mêmes caractéristiques. Est-ce trop demander au Monde que de le reconnaître ?

Certains penseront que je coupe les cheveux en quatre, que le débat est vain. Il ne l’est certainement pas. J’ai entendu hier soir sur I-Télé un député déclarer que le communisme était une belle idée, malheureusement « dévoyée ». Il faut au contraire condamner sans relâche l’idéologie meurtrière des communistes, la décortiquer pour que tous puissent la reconnaître sous ses nouveaux habits de l’altermondialisme (qu’on pourrait appeler néocommunisme), de l’égalitarisme ethnique de Villepin et Borloo (sous couvert d’anti-racisme, où la « classe » opprimée est une « race » opprimée et a donc tous les droits), des projets socialistes de Villiers ou Chevènement (à part la religion, qu’est-ce qui les sépare ?)…
Il faut tuer l’idéologie communiste aussi sûrement que l’idéologie nazie a été éradiquée: elle doit se limiter à des groupuscules marginaux, inoffensifs pour la société, sans aucun poids politique, sans aucun espoir. Le Soleil Noir ne doit plus se lever: il ne suffit pas de condamner le communisme, il faut l’exécuter.

Zéro

Réaction à l’épisode du train:

Le Parti socialiste a évoqué une « insécurité inquiétante » et interpellé le gouvernement, en soulignant notamment « les délais, manifestement longs, dans lesquels les voyageurs ont été secourus ».

A part l’évidente hypocrisie de dénoncer « l’insécurité » pour laquelle le PS a si longtemps oeuvré et nié à la fois, la réaction en dit long sur l’état de la France. L’affaire du train est quasi grotesque, absurde. 500 personnes terrorisées par 100. La solution est évidente: pour que ce genre d’incident ne se reproduise pas, il suffit aux 500 de sortir leurs 9mm, 357, 11.43 et autres. Dans ces conditions, le jeu n’en vaut pas la chandelle: un téléphone mobile ou une balle ? Mais cela échappe totalement aux socialistes, qui voudraient améliorer le « délai de secours ». Peut-être ce délai pourra baisser, grâce à l’achat de nouveaux véhicules, d’un réseau plus dense de casernes, d’une meilleur communication entre unités, etc… Allez, en mettant une escouade de police dans chaque train, le temps de réaction tendrait même vers zéro. Mais mettez une arme entre les mains de seulement 10% des passagers du train, ce temps de réaction tombera à zéro. Immédiatement.

Histoire dirigée

Rien ne peut échapper à l’Etat, du moins en France: tout est toujours contrôlé de plus ou moins loin, par subventions interposées, déguisées dans certains cas (presse), ou réglementé via de multiples lois, décrets, et autres bisbilles. Même l’Histoire n’y échappe pas: après tout, les historiens sont tous des fonctionnaires, ou du moins tous issus du monde universitaire. Contrôler les ressources des historiens (en étant leur unique employeur possible), contrôler les axes de recherche via les financements, contrôler l’enseignement via les programmes officiels, etc… ne suffit pas à satisfaire l’appétit des hommes politiques.
Puisque les historiens perdent du temps à chercher, à débattre, à se documenter, les politiciens légifèrent. Fini les tergiversations! Fini les colloques! Basta les débats! Ne pensez plus, nous avons écrit l’Histoire! C’est la Loi, nous sommes représentatifs du Peuple, il dit que l’Histoire est ainsi, et il ne saurait en être autrement. Ne cherchez plus, nous avons trouvé!

Aujourd’hui des historiens demandent à ce que toutes les lois interdisant les recherches sur des sujets historiques soient levées. Elles sont au nombre de quatre: loi Gayssot sur les crimes nazis, loi reconnaissant le génocide arménien (par les Turcs), la loi Taubira (traite de l’esclavage) et la fameuse loi récente avec son paragraphe sur la colonisation. D’autres s’insurgent et demandent à ce que la loi Gayssot soit maintenue, sans demander d’ailleurs qu’y soit ajouté un paragraphe sur les crimes staliniens, polpotistes, castristes, guevaristes, maoïstes. On peut faire plus simple: adopter le « 1er amendement »:

Congress shall make no law respecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercise thereof; or abridging the freedom of speech, or of the press; or the right of the people peaceably to assemble, and to petition the government for a redress of grievances.

It’s over

L’Iraq est en bonne voie. Loin de la perfection, mais en amélioration constante. En 2004 il y avait eu deux offensives majeures: la première de Moqtada Al Sadr combinée avec une offensive sunnite et islamiste. Al Sadr a été calmé par les armes, sa milice écrasée militairement, et politiquement les ayatollahs l’ont désavoué tandis que la population ne s’est pas soulevée. En novembre 2004, Falloujah a été reprise aux terroristes zarqaouites, qui ont évincé les sunnites baasistes aux commandes au fur et à mesure que ceux-ci se faisaient tuer ou capturer par les forces américaines.
En 2005 la partie est devenue chaque jour plus délicate pour les terroristes: les forces de sécurité iraqiennes en cours de formation sont entrées en jeu peu à peu, prenant une part active à la défense de leur pays, avec une connaissance du terrain et des coutumes qui manque aux Américains, et avec une motivation que l’on imagine sans peine supérieure à celle du soldat US de base. Mais la guerre ne se gagne pas militairement: elle se gagne politiquement. Et là…
Les élections en Iraq se sont déroulées comme les deux précédentes, et même mieux: participation en hausse, attentats en baisse. 59% en janvier, 63% en octobre, et aujourd’hui ce serait 70%. Les terroristes n’arrivent pas à effrayer la population où à infléchir les résultats du scrutin, leur pouvoir est limité à la nuisance: ils peuvent ralentir le processus, mais pas le stopper. It’s over. Ils perdent. Chaque jour qui passe, ils perdent un peu plus. Ils pourront toujours faire exploser des bombes, kidnapper des instits ou assassiner des juges, mais ils ne pourront pas prendre le contrôle des 25 millions d’Iraqiens libres. Les terroristes ont perdu.

L’ignorance c’est la force

Le président fantôme gesticule à propos de la colonisation (source: Le Monde):

Une « mission pluraliste pour évaluer l’action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l’histoire », telle est la proposition du président de la République, Jacques Chirac, pour que « les esprits s’apaisent » à la suite de la polémique sur la colonisation.

Pluraliste ? C’est-à-dire ? Composée d’historiens de toutes les couleurs politiques et ethniques, religieuses ? Les faits sont-ils différents si l’historien est de gauche ou de droite ? Noir ou blanc ? Juif ou chrétien ? Cela garantit-il la compétence ?
Un historien peut avoir son opinion, mais il entre alors dans le domaine « politique », surtout quand il s’agit faire le bilan de la colonisation. Du bon et du mauvais, on peut en trouver à foison: de l’abolition de l’esclavage à l’éducation gratuite, des routes et dispensaires, et aussi aux massacres de rebelles, à la mise en coupe réglée par des compagnies monopolistiques, au manque de considération pour les « indigènes »…
Savoir si la colonisation est « bonne » ou « mauvaise » est impossible à affirmer de manière définitive… à un niveau individuel, pour les personnes de l’époque, cela aurait été possible: l’enfant sauvé par la médecine occidentale, ou le tirailleur sénégalais envoyé dans les tranchées de Verdun. Mais tirer un bilan global ? Un enfant sauvé vaut combien de tirailleurs ? Une route vaut combien de morts pour sa construction ? C’est impossible à dire et établir un tel bilan n’est pas seulement absurde mais simplement abject. La « mission pluraliste » va donc s’enfoncer dans un consensus politique, car il n’y a pas de réponse historique. Elle va donc se contenter de célébrer « l’oeuvre humanitaire de la France », et regretter « les erreurs passées » (reconnues et admises depuis longtemps d’ailleurs…).

Vendredi 9 décembre, le chef de l’Etat a précisé qu’il avait proposé la constitution de cette mission au président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, qui l’a acceptée. Cette mission devra, entre autres, »écouter toutes les sensibilités et devra s’entourer d’historiens ». « Une réflexion sereine » doit être engagée « sur les zones d’ombre de l’histoire », a précisé Jacques Chirac. Les premières conclusions devraient être rendues d’ici à trois mois. Le président a prévenu qu’il serait « très attentif aux recommandations qu’elle fera ».

Quel naïf je suis! La mission ne sera pas composée d’historiens, mais de politiciens nommés par JL Debré! Le rôle des historiens ? Périphérique, secondaire! Et bien sûr, au choix des hommes politiques composant la « mission ». Comment imaginer une seule seconde que le rapport ne soit pas politique dans ces conditions ? Surtout que Chirac en rajoute une couche: il sera « attentif aux recommandations ». Lesquelles ? Que peut recommander une telle « mission » ? N’a-t-elle pas pour but d’éclairer les « zones d’ombre » ? Quel est donc l’objectif réel de cette commission ?

L’annonce de cette création permet à Jacques Chirac de ne pas trancher immédiatement la question en s’en remettant aux propositions de la commission.

1er objectif: gagner du temps pour Chirac. On se demande pourquoi, car le temps joue de toute façon contre lui. Incapable de diriger, c’est-à-dire de trancher, de prendre des décisions, il préfère botter en touche lorsque vient un sujet fondamental.

Le président de la République a également demandé au gouvernement que la Fondation sur la mémoire, prévue dans la loi controversée du 23 février 2005 mentionnant « le rôle positif » de la colonisation française, soit créée « dans les meilleurs délais ». Il a reconnu que cette loi « suscite un débat sur notre mémoire, un débat sur l’histoire de la France outremer ».

2nd objectif: placer des copains. Et une Fondation de plus! Avec votre argent messieurs dames! Vous la financerez que cela vous plaise ou non! Il y placera certainement des potes, avec émoluments sympathiques, réunions-dîners fréquents, et voyages à l’oeil.
Quant au débat en France outremer, les plus excités sont les Martiniquais et les Guadeloupéens alors que justement eux n’ont jamais été colonisés: ils ont colonisé ces îles, vendus en tant qu’esclaves par d’autres Africains… Descendants d’esclaves, ils ont aujourd’hui les mêmes droits que tout autre Français.

Face à la polémique grandissante, notamment dans les départements français d’outremer, M. Chirac a réaffirmé que « ce n’est pas à la loi d’écrire l’histoire ». « L’écriture de l’histoire, c’est l’affaire des historiens », a-t-il insisté en soulignant que « dans la République, il n’y a pas d’histoire officielle ».

3ème objectif: conserver les apparences. Il n’y a pas d’histoire officielle, sauf celle de la mission politique nommée par des hommes politiques, qui rendra un jugement politique, sanctionné par le président de la République. L’alibi ? La présence de quelques historiens en marge de la commission.

« Il faut que vienne le temps d’une réflexion sereine dans le respect des prérogatives du Parlement, dans la fidélité à nos idéaux de justice, de tolérance et de respect, dans un esprit d’unité et de rassemblement », a conclu le président de la République.

4ème objectif: l’histoire doit servir la tolérance et le respect, la justice et l’esprit d’unité et de rassemblement. Il suffit pour ça de nommer la mission adéquate, et de créer la Fondation ad hoc. La vérité ? Si ça sert les intérêts politiques uniquement…