La faute aux généreux

C’est à grand regret que je m’en vais. J’aime la France, quoi que j’en dise. Ce pays est magnifique. L’Histoire est présente partout, dans chaque petit village, chaque église… mais le passé est derrière nous. Et le présent, c’est un livre d’un prof de Sciences Po affirmant:

Dans une démocratie, personne n’est contraint de vivre dans son pays. Un individu en désaccord avec le niveau des dépenses publiques et des impôts est toujours « libre » de s’exiler ou de se suicider ; l’impôt est donc librement consenti par tous ceux qui « choisissent » de vivre dans un pays quelconque.

C’est une version polie du fameux « si t’es pas content casse-toi », avec cet ajout du meilleur goût: « si t’es pas content suicide toi ». Mais oui, les Français se suicident beaucoup, se droguent beaucoup, et émigrent malheureusement peu, solution tout de même moins radicale. Ils ne font plus d’enfants ou presque, non plus. Un suicide national, à petit feu. La faute aux impôts ? Pas seulement. La faute aussi aux profs de Sciences Po.

  1. Pensez-vous vraiment que l’herbe sera plus verte ailleurs? Moi, c’est en France que j’aurais plutôt envie d’émigrer pour échapper aux grotesques marchandages communautaires belgo-belges.

  2. L’herbe plus verte ? non pas vraiment. Je m’attends à une chute de mon niveau de vie, parce que mes diplomes ne vaudront plus grand chose, que je ne connais pas les us et coutumes dans le business là bas, alors que je les maitrise parfaitement ici.
    Mais ce sera fini les leçons de citoyenneté, je suis un nomade maintenant. Si l’Etat canadien me casse les pieds, je partirai encore. Le sacrifice initial est difficile, après on appelle ça de l’expérience.
    je ne sais pas vraiment comment le dire, mais le plus dur c’est le premier pas.

  3. Mauvais point: il ne faut pas partir avec des regrets, mais avec plaisir. Le plaisir de découvrir un environnement neuf, des gens nouveaux et différents, et la satisfaction de relever brillamment un défi! Le courage est du côté de ceux qui osent. Ceux qui restent en geignant finissent par s’étioler et s’éteindre.

    S’exiler n’est pas partir sur une autre planète. On peut toujours revenir en France pour les vacances, par exemple. Mais soyons honnêtes: depuis dix ans que j’en suis parti, je n’éprouve aucune envie d’y revenir – sauf pour y croiser famille et connaissances, naturellement. Mais sinon, aucun mal du pays. Au contraire, chaque retour est une piqûre de rappel sur mes raisons de partir.

    Mais quand vous reviendrez, rien que retrouver cette horreur d’aéroport Charles de Gaulle, infection architecturale, aux chiottes qui puent, les feuilles A4 scotchées dans tous les coins pour expliquer que tel escalator est hors service, les vitres qui n’ont jamais été lavées depuis l’inauguration du bâtiment, les transports publics citoyens, les auréoles de vieux café sur le moindre rebord… Vous aurez envie de repartir aussitôt.

    La France est un pays décérébré et morne, agité de spasmes en guise de vie. Il faut partir pour s’en rendre compte.

  4. Tu as raison Stéphane, et je le sais. Je le sais depuis longtemps. Et quand bien même, j’aime la France, elle ne m’aime pas. Je suis un amoureux déçu. Je connais tout le potentiel de ce pays, je sais à quel point il regorge de gens doués, volontaires, réellement solidaires. Et alors ? Tout cela est gâché. Je n’aime pas ce gâchis il me donne mal au coeur. Je veux y échapper. Pour mon salut personnel, mental, psychologique. Physique aussi, un peu, car un jour on pourrait bien se retrouver avec des situations très tendues au niveau sécuritaire.
    Et puis les enfants: quel avenir pour eux ici ? Des futurs petits esclaves de la dette, des fonctionnaires, des retraités, de l’éducation nationale, de la SNCF, et de tous ceux qui vivent sur le dos de la bête ?
    Alors oui je partirai avec des regrets, mais je sais au fond de moi que je fais le bon choix, le seul possible.

    Mais je ne veux pas non plus croire que là bas coulent des rivières de miel et de lait, car tout immigré subit un choc terrible, doit s’adapter à un environnement nouveau, et je ne crois pas que les premiers temps seront roses.

    Enfin bref. Stéphane, tu veux bien m’envoyer un mail sur mon adresse lmae chez lmae.net ?

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