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Note technique: le contrôle des « noms de domaine » est assuré par l’ICANN, via un serveur central, auquel tous les autres ordinateurs connectés au Net se réfèrent. Ce « root server » est relayé par 12 autres serveurs (y verront une analogie ceux qui veulent…), et sert en fait à ce que quand vous tapez www.lmae.net vous arrivez bien ici et pas ailleurs. Voilà ce que contrôle l’ICANN.

Difficile pour Le Monde de soutenir l’initiative onusienne de prise de contrôle de l’Internet, en réalité une prise de contrôle par l’Iran, la Chine, la Russie, Cuba et autres démocraties associées. Difficile pour Le Monde de ne pas soutenir l’ONU, tout simplement parce que c’est l’ONU, et que multilatéral, c’est bien. Difficile pour Le Monde de soutenir le status quo, car cela voudrait dire prendre position « pour » les Etats-Unis. Alors quand Le Monde fait son édito sur le thème « Internet sous contrôle« , on imagine sans peine les débats au sein de la rédaction! Et malheureusement on imagine sans peine le résultat final… la preuve:

Les Etats-Unis doivent-ils garder les rênes d’Internet ? Beaucoup, de l’Union européenne à l’Argentine, mais aussi les pays à régime non démocratique, de la Chine à l’Iran, plaident pour l' »internationalisation » de sa gestion.

Régime « non démocratique », bel euphémisme pour « sanguinaire », « dictatorial », « violent », « communiste »… Pourquoi vouloir retirer à l’ICANN la gestion des noms de domaines ? Parce que ce serait un premier pas vers la politisation du Net, vers son contrôle étatique. C’est le début d’une pente glissante vers toujours plus de contrôle: l’UE pour y mettre des taxes, la Chine pour emprisonner des dissidents.

Comment « internationaliser » Internet ? Les options, libérales ou étatiques, visent toutes à rompre la relation d’autorité qui soumet la gestion et l’administration de la Toile au département du commerce américain. Historiquement, Internet est une création américaine. Ses entreprises, ses chercheurs et ses ingénieurs l’ont, pour l’essentiel, inventé. Depuis, les Etats-Unis y détiennent presque tous les pouvoirs. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, « débrancher » un pays. Si l’idée lui en venait, Washington pourrait rendre inaccessibles tous les sites inscrits au « .fr ». Il lui suffirait d’agir sur un seul ordinateur, la « racine ultime » qui orchestre le fonctionnement des douze « serveurs racines » sur la planète. Tenu en un lieu secret, ce grand maître de la Toile est contrôlé par l’Icann, une société privée à but non lucratif placée sous l’autorité du département du commerce américain.

Quelles options libérales de « contrôle » d’Intenet ? Je n’en ai jamais vu une seule, et pourtant je me classe moi-même comme étant libéral. Le Net fonctionne très bien tel quel, et à ma connaissance à part les psychopathes censeurs et les Européens souhaitent le modifier.
D’autre part, la relation d’autorité entre le DoC et l’ICANN est simplement formelle. A ce jour, jamais le Departement of Commerce ne s’est invité aux réunions de l’ICANN, ce qui aurait immanquablement provoqué un tollé international. Pourquoi donc remettre en cause une institution de facto indépendante ?
Concernant cette prétendue épée de Damoclès de « débrancher un pays » non seulement l’ICANN ne l’a jamais brandie, mais je pense que l’idée même n’a pu germer que dans les cerveaux malades des censeurs! Qui pourrait rêver de couper l’accès à tous les domaines de tel ou tel pays ? Cela provoquerait non seulement un chaos immense à l’intérieur de ce pays, mais techniquement la mesure pourrait être contournée, et gênerait peut-être autant ceux qui en seraient responsables!
Enfin, admirez le voile noir jeté par le mot « secret »: si la localisation du root server est secrète, c’est tout simplement pour des raisons de sécurité. Une bombe sur ce root server, et le Net en prend un sale coup. Et le Net est aujourd’hui vital à l’activité économique mondiale. Une raison suffisante à elle seule pour s’abstenir de jouer avec les noms de domaine pour le Ministère du Commerce américain, non ?

Les Etats-Unis plaident pour un maintien de cette structure, arguant de la nécessité de « préserver la sécurité et la stabilité » de la fonction assurée par l’Icann. S’ils admettent la légitimité de la demande des Etats de gérer leur « nom de domaine » et considèrent que le « dialogue » doit se poursuivre, il est difficile de voir une ouverture dans leur exigence de maintien du statu quo. La réaffirmation, dans une déclaration officielle, le 30 juin, de « l’importance capitale » que revêt Internet pour les Etats-Unis, exprime clairement leur volonté d’en conserver le contrôle ultime.

Les Etats gèrent déjà leurs « noms de domaine »: en France le .fr était contrôlé par une université (l’INRA je crois), et c’était la croix et la bannière pour avoir un nom de domaine en .fr, en plus d’être évidemment extrêmement coûteux. Qui contrôle l’extension du Zimbabwe ? Ou celle de la Mozambique ? Peut-être que les gouvernements là-bas n’en ont rien à cirer… et peut-être que quelques universitaires linuxiens le font déjà! En tout cas que ce soit l’ICANN ou un autre qui contrôle cette extension, ce n’est pas un problème majeur: avoir un .fr ou .com importe peu, et l’ICANN ne va pas vouloir contrôler des pays qui demandent à contrôleur eux-mêmes, comme c’est le cas de la France.

Cette position est-elle tenable ? A l’inverse, le Réseau a-t-il à gagner à passer sous un contrôle international ? Deux visions s’affrontent. Celle de la « garantie » américaine est légitimée par l’histoire d’Internet. L’internationalisation, elle, s’inscrit dans son développement. Internet est déjà utilisé par un milliard d’hommes. En nombre de « connectés », l’Asie vient en tête, suivie de l’Europe ; l’Amérique du Nord est désormais derrière. En deux décennies, Internet a échappé aux seuls Etats-Unis. La plus grande part du développement du Réseau est aujourd’hui commerciale, culturelle ou scientifique. Son rôle politique est devenu incontournable et son importance stratégique vitale.

Les arguments sont absurdes: que le Net ait été conçu et développé aux USA est une chose, mais ce qui est vraiment important c’est que jamais au grand jamais personne là-bas n’ait tenté de le contrôler politiquement, et qu’aucune entité privée n’ait jamais réussi à mettre la main dessus du fait justement de sa structure. Que le Net soit maintenant utilisé de façon mondiale le confirme: c’est un réseau ouvert, où la connexion dépend de paramètres avant tout techniques et financiers (deux coûts qui se sont effondrés depuis 10 ans, au point d’en faire une commodité en Amérique du Nord, cf les « hotspot » wifis gratuits partout!). Le Réseau est déjà ouvert!
L’Internet n’a donc pas « échappé aux Etats-Unis« , mais s’est tout simplement développé, a grandi en fonction des connexions. Une croissance hors de tout contrôle, menée par des universitaires et des entreprises privées.

Washington refuse de céder la place à la communauté internationale en invoquant la nécessité d’exclure toute prise sur lui d’Etats non démocratiques. Argument de poids, quand on sait que l’ONU a accepté que le Sommet mondial se tienne dans un pays qui interne ses internautes.

De même que l’Egypte, l’Iran, la Chine, la Russie, et j’en passe…

Certes, si des Etats autoritaires disposaient du contrôle de leur nom de domaine principal, ils verraient leur pouvoir renforcé.

Surtout qu’ils ne s’arrêteraient pas en si bon chemin. Ils demanderaient un jour prochain à contrôler tel ou tel aspect, quitte à modifier techniquement le réseau, pour pouvoir identifier de façon certaine chaque ordinateur, et in fine chaque personne connectée. L’objectif est bien entendu le flicage, la censure, les impôts…

Mais Internet véhicule autant la propagande que la contestation. La démocratie ne peut que gagner du terrain lorsqu’un tel moyen de communication et d’expression se développe.

Et ce ne serait pas le cas aujourd’hui ? Combien y a-t-il de blogs égyptiens ? Tunisiens ? Iraniens ? il y en a. des tonnes, à vous de chercher! La censure aujourd’hui peut être contournée, même si en Chine, et avec l’aide de compagnies occidentales (Yahoo, Cisco, Microsoft…) le contrôle est très efficace. Il n’empêche, dans la course technologique entre les censeurs et les censurés, la guerre n’est pas perdue d’avance, surtout quand l’autorité suprême ne prête aucun concours aux censeurs!
Le Net est donc aujourd’hui dans la position optimale pour arriver à véhiculer la contestation. D’ailleurs où publierais-je mes textes, si je n’avais pas ce petit site…

A supposer que cela ne soit pas un voeu pieux, en confier les clés à un organisme international communément accepté par tous relève, dès lors, du bon sens. Sauf à juger que seul Washington est aujourd’hui capable d’assurer la sécurité du réseau virtuel, comme celle du monde réel.

Enfin Le Monde prend position! Mais en dépit du bon sens, c’est pour le contrôle du Net, malgré les faits: le Net n’a jamais eu autant de trafic, autant de sites, et ne s’est jamais aussi bien porté, malgré les coups de boutoir des censeurs.
Pourquoi dès lors, vouloir lui imposer des contrôles ? S’il y a bien un seul pays aujourd’hui dans lequel la liberté d’expression soit respectée, c’est bien les Etats-Unis d’Amérique, n’en déplaise aux journalistes du Monde, toujours prêts à s’acoquiner avec la pire racaille pourvu qu’il y ait un angle anti-américain quelque part. Pitoyable, et so french!

  1. En Afrique du Sud, un volontaire avait géré les noms de domaines à ses propres frais, et cela fonctionnait très bien jusqu’à ce que le gouvernement raciste anti-blanc corrompu décide qu’il ne fallait surtout pas laisser un tel service au domaine privé (i.e. à des individus responsables), et a nationalisé la gestion des domaines, ce qui coûte dorénavant des millions au contribuable chaque année, rien qu’en frais de fonctionnement de comité politique corrompu et inutile.

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