Daily Archives: mardi 14 novembre 2006

Sortir de l’irak

Sortir de l’Irak, tel était l’édito du Monde du 11 novembre. Un concentré des belles idées européennes…

Quelle sera cette « nouvelle perspective » que le président Bush a promise à propos de l’Irak, après la « raclée » – c’est son expression – enregistrée par son Parti républicain aux élections de mi-mandat ?

La question est posée à Washington sans que personne ne soit encore en mesure d’apporter une réponse. Une seule chose est sûre : tout le monde semble aujourd’hui favorable à un changement de politique. George W. Bush a compris qu’il lui fallait trouver les moyens de sortir de l’impasse s’il voulait sauver sa présidence.

Stupide Dubya qui n’avait pas compris jusque là l’impasse iraqienne, alors que les médias l’annonçaient dès la 2nde semaine de conflit, en avril 2003! Et depuis les mêmes médias n’ont eu de cesse de présenter l’Iraq comme étant une annexe de l’enfer, avec un peu de pétrole en plus. Quid des réussites passées sous silence ? Quid de la réalité militaire ? Quid de la comparaison avec, par exemple, ce qui s’est passé il y a à peine 10 ans en Bosnie, en Croatie (centaines de milliers de morts, centaines de milliers de personnes déplacées/déportées) ? Ou de ce qui se passe au Darfour ou au Congo (centaines de milliers de morts, et même millions au Congo) ? Quid des pertes US somme toutes ridicules au regard des conflits du siècle passé (et même… au regard du 11 Septembre!) ?
En focalisant toute l’attention sur un seul conflit, en occultant complètement tous les indicateurs permettant de relativiser l’importance, l’intensité du conflit, les médias dramatisent à l’excès, donnent tous les jours des victoires à ceux qu’ils appellent « insurgés », « rebelles », « résistants » au lieu de terroristes, barbares, bouchers, assassins.

Les républicains ne veulent pas aborder l’élection présidentielle de 2008 avec plus de cent mille soldats américains impliqués dans une guerre civile.

Guerre civile ? Ou minorités terroristes contre un gouvernement élu démocratiquement ? Il est certain que les Shiites ont une revanche à prendre, d’autant qu’ils sont encore les victimes des terroristes sunnites, mais si on veut voir une réelle guerre civile, il suffit pour cela de quitter totalement l’Iraq. Ce jour là on découvrira ce qu’est une réelle guerre civile. Bagdad, majorité sunnite, vidée de 60% de ses habitants par l’armée à majorité shiite ? Les villes sunnites systématiquement bombardées et leurs habitants réduits à l’exil ? Des centaines de milliers de morts, des millions de réfugiés fuyant vers la Syrie, la Jordanie, l’Iran ?
Mais les médias eux, en sont certains: c’est une guerre civile car ils veulent que c’en soit une. Il suffit de leur proclamer que c’en est une pour en faire une. C’est la pédagogie de la répétition.

Les démocrates, qui ont gagné la majorité au Sénat et à la Chambre, seraient encore renforcés pour les prochaines échéances s’ils contribuaient à sortir leur pays du bourbier irakien.

Si on ne fait pas un article sur l’Iraq sans écrire « bourbier »… Il doit y avoir une règle dans les rédactions…
Quant aux Démocrates US, comme je l’ai écrit dans un autre article ils peuvent parfaitement être renforcés électoralement par un retrait d’Iraq. L’Iran et la Syrie, sachant qu’ils pourront dépecer l’Iraq tranquillement se tiendront bien sages, donneront des gages de gentillesse qu’ils s’empresseront de piétiner si un président démocrate est élu en 2008. On sait ce que valent les promesses des dirigeants occidentaux, alors celles des dictateurs moyen-orientaux…

Personne, toutefois, ne veut être accusé d’accepter une retraite qui serait, pour les Etats-Unis et pour leurs alliés, à la fois humiliante et dangereuse.

Eclair de lucidité au Monde: la retraite serait humiliante et dangereuse. Mais alors pourquoi ne pas y rester ?

Ni M. Bush ni ses adversaires démocrates n’ont de solution. Ils espèrent le salut du Groupe d’études sur l’Irak. Le président n’attendra pas la remise du rapport de cette commission bipartite, prévue à la fin de l’année, pour avoir un avant-goût de ses recommandations.

Commission dite « Baker », qui prône un « dialogue » avec l’Iran et la Syrie, les deux financiers, logisticiens et idéologues des terroristes en Iraq. Les deux principaux ennemis des Etats-Unis au Moyen Orient et de leurs « alliés ».

Les deux vieux routiers de la politique étrangère qui président la commission – le républicain James Baker et le démocrate Lee Hamilton – sont connus pour ne pas sombrer dans les considérations idéologiques.

C’est-à-dire qu’ils sont « réalistes », comme on l’était au « bon vieux temps » de la guerre froide, où l’on disait d’un dictateur « c’est peut-être un salaud, mais c’est mon salaud ».
Si la cause du désastre économique et culturel du monde islamique en général est lié au manque de libertés dans ces pays, ce n’est pas avec Baker que ça changera. Les Egyptiens prendront encore 20 ans de Moubarak, les Syriens 20 ans d’El Assad, et les Iraniens sont condamnés à l’éternité au régime des mollahs.
Et dans 20 ans on aura les mêmes problèmes qu’aujourd’hui: des dirigeants tarés et/ou corrompus jusqu’à l’os, des pays sous développés culturellement et économiquement, des populations très jeunes et désoeuvrées, le tout avec des armes nucléaires.

Leurs conclusions devraient s’articuler autour de trois idées : maintenir autant que faire se peut l’intégrité d’un Irak fédéral afin de ne pas abandonner le pays aux rivalités ethniques et aux convoitises de ses voisins ; opérer une diminution progressive des forces américaines en plaçant le gouvernement irakien devant ses responsabilités ; entamer des conversations avec les pays limitrophes de l’Irak qui sont à un titre ou à un autre impliqués dans le conflit.

Demander poliment aux voisins de ne pas mettre en pièces le pays alors qu’ils ont déjà commencé à semer les graines de la guerre civile, voilà l’essentiel du plan Baker. Et vous pensez que les Iraniens vont faire quoi ? Rire ? Signer avec un grand sourire ?

Ce dernier point suppose que Washington accepte de parler avec l’Iran et la Syrie. George Bush s’y est jusqu’à maintenant refusé, car il les considère comme deux Etats « voyous ».

C’est GW Bush qui les considère comme des Etats voyous. Personne en France n’aurait l’idée d’appeler ainsi un Etat qui achète des Airbus, vend du gaz à Total, et importe des Peugeot! En plus avec le programme nucléaire iranien la Cogema va peut-être pouvoir vendre du combustible, qui sera ensuite retraité à la Hague!
Quid de l’appui financier et logistique au Hamas et au Hezbollah ? Etat voyou ? Pffft une idée aussi risible ne peut que germer dans la tête de Stupid Bush…

Ces éventuelles négociations ne se limiteraient pas à la question irakienne, qui ne saurait trouver de solution que dans un contexte régional, englobant le conflit israélo-palestinien et le différend sur le nucléaire iranien.

L’édito du Monde pourrait s’arrêter là: tous les problèmes du Moyen Orient peuvent être ramenés au « conflit israëlo-palestinien » pour le journaliste de base. Les problèmes en Iraq ? Facile, il suffit de régler le « conflit israëlo-palestinien », où des islamistes assoifés de sang (Hamas, Fatah) cherchent à annihiler une population heureusement bien défendue (donc forcément coupable!).
Ceci dit, on imagine un peu les négociations futures sur l’Iraq: « laissez-nous évacuer nos soldats et on fera pression sur Israël pour qu’ils lâchent Jerusalem, et soyez gentils arrêtez votre programme nucléaire ». Et si l’Iran décide de ne pas respecter sa parole ?

Mais l’édito continue:

Il ne s’agirait donc pas d’une simple inflexion de la politique irakienne de la Maison Blanche, mais d’un véritable changement de stratégie, même si l’objectif proclamé reste le même : la guerre contre la terreur. Le président est connu pour avoir des convictions. En se séparant de Donald Rumsfeld, il a montré qu’il avait une grande flexibilité tactique. Il a maintenant l’occasion de se plier au réalisme auquel l’invitent les électeurs.

Réalisme = s’avouer vaincu, abandonner l’Iraq à l’Iran, laisser l’Iran avoir l’arme atomique. Le réalisme nous a mené au 11 Septembre. Le réalisme nous mènera à l’heure du terrorisme tellement massif que le bilan du 11 Septembre nous semblera dérisoire.

Les médias n’en ont cure, mais en donnant la victoire aux terroristes et à l’Iran, ils ont probablement gaché la dernière chance de paix réelle pour des années. Quand l’Iran aura ses 50.000 centrifugeuses, 100 ou 200 bombes chaque année pourront être produites dans les usines iraniennes. Combien de villes européennes et américaines seront bombardées avant une riposte ? Oh, bien sûr, Israël sera déjà rayé de la carte, mais ça, on s’en fout, n’est-ce pas ?