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Fallouja, « émirat moudjahid »

Fallouja, « émirat moudjahid«  titre Le Monde le 30 juin 2004. Les analyses de ce journal sont si constamment dans l’erreur qu’il suffirait presque de penser l’inverse pour être dans le vrai.

Epine au pied du nouveau premier ministre irakien, la ville de Fallouja, aux portes de Bagdad, est totalement contrôlée par les rebelles armés et leurs chefs, les « émirs », qui imposent la loi islamique.

En fait la ville est mise en coupe réglée par des gangs. Comme le souligne Omar la proximité entre criminels et terroristes est inévitable, et Falloujah doit être autant sous la coupe des uns que des autres. Les perdants ? Les habitants de Falloujah principalement, avec une ville dont les sorties sont sous contrôle US, qui vivent dans l’insécurité permanente, l’arbitraire islamique…

Fallouja, d’une année à l’autre, est devenue le symbole de l’échec américain en Irak. C’est là, dans la « cité des mosquées » sunnite, qu’a eu lieu la première action de guérilla, en avril 2003, peu après la chute de Saddam Hussein, et ce sont ses moudjahidins (combattants) qui ont infligé à l’armée américaine sa première défaite militaire, en avril 2004. Entre ces deux printemps, une année d’erreurs tragiques. Et Fallouja est devenue le premier « émirat moudjahid » en Irak.

Une ville de 200.000 habitants contrôlée par les islamistes et les baasistes dans un pays de 17 millions d’habitants c’est une défaite ? Ne serait-ce pas plutôt l’expression d’une certaine finesse dont les Américains seraient censés manquer cruellement ?
Rémy Ourdan, l’envoyé spécial du Monde en Iraq, parle de défaite militaire. Laquelle ? Les Marines se sont retirés de Falloujah après avoir pris le contrôle de tous les quartiers, sauf d’un, le « Golan ». J’ai regretté comme beaucoup d’autres qu’ils n’aillent pas au bout du processus. Aller au bout aurait certainement eu des conséquences plus désastreuses que laisser la ville aux mains des groupes armés. Quitter la ville pour ne pas causer de destructions irrémédiables, s’aliéner la population définitivement et la laisser sous contrôle des terroristes pour laisser le choix aux habitants eux-mêmes: vous préférez les saddamites et les islamistes ou la police iraqienne ?
On imagine aussi que pour Rémy Ourdan « le premier émirat » signifie que d’autres vont suivre….

Les « émirs »… C’est ainsi que les moudjahidins appellent leurs commandants militaires, qu’ils soient salafistes, soufis, « al-qaidistes » ou caïds de quartier. Emirs, des officiers de l’armée baasiste et des moukhabarat (services secrets) de Saddam Hussein le sont aussi devenus. Les émirs règnent en maîtres à Fallouja.

Cf ce que je disais juste au dessus: une bande hétéroclite de criminels, chacun avec des objectifs divergents. Imaginez le racket, les exactions diverses etc. Une fois au nom d’Allah, une fois au nom de Saddam, une fois pour le plaisir, une fois parce que les brigands ont faim, une fois pour les femmes…

Les émirs de la « résistance irakienne » se partagent le « territoire libéré » de Fallouja et des alentours, la première région d’Irak où les soldats américains ne posent plus le pied. Et ces émirs sont réunis, depuis la fin de la violente bataille du printemps, au sein d’un « conseil moudjahidin », la Choura, en compagnie des dignitaires religieux et tribaux. Cette Choura avait été créée durant l’hiver et est contrôlée par les imams Abdallah Al-Janabi et Dhafer Al-Oubeydi.

Les soldats Américains n’y posent plus le pied, pourquoi ? Parce que militairement ils ne le peuvent pas, ou par choix tactique ? Quant à la Choura, elle organise la chourave ? (chouraver = voler en argot…)

Figures célébrées et controversées, les imams sont les deux chefs spirituels de la guérilla de Fallouja. L’imam Al-Janabi, de la mosquée Saad bin Abi Wakkas, est perçu par beaucoup de moudjahidins comme étant le leader des takfiris, les combattants les plus extrémistes, étrangers ou irakiens liés à des organisations arabes étrangères. Il n’en est pas moins très respecté, autant que craint, par la population locale. Très radical, il fut le premier à appeler l’an dernier à la résistance armée, puis à l’assassinat des « espions ». L’imam Al-Oubeydi, de la mosquée Al-Hadra Al-Mohammadiya, est plus respecté au sein de la Choura par certains émirs de Fallouja et les chefs tribaux, notamment pour sa science religieuse et ses fatwas.

1er groupe: des combattants étrangers! Non à l’occupation de l’Iraq! Non aux bottes iraniennes, séoudiennes et autres barbus! Vive l’Iraq libre! Heh. C’est bizarre comme les mêmes qui crachent sur l’armée de libération US ne trouvent pas grand chose à redire aux jihadistes étrangers…
2ème groupe: les locaux, menés par le docteur en décapitation, lapidation, et assassinat d’infidèles!
Oh la belle alliance! Et ils s’appuient sur quels outils pour régner ? La démocratie participative ? Le référendum direct ? L’exécution sommaire ?

« L’émirat moudjahid » de Fallouja est dorénavant le problème principal du nouvel homme fort de l’Irak, le premier ministre Iyad Allaoui, qui ne peut guère tolérer que des rebelles armés contrôlent un territoire aux portes de Bagdad. Territoire où ils ont désormais des lieux d’entraînement militaire, des caches d’armes, où ils accueillent des combattants étrangers et d’où ils mènent des opérations jusqu’au cœur de la capitale irakienne.

Opérations dans le genre de celle-ci ?
Ceci dit, c’est exact: en laissant ouvert le problème de Falloujah, les Américains forcent le nouveau gouvernement d’Iraq à prendre ses responsabilités. A vous de jouer. C’est maintenant un problème irakien. La motivation pour y mettre un terme ne sera pas la même que pour les Américains: impossible pour le nouveau pouvoir de s’affirmer sans faire régner l’ordre dans le pays.

Les forces de sécurité et des Bagdadis ont noté que, pendant le siège de Fallouja, en avril, peu d’attentats ont eu lieu à Bagdad, et qu’ils ont repris aussitôt après le siège. Certains en tirent la conclusion que Fallouja est la principale base du « terrorisme » en Irak. Et des voix chiites et kurdes commencent à s’élever contre ce que certains appellent « l’émirat taliban d’Irak », ou « l’émirat wahhabite ».

Encore une bonne raison de laisser pourrir la situation: tout le monde comprend désormais quel est son intérêt bien compris. Les Baghdadis aussi, premières victimes des attentats. Et vous pensez qu’avec tout le pays contre eux ils vont tenir longtemps ? Quand ils s’attaquaient aux Américains, encore avaient-ils un peu de légitimité, ou au moins pouvaient-ils compter sur l’indifférence. Maintenant qu’ils s’attaquent à un pouvoir irakien, en tuant principalement des Irakiens, ils vont voir les efforts contre eux décupler. By God, this is suffocation! (voir aussi: The National Review).

« A Fallouja, le temps est comme suspendu, témoigne S., un moudjahid qui fait office de messager entre des mosquées de la cité rebelle et des mosquées de Bagdad. Nous avons vaincu les marines américains, qui ont été forcés de se retirer dans le désert, et le calme est revenu. Les moudjahidins font régner la loi islamique. Mais Fallouja est isolée, et les services secrets d’Allaoui et des Américains nous envoient toujours plus d’espions, que nos émirs tuent lorsqu’ils les découvrent. Les gens sont anxieux. La lutte ne fait que commencer… « 

Forcés de se retirer dans le désert ? Heh. La suite du témoignage laisse imaginer le niveau de paranoïa des organisations terroristes. Ils doivent voir des espions partout. Sauf que les espions peuvent prendre la forme d’écoute via des drones de 30cm de long et 10 de large qui écoutent toutes les conversations pendant 10h et les rentransmettent à une base 10 km plus loin, ou un avion relais. Sauf que l’espion c’est peut-être ce pauvre type à qui les vaillants moudjahideens ont confisqué la voiture pour le jihad! Ou encore ce pompiste qui ne voit plus passer une seule voiture… ou n’importe quel autre citoyen de cette ville…

Isolée, Fallouja s’enfonce dans la paranoïa. La chasse aux « étrangers », c’est-à-dire à tous ceux qui n’habitent pas la ville, est ouverte. La décapitation filmée de l’homme d’affaires américain Nicholas Berg a été revendiquée par Abou Moussab Al-Zarkaoui, le chef de Tawhid wal djihad (Unification et guerre sainte), un mouvement lié à la nébuleuse Al-Qaida qui regrouperait des takfiris, volontaires arabes étrangers ou jeunes désœuvrés de Fallouja fascinés par le fondamentalisme.

C’est amusant, car lorsque j’écris mes articles je choisis d’abord un article en lisant les 10 premières lignes et ensuite je le commente au fur et à mesure sans lire l’ensemble. Aussi je décris la parano qui doit inévitablement saisir les terroristes et voilà que dans le paragraphe d’après apparaît ce même mot…

Depuis, les assassinats se sont multipliés : exécution d’un homme d’affaires libanais et de ses deux assistants irakiens, retrouvés égorgés à l’entrée de la ville ; assassinat de six camionneurs chiites de Bagdad et du Sud, dont les corps atrocement mutilés ont été, moyennant paiement d’un « impôt moudjahidin », rendus à leurs familles ; exécution, similaire à celle de Berg, du Sud-Coréen Kim Sun-il… « D’avril à juin, les moudjahidins ont aussi exécuté une trentaine d’habitants de Fallouja dénoncés comme étant des espions des Américains, raconte H., un fidèle de la mosquée Saad bin Abi Wakkas. Cheikh Janabi encourage dans ses prêches la traque et l’exécution des espions. « 

Voilà qui va encourager la population à coopérer n’est-ce pas ? Mais avec qui ? Les terroristes ou les forces gouvernementales irakiennes ? Je vous laisse deviner…

L’affaire des camionneurs chiites a ému l’Irak. Des chefs de leur tribu se sont rendus à Fallouja chez l’imam Al-Janabi, qui, tout en affirmant ignorer l’identité des coupables, a justifié le crime au nom du « droit des habitants de Fallouja de juger des étrangers de passage », selon un journaliste de Fallouja, avant de congédier sèchement ses hôtes. Le président irakien Ghazi Al-Yaouar a publié un long communiqué s’en prenant aux « criminels qui ont pour objectif de répandre la terreur, d’entraver le processus politique et de porter atteinte à l’image des habitants de Fallouja ».

Encore quelques petites exactions dans le même genre, et j’imagine que ce ne seront plus des chefs tribaux qui se rendront à Falloujah, mais des petites unités para-militaires organisées pour plastiquer la mosquée où l’autre maniaque du jugement des étrangers de passage fait ses prêches quotidiens…

Isolée, Fallouja s’enfonce aussi dans la charia (la loi islamique) la plus stricte, au grand dam de beaucoup des 500 000 habitants de cette région pourtant conservatrice, effrayés par tant de radicalisme. Peu après la fin de la bataille d’avril, les moudjahidins ont investi la portion de la route Fallouja-Ramadi où les jeunes hommes se retrouvent traditionnellement, à l’écart de la ville, pour boire de l’alcool, parler de football et de filles. Les nouveaux maîtres de la cité se sont saisis de certains d’entre eux et, le lendemain, leur ont offert un tour de Fallouja sur le plateau arrière d’un pick-up, les battant jusqu’au sang devant la population.

Au grand dam des habitants ? Nooonn, pas vrai ? Encore un moyen sûr de s’attirer les bonnes grâces de la population! Et ça va durer combien de temps à votre avis ce petit jeu ? Vous pensez que les habitants de Falloujah vont se laisser martyriser ?

Les moudjahidins ont ensuite placardé leurs « décrets d’Allah, qui a offert la victoire », sur les murs de Fallouja. Invitation à dénoncer tout étranger, interdiction de boire de l’alcool, menaces envers les femmes qui ne porteraient pas l’abaya ou souhaiteraient se maquiller.

« Nous n’aurons aucune pitié pour celles qui combattent Allah par leur beauté et leurs tenues vestimentaires », prévient une pancarte. Ils ont par ailleurs rendu visite aux commerçants, des vendeurs de CD aux coiffeurs, accusés de promouvoir, par la musique ou la coupe de cheveux, des coutumes occidentales et « anti-islamiques ». Les combattants, qui seraient près de dix mille, auréolés de leur victoire contre les marines américains, ont pris le pouvoir dans la rue, avec le soutien des Mosquées, et par les armes, si nécessaire. L’ordre règne à Fallouja.

Dénoncer tout étranger. Heh. Ils ont la trouille. Ils se mettent à dos toute la population. Ils règnent dans la terreur.

Après la bataille, les marines américains avaient créé la Brigade Fallouja, formée d’anciens militaires baasistes, qui devait, avec la police et la garde nationale, assurer la sécurité en ville. La Brigade Fallouja devait aussi retrouver les assassins des quatre paramilitaires de la société américaine de sécurité Blackwater, mitraillés, brûlés et suspendus à un pont, incident dont la diffusion des images aux Etats-Unis avait été l’élément déclencheur de l’offensive. Rien de cela n’est arrivé, et l’islamisation de Fallouja, ou sa « moudjahidisation », dépasse nettement une « re-baasisation » parfois évoquée. Les moudjahidins contrôlent d’ailleurs chaque entrée de la ville, à des check-points tenus conjointement avec des policiers auxquels ils donnent des ordres.

Il a oublié: brûlés vifs et ensuite écartelés et démembrés… Combien de temps les terroristes peuvent tenir cette ville ? Ils ont tout l’Iraq à dos et la population de la ville. Le principe de base d’une guérilla réussie c’est de pouvoir se fondre dans la population. Si la population vous rejette, vous faites quoi ?

Commandant de la Brigade Fallouja, le général Mohammed Latif n’a aucun pouvoir dans « l’émirat moudjahid », lui dont la famille vit à Bagdad, dans le quartier d’Adhamiya. L’influence militaire baasiste à Fallouja est davantage entre les mains de Jassem Mohammed Saleh et d’Abdallah Hamed, originaires de la ville. Jassem Mohammed Saleh, prédécesseur éphémère du général Latif à la tête de la Brigade Fallouja, cultive des liens étroits avec les émirs moudjahidins.

« Les dignitaires de Fallouja auraient préféré que Jassem Mohammed Saleh commande l’armée. Ils n’ont toutefois finalement rien contre le général Latif, puisqu’il laisse le champ libre aux moudjahidins. Latif ne représente aucune menace pour l’imam Al-Janabi et pour la guérilla », raconte un journaliste de Fallouja. « Ces jeux de pouvoir sont le fait de Mohammad Abdallah Al-Chahouani, le chef des nouveaux services secrets gouvernementaux formés par les Etats-Unis, ajoute-t-il. Chahouani espérait qu’un retour des officiers baasistes atténuerait l’influence des moudjahidins, mais c’est le contraire qui s’est produit. Les baasistes remis en selle par les Américains obéissent aux chefs de la guérilla. »

Et les baasistes désormais relégués au rang de supplétifs des islamistes étrangers ne représentent désormais plus une menace en eux-mêmes. Les Irakiens savent désormais que les seuls à « résister » sont des terroristes étrangers qui ont pour projet de faire de l’Iraq un Afghanistan talibanesque bis. Et vous pensez vraiment qu’ils vont se laisser faire ? Quelle belle punition pour Falloujah, et quel bel exemple pour le reste de l’Iraq: prenez le parti des terroristes, et voilà ce qui arrivera!

A Bagdad, dans les cercles religieux de la guérilla sunnite, on pense aussi, comme à Fallouja, que la lutte ne fait que commencer. Dans le salon de réception de la mosquée Cheikh Ibn Taymiya, l’imam Mahdi Al-Sumaidaï, vêtu d’une djellaba et d’un turban blancs, l’œil pétillant, sourit. Il a récemment été libéré de la prison américaine d’Abou Ghraib, après cinq mois de détention. Lors d’un raid, le premier jour de l’année, l’armée américaine avait trouvé des armes dans sa mosquée. L’imam Al-Sumaidaï, le guide des salafistes irakiens, est souvent présenté comme le leader spirituel de la guérilla sunnite dans le pays. « Ne me présentez pas comme le chef spirituel des moudjahidins, prévient-il, ou je vais retourner en prison. » Et il éclate de rire. L’imam Al-Sumaidaï vient de retourner à Fallouja, pour la première fois depuis sa sortie de prison. Il en revient encore plus convaincu que la lutte armée est la seule voie. « La bataille d’avril a prouvé, parce qu’une poignée de moudjahidins a tenu en échec une armée si puissante, que la victoire ne vient pas uniquement de la force militaire. La victoire vient d’Allah et de l’ardeur de la foi… En un an, la résistance s’est étendue de quelques hommes à quelques brigades, puis à quelques villes. A moins que les Américains calment le jeu, à moins qu’ils deviennent sérieux et honnêtes, inch’Allah – si Dieu le veut – la résistance sera victorieuse. »

Voilà pourquoi il est dommage de ne pas avoir terminé le boulot à Falloujah: cela a donné de l’espoir à des fous. Ceci dit, après l’épisode d’Al Sadr et le confinement de Falloujah, on voit mal comment leurs projets déments pourraient être mis à exécution. En tuant des innocents, ils espèrent faire fuire les Américains et gagner la confiance de leurs victimes ?

Jassem Al-Issaoui, le porte-parole du Conseil des salafistes et des soufis en Irak, pense que « les Etats-Unis ont décidé de détruire Fallouja, parce que la ville est un symbole religieux et un symbole de résistance ». « Nous sommes tous émus, touchés, en colère. L’attaque américaine de Fallouja fut une punition collective. Comment devait-on réagir ? Offrir des fleurs aux marines, ou résister et contre-attaquer ? Et pourquoi le monde entier, qui refuse de juger les crimes américains, appelle-t-il nos résistants des « terroristes » ? Les Américains sont des cow-boys, alors que nous sommes un mouvement de résistance populaire. » Jassem Al-Issaoui oppose à cette « résistance populaire » des « groupes récemment arrivés, des étrangers, oui, c’est vrai, qui tentent de briser le cessez-le-feu ».

Pas d’inquiétude mon brave, en France les terroristes sont appelés résistants! Quant à la tactique observée à Falloujah, on est bien loin de la « punition collective ». (pour plus d’infos là-dessus, voir les archives du Belmont Club du mois d’avril 2004)

« Les leçons de la bataille de Fallouja sont que non seulement l’armée américaine peut être tenue en échec, mais que la sécurité est excellente là-bas depuis que les moudjahidins contrôlent la ville, pense Qays Al-Fakhri, le porte-parole des salafistes. C’est la preuve que tout va mieux lorsque les Irakiens gouvernent. C’est la preuve que la présence américaine crée de l’insécurité et des troubles. Et l’Histoire enseigne que seule la résistance armée peut mettre fin à une occupation militaire étrangère. »

Sécurité excellente, à part les exécutions sommaires et les bombes guidées US qui déciment de temps à autre une assemblée de terroristes…

Pour continuer la lutte, « Fallouja est une base et un symbole », dit-il. Cela ne signifie toutefois pas que la ville soit une sorte d’état-major de la « résistance irakienne ». « La résistance est une coalition de groupes salafistes, soufis, baasistes et tribaux qui n’a pas de leader unique, et dont le degré de coordination demeure très superficiel, déclare Qays Al-Fakhri. Il n’y a même jamais eu au niveau national une seule réunion entre les chefs de faction ou de tribu, contrairement à ce qui se passe au niveau local à Fallouja avec la Choura. Quant aux combattants étrangers dont les Etats-Unis parlent tout le temps, et que les habitants de Fallouja n’ont jamais vus, ils existent, mais combien sont-ils ? Dix, cinquante, cent peut-être ? Ils sont nos frères arabes et musulmans, et sont peu nombreux. Ce qui compte, c’est la résistance irakienne. « 

Non non, ce n’est pas un QG. C’est juste l’endroit où tous les groupes se rencontrent et fomentent leurs plans, tout simplement. Et les combattants étrangers, non, niet, nada, y en a pas, foi de terroriste. Heu ouais, enfin peut-être trois ou quatre. Et encore ils sont juste là pour la cuisine.

C’est néanmoins la première fois que la guérilla sunnite irakienne, par la voix de dignitaires salafistes comme Jassem Al-Issaoui ou Qays Al-Fakhri, reconnaît la présence de combattants étrangers en Irak.

Fallouja attend, inquiète, la prochaine bataille. Personne là-bas ne croit que « l’émirat moudjahid » va s’enliser dans le statu quo.

« Fallouja agit comme un révélateur, pense A., un moudjahid. Si nous avons survécu aux Américains, tout l’Irak peut les vaincre. Si nous survivons à Allaoui, tout l’Irak peut être demain entre nos mains. « 

Falloujah attend la prochaine bataille ? Non, sérieux ? Les habitants se disent: « cool, on va encore avoir nos habitations ravagées, nos rues défoncées, le prix des denrées va exploser… ». Quel bonheur, n’est-ce pas ? Les habitants semblent plus réalistes que les terroristes. Ce n’est pas à Allaoui qu’il faudra résister, mais à tout l’Iraq. Si demain tout l’Iraq s’y met, ce sont les terroristes qui n’y survivront pas.

(note: lire aussi: Why al Qaeda is Fleeing Iraq et Iraqi rebels dividing, losing support)