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4 Juillet

Tiens, c’est la fête de l’Indépendance.

FG me transmet ce texte de Mark Steyn:

Mark Steyn, Sunday Telegraph Opinion, 07/07/2002

Jeudi, pour célébrer l’indépendance des États-Unis je l’ai célébrée, moi aussi, l’indépendance des États-Unis ; pas seulement vis-à-vis du Roi George III mais aussi vis-à-vis du reste de ce qui passe pour le monde civilisé. Il suffit de jeter un coup d’oeil sur n’importe quel journal européen pour se rendre compte que l’Amérique est le mouton noir du monde occidental, et qu’elle l’est toujours davantage depuis le 11 septembre.

Personnellement, rien ne pourrait me faire plus plaisir. Je suis ravi que les États-Unis ne marche pas au pas de, disons, la Belgique. Non que je sois « belgeophobe ». Si les Belges veulent soutenir la Cour Pénale Internationale, garder Saddam au pouvoir jusqu’à ce que son arsenal nucléaire soit prêt à l’envol et continuer à subventionner les versements de Yasser Arafat aux familles des kamikazes, faites donc, vous êtes un pays indépendant.

L’ennui c’est que, du côté européen, c’est l’idée même d’indépendance qui est en cause. Ce qui Reste de l’Ouest ne conteste pas tant les positions de l’Amérique que son Droit d’en prendre une. C’est tellement « unilatéraliste » ‹ ce qui , quand on y réfléchit, qu’un autre mot pour dire « indépendant ». Lorsque vos positions sont aussi indépendantes du consensus mondial que celles de M. Bush alors il faut que vous soyez ‹ dites-le tous ensembleŠ « arrogant ». Ou en tous cas c’est ce que nous assurent des types aussi connus pour leur modestie que John Simpson, le libérateur de Kaboul, et l’anonyme que celui-ci interviewait la semaine dernière dans le Telegraph, le « haut fonctionnaire britannique » qui se plaignait de l' »arrogance » du Président tout en le décrivant comme un « ours avec très peu de cervelle ».

On a de la peine pour Sir Hugh Sless-Auld-Ffarquahar, GCMG [Grand Cross of the Order of Saint Michael and Saint George], ou Tartempion, ou qu’importe. À l’évidence, la présidence des États- Unis n’a jamais attiré de talents du même calibre que le Vice-Sous Secrétariat Permanent auprès du Ministère des Parkings Publics. Cependant, je me demande si c’est tout à fait la meilleure manière de faire en sorte que la voix de la Grande-Bretagne se fasse entendre à Washington. Ce dont se plaint Fat-Ffarquahar est que M. Bush ait osé « dire aux Palestiniens qui ils devraient ou ne devraient pas avoir pour chef ». Or, ce n’est pas exactement ce qu’a dit le Président et en fait, c’est l’Euro-élite qui explique aux gens pour qui ils peuvent ou ne peuvent pas voter. En février, Louis Michel, Ministre belge des Affaires étrangères, parlant au nom de l’UE, ne menaçait-il pas l’Italie de sanctions si elle votait pour la Ligue du Nord d’Umberto Bossi ? À cela rien d' »arrogant », paraît-il.

En d’autres termes, les Michels et les Pattens et les Fat-Blablaths sont un exemple de ce que les psychologues appellent le déplacement. M. Bush est un gars poli, un modeste. Il parle doucement parce que c’est lui qui a le plus gros bâton du monde. À l’inverse, la voix des Européens se fait toujours plus aiguë parce que leur baguette est plus minuscule encore que le pénis notoirement grêle d’Osama ben Laden. S’ils voulaient, ils pourraient faire que leur baguette soit un peu plus grosse, en dépensant davantage pour leur défense. Mais c’est ce qu’ils ont consciemment choisi de ne pas faire : comme le disait Paavo Lipponen, Premier ministre finlandais, lors d’un récent discours à Londres :

« l’UE ne doit pas devenir une superpuissance militaire mais doit
devenir une grande puissance qui ne prendra pas les armes à toute
occasion pour défendre ses intérêts propres ».

On y perd peut-être un peu dans la traduction mais, si c’est bien ce qu’il voulait dire, alors l’Union Européenne a entrepris un projet de domination universelle vraiment unique au monde, puisque c’est à coup de sermons qu’elle prétend soumettre le reste de la planète. Si on permettait à M. Bush d’en faire à sa tête, cette stratégie de la criaillerie impuissante ‹ grande gueule et pas de culotte ‹ serait démasquée et avec elle ses poseurs.

Cependant, l’Amérique est aussi une anomalie historique : c’est la première superpuissance qui ne soit pas impériale. Elle n’a pas de colonies, et aucun désir d’en avoir. Pendant près de 60 ans, elle a pratiquement seule assumé la défense de l’Occident, tout en créant et en entretenant des structures ‹ l’ONU, l’OTAN, le G 8, qui ne sont là que pour permettre à ses « alliés » de faire comme s’ils étaient sur un pied d’égalité. À la place d' »alliés », lisez plutôt des annexes et dépendances : c’est parce que la charité des États-Unis accorde de généreuses garanties de défense que les États européens ont pu se permettre de gaspiller leurs recettes dans le socialisme médical et autres dépenses sociales extravagantes. La non arrogance de Washington est sans égale dans l’histoire du monde : c’est la puissance américaine qui mate la Bosnie mais c’est le ridicule Paddy Ashdown qui ira se pavaner dans le coin pour jouer les Vice-rois de l’Union Européenne.

Entre-temps, à Washington, on fait les comptes de manière plus posée. L’Amérique sait désormais à quoi il se réduit, le fameux multilatéralisme : après le 11 septembre, l’OTAN a invoqué son fameux Article 5 ‹ une attaque contre l’un des membres est une attaque contre tous ‹ et, alors même que la déclaration sortait des photocopieuses, tout un tas de ces alliés officiels des États-Unis expliquaient déjà que tout cela c’était pour la frime. Ca ne sert à rien de mettre en commun des ressources avec des gens qui n’ont aucune ressource à mettre en commun. Ca ne sert à rien de se rassembler pour former un tout qui est moins que la somme de votre part individuelle.

Si l’Europe trouve cela « arrogant », eh bien qu’elle agisse ! Vous ne voulez pas que Bush renverse Saddam ? Parfait ! Passez donc avec lui un pacte de défense mutuelle. Vous aimez tant que ça Yasser Arafat ? Envoyez votre mythique Force de Réaction Rapide jouer les gardes du corps à Ramallah. C’est ça que font les puissances réelles. En revanche, les fonctionnaires sarcastiques qui lâchent des remarques condescendantes sur les habitants des colonies, ça n’impressionne plus personne. Ce type-là de débat, c’est en 1776 qu’il a trouvé sa conclusion.